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clinent point. Ainfi pour difcerner les cas où le même mot eft employé d'un côté comme Gérondif & de l'autre comme Adjectif, il faut voir comment on peut les expliquer le fens du Gérondif s'explique par ces particules, lorfque, parce que, &c. au lieu que le fens des Adjectifs fe rend par qui eft ou qui font. Exemples: Ces villages, dépendant de ma feigneurie, m'apartienent; c'est-à-dire, m'apartienent, parce qu'ils dépendent de ma feigneurie: voilà le fens du Gérondif qui eft indéclinable. Au contraire, on dira: Les villages dépendans de ma feigneurie m'apar tienent : c'est-à-dire, Les villages qui font dépendans de ma seigneurie : voilà le fens de l'Adjectif verbal toujours déclinable.

Quant aux Participes paffifs, qui font feuls en François les vrais Participes, il y a des cas où il fe déclinent, & d'autres où ils ne fe décli nent pas. C'est peut-être ce qu'il y a de plus difficile à diftinguer dans notre Langue. Mais M. l'Abbé d'Olivet ayant traité particuliérement ce fujet, & l'ayant réduit à trois regles très-fimples, nous allons préfenter ces regles avec quelques exemples qui en montreront l'application.

I. REGLE. Pour les Verbes Actifs. Quand le Participe des Verbes Actifs précede fon régime fimple, il ne fe décline jamais; & au contraire, quand il en eft précédé, il fe décline toujours. Exemples: J'ai reçu vos lettres. Vos lettres que j'ai reçues. Les habitans nous ont rendus maîtres de la ville; & cette ville, le commerce l'avoit rendue puiffante. Les peines que m'a données cette afaire. Dans ces quatre phrafes, le Participe fe décline, parce qu'il fe raporte aux pronoms que, nous, la, qui expriment fon régime fimple. Mais on dira: Je les ai fait peindre, parce que ce pronom ne fe raporte pas au Participe fait, mais au Verbe peindre. De même, C'eft une fortification que j'ai appris à faire; parce que le pronom que ne fe raporte pas au Participe appris, mais au Verbe faire. On dira: Les chaleurs qu'il a fait, parce que ce pronom que n'eft pas le régime du Verbe: les Verbes Imperfonels, tels que celui-ci, n'ayant point de régime. On dira: Vous avez fait plus d'exploits que les autres n'en ont lu, parce que le pronom en n'eft pas un régime fimple, mais une expreflion partitive, qui fignifie non pas cela, mais de cela. Les feuls pronoms qui puiffent être régimes fimples, font me & nous, te & vous, le, la, les, & que, furquoi il faut encore obferver que me & nous, te & vous, peuvent fouvent fignifier à moi & à nous, & à vous ; & alors ce ne font pas des régimes fimples, mais des régimes relatifs, qui ne rendent point indéclinables les Participes. Il n'y a que les feuls régimes fimples qui faffent décliner les Participes, dans les Verbes Actifs. Il faut encore obferver qu'on peut dire également, mais en différens fens Je les ai vu peindre; & Je les ai vus peindre dans la premiere de ces deux phrafes le Participe eft indéclinable, parce que le pronom fe raporte, non pas au Participe vu, mais au Verbe peindre: le fens eft, J'ai vu qu'on les peignoit. Dans la feconde phrafe, le Participe eft déclinable, parce qu'il fe raporte au pronom le fens eft: Je les ai vus, lorfqu'ils peignoient.

à toi

II. REGLE. Pour les Verbes Réciproques. Quand le Participe des

Verbes Réciproques eft précédé de fon régime fimple, il fe décline toujours hors ce cas, il ne fe décline jamais. Exemples: Nous nous fommes rendus maitres de la ville. Cette ville s'eft rendue puiffante. La défobéiffance s'eft trouvée montée au plus haut point. Dans ces trois phrases le Participe fe décline, parce que les pronoms nous & fe expriment fon régime fimple & direct. Mais on dira: Ils fe font fait peindre; parce que fe ne se raporte pas à fait, mais à peindre. On dira: Elle s'eft mis des chimeres dans la téte; parce que le pronom fe n'eft pas ici le régime fimple; il fignifie ici à foi, qui eft un régime relatif. On dira : Les Loix que s'étoient prefcrites les Romains, parce que le Participe fe raporte à que, & non pas à fe : le pronom que eft ici le régime fimple; le pronom Je n'eft que le régime relatif fignifiant à foi.

III. REGLE. Pour les Verbes Neutres. Quand le Participe des Verbes Neutres fe conftruit avec l'auxiliaire Avoir, il ne fe décline jamais; & au contraire, quand il fe conftruit avec l'auxiliaire Être, il fe décline toujours. Exemples: Elle a langui long-temps. Elle eft morte depuis quelques jours. Cela eft fi clair que cela n'a pas befoin d'autre expli'cation. Ceux qui fouhaiteront un plus ample dévelopement des deux premieres regles, le trouveront dans les Effais de Grammaire de M. l'Abbé d'Olivet, insérés dans le volume intitulé, Remarques fur la Langue Frane çoife, Paris, Barbou, 1767, in-12, page 211 & fuiv.

ARTICLE VII. Des Verbes.

On trouvera les Verbes dans leur ordre alphabétique, avec des Remarques fur les plus difficiles & irréguliers, dont nous aurons foin de marquer l'Orthographe la plus fuivie chez les meilleurs Auteurs, foit dans les temps, foit dans les modes: & nous n'avons pas ici d'autre obfervation à faire, finon qu'il eft plus régulier de conferver que de fupprimer le d dans les premieres & fecondes perfones du préfent de l'Indicatif & de l'Impératif des Verbes dont l'Infinitif eft terminé en dre, parce que ce d étant la lettre caractéristique de ces Verbes, ne doit pas être perdu te vue. Ainfi on écrira, j'entends, tu entends, entends, du Verbe entendre: je comprends, tu comprends, comprends, du Verbe comprendre: je répands, tu répands, répands, du Verbe répandre je réponds, tu réponds, réponds, du Verbe répondre, & ainfi des autres.

Il eft d'un ufage général d'écrire avec un d les mêmes perfones des Verbes de cette efpece, lorfqu'elles ne font que d'une fyllabe; comme dans, je rends, tu rends, rends: je prends, tu prends, prends: je vends, tu vends, vends: je ponds, tu ponds, ponds: je perds, tu perds, perds: je tords, tu tords, tords, &c. L'analogie & l'uniformité demandent que la même Orthographe foit obfervée dans les fimples & dans leurs composés ; & de ce que le composé a plus de fyllabes que le fimple, il n'en réfulte pas qu'on doive y écrire différemment une terminaifon qui de part & d'autre eft la même.

Il faut excepter de cette regle les Verbes dont l'Infinitif eft terminé

en indre, comme, je crains, tu crains, crains : je peins, tu peins, peins je joins, tu joins, joins: des Verbes, craindre, peindre & joindre; & les Verbes, abfoudre, diffoudre & réfoudre, qui font j'abfous, tu abfous, abfous: je diffous, tu diffous, diffous: je réfous, tu réfous, réfous. On remarquera que ces Verbes ont un & non un dà la troifieme perfone du fingulier; il craint, il peint, il joint, il abfout, il diffout, il refout. Ainfi ce n'eft pas le d qui en eft la lettre caractéristique, & c'eft là la véritable raifon qui l'a fait fupprimer dans ces Verbes.

TROISIEME SECTION.

DES ACCENS,

Et autres Signes ufités dans l'Écriture.

Les Accens dans leur premiere origine, fervoient à marquer l'éléva tion & l'abaiffement de la voix : mais dans l'ufage préfent de la Langue Françoise, ils fervent principalement à diftinguer le fon plus ouvert des voyeles, & particuliérement les différens fons de l'e: quelquefois auffi ils fervent à diftinguer des particules prifes en différens fens, & néanmoins prononcées de la même maniere, en forte qu'alors l'Accent est entiérement indépendant du fon. Nous allons traiter de chaque Accent séparément. Nous parlerons enfuite de quelques-autres fignes ufités dans l'écriture & dans l'impreffion.

ARTICLE I. De l'Accent Circonflexe.

Le Circonflexe n'étoit point autrefois en ufage: il n'a été admis dans la nouvele Orthographe, que pour marquer les fyllabes longues qui avoient une ou une autre lettre dans l'anciene Orthographe, & quelques-autres où cet Accent ne fupplée à aucune lettre fupprimée. Ainfi l'on écrit aujourd'hui avec á, é, í, ô, ú, les fyllabes que nos Anciens écrivoient par as, es, is, os, us, & dont la prononciation est longue. En voici des exemples:

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BE

î gîte

é thrône,

û flûte,

}

os throfne.
us flufte.

On écrit encore fyftême, extrême, par la feule raifon que les e y font longs: mais il faut obferver que dans leurs dérivés, & lorfque cet e ceffe d'être fuivi d'un e muet, il devient bref, & le Circonflexe fe change en aigu fystématique, extrémité: mais on dira extrêmement, parce que, quoique le mot foit alongé, l'e muet y eft resté.

L'Accent circonflexe fert auffi à diftinguer plufieurs mots dont l'Orthographe est semblable, & le fens différent. Ainfi on écrit sûr, certus; mur, maturus; dû, debuit vel debitum, & crú, fundus, avec un ✩ circonflexe, pour les différencier, au moins aux ieux, & empêcher qu'on ne les confonde avec fur, fuper; mur, murus; cru, crevit vel credidit, & du, particule qui dénote le Génitif.

Il est encore bon de mettre cet Accent fur les pénultiemes fyllabes des premieres & fecondes perfones du pluriel des Prétérits, comme dans nous jouâmes, vous jouâtes; nous rendîmes, vous rendites; nous reçûmes , vous reçûtes, parce que ces fyllabes font longues. C'est le fentiment & l'ufage de l'Académie, comme on peut le voir dans son Dictionaire au mot Aorifte.

Mais il eft abfolument inutile de mettre cet Accent fur les u à la fin de certains mots, comme dans lu, pu, vu, fu, conçu, fous prétexte que ces u étoient autrefois précédés d'un e, & qu'on écrivoit leu, peu, veu, fçeu, conçeu, parce que l'Accent Circonflexe n'y peut fervir de rien pour la prononciation, ni pour la fignification.

Il est néceffaire de s'en fervir à la troifieme perfone du fingulier de l'Imparfait du Subjonctif, de quelque conjugaifon que foit le Verbe, ainfi on doit écrire qu'il aimát, qu'il jouit, qu'il dit, qu'il apprit, qu'il lút, & leurs semblables.

Il réfuite de ces Observations que le Circonflexe doit être employé, 1o, Pour marquer qu'une voyele ou fyllabe eft longue; foit qu'on en ait retranché quelque lettre, foit qu'il n'y ait eu aucun retranchement. 2°, Pour diftinguer un mot d'avec un autre semblable par l'expreffion, & dont le fens eft différent.

Hors ces deux cas, l'Accent Circonflexe n'eft qu'une fuperfluité embaraffante, qui ne fert qu'à furcharger l'écriture. Il eft fort peu important d'être averti par cet Accent, qu'il y a une lettre de retranchée dans un mot; mais il fera véritablement utile, lorfque fon ufage fera fixé à indiquer une fyllabe longue. Il convient donc de le banir de toutes les fyllabes breves, quelque retranchement de lettres qu'il puiffe y avoir. C'est le plan que l'on fuivra dans ce Dictionaire.

ARTICLE II. De l'Accent Grave.

L'Accent Grave n'a lieu en François que fur ces trois voyeles à, è, ù. Sur l'à prépofition qui fe met devant l'Infinitif, ou qui marque le Datif, comme à Paris, à Pierre, à faire, &c. pour le différencier de l'a verbe auxiliaire, qui défigne un Pafsé, comme il a été, il a aimé ; & de l'a qui marque le Préfent, comme il y a, il a, qui doit toujours être un a fimple,

L'è Grave ne doit être placé que fur les fyllabes finales dont le fon eft très-plein & très-ouvert, & qui font terminés par une s; c'est le fentiment de Pierre Corneille, de Meffieurs de Port-Royal, & du P. Buffier. Ainfi il ne faut pas écrire par ez, comme nos Anciens, mais par ès la`

derniere fyllabe des mots fuivans: abfcès, accès, agrès, après, auprès, Cérès, Cyprès, décès, dès, excès, grès, près, procès, fuccès, & leurs femblables.

On met quelquefois l'e grave à la pénultieme, foit pour y exprimer le fon fimplement ouvert, première, foit pour y exprimer le fon très-ouvert, diocèfe. Mais dans le premier cas, il n'eft befoin d'aucun accent, premiere fuffit; perfone ne s'y trompera: une pénultieme, fuivi d'un é muet, doit toujours fe prononcer. Dans le fecond cas, l'accent qui y convient, eft le circonflexe: diocéfe. Ainfi l'accent grave, même fur l'e, paroît devoir refter fur la feule derniere fyllabe, comme chez les Latins & chez les Grecs.

L'ù Grave n'a lieu & ne doit être admis que dans le feul mot où adverbe, lorsqu'il peut fe tourner en Latin par la particule in, ou lorsqu'il défigne quelqu'une des questions de lieu, ubi, undè, quò & quà: car lorfque le mot ou eft conjonction disjonctive & fignifie ou bien, ou bien, qu'on exprime en Latin par vel ou aut, il faut toujours l'écrire avec un u fimple: c'est l'ufage général.

ARTICLE III. De l'Accent Aigu.

L'Accent Aigu ne doit être mis en François que fur l'e fermé ou foible ment ouvert, foit au commencement, foit au milieu, foit à la fin des mots comme dans bonté, donné. L'é eft fermé à la fin des mots, bonté, donné, & quelquefois à la pénultieme, c'est-à-dire, dans les noms terminés en ge, Collège, liége, privilége, fiège. Hors ces cas, l'é aigu fe prononce foiblement ouvert, comme dans refifter, réfléchir, & femblables; & il remplace dans bien des mots une fretranchée que l'étymologie y avoit fait conferver, comme dans étude, répondre, rétablir chrétien, &c. que l'on écrivoit autrefois, eftude, refpondre, reftablir, chreftien, &c.

L'é doit ordinairement avoir l'Accent Aigu dans la fyllabe re, lorfqu'elle commence un mot, comme dans répondre, république, & un grand nombre d'autres. Il y en a plufieurs d'exceptés, tels que rebours, rebrouffer, rebuffade, rebut, &c. on peut fe rappeler ce que nous en avons dit en parlant de la lettre E. Il faut feulement obferver que dans ces mots on ne met point d'Aigu fur la fyllabe re, parce que l'e y eft

muet.

L'é eft foiblement ouvert dans rélégation, & muet dans reléguer. On dit rémiffion, quoiqu'on dife remettre rétention, quoiqu'on dife retenir : irréligion & irréligieux, quoiqu'on dife, religion & religieux, &c. Communément cela vient de ce que dans les mots plus ufités, l'e devient muet. Souvent un même mot a des fignifications toutes différentes, en y prononçant la fyllabe re avec l'e muet ou avec l'é foiblement ouvert. Répartir avec l'é fojblement ouvert, fignifie diftribuer ; & repartir avec l'e muet, fignifie répondre, ou partir une feconde fois. Répondre, fignifie faire une réponse, & repondre, fignifie pondre une feconde fois.

Quant

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