No. 12. L'AMI DU CLERGÉ ET DE LA NOBLESSE. Si le prince fouverain eft fujet aux états, BODIN, de la République, liv. 1, ch. 8. L'AMI DU CLERGÉ ET DE LA NOBLESSE. Suite du tableau abrégé de la vie politique du clergé & de la noblesse. AVANT de paffer aux atteintes portées à l'existence & aux propriétés des deux premiers ordres de la monarchie, il eft à propos de rappeller ici l'origine, les fonctions & les fervices d'une corporation que fes travaux importans & fon dévouement à l'état fembloient mettre à l'abri des injures du temps & des hommes; mais en renverfant la monarchie, il falloit bien en anéantir fes parties intégrantes; auffi eft-il permis de dire que les parlemens ne lui ont pas furvécu, & qu'ils font morts glorieufement avec elle. Il ne fuffit pas, dit Montefquieu, qu'il y ait, dans une monarchie, des rangs intermédiaires (rangs que l'affemblée vient d'anéantir); il faut encore un dépôt de loix; ce dépôt ne peut être que dans les corps politiques, qui annoncent les loix lorfqu'elles font faites, & les rappelle, lorfqu'on les oublie. » Voilà pourquoi les parlemens comptent autant de fiècles que le royaume; il falloit à l'état, même au berceau, un dépôt des loix deftinées à le gouverner, & nos rois ont établi les parlemens. A Charles Martel n'étoit encore que maire du palais, lorfqu'à fon retour d'une expédition glorieufe contre les infidèles, il convoqua une affemblée qui fut appellée parlement, & dans laquelle il fut déclaré roi de France par les plus grands feigneurs du royaume, dont elle étoit compofée. Les rois fes fucceffeurs, à fon exemple, tenoient auffi des parlemens; mais ces cours n'étoient ni fédentaires ni permanentes, & leurs fonctions étoient de régler les affairés les plus importantes de l'état. Ce fut Philippe-le-Bel qui, en 1302, le rendit fédentaire, & fixa fes affemblées à deux féances par année, favoir, les jours de la Nativité & de la Purification. Enfin, Louis Hutin lui affigna, pour demeure, la palais, où il s'étoit fi glorieufement maintenu jufqu'à nos jours. Le roi préfidoit dans cette augufte affemblée affifté de douze pairs, favoir fix laïcs & fix clercs. Deux chambres furent commifes pour les enquêtes; & dans ces temps, le parlement de Paris. étoit unique pour tout le royaume, ne connoiffant que des affaires qui étoient entre les ducs, comtes, barons, évêques, abbés, ou entre le roi & fes vaffaux, plutôt dans le rapport qu'elles avoient avec l'ordre politique qu'avec l'ordre civil; c'eft ce que nous apprend Dutillet, fur la cour des pairs. Bientôt la connoiffance de prefque toutes les affaires du royaume lui fut attribuée, & les tribunaux ordinaires qui jugcoient fouverainement devinrenc dépendans des divers parlemens que l'abondance des procès obligea de créer dans différentes parties du royaume. |