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S. Cyprien écrivait à un autre de ces féroces proconsuls : << Jamais la cruauté ne s'est exercée contre le nom chrétien Dieu n'ait fait à l'instant même éclater ses venque geances (1). » L'histoire nous montre partout cette main divine qui manifeste sa puissance et sa majesté dans la punition des persécuteurs (2).

Un seul manuscrit nous a conservé le Traité de la mort des persécuteurs. Ce précieux monument de la plus belle partie de l'histoire ecclésiastique, caché de

tionem a nobis aliquam machinemus, quam a Deo expectamus. Tamen, sicut supra diximus, doleamus necesse est, quod nulla civitas impune latura sit sanguinis nostri effusionem. Ad Scapulam, n. 2 et 3, p. 86, edit. Rigaltii an. 1634.

(1) Patientes facit de secutura ultione securitas. Innocentes nocentibus cedunt. Insontes pœnis et cruciatibus acquiescunt; certi et fidentes quod inultum non remaneat quodcumque perpetimur; quantoque major fuerit persecutionis injuria, tanto et justior fiat et gravior pro persecutione vindicta. Nec umquam impiorum scelere in nostrum nomen exsurgitur, ut non statim divinitùs vindicta comitetur. Ad Demetrianum, p. 133, edit Joan. Felli, Amstelod. an. 1700.

(2) On trouve dans les Opuscula selecta SS. Patrum spectantia ad scientiam temporis et disciplinam ecclesiasticam, Gand 1833, t. III, p. 125-241, une continuation du Traité de Lactance; elle est divisée en deux parties, la première avait paru à Gratz en 1726, la seconde a été rédigée par le savant éditeur de ce recueil, M. le chanoine Ryckwaert, président du séminaire de Gand.

puis long-temps dans la poussière de la bibliothèque de l'abbaye de Moissac, passa dans les mains de Colbert en 1678. Ce grand ministre, à qui les belles-lettres ont tant d'obligation, ne voulût pas qu'on différât à rendre public un trésor inconnu pendant onze siècles. Baluze, chargé de cette publication, y mit le nom de Lactance en suppléant quelques mots dans le titre (1). C'est sous ce nom que le Traité de la mort des persécuteurs a paru dans les éditions qu'on en a faites. Nicolas Le Nourry, bénédictin de la congrégation de S. Maur, a prétendu que Lactance n'était point l'auteur de ce Traité, et qu'il a été écrit au commencement du quatrième siècle par un nommé Lucius Cecilius (1). Deux raisons principales déterminèrent Baluze à faire Lactance auteur de ce livre. D'abord S. Jérôme nous apprend que Lactance avait laissé un Traité de la persécution. Ensuite Baluze trouvait entre le style de l'auteur

(1) Stephani Baluzii Miscellaneorum liber secundus, p. 1-46 et p. 347-463, Paris 1679.

(2) Lucii Cecilii liber ad Donatum confessorem de mortibus persecutorum, hactenus Lucio Cælio Firmiano Lactantio adscriptus, ad Colbertinum codicem denuo emendatus, accessit dissertatio in qua de hujus libri auctore disputatur, et omnia illius loca dubia, difficilia, obscura, variæque auctoris opiniones examinantur, explicantur, illustrantur. Studio et opera D. Nicolai Le Nourry. Paris 1710,

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et celui de Lactance une grande conformité; plusieurs expressions employées par l'auteur se rencontrent dans les ouvrages indubitables de Lactance. Malgré toute l'érudition déployée par Le Nourry à l'appui de son opinion, les crítiques les plus habiles ont suivi le sentiment de Baluze (1).

L'ouvrage de Lactance, étant écrit en latin, ne pouvait avoir qu'un certain nombre de lecteurs. François de Maucroix, chanoine de Rheims, en donna une traduction française en 1679 (2). Cette traduction qui fut bien reçue du public, était devenue rare et difficile à trouver. Ceci détermina l'abbé Godescard à la faire réimprimer. Mais après l'avoir comparé avec le texte original, il crut qu'il était possible de mieux faire

(1) L'opinion de Le Nourry a été vivement attaquée dans des réflexions insérées dans le Journal littéraire, tom. VII, p. 1; il y répondit dans le Journal des Savans, Juin 1716. Le père EdouardXavier Franceschini, religieux carme, dans son excellente édition des OEuvres de Lactance, publiée à Rome 1754-60, 14 vol. in-8°, a consacré une dissertation particulière à l'examen de cette question.

(2) Gilbert Burnet, évêque anglican de Salisbury, a publié une traduction anglaise du Traité de Lactance, avec une longue préface sur les persécutions pour cause de religion, où les catholiques sont fort maltraités. Elle fut imprimée en 1686 et en 1714. Il en donna aussi une traduction française qui parut à Utrecht en 1687. Une nouvelle traduction allemande a été publiée à Landshut en 1822.

du moins en plusieurs endroits. De corrections en corrections, il résulta une traduction nouvelle que nous réimprimons ici avec quelques légers changemens.

Comme le texte de Lactance a été corrompu en plusieurs endroits, et qu'il s'y trouve même quelques lacunes, il a été difficile au traducteur de saisir toujours le vrai sens de l'auteur. L'obscurité est encore augmentée par l'ignorance où l'on est par rapport à certains usages connus dans les premiers temps du christianisme.

Le traducteur a suivi l'édition des œuvres de Lactance de Le Brun des Marettes, publiée par Langlet du Fresnoy, Paris 1748, 2 vol. in-4°. Nous avons tâché de rectifier quelques passages du texte latin d'après l'édition du père Edouard-Xavier Franceschini.

A la suite du Traité de Lactance nous avons placé une Dissertation sur les Actes des Martyrs et l’Histoire des persécutions. Cette dissertation qui sert de préface au Recueil des Actes des Martyrs, publié en latin par Dom Thierri Ruinart, est divisée en quatre parties. Dans la première partie l'auteur montre quelle a été la vénération des premiers siècles pour les Actes des Martyrs, et de quelle manière ces Actes sont venus entre les mains des fidèles et se sont conservés dans l'Eglise. La deuxième et la troisième partie sont destinées à prouver qu'il y a eu dans l'Eglise un très-grand

nombre de Martyrs; l'auteur refute ici d'une manière victorieuse le sentiment de quelques hérétiques et particulièrement celui du protestant anglais, Henri Dodwel, qui, dans la dissertation onzième sur les œuvres de S. Cyprien, a voulu prouver que le nombre des Martyrs a été beaucoup moins considérable dans les premières persécutions qu'on ne le croit communément, et qu'il a été exagéré dans les martyrologes, et surtout dans ceux de l'Eglise romaine. La quatrième partie démontre quel a été le respect et le culte religieux que les chrétiens ont toujours rendu aux tombeaux et aux reliques des Martyrs.

Cette savante dissertation de Dom Ruinart, qui est restée sans replique, peut en quelque sorte être considérée comme un commentaire historique sur le Traité de Lactance. Paul Bauldri a donné cette dissertation dans son édition du Traité de Lactance publiée en latin à Utrecht en 1692 avec les notes de Baluze et de plusieurs autres critiques; nous avons cru utile d'en réimprimer la traduction qui, avec l'écrit de Lactance, forme le complément de notre édition des Vies des Saints de Butler.

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