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les autres Martyrs d'Auvergne, Crepin et Crepinien, de Soissons; Caprais, d'Agen........ Et ne devons-nous pas à saint Ouen la connaissance de saint Piat de Tournay, de sainte Colombe de Sens, de saint Lucien, de saint Julien, et de saint Maximien de Beauvais, lorsque, dans la vie de saint Eloi, il nous apprend que ce saint évêque de Noyon fit des chasses pour les corps de ces saints Martyrs? C'est ainsi que Prudence et le missel Mosarabique nous ont conservé la mémoire de quelques Saints d'Espagne, que Procope nous a fait connaître des Saints de Constantinople, et que d'autres auteurs ont fait passer d'autres Saints jusqu'à nous.

7. Réponse à une objection particulière de Dodwel.

Je ne vois pas, au reste, ce que peut prétendre Dodwel, lorsqu'il nous dit que si l'on mettait à part les homélies qui sont certainement des Pères, d'avec celles qui sont supposées, il resterait peu de Martyrs dont on célébrât la fête; je ne vois pas, dis-je, l'avantage qu'il peut tirer de cette proposition, à moins qu'il ne prouve en même temps deux choses : l'une, que nous avons toutes les homélies des Pères sur le sujet des Martyrs; l'autre, qu'il n'y a jamais eu de fête de Martyrs, sans qu'elle ait été accompagnée d'une homélie. Certes, avec cet argument Dodwel va d'un seul trait effacer plus de la moitié du calendrier de Buchérius. L'illustre vierge et la généreuse Martyre Eugénie était révérée de toute la terre, au siècle et au témoignage de saint Avit, évêque de Vienne : cependant nous ne trouvons aucune homélie prononcée à son honneur; nous n'en trouvons aucune pour sainte Técle, qui la première, parmi les femmes, a levé l'étendard du Martyre, ni pour saint Sixte, Pape. On n'a pas laissé de mettre dans ce recueil des homélies des Pères, dont on a tiré les noms et les Actes de quelques Martyrs, et l'on a négligé d'y en mettre

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d'autres qui ne peuvent tout au plus nous apprendre que leur nom, comme le sermon de saint Chrysostôme (1), où il parle de saint Bassus, évêque et Martyr, et l'homélie de saint Pierre Chrysologue pour saint Apollinaire, premier évêque de Ravenne. Les autres ouvrages des Pères ne sont pas moins que leurs homélies, remplis de ces sacrés monumens de la gloire des Martyrs. Il y en a un dans saint Clément d'Alexandrie, à la gloire de saint Pierre, le Prince des apôtres saint Basile-le-Grand, dans son livre de la divinité du Saint-Esprit, loue saint Athénogène; saint Grégoire de Nazianze fait l'éloge de saint Oreste, dans une de ses oraisons; "saint Jérôme donne une place honorable parmi les Pères et les Martyrs de l'Eglise, à Méthodius, évêque d'Olympe, et ensuite de Tyr, et à Victorin, de Pétave saint Nil, disciple de saint Chrysostôme, a consacré dans ses écrits la mémoire de saint Platon, martyr, et de saint Onésime, élève de saint Paul. Et enfin saint Augustin a donné des louanges à la jeunesse de Némésien (2), pour avoir répandu son sang innocent pour JésusChrist, aussi bien qu'à Salvius, à Catulien et Agilée, dont ce saint orateur a rendu le nom immortel par son éloquence. Ajoutez Papias, Martyr de Philadelphie; Mercure et Aquilina, nommés avec honneur dans la chronique pascale; Mocius, loué par Sozomène (3); Acace, par Socrate; Euphrosine, par saint Avit de Vienne; Péregrin premier, évêque d'Auxerre, par l'auteur de la vie de saint Germain son successeur; Timothée, Thea et Maure, Martyrs de Gaze, dans la vie de saint Porphire; Saturnin, Martyr de Sardaigne, dans la vie de saint Fulgence, Polieucte, Ménas et trente-trois autres Martyrs, dans la vie de saint Euthyme,

(1) Serm. 66, tom. V. (2) Ser. 286.

(3) Lib. 8, c. 17. Lib. 6, c. 23.

et Janvier, évêque de Naples, dans l'oraison funèbre de saint Paulin. Ajoutez encore à tant de saints Martyrs, la famille entière des Cantiens, Martyrs d'Aquilée, dont Fortunat a chanté la victoire; Sirus de Gènes, Eutiche de Férentino, Procule, Sabin, Erasme, Césaire, Marthe, Julienne, et le fameux saint Christophe, dont les Actes sont si défectueux, tous préconisés par saint Grégoire-leGrand, et tant d'autres enfin, dont les noms se lisent dans les auteurs ecclésiastiques, et que nous sommes contraints d'omettre pour passer à d'autres preuves.

8. Sentimens des Pères du 4 et 5° siècle, touchant le nombre des Martyrs.

Si nous consultons maintenant les Pères du quatrième et du cinquième siècle, touchant le nombre des Martyrs, ils nous diront tous qu'il est presque infini. Des milliers de Martyrs, disait saint Augustin à son peuple, vous environnent de tous côtés. Mille et mille Martyrs, dit-il ailleurs, ont rougi la terre de leur sang. La terre, depuis Etienne, dit-il en un autre endroit, regorge du sang des Martyrs. Et écrivant contre Fauste, il lui dit des milliers de nos Martyrs se présenteront devant vous (1). Il les compte par légions; il assure qu'on ne peut les compter; et, à l'occasion de la pêche de saint Pierre, il se fait à lui-même cette question: Mais quoi, y aura-t-il tant de Saints dans le ciel? Et il répond ainsi : Oui; car enfin, sans parler des fidèles qui d'une vie sainte passent à une vie bienheureuse, quand il n'y aurait que les seuls Martyrs, quelle prodigieuse multitude! C'est le sentiment de saint Athanase, de saint Ambroise, de saint Jérôme, de saint Chrysostôme,

(1) Serm. 4. de temp. Serm. 300. Serm. 313. Serm. 3121 Trac. 113. in Joan., serm. 252, cap. 8.

de saint Astère, et généralement de tous les Pères et de tous les auteurs ecclésiastiques.

9. Réponse à une objection de Dodwel, prise d'Origène

mal entendu.

Voici un passage d'Origène, qui semble favoriser l'opinion de Dodwel, et qui toutefois bien entendu, lui devient tout à fait inutile. Ce savant Père écrivant contre Celse (1), lui dit qu'on peut facilement compter les chrétiens qui sont morts pour leur religion, parce qu'il en est mort peu, et seulement de temps en temps et par intervalle. Mais Origène, par ces paroles, ne prétend prouver autre chose, sinon que les persécutions qui s'étaient élevés contre les fidèles, n'avaient pas été si violentes, qu'elles eussent été capables d'exterminer entièrement les chrétiens, et qu'on pouvait dire qu'il n'en était mort que très-peu, si on les comparait à ceux qui restaient. Dieu, ajoute-t-il, s'opposant à la ruine générale de ces hommes consacrés à son culte. Il faut remarquer ici que le dessein d'Origène n'est autre chose que de montrer à Celse que la religion chrétienne ne devait pas sa naissance à une sédition et à un esprit de révolte, comme ce philosophe le reprochait faussement aux chrétiens, puisqu'ils n'ont jamais eu recours aux armes » pour défendre leur vie contre ceux qui l'attaquaient, et » que leurs lois, au contraire, les obligent de tendre le » cou à leurs ennemis, et de se laisser égorger comme de paisibles brebis. Ainsi, de peur que cette douceur et >> cette patience ne vînt à causer leur ruine entière, et afin

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>> que les plus faibles ne fussent pas exposés sans cesse aux frayeurs d'une mort toujours prochaine, Dieu, par sa

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(1) Lib. III.

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bonté, avait bien voulu pourvoir à leur sûreté, et avait d'un seul clin-d'œil renversé les cruels projets de leurs » ennemis, et rendu leurs efforts impuissans, en sorte que »> ni les rois, ni les gouverneurs de province, n'avaient plus aucun pouvoir de leur nuire. » Et il est certain, par d'autres passages d'Origène, qu'il était fort persuadé de cette multitude de Martyrs. « Il n'y a point de ville, dit-il » dans une de ses homélies (1), où le nom des chrétiens ne soit en horreur; tous les hommes, de quelque rang >> et de quelque condition qu'ils soient, s'unissent ensemles détruire. Il dit ailleurs (2) : nous voyons " ble pour tous les jours plusieurs personnes qui savent fort bien » que s'ils confessent Jésus-Christ, on les fera mourir et qu'au contraire, ils seront renvoyés absous et mis en liberté, s'ils le renoncent: cependant leur foi est si grande et leur piété si sincère, qu'elle leur fait mépriser généreusement la vie, et courir volontairement à la mort. » Et dans son commentaire sur l'épître aux Romains (3), » il assure qu'on voit souvent des hommes qui se présentent devant les juges, de leur propre mouvement et sans "y y être forcés, et qui croient que c'est peu pour eux d'en>> durer quelques affronts pour Jésus-Christ, s'ils ne souf» frent encore pour lui la mort la plus cruelle. Il dit enfin, en un autre endroit (4), que quoiqu'il y ait une peine » de mort décernée contre ceux qui se trouveront aux as» semblées des fidèles, elles ne laissent pas d'être très-nom» breuses. » Le lecteur remarquera qu'Origène écrivait ceci avant les horribles boucheries des Décius, des Valériens et des Dioclétiens.

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Mais le grand Irénée, plus ancien qu'Origène, et parfai

(1) Hom. 9, in Josue. (2) Lib. 2. contra Celsum. (3) Cap. 5. (4) Lib. 1 contrà Celsum.

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