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Le rusé vieillard persuade à Constantin, qui ne se défiait de rien, de ne pas faire marcher toute son armée, en l'assurant qu'une partie suffirait pour dissiper ces barbares. Il avait un double objet dans le conseil qu'il donnait; l'un, de se rendre maître d'une armée ; l'autre, de faciliter aux Francs la défaite de Constantin. Le jeune prince suit le conseil d'un beau-père qui avait de l'âge et de l'expérience, et marche contre les Francs avec une partie de ses troupes. Quelques jours après, le perfide Maximien, jugeant que Constantin pouvait être entré dans le pays ennemi, prend tout-à-coup la pourpre, se saisit des trésors de son gendre, fait à son ordinaire de grandes profusions, et invente sur le compte de Constantin des calomnies qui tombèrent bientôt sur lui-même. L'empereur, instruit de ce qui se passe, accourt avec son armée. Maximien qui n'avait pas eu le temps de se préparer, est surpris par la diligence de son ennemi, et les soldats rentrent dans le devoir, Constantin apprend que Maximien s'est saisi de Marseille, et que les portes en sont fermées. Il en approche. Maximien était sur les murailles. Constantin lui demande, mais d'un ton où il n'y avait ni colère ni emportement, quel est son dessein; quel sujet de mécontentement il peut avoir; ce qui peut lui manquer, et pourquoi il s'est porte à une démarche si déshonorante pour lui? Il ne lui est répondu que par des injures. Cependant les portes de Marseille s'ouvrent, et l'on y reçoit l'armée victorieuse. On traîne devant l'empereur, un empereur rebelle, un père dénaturé, un beaupère perfide. On lui met ses crimes devant les yeux, on le dépouille de la pourpre, on lui pardonne, non pas toutefois sans lui avoir fait les reproches qu'il méritait.

T. XXIII.

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XXX.

Sic amisso imperatoris ac soceri honore, humilitatis impatiens, alias rursus insidias machinatus est. Quia semel abiit impune, vocat filiam Faustam, eamque nunc precibus nunc blandimentis sollicitat ad proditionem mariti, alium digniorem virum pollicetur, petit cubiculum patens relinqui et negligentius custodiri sinat ̧ Pollicetur illa facturam, et refert protinus ad maritum. Componitur scena, qua manifesto facinus teneretur. Supponitur quidam vilis eunuchus, qui pro imperatore moriatur. Surgit ille nocte intempesta, videt omnia insidiis opportuna. Rari excubitores erant, et ii quidem longius ; quibus tamen dicit vidisse somnium, quod filio suo narrare vellet. Ingreditur armatus, et spadone obtruncato, prosiliit gloriabundus, ac profitetur quod admiserit. Repente se ex altera parte Constantinus ostendit cum globo armatorum. Profertur e cubiculo cadaver occisi, hæret manifestarius homicida, et mutus stupet quasi

Dura silex aut stet Marpesia cautes,

impietatis ac sceleris increpatur. Postremo datur ei potestas liberæ mortis.

Ac nodum informis leti trabe nectit ab alta. Ita ille romani nominis maximus imperator, qui per longum temporis intervallum cum ingenti gloria viginti annorum vota celebravit, eliso et fracto superbissimo gutture, vitam detestabilem turpi et ignominiosa morte finivit.

XXX.

Maximien se voyant privé de la dignité impériale, et des égards qu'il croyait dus à un beau-père, fut outré de 'cette humiliation. Il forma de nouveaux projets. Enhardi par l'impunité, il fait venir Fausta, sa fille; il l'excite, par ses prières, ainsi que par ses caresses, à trahir son mari, et lui en promet un autre plus digne d'elle. Il lui demande de laisser ouverte la porte de la chambre de l'empereur, et de prendre des mesures pour qu'elle ne soit pas gardée avec soin. Fausta promet de déférer à la demande de son père; mais elle donne sur-le-champ avis à Constantin de ce qui se passe. On arrête le plan de conduite à tenir pour prendre sur le fait le perfide Maximien. On met un eunuque dans le lit de l'empereur, afin de racheter par le sacrifice d'une âme vile, la vie la plus précieuse de l'univers. Cependant Maximien se lève au milieu de la nuit; tout est favorable à l'exécution de son dessein, il trouve peu de gardes, encore sont-ils éloignés les uns des autres. Il leur dit qu'il a eu un songe dont il veut faire part à son gendre. Il entre dans la chambre de l'empereur avec un poignard, tue l'eunuque, sort, et publie tout glorieux le crime qu'il vient de commettre. Mais, d'un autre côté, Constantin se montre avec une troupe de gens armés. On tire de la chambre impériale le corps de l'eunuque assassiné. A ce spectacle, le meurtrier demeure muet d'étonnement. On lui reproche son ingratitude et son crime. Pour toute grâce, on lui laisse la liberté de choisir le genre de mort qu'il voudra. Il se pendit. Ce fut ainsi qu'un empereur puissant, qui avait été pendant vingt ans le maître du monde, finit une vie détestable par une morte ignominieuse.

XXXI.

Ab hoc Deus, religionis ac populi sui vindex, oculos ad Maximinianum alterum transtulit, nefandæ persecutionis auctorem, ut in eo etiam vim majestatis ostenderet. Jam de agendis et ipse vicennalibus cogitabat, et ut qui jamdudum provincias afflixerat auri argentique indictionibus factis, quæ promiserat, redderet, inani nomine vicennalium securem alteram inflixit. Qua vexatione generis humani exactio celebrata sit, maxime rei annonariæ, ecquis enarrare digne potest? Officiorum omnium milites, vel potius carnifices, singulis adhærebant, cui prius satisfieret incertum. Venia non habentibus nulla; sustinendi multiplices cruciatus, nisi exhiberetur statim, quod non erat. Multis custodiis circumsepto nulla respirandi facultas, nullo tempore anni vel exigua requies, frequens super hisdem hominibus vel ipsis judicibus vel militibus judicum pugna. Nulla area sine exactore, nulla vindemia sine custode, nihil ad victum laborantibus relictum. Quæ quam intolerabilia sint, eripi ab ore hominum cibos labore quæsitos, tamen tolerabile aliquo modo vel spe futurorum. Quid vestis omnis generis, quid aurum, quid argentum? Nonne hæc necesse est ex venditis fructibus comparari? Unde igitur hoc, o dementissime tyranne, præstabo, cum omnes fructus auferas, universa nascentia violenter eripias? Quis ergo non bonis suis eversus est, ut opes quæ sub imperio ejus fuerunt, conraderentur ad votum, quod non erat celebraturus?

XXXI.

son

Dieu, ayant vengé sa religion et son peuple sur le vieux Maximien, étendit sa main sur Galère, un des plus ardens persécuteurs des Chrétiens, et lui fit sentir la pesanteur de son bras. Ce prince, à l'exemple de Dioclétien, geait à célébrer les Vicennales, et d'après ce prétexte, quoique par ses exactions précédentes il eût épuisé l'or et l'argent des provinces, il chargea encore le peuple de nouvelles impositions. Il serait impossible de dire avec quelle rigueur se levèrent ces taxes. Galère avait pour exécuteurs de ses ordres des soldats, ou plutôt des bourreaux. On ne savait lequel il fallait satisfaire le premier, nulle grâce pour ceux qui étaient dans l'impossibilité de payer; on devait s'attendre aux plus cruels traitemens, si l'on ne donnait sur-le-champ ce qu'on n'avait pas; on était entouré d'une foule de surveillans barbares, qui ne permettaient pas de respirer; aucun temps de l'année où l'on pût avoir le moindre repos; tous les jours de nouvelles querelles, de nouvelles demandes; point de caves, point de granges sans un commis; on emportait tout ce qui était nécessaire aux plus indispensables besoins de la vie. Quelque horrible qu'il soit de se voir ravir le fruit de ses peines et de ses travaux au moins peut-on se consoler par l'espérance d'un avenir plus heureux. Mais comment se passer de vêtemens et de meubles? N'est-ce pas avec la vente de ses denrées qu'on se procure ces choses? Et comment se les procurer, si un prince barbare enlève tout le fruit des productions de la terre? Qu'est-ce qui n'a pas été dépouillé de ses biens, pour fournir aux frais de ces Vicennales, qui toutefois ne devaient pas avoir lieu?

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