Images de page
PDF
ePub

et de glace entrent dans nos liqueurs que nous glaçons?

De même l'air dilaté par le moyen du feu, de quelque manière que ce puisse être, soit par des exhalaisons, soit par l'action immédiate des rayons du soleil; cet air, dis-je, nous apporte du nord des sels coagulés; et pourquoi ces sels se coagulent-ils dans un air que la chaleur dilate? N'estce point que ces sels contiennent en eux moins de feu que les autres parties de l'atmosphère, et qu'ainsi ils s'unissent quand l'atmosphère se dilate? Ils excitent alors un vent froid, qui n'est autre chose qu'une fermentation froide; le feu, par son mouvement, peut donc unir ensemble des matières qui par là même deviennent froides.

Que l'on jette des morceaux de glace dans l'air, ils seront toujours froids quoique en mouvement; les exhalaisons du nord, le vent, qui n'est autre chose que l'air dilaté, doivent être considérés comme une puissance qui pousse des parties de glace.

Le feu, par son mouvement, contribue donc même au froid, puisque avec le feu nous glaçons des liqueurs; puisque des fluides empreints de matière ignée, tels que le sel volatil d'urine et le vinaigre, tels que le sel ammoniac et le mercure sublimé, font baisser prodigieusement le thermomètre ; puisque l'air dilaté par l'action du feu nous apporte du nord des particules froides 1.

SECTION II.

N'est-il pas la cause de l'élasticité ?

Le feu étant en mouvement dans tous les corps, te fen agissant par ce mouvement, la réaction étant toujours égale à l'action, ne suit-il pas que le feu doit causer l'élasticité?

Être élastique, c'est revenir par le mouvement au point dont on est parti, c'est être repoussé en proportion de ce qu'on presse. Pour que les mixtes

Ces phénomènes paraissent indiquer un nouveau prin

aient cette propriété, il faut qu'ils ne soient pas entièrement durs, que l'adhésion de leurs parties constituantes ne soit pas invincible; car alors rien ne pourrait presser et refouler leurs parties, ni en-dedans ni en-dehors.

Une balle fait ressort en tombant sur une pierre, parce que les parties qui touchent la pierre en sont repoussées; parce que la réaction de la pierre est égale à l'action de la balle : quand cette balle, ayant cédé à cet effort qui lui a ôté sa rondeur, la reprend ensuite, c'est parce que ces parties, qui étaient pressées, se renflent, s'étendent. Il y a donc de toute nécessité un pouvoir qui distend toutes ces parties; ce pouvoir n'est que du mouvement; le feu qui est dans ce corps est en mouvement, le feu cause donc l'élasticité.

Que le feu soit l'origine de cette propriété, c'est une chose d'autant plus probable que le feu luimême semble parfaitement élastique; ses parties élémentaires étant nécessairement très solides, se choquant continuellement, et se repoussant avec une force proportionnée à leur choc, doivent faire des vibrations continuelles dans les corps. Un corps serait parfaitement dur s'il était absolument privé de feu.

S'il en était tout pénétré, et que ces parties ne pussent résister aucunement à l'action du feu, ses parties auraient encore moins de cohérence que les fluides les plus subtils; et il serait entièrement mou; un corps n'est donc élastique qu'autant que ses parties constituantes résistent au mouvement du feu qu'il renferme.

C'est ce que l'expérience confirme dans tous les corps élastiques. Plus on a augmenté l'adhésion, la cohérence des parties d'un métal, en le comprimant sous le marteau, plus alors cette adhé sion surpasse l'action du feu que contient ce métal; alors son ressort est toujours plus grand ; qu'il soit échauffé, le ressort diminue; qu'il soit ensuite en fusion, ce ressort est perdu entièrement. Laissez refroidir ce corps fondu, c'est-à-dire laissez exhaler le feu étranger et surabondant qui le pé

cipe qu'on ne soupçonnait pas lorsque M. de Voltaire écrivit nétrait, ne lui laissez que la quantité de sub

cet Essai. Les corps en passant de l'état de solide à l'état de liquide, de celui de liquide à l'état de vapeurs, en se combinant, en se dissolvant dans les menstrues, paraissent acquérir la propriété de s'unir à une quantité de feu plus ou moins grande que dans leur état antérieur; en sorte qu'ils peuvent refroidir ou échauffer les corps avec lesquels ils communiquent, tandis que, s'ils étaient restés dans leur premier état, ils n'auraient rien changé à la température de ces mêmes corps. On a fait depuis quelques années des expériences très suivies et très bien faites sur cette classe de phénomènes. Il paraît donc que le feu s'applique aux corps de trois manières différentes: 1° en sorte qu'il puisse en être séparé sans y rien changer que leur température; 2° de manière à ne pouvoir en être séparé que lorsque l'état de ces corps vient à changer; 3° par une véritable combinaison qu'on ne peut détruire sans changer la nature du corps. On peut consulter sur cet objet les ouvrages de MM. Scheele, Black, Crawford; on y trouvera des expériences bien faites, bien combinées, et des vues ingénieuses.

stance de feu qui était naturellement dans les pores de ses parties constituantes, le ressort se rétablit.

SECTION III.

L'air ne reçoit-il pas aussi son ressort du feu ? L'air, ce corps si singulièrement élastique, paraît recevoir son ressort du feu par les mêmes rai

sons.

L'air de notre atmosphère est un assemblage de vapeurs de toute espèce qui lui laissent très peu de matière propre.

Otez de cet air l'eau dans laquelle il nage,

dont la pesanteur spécifique est au moins 850 fois plus grande que celle de cet air; ôtez-en toutes les exhalaisons de la terre, que restera - il à l'air pur pour sa pesanteur? Il est impossible d'assigner ce peu que l'air pur pèse par lui-même ; il reçoit donc certainement d'une autre matière cette grande pesanteur qui soutient 55 pieds d'eau, ou 29 pouces de mercure: cette force, qui surprit tant le siècle passé, ne lui appartient pas en propre 1. Si cette pesanteur n'est pas à lui, pourquoi son ressort ne lui viendra-t-il pas aussi d'ailleurs?

Il est constant que la chaleur augmente beaucoup le ressort d'un air enfermé; on connaît les découvertes fines d'Amontons sur l'augmentation de puissance qu'un air comprimé acquiert par la chaleur de l'eau bouillante.

La chaleur étend l'air et augmente sensiblement son élasticité dans l'instant que cet air s'étend: ainsi l'air se dilatant par le feu, casse les vaisseaux qui le renferment; ainsi, échauffé dans une vessie, il la fait crever; ainsi il fait monter le mercure et les liqueurs dans les tubes d'autant plus qu'il s'échauffe, etc.

Tant qu'il y aura du feu dans cet air comprimé, les corpuscules de l'air, écartés en tous sens, pressent en tous sens tout ce qu'ils rencontrent. Voilà l'augmentation de son ressort.

L'air libre, étant échauffé, se distend, s'écarte de tous côtés, et alors ce ressort qui agissait par la dilatation, s'épuise en proportion de ce que l'air s'est dilaté; ce plein air libre, échauffé, n'est plus si élastique, parce qu'alors il y a moins d'air dans le même espace.

De même, quand le métal pénétré de feu s'étend de tous côtés, alors il y a moins de métal dans le même espace ; et quand il est fondu, il s'est étendu autant qu'il est possible: alors son ressort est perdu autant qu'il est possible.

Ce métal refroidi redevient élastique: aussi l'air libre refroidi, revenu dans son premier état, reprend son élasticité première ; mais si l'air est plus refroidi encore, si le froid le condense trop, alors son ressort s'affaiblit n'est-ce pas que l'air n'a plus alors la quantité de feu nécessaire pour faire jouer toutes ses parties, et pour le dégager de l'atmosphère engourdie qui le renferme ?

Si l'air était absolument privé de feu, il serait sans mouvement et sans action.

[ocr errors]

Voltaire est un des premiers qui aient annoncé que l'air, c'est-à-dire le fluide expansible qui entoure la terre, n'est point un élément simple, mais un composé d'un grand nombre de substances dans l'état d'expansibilité. On a prouvé depuis que cet air contenait non seulement une grande quantité d'eau, et d'autres substances dans l'état de dissolution, mais qu'il était encore le résultat du mélange ou de la combinaison d'un grand nombre de substances expansibles à tous

SECTION IV.

Suite de l'examen comment le feu cause l'élasticité.

Tous les liquides, quoique d'une autre nature que l'air, ne doivent-ils pas aussi au feu leur plus ou moins d'élasticité? Le feu, qui subsiste dans l'eau, retient les parties de l'eau dans une désunion continuelle. L'eau est alors, par rapport à la quantité de feu qu'elle contient, ce qu'est un métal enflammé par rapport à la quantité de feu qui le pénètre. Ce métal en fusion perd son ressort. L'eau coulante est aussi dans une espèce de fusion, et par conséquent sans élasticité; mais dès qu'elle contient moins de feu, dès qu'elle est glacée, elle fait ressort comme le métal refroidi, parce qu'alors elle peut réagir comme le métal contre l'action d'un moindre feu qu'elle contient : or, que la glace contienne du feu, on ne peut en douter, puisqu'on peut rendre la glace trente à quarante fois plus froide encore qu'au premier degré de congélation; et si on pouvait trouver le dernier terme de la glace, on trouverait celui de l'extrême dureté des corps.

Ceux qui, pour expliquer l'élasticité, ont employé la matière subtile, de l'existence de laquelle on n'a de preuve que le besoin qu'on croit en avoir, ceux-là, dis-je, ont toujours eu dans leur système quelque contradiction à dévorer.

S'ils disent, par exemple, qu'une lame d'acier courbée fait ressort, parce que cette matière subtile, qu'on suppose être partout, fait un effort violent pour repasser par les pores de cet acier que sa courbure vient de rétrécir, ils s'aperçoivent aussitôt que la loi des fluides les contredit, car tout fluide libre presse également partout; et de plus, si la matière subtile est supposée faire tourner notre globe d'occident en orient, comment causera-t-elle un ressort dans un sens contraire?

S'ils disent que la matière subtile, remplissant tous les pores des corps et tout l'univers, est composée de petits tourbillons logés dans les corps; que les parties de ces tourbillons, tendant toujours à s'échapper par la tangente, sont la cause du ressort, que de difficultés et de contradictions encore! Ces petits tourbillons sont-ils composés d'autres tourbillons? il le faut bien, puisqu'ils ont des parties. La dernière de ces particules serat-elle un tourbillon? en quelle direction se mouvront-ils ? est-ce en un seul sens? est-ce en tous sens? Qu'on songe bien qu'ils remplissent l'univers, et qu'on voie ce qui en résulterait. Il faudrait que tout suivît cette direction de leur mouvement. Sont-ils durs? sont-ils mous? S'ils sont

les degrés de température connus. Voyez l'article AIR dans durs, comment laisseront-ils venir à nous un rayon

le Dictionnaire philosophique. K.

de lumière? s'ils sont mous, comment ne se con

[ocr errors]

ques corps électriques jettent des étincelles brûlantes; tous, après un long et violent frottement, jettent de la lumière.

Il est vrai que les métaux, quelque attrition qu'ils puissent éprouver, n'attirent point les corps minces à eux, n'exercent point d'électricité ; mais on ne dit point que tout ce qui prend feu soit électrique; on remarque seulement que tout ce qui devient électrique jette du feu plus ou moins: donc le feu paraît avoir très grande part à cette électricité. Au moins il est indubitable qu'il n'y a point d'électricité sans mouvement, et qu'il n'y a point dans la nature de mouvement sans le feu 1.

fondront-ils pas tous ensemble? De quelque côté qu'on se tourne, on est environné d'obscurités. Je demande simplement si, dans les incertitudes où nous laisse la physique, il ne vaut pas mieux s'en tenir aux substances dont au moins on connaît l'existence et quelques propriétés, que de rechercher des êtres dont il faut deviner l'existence. Nous sommes tous des étrangers sur la terre que nous habitons, ne devons-nous pas plutôt examiner ce qui nous entoure que de faire la carte des pays inconnus ? Nous voyons du feu sortir des corps où il était enveloppé; nous voyons qu'il est dans tous les corps connus, qu'il imprime évidemment des vibrations à leurs parties; que quand ces vibrations sont finies par la dissolution du corps, tout ressort cesse; nous sentons que l'air devient plus élastique quand il s'échauffe, et moins quand il est très froid; pourquoi donc chercher ailleurs que dans cet élément du feu l'élasticité qu'il donne Le feu, comme tout autre fluide, se meut égasi sensiblement ? Par là on ne se chargerait du far-lement en tout sens; ou plutôt ne pouvant se moudeau d'aucune hypothèse ; et certainement on n'avancerait pas moins dans la connaissance de la nature 1.

SECTION V.

N'est-il pas la cause de l'électricité?

S'il est vraisemblable que le feu est la cause de l'élasticité, il ne l'est pas moins que l'électricité soit aussi un de ses effets.

La marche de l'esprit humain doit être, ce semble, de se contenter d'attribuer les mêmes effets aux mêmes causes, jusqu'à ce que l'expérience découvre une cause nouvelle. Or l'électricité paraît toujours produite par la cause qui produit toujours du feu dans les corps durs ; c'est-à-dire qui développe le feu que ces corps durs contiennent: cette cause est le frottement, l'attrition des parties. Il n'y a aucun corps dur frotté qui ne s'échauffe; il n'y a aucun corps électrique qui ne doive être frotté avant d'exercer cette électricité. Quelques corps durs frottés s'enflamment; quel

1 Il n'est point prouvé que la cause de l'élasticité des ressorts soit la même que celle de la force par laquelle les corps dans l'état d'expansion tendent à occuper un plus grand espace. Il semble que la première force peut être l'effet de celle qui produit la cohésion. Les molécules d'un corps ont pris un certain ordre en vertu de cette force; vous changez cet ordre en pressant le corps ou en le pliant; si vous cessez d'agir, les molécules dérangées de cet état, qui était relativement à cette forcé l'état d'équilibre, tendront à s'y restituer. Quant à la force des substances expansibles, elle paraît inexplicable par la force d'attraction, par la tendance à l'équilibre d'un système de molécules qui s'attirent; peut-être a-t-elle pour cause quelque propriété de feu encore inconnue. Du moins, comme la chaleur augmente cette force, et que le froid la diminue, comme le feu met dans l'état d'expansibilité des substances liquides ou solides, on ne peut nier qu'il n'agisse conime cause ou comme moyen dans les phénomènes que présente la force expansive. K.

ARTICLE IV.

Suite des autres propriétés générales par lesquelles on cherche à déterminer la nature du feu.

voir qu'avec cette égalité, parce que l'action et la réaction de ses parties élémentaires sont égales, i il semble être l'unique cause pour laquelle les autres fluides se meuvent ainsi.

Il doit donc échauffer également dans toutes ses parties un corps homogène qu'il pénètre; sa flamme doit être ronde, et l'est toujours quand l'air ne presse pas sur le mixte qui brûle. Qu'une boule de fer soit bien enflammée dans un fourneau où l'air très raréfié a épuisé son ressort, cette boule de fer jette des flammes également en haut et en bas; la flamme de l'esprit-de-vin s'arrondit quand on la plonge dans une autre flamme.

De cette propriété inhérente dans le feu de se répandre également s'il ne trouve point d'obstacle, il suit que tout corps enflammé doit envoyer les traits de feu également de tous les côtés, et qu'ainsi tout point lumineux est un centre dont les rayons partent et aboutissent à la surface d'une sphère.

C'est par cette propriété que le feu échauffe et

Lorsqu'on approche deux corps dans lesquels l'électricité n'est pas en équilibre, il arrive qu'à l'instant où l'équili bre se rétablit, soit lentement, soit dans un seul instant, il se manifeste du feu; ce feu est visible dans l'air et dans le vide, produit de la chaleur, allume les corps inflammables, fond les métaux. Ce feu paraît moins simple que celui des rayons de lumière rassemblés au foyer d'un miroic; il a une odeur propre, et d'ailleurs il produit sur les corps qu'il traverse des effets chimiques que les rayons du miroir ardent ne paraissent point produire. On peut observer que, comme les corps changent de température sensible en passant de l'état de solide à celui de liquide, de l'état de liquide a celui de vapeurs, de même ce changement influe sur leur état relativement à l'électricité. Le plus ou le moins de chaleur agit aussi sur l'électricité; la glace devient électrique par frottement comme le verre, à un certain degré de froid; le verre devient électrique par communication comme les métaux, à un certain degré de chaleur.

On ne savait presque rien sur l'électricité en 1738. K.

éclaire en raison inverse ou réciproque du carré des distances.

Le feu a donc la propriété d'envoyer au corps une quantité de sa substance dans cette proportion.

par

Ayant reconnu cette propriété singulière du feu d'être attiré par les corps, de se plier vers eux, d'accélérer son mouvement vers eux, et dans eux, sitôt qu'ils sont dans la sphère de l'attraction, on ne doit plus être si étonné qu'il rejaillisse des

Il a encore la propriété d'être attiré sensiblement corps solides avant de les avoir touchés; car, si les les corps.

4o Cette attraction est démontrée par cette expérience connue d'une lame de couteau ou de verre, dont la pointe est rasée par les rayons du soleil dans une chambre obscure (fig. 72).

corps ont le pouvoir de l'attirer à quelque distance, pourquoi n'auront - ils pas aussi celui de le repousser à cette même distance?

Or, que des parties de feu soient repoussées de dessus la surface des corps sans la toucher, c'est un phénomène dont il n'est plus permis de douter.

On sait que la lumière tombant sur un prisme, et fesant avec sa perpendiculaire un angle de près de 40 degrés, passe au travers de ce prisme, et va dans l'air; mais qu'à un angle de 44 elle ne

On sait que les rayons s'infléchissent, se portent vers cette lame en proportion des distances; c'està-dire que le rayon qui passe le plus près de cette pointe est celui qui s'infléchit le plus vers le couteau. Toutes les autres expériences de l'inflexion de la lumière près des corps se rapportent à celle-passe plus, elle est réfléchie tout entière; mais ci. On les connaît; on n'en grossira pas ce mémoire.

2o La réfraction est encore une preuve évidente de cette attraction; on sait assez que quand le verre ou l'eau, etc., reçoit un rayon oblique, ce rayon | commence à se briser en approchant de ce milieu, et qu'il se brise toujours tant qu'il est entre les lignes AB, C D (fig. 75), qui sont les termes de cette attraction; après quoi il continue à aller en ligne droite cette inflexion et ce brisement, avant d'entrer dans ce corps, et en y entrant, est toujours d'autant plus grand que la matière qui reçoit ce rayon a plus de densité, à moins que cette matière ne soit un corps oléagineux, sulfureux, inflammable: car alors ce corps oléagineux, sulfureux, rempli de feu, agit davantage sur ce rayon que ne fera un corps de même densité, mais qui contiendra moins de parties inflammables.

5o Tout rayon tombant obliquement d'un milieu moins épais daus un milieu plus épais, va plus rapidement dans le corps qui l'attire davantage, et cela en raison inverse de la grandeur des sinus; et non seulement il accélère son mouvement dans ce corps en tombant en ligne oblique, mais aussi en tombant en ligne perpendiculaire 1. Il est donc aussi indubitable qu'il y a une attraction entre les particules du feu et les autres corps, qu'il est difficile d'assigner la cause de cette attraction.

La différence de réfrangibilité des milieux n'est point proportionnelle à leur densité, quoique dans des corps de la même nature elle paraisse en dépendre, du moins en partie. Elle dépend surtout de la nature de ces corps, mais sans qu'on ait pu assigner jusqu'ici les causes de cette dépendance, ni saisir aucun rapport entre cette force et la quantité

de phlogistique contenu dans les corps, ou leur facilité à se

combiner avec cette substance.

On sait que des rayons différents sont différemment ré

frangibles dans le même milieu, et chaque rayon ne suit pas dans les différents milieux la même loi de réfrangibilité. Autre phénomène plus compliqué dont on ignore absolument la cause et la loi. On peut consulter sur ces objets une suite de recherches sur l'optique, publiées par M. l'abbé Rochon. K.

alors si l'on met de l'eau sous ce prisme, la même lumière qui ne passait point dans l'air à 44 degrés passe à cette même obliquité dans l'eau ; elle trouve pourtant dans l'eau plus de parties solides que dans l'air; elle ne rejaillit point de dessus cette eau, et elle rejaillit de dessus cet air; donc elle n'est pas réfléchie en ce cas par les parties solides.

Ajoutez à cette expérience celle des corps réduits en lames minces, qui réfléchissent certains rayons de lumière, et qui laissent passer ces mêmes rayons quand leurs lames sont épaisses. Ajoutez les inégalités extrêmes des miroirs les plus polis, qui cependant réfléchissent la lumière également et avec régularité, et qui par conséquent ne peuvent renvoyer avec régularité ce qu'ils reçoivent si irrégulièrement; on conviendra que la lumière, qui n'est autre chose que du feu, rejaillit sans toucher aux corps dont elle semble rejaillir.

De cette attraction et de cette répulsion de la matière du feu à quelque distance des corps solides n'est-il pas prouvé qu'il y a une action et une réaction entre tous les corps et le feu, telle qu'il y en a une entre les corps qui s'attirent et qui se repoussent? La différence est (comme dit à peu près le grand Newton dans son Optique) qu'il ne faut que des yeux pour voir l'attraction et la répulsion de l'électricité, et qu'il faut les yeux de l'esprit pour voir l'attraction et la répulsion du feu et des corps.

Il reste à examiner la figure du feu et sa couleur.

La figure de ses parties constituantes doit être ronde; c'est la seule qui s'accorde avec un mouvement égal en tout sens, et la seule qui puisse produire des angles d'incidence égaux aux angles de réflexion. Il est bien vrai que ces angles d'incidence et de réflexion ne sont pas produits sur la surface des corps solides; mais ils sont pro

duits près de ces surfaces par quelque cause que ce puisse être.

Or cette cause inconnue, et qui peut-être est de la matière électrique, ne peut renvoyer ainsi les rayons, s'ils ne sont pas propres à former toujours ces angles, et il n'y a que la figure ronde qui puisse les former 1.

:

Pour la couleur qui résulte du feu, j'entends du feu pur et sans mélange, cette couleur dépend des rayons différents qui composent le feu l'assemblage des sept rayons primordiaux réfléchis donne du blanc; cependant la couleur de la lumière du soleil tire sur le jaune et de là on pourrait croire que le soleil est un corps solide dans lequel les rayons jaunes dominent. Il n'est nullement impossible que le feu dans d'autres soleils ait d'autres couleurs; et la quantité des rayons rouges ou jaunes dominant dans ce feu élémentaire pourrait très vraisemblablement opérer de nouvelles propriétés dans la matière.

Voilà donc à peu près un assemblage des propriétés principales qui peuvent servir à donner une faible idée de la nature du feu.

C'est un élément qui a tous les attributs généraux de la matière, et qui a par-dessus encore le pouvoir d'agir sur toute matière, d'être toujours en mouvement, de se répandre en tout sens, d'être élastique, de contribuer à l'élasticité des corps, à leur électricité; d'être attiré et d'être repoussé par les corps; enfin c'est le seul qui puisse nous éclairer et nous échauffer. Et cette propriété de nous donner le sentiment de lumière et de chaleur n'est autre chose qu'une suite de la proportion établie entre ses mouvements et nos organes; et il est très vraisemblable que cette proportion est nécessaire pour nous causer ces sentiments; car l'auteur de la nature ne fait rien en vain, et ces rapports admirables de la matière du feu avec nos organes seraient un ouvrage vain si, dans la constitution présente des choses, nous pouvions voir sans yeux et sans lumière, et être échauffés sans feu.

Ces idées sur la forme des éléments des corps sont un reste de cartesianisme dont Voltaire n'avait pu se débarras

ser totalement, quoiqu'il en fût alors plus dégagé que la plu

part des savants de l'Europe.

La seule manière plausible d'expliquer les phénomènes de

la réflexion des surfaces opaques est de les considérer comme formées de corpuscules transparents, dans lesquels la réflexion se fait comme dans les sphères transparentes, comme dans les gouttes de l'arc-en-ciel. Mais il reste à expliquer ce dernier phénomène qui semble dépendre de l'attraction, et

SECONDE PARTIE

DE LA PROPAGATION DU FEU.

On tâchera, dans cette seconde partie, d'expliquer ses doutes en autant d'articles : 4o Sur la manière dont nous produisons du feu; 2o Sur la manière dont le feu agit; 3o Sur les proportions dans lesquelles le feu embrase un corps quelconque;

4o Sur la manière et les proportions dont le feu se communique d'un corps à un autre; 5o Sur ce qu'on nomme pabulum ignis, et ce qui est nécessaire pour l'action du feu ; 6o Sur ce qui éteint le feu.

ARTICLE PREMIER.

Comment produisons-nous le feu? Les hommes ne peuvent réellement produire du feu, parce qu'ils ne peuvent rien produire du tout; ils peuvent mêler les espèces des choses, mais non changer une espèce en une autre. On décèle, on manifeste le feu que la nature a mis dans les corps, on lui donne de nouveaux mouvements, mais on ne peut produire réellement une étincelle.

Nous ne pouvons développer ce feu élémentaire que par l'un des cinq moyens suivants : 4o En rendant les rayons du soleil convergents, et les assemblant en assez grand nombre; 2o En frottant violemment des corps durs;

5o En exposant tous les corps possibles au feu tiré de ces corps durs, comme aux charbons ardents, à la flamme, aux étincelles de l'acier, etc.;

4o En mêlant des matières fluides, comme des espèces d'huiles qui fermentent ensemble avec explosion, et qui s'enflamment;

[blocks in formation]

Dans toutes ces opérations il est aisé de voir dont on n'a point donné d'explication précise et calculée. K. qu'on ne fait autre chose que d'ajouter un seu

nouveau aux corps qui n'en ont point assez, ou de mettre en mouvement une quantité de feu sulfisante qui était dans ces corps sans mouvement

sensible.

« PrécédentContinuer »