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Le Soleil veit, de loin, notre terre inclinée.
Conduire obliquement les signes de l'année;
Et montrant tour-a-tour ses divers horifons,
En cercle autour de lui promener les saisons..

Soleil! quelle eft ta force? elle entraîne, elle guide
Les mondes l'un par l'autre attirés dans le vuide;
Depuis l'ardent Mercure en tes feux englouti,
Jusqu'à ce froid Saturne au pas appésanti,
Qui prolonge, trente ans, sa tardive carrière,
Ceint de l'anneau mobile où se peint ta lumière.
Tu les gouvernes tous: qui peut te gouverner?
Quel bras autour de toi t'a contraint de tourner?
Rien n'existoit encor: la parole éternelle
Perce au fond du chaos, & l'ébranle, & t'appelle;
Il s'ouvre: tu jaillis de ses flancs entr'ouverts;
Tu cours donner sa forme au naissant univers;
De sept rayons premiers ta tête est couronnée;
L'antique nuit recule, & par toi détrônée,
Craignant de rencontrer ton œil victorieux,
Te cède la moitié de l'empire des cieux.
Je ne te peindrai point conduisant les années,
Et les heures en cercle à ta suite enchaînées,
Sœurs d'un âge pareil, qui mesurent le jour;
C'est au brillant Ovide à décrire ta cour;
De ton char fabuleux qu'il marque les vestiges;
Qu'il t'élève un palais tout peuplé de prodiges,
Et qu'embellit sur-tout la pompe de ses vers:
Roi du jour, ton palais n'est-il pas l'univers?
Mais que dis-je ? au-delà des bords que tu fécondes,
Règnent environnés d'un cortège de mondes,
D'innombrables soleils plus éclatans que toi,
Et parvenu près d'eux à peine je te voi.

Qui dira leur distance & leur nombre, & leur masse? L'imagination en tremblant les embraffe ; Leur innombrable amas ne peut être compté; Ma foiblesse se perd dans leur immenfité: Aussi grand que l'Auteur l'ouvrage est sans mesure. Homme qui veux pourtant limiter la nature! Vole, & cherche en quels lieux ses confins font placés, Déjà roulent fous toi des astres entassés. Sirius eft franchi: reprends ton vol; peut-être Vers ces feux éloignés s'a rêta le grand Etre. Atteins-les: vaine erreur! fais un pas; à l'inftant Un nouveau licu fuccède, & l'univers s'étend; Tu t'avances toujours, toujours il t'environne. Quoi! semblable au mortel que fa force abandonne, Dieu qui dans le repos ne fauroit exister, Eût dit: voici la borne où je dois m'arrêter!

Mais ce Diey qui sans fin déploya sa puissance, Comment puis-je expliquer, concevoir fon essence?

Est-il joint au grand tout? en est-il séparé?
Dans ses conseils profonds quel regard a pu lire?
Ces astres qu'il forma, qu'en passant l'homme admire,
A qui le Guèbre antique élevoit des autels,
Comme leur créateur feront-ils immortels?
Hélas! ces purs flambeaux dont les nuits s'embellissent,
Ces corps démésurés avec lenteur vieillissent;
Ils meurent comme nous. Oui: marquant leur retour,
Un télescope en main, & du haut de sa tour,
L'Astronome en des cieux qu'il s'étonne d'atteindre,
Vit des foleils nouveaux s'allumer & s'éteindre.
De ces grands changemens serai-je donc furpris?
Pope en ses vers savans ne m'a-t'il pas appris
Que du même regard l'éternel Architecte,
Envisageoit la mort d'un monde ou d'un insecte?
Tout passe donc, hélas! &c.

Il nous semble qu'il n'est guères possible de faire de plus beaux vers, d'avoir une manière plus large, & de mieux mêler d'heureux mouvemens aux plus fublimes images de la création.

Un jeune Poëte qui a obtenu dans un autre genre des succès bien flatteurs est M. Collin d'Harloville, Auteur de l'Inconstant & de l'Optimiste. Il a fourni trois Pièces à ce Recueil. On y voit avec peine un ton de mélancolie qui paroît être l'expression trop réelle de la fituation de son esprit. Le morceau intitulé : mes Souvenirs, est le plus considérable des trois. L'Auteur y peint, d'une manière fimple, touchante & naïve, les épines qu'il a trouvées à l'entrée de la carrière où il se diftingue tant aujourd'hui, & le mauvais état de sa santé qui en est la suite. C'est un de nos jeunes Écrivains qui possèdent le mieux l'art d'exciter en sa faveur un puissant intérêt.

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On a embelli ce Recueil de quelques Chansons très ingénieuses de M. Marmontel, extraites des derniers volumes de ses Œuvres complettes. On y lit aussi avec grand plaifir trois Pièces de Mme la Baronne de Bourdic, trois autres de feu M. le Cher de Bonnard, une Fable de M. le Cher de Florian une de M. Imbert, une de M. Bret, une de M. Berenger, & l'on regrette vivement de n'en pas trouver un plus grand nombre. Celles de Mme la Marquise de la Fer.** soutiennent la réputation qu'elle s'est acquise dans ce genre les années précédentes. Enfin nous voudrions qu'il nous fût possible de faire une mention

dont nous sommes forcés d'indiquer seule-prix 1 liv. 16 f. A Paris, chez Bélin, Libraire, rue

ment les Auteurs. Le Public connoît les divers genres dans lesquels ils se sont exercés avec succès: il suffira donc de nommer MM. Andrieux, Auguste Gaude, de Boisjollin, Cérutti, de la Harpe, de Choify, Damas, Dourneau, GuiOrd, James de St-Léger, Mugnerot, Nogent, Pievre, Vigée, M. le Comte d'Aguilar, M. l'Abbé Dourneau, feu M. le Président Dupaty, M. le Marquis de Fulvy, M. le Comte de G**, M. le Baron de Pardaillan, M. le Comte de Sé.** & M. le Marquis de Ximenez, que l'ordre alphabétique nous conduit à nommer le dernier, quoique sa versification soit en général très soignée jusques dans les plus petits morceaux. L'Éditeur a encore voulu enrichir ce Calendrier poétique du nom de Voltaire : mais il n'y a plus de Pièce piquante de cet hoimme illuftre, qui ne soit connue de tous les Lecteurs.

Les Epigrammes font moins nombreuses que dans les précédens volumes. Il y en a cependant de plaisantes & de bien tournées. En voici une qui réunit ces deux qualités; elle eft de M. le Cher de la P**.

Maître Gloffard tant babille, babille,
Qu'en l'écoutant chacun bâille & s'endort:
Maitre Gloffard tant crie & s'égofille
Que pour dormir feriez un vain effort.

Or de par Dieu! Mons Glossard, je vous prie,

Si le voulez, parlez jusques au soir :

Mais de dormir ne nous donnez l'envie,

Ou de dormir laissez-nous le pouvoir.

LYCÉE.

Les Cours interrompus par la vacance de Noël reprendront le 4 de ce mois. Voici l'ordre des Séances: Littérature, Jeudi matin & Samedi foir: Histoire, Mercredi matin & Vendredi foir: Chymie, Mardi & Samedi matin: Physique, Lundi & Vendredi matin : Anatomie, Mardi & Jeudi soir: Hiftoire naturelle, Lundi foir : Mathématiques, Mercredi Toir: Langue Angloise, Mercredi & Vendredi foir: Langue Italienne, Mardi & Jeudi foir.

N. B. Toutes les Séances du matin sont à midi & celles du soir à 6 h..

LIVRES DIVERS.

Etrennes de Polymnie, choix de Chansons, Romances, Vaudevilles, &c., avec de la musique nouvelle & des timbres d'airs connus, fur lesquels la plupart des morceaux peuvent aussi être chantés;

St-Jacques ; Brunet, rue de Marivaux; Defenne, Gattey & Petit, au Palais Royal; le Duc, Md de Musique, rue du Roule, & aux adresses ordinaires de Musique.

Ce perit Recueil avantageusement connu & com

pofé avec goût nous paroît mériter le fuccès dont il jouit. On peut se procurer aux mêmes adresses les années précédentes depuis 1785.

SPECTACLES..

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. Aujourd. 1er Janv., PANURGE DANS L'ISLE DES LANTERNES, Com.-Opéra en troisactes, paroles de M. ***, musique de M. Grétry.

Demain 2, la 4o représ. d'Arvire & Evelina, &c.

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PETITS COMÉDIENS de S. A. S. Mgr le Comte de Beaujolois. Aujourd. 1er Janv., la 1re représ. des Étrennes critiques, ou Mercure & la Frivolité au Palais Royal, Pièce épisodique en un acte, en prose; l'heureux Dépit, Com. en un acte, mêlée d'ariettes, & Atine & Zamorin, Opéra bouffon en trois actes.

OULEVARDS.

GRANDS DANSEURS DU Ror. Auj. ter Janv., la Danse de corde du petit Diable & de fa Troupe; les Vifites du Jour de l' An; le Voltigeur Romain; la 1** repr. du Vieillard amoureux; l'Enlèvement de Proferpine, Pant. à mach.; le Souper des Dupes; les Exercices du fameux Hercule, & les Sauteurs étrangers.

AMBIGU COMIQUE. Aujourd rer Janv., la re représ. des Étrennes villageoises, Pièce en un acte, suivie de l' Embarras comique, Prov., terminé par la 37o représ. de la Mort du Capitaine Cook dans le nouveau Monde, Pant. en quatre actes.

Amphithéâtre du St ASTLEY, fils, rue & faubourg du Temple. Auj. rer Janv., les Exercices d'Equitation, & pour la 2a tois la Bataille & la Mort du Général Marlborough par la Troupe Equestre des St Ajiley & Franconi, avec des Tournois, &c.

PAYEMENS de l'Hôtel-de-Ville de Paris d'hier, 6 premiers mois 1788.

M. Boutray, Viageres, Tontines, Perpét.. F
M. Cochin, Perpétuelles.........
M. Chauchat, Perpétuelles........

M. Radix, Viageres, Perpétuelles.......
M. de France, Viageres, Perpétuelles....
M. Maupassant, Viagères, Perpétuelles... F
M. Maupetit, Perpétuelles, Viagères..... F
M. Delarue, Tont., Perpét., Viageres.... F

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Etienne-François Turgut, Marquis de Soufmont, Brigadier des Armées du Roi, ancien Gouverneur & Lieutenant pour S. M. de l'isle de Cayenne & de la Guyanne, Cher de l'Ordre Royal & Militaire de StLouis, de l'Académie Royale des Scienees, de la Société Royale d'Agriculture, décedé en fon Château de Bons, près Falaise, le 25 Décembre dernier.

Dame Catherine-Pétronille Morin, veuve de M. Jacques de Vaulé, premier Lieutenant aux Gardes Suiffes, Colonel d'Infanterie, Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de St-Louis, au Marais.

M. François Goria, ancien Officier au Régiment de Limofin, & Officier de l'Hôtel Royal des Invalides, rue du faubourg St-Jacques.

Marguerite Louise de Combault d'Auteuil, née au Château d'Auteuil, en Picardie, le 6 Janvier 1699, entrée à St-Cyr en 1705, & retirée en 1720 au Valde-Grace, où elle a fait profession & a vécu fans aucune infirmité jusqu'a sa mort, arrivée le 25 Décembre dernier.

Marie-Albertine Caraubon, fille mineure de feu M. Marie-Antoine Cazaubon, Avocat en Parlement, rue St-Louis, pres le Palais.

Elifabeth Mocquet, épouse de M. Jean Laclef., M4 de Couleurs, rue Princeffse. Jeanne-Louise de Levemont, épouse de M. Vignon, Ma Mercier, place St-Michel.

Jeanne-Françoise Paillet, épouse de M. Jean Tarré, Maître Menuifier, rue St-Lazare.

M. Pierre-Louis Fremont, Ma de Fourrages, fau

bourg St-Martin.

M. Evrard Vrebos, ancien Md Tailleur, rue de la grande Fripperie.

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1

JOURNAL DE PARIS.

Vendredi 2 JANVIER 1789, de la Lune le 7.

LE SOLEIL se lève à 7 heures 51 minut., & se couche à 4 heures 8 minut. LA LUNE se lève à 10 h. 15 min. du matin, & fe couche à 10 h. 40 min. du foir. Rapport du Tems vrai au Tems moyen. Au midi du Soleil, la pendule doit marq. oh. 4 m. srl Hauteur de la Rivière. Le 31 Déc. à 1 p. o p., & le 1st Janv, arp.op. (haut, moyennes pieds.) Réverbères. Allumés às heur, o min., éteints à 3 h. o min.

:

Obfervations. Météorologiques, du 31 Duc.

Époques. Thermom. Baromet. Vent.

État du Ciel & Remarques.

A 7 h. m. - 17, 4 28. 2, 9
Ciel affez beau toute la matinée; cou-
9,8 28. 1, 8 E. S. E. vert le reste de la journée; neige sur

A

و A

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ADMINISTRATION.

RÉSULTAT du Conseil d'Etat du Roi, tenu à Versailles le 27 Décembre 1788.

Le Roi ayant entendu le rapport qui a été fait dans fon Conseil par le Ministre de ses Finances, relativement à la convocation prochaine des Etats- Généraux, Sa Majesté en a adopté les principes & les vues, & Elle a ordonné ce qui fuit:

1o. Que les Députés aux prochains EtatsGénéraux feront au moins au nombre de mille.

- 2o. Que ce nombre fera formé, autant qu'il fera possible, en raison composée de la population & des contributions de chaque Bailliage.

3o. Que le nombre des Députés du TiersEtat sera égal à celui des deux autres Ordres réunis, & que cette proportion seral établie par les lettres de convocation.o -4°. Que ces décisions préliminaires servi ront de base aux travaux nécessaires pour Préparer fans délai les lettres de convoca tion any que les autres dispositions qui doivent les accompagner.

9°. Que le rapport fait à Sa Majesté sera

imprimé à la fuite du préfent résultat.

kait à Versailles, le Roi étant en son

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les 8 heures & du foir..

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)

Confeil, le vingt-sept Décembre mil sept cent quatre-vingt-huit.

Signé LAURENT DE VILLEDEUIL. RAPPORT fait au Roi dans fon Confeil d'État. par le Ministre de fes Finances.

SIRE

Les Notables, convoqués par vos ordres, fe font livrés avec application à l'examen des diverses questions fur lesquelles ils avoient été consultés par Votre Majesté, & à mesure qu'ils ont avancé dans leurs recherches, ils ont découvert plusieurs difficultés qu'il étoit important de réfoudre. Leur travail a donc répandu un grand jour fur divers détails efsentiels, & en fixant ainsi beaucoup d'incer titudes, en diffipant plusieurs obscurités embarrassantes, ils ont éclairé la marche, de l'Administration...

Votre Majesté, qui a pris connoissance du Procès-verbal des différens Bureaux, a pu juger påt Elle-même de la vérité de ces observations.

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:

Elle a vu en même-tems que trois questions importantes avoient donné lieu à un partage d'opinions; & puifque l'une, surtout, fixe aujourd'hui l'attention & l'intérêt de tout le Royaume, il est indispensable de les fou

Y

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