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tres Ecclésiastiques. Il résulte de cet examen, que le nouveau Manuel contient les rites de l'Eglise de Paris, tels qu'ils ont été observés depuis deux siècles environ, époque à laquelle on a publié les premiers Cérémoniaux.

Ce Manuel des Cérémonies est donc très-propre à faire cesser une variété de rites non moins préjudiciables à l'ordre qu'à la piété. En conséquence, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

A dater du Mercredi des Cendres, 17 février de l'an prochain, MM. les Curés, Supérieurs, Aumôniers et Chapelains des diverses Communautés Ecclésiastiques du Diocèse feront observer exactement les rites et cérémonies décrites dans le présent Manuel, que nous autorisons à cet effet; et nous voulons que personne ne s'en écarte sous aucun prétexte.

Donné à Paris, sous notre seing, notre sceau, et le contre-seing du secrétaire de notre archevêché, le 2 juillet 1846.

+ DENIS, Archevêque de Paris.

Par Mandement de Monseigneur l'Archevêque,

PECQUET, Chan. Secrét.

PRÉFACE.

Le culte divin a été, dans tous les temps, et chez tous les peuples, accompagné de rites ou cérémonies, qui avaient pour but de manifester par des actes extérieurs les sentiments intérieurs dont étaient animés ceux qui rendaient leurs hommages à la divinité. En créant l'homme, Dieu lui avait sans doute révélé la manière dont il voulait être honoré. Aussi voyons-nous, dès l'origine du monde, des autels et des sacrifices. Cain, agriculteur, offre des fruits de la terre; Abel, pasteur, immole les prémices de ses troupeaux. Après le déluge, Noé, qui en avait été sauvé, bâtit un autel sur lequel il sacrifie au Seigneur des animaux conservés avec lui. Les saints Patriarches Abraham et ses descendants, fidèles imitateurs de Noé, offraient des sacrifices dans tous les lieux où ils dressaient leurs tentes, et où ils avaient reçu de la bonté divine quelque grâce signalée. Enfin, depuis l'alliance contractée avec les enfants d'Israël, après leur sortie de l'Egypte, Dieu se réserve une des douze tribus pour lui confier exclusivement le soin de son sanctuaire, et il prescrit lui-même, par l'organe de Moïse, les diverses sortes de sacrifices qui lui seront offerts, et les rites sacrés qui doivent les accompagner.

Dans la nouvelle alliance, les Apôtres, instruits par JésusChrist même, n'ont jamais célébré le sacrifice eucharistique, dont il les avait faits ministres, sans y joindre des prières et des actes extérieurs, comme le témoignent et les Liturgies qui leur sont attribuées, et les Constitutions Apostoliques, monuments de la plus haute antiquité. L'Apôtre saint Paul trace aux Corinthiens l'ordre de la consécration du corps et du sang de NotreSeigneur (1), de qui il l'avait appris. Il parle ailleurs de l'au

(1) I Cor. x1, 23 et seq.

tel (1), et son fidèle historien fait mention du luminaire qui accompagnait la célébration des divins mystères (2). Le même Apôtre recommande à ses disciples (3) d'établir des Prêtres; il leur fait connaître les qualités nécessaires aux divers ministres des églises qu'ils fondaient; et certes, une de leurs principales fonctions était d'offrir le sacrifice.

Parmi les plus anciens Pères, saint Clément, contemporain des Apôtres, parle du temps auquel on doit faire les oblations (4), et des Prêtres établis pour ce ministère. Saint Justin martyr expose l'ordre de la liturgie (5), tel à peu près qu'il s'observe encore aujourd'hui. Il serait aisé d'étendre la liste de ces témoignages.

Mais si, durant les persécutions, qui obligeaient les ministres et les fidèles à se refugier dans les sablières et les catacombes pour la célébration des saints mystères, l'Eglise montrait déjà tant de sollicitude pour régler le culte divin, que ne fit-elle pas quand elle jouit d'une entière liberté? Alors le nombre des Evèques et des autres ministres croissant en proportion de celui des chrétiens, il fallut pour les contenir bâtir des édifices spacieux ; et bientôt, sur les débris des temples païens, on vit s'élever de toutes parts des sanctuaires magnifiques en l'honneur du Dieu vivant. Attirés par la splendeur des édifices, charmés par la pompe et la majesté des cérémonies, les infidèles y venaient en foule mêlés aux chrétiens; et la grâce agissant sur les cœurs, ils abandonnaient leurs superstitions, pour embrasser la foi de Jésus-Christ. La piété des Pasteurs catholiques touchait quelquefois les hérétiques mêmes; et l'on en a une preuve dans l'éloge que saint Grégoire de Nazianze nous a laissé de saint Basile, son ami. Il Ꭹ raconte que Valens, empereur Arien, ayant voulu, le jour de l'Epiphanie, assister au service divin dans l'église de Césarée, fut tellement ému en voyant le recueillement du pontife, le maintien angélique de ceux qui l'entouraient, le bel ordre et la modestie d'une foule immense de peuple, dont les chants résonnaient comme un tonnerre, qu'en allant porter son offrande, il fut sur le point de tomber en défaillance, et qu'il

(1) Hebr. xi, 10.

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(2) Act. xx, 7, 8. (3) I Tim. II. Tit. 1, 3 et seq. -(5) Apolog. 1. n. 67.

fallut qu'un des ministres sacrés lui tendit la main pour le soutenir (1).

En même temps que l'Eglise parlait aux sens par le bel ordre des rites sacrés, et par le chant des saints cantiques qui les accompagnait, elle touchait les cœurs par des prières pleines d'une onction céleste, que la piété dictait à ses premiers pasteurs. Nous possédons les Sacramentaires dressés par des Papes aussi illustres par leur science que par leur sainteté, Léon le Grand, Gélase Ier, Grégoire le Grand. Les Collectes, les Préfaces, les formules de prières et de bénédictions qu'ils ont composées, se sont transmises d'âge en âge, et se récitent encore dans la liturgie de l'Eglise latine. Saint Grégoire surtout s'occupa à revoir et à compléter les livres laissés par ses prédécesseurs; il publia un Antiphonaire et un Responsorial, et réforma le chant ecclésiastique, qu'on appelle encore, de son nom, Grégorien. Il établit à cet effet une école de chantres, qui subsista à Rome, après lui, pendant plus de trois siècles; et tout accablé qu'il était par la charge du pontificat, il se plaisait à donner des leçons de chant aux jeunes Clercs, en les accompagnant et les animant de sa voix, qu'il avait très-juste et très-belle. Jean Diacre rapporte qu'on conserva long-temps la baguette dont il se servait pour rappeler à l'ordre ceux qui s'en écartaient (2).

On pourrait produire ici les anciens Ordres Romains, les actes de divers Conciles, les instructions adressées par les Évêques à leur Clergé, citer une foule de monuments qu'on trouve mentionnés dans l'Histoire ecclésiastique depuis le cinquième

(1) Postquam intus fuit, atque ipsius aures Psalmorum cantu, non secus ac tonitruo quodam personuerunt, plebisque pelagus vidit, omnemque ordinem et concinnitatem, quæ tam in sacrario quàm prope sacrarium erat, angelicam potiùs quàm humanam; atque ipsum quidem (Basilium) ante populum recto corpore stantem;... nec corpore, nec oculis, nec animo, perinde ac si nihil novi contigisset, ullam in partem se moventem, sed in cippi modum, ut ita dicam, Deo et altari affixum; eos autem, a quibus cingebatur, cum timore ac reverentia stantes : hæc, inquam, simul atque perspexit, (nec enim quidquam unquam viderat) humanum quiddam passus est, ejusque oculi et anima vertigine ac tenebris præ timore replentur... Verùm cùm dona... divinæ mensæ offerenda essent, nec quisquam, ut mos ferebat, simul ea caperet, ut pote incertum an ea Basilius accepturus esset, tunc manifestè se affectus prodidit. Ita enim titubare cœpit, ut nisi quispiam ex sacrarii ministris vacillantem supposità manu retinuisset; misere utique et luctuosè prolapsus fuerit. S. GREG. NAZ. Or. XLII, n. 52.

(2) Joan, Diac. Vita S. Gregor. lib. 11, n. 6. Op. S. Greg. tom. 1v.

siècle. On y verrait combien les premiers pasteurs ont eu à cœur, dans tous les temps, de maintenir la splendeur du culte divin, d'encourager l'étude et la pratique du chant ecclésiastique, de régler l'ordre et la pompe des cérémonies. Mais ce détail, quelque utile et intéressant qu'il fût par lui-même, dépasserait les limites d'une préface. Il suffit, pour remplir le but de ce Manuel, d'énoncer ici que les Evêques de Paris se sont constamment appliqués à instruire leur Clergé touchant le service de l'autel et les divins Offices. Les Statuts qu'ils ont laissés en rendent témoignage. Ceux d'Eudes de Sully, mort en 1208 (1); d'Étienne de Poncher et d'Eustache du Bellay, dans le seizième siècle; de Henri de Gondy en 1618 et 1620, sont dans le Synodicon (2); et on a inséré dans le dernier Rituel ceux de François de Harlay et des Archevêques ses successeurs, jusqu'à nos jours (3). Depuis le milieu du douzième siècle, que l'Evêque Maurice de Sully jeta les fondements de la cathédrale actuelle, les Prélats qui vinrent après en ont, pendant deux cents ans, continué les travaux jusqu'à l'entier achèvement; les autres l'ont ornée et embellie (4). Tous ont maintenu et augmenté le Clergé attaché à cette église (5); tous l'ont enrichie de vases et d'ornements précieux, afin que la splendeur des cérémonies du culte répondît à la magnificence du temple, et à la majesté du

(1) Parmi les œuvres que le zèle fit entreprendre à ce saint Prélat, on peut citer l'abolition de la fête des fous, à laquelle il travailla de tout son pouvoir. Voyez l'Hist. de l'Eglise Gallicane, liv. xxviii, an 1198; tom. x.

(2) Synod. Eccles. Paris, pag. 5, 10 et seq. 99 et seq. 199 et seq. 235 et seq. C'est par erreur qu'on a mis aux premiers Statuts de Henri de Gondy la date de 1608. Ils n'ont été faits qu'après la publication du Missel en 1615, et du Bréviaire en 1617; ils sont donc de 1618. D'ailleurs Sonnet, qui les cite dans son Cérémonial, leur assigne cette date.

(3) Ritual. Paris. pag. 743-760.

(4) On peut consulter le livre intitulé : Description des curiosités de l'Eglise de Paris; 1763, un vol. in-12. Pour l'état actuel de cette église, voyez la Descript. hist. de la Basilique métrop. de Paris, par Gilbert; 1821, in-8°.

(5) Le Chapitre était composé, en 1788, de huit dignitaires, de trente-huit chanoines Prêtres, deux Diacres, deux Sons-Diacres, et deux Minorės. Le Cardinal de La Luzerne avait été, dans sa jeunesse, Chanoine de Paris in minoribus. Les Chanoines des petites églises dépendantes de Notre-Dame, les Vicaires, Trésorier, Sacristains et autres Bénéficiers étaient plus de cinquante, sans compter les Chantres, Enfants de chœur, et les officiers laïques. Il y avait cent trenteune chapelles fondées.

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