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d'Irlande, et nous pouvons affirmer, ajoute-t-il, que cette institution n'a produit jusqu'à ce jour que d'excellents résultats.

Nous n'avons rappelé ce mode intermédiaire que comme un des nombreux procédés, que la science pénitentiaire offre à la sollicitude de l'administration, pour éprouver l'amendement des condamnés, et leur préparer un facile retour dans la société; mais ces sortes d'établissements ne sont nullement indispensables au succès de la libération préparatoire.

Ce système a par lui-même, c'est-à-dire par la seule pensée rationnelle et miséricordieuse qui l'inspire, une telle influence réformatrice que, pour peu qu'on sache lui conserver ses conditions essentielles, il se concilie avec les moyens les plus variés d'exécution pratique, et qu'il doit, dans tout pays et sous toutes les législations, certainement contribuer à la diminution des récidives.

SECTION III.

MESURES QUI SUIVENT L'OCTROI DES TICKETS OF LEAVE.

La loi qui règle la délivrance des licences, étant la même pour l'Angleterre et pour l'Irlande, j'ai dû montrer avec quel soin l'administration irlandaise s'était ingéniée à exécuter cette loi suivant son véritable esprit, en prescrivant toutes les précautions nécessaires pour la constatation de l'amendement des condamnés à licencier.

Mais, ai-je dit, les conditions de révocation des li

cences sont, en Irlande, plus précises et plus sévères et, de plus, elles n'ont jamais cessé d'être ponctuellement exécutées. De là les résultats différents que nous allons avoir à signaler.

§ 1. Formule inscrite au dos de la licence.

Voici les termes mêmes des conditions apposées au dos (endorsed) de chaque ticket of leave:

« 1° Le pouvoir de révoquer ou de modifier la licence du condamné, SERA très-certainement exercé (will most certainly be exercise) dans le cas de mauvaise conduite.

« 2° En conséquence, si le condamné veut conserver le privilége qu'il a obtenu, par sa bonne conduite sous la discipline pénale, il doit prouver, par sa conduite ultérieure, qu'il est réellement digne de la clé– mence de Sa Majesté.

« 3° Pour motiver la révocation de la licence, il n'est nullement nécessaire (it is by no means necessary) que le porteur soit convaincu d'un nouveau méfait. S'il fréquente des gens notoirement mal famés; s'il mène une vie oisive et dissolue, ou s'il n'a pas de moyens visibles de gagner honnêtement sa vie, etc., et si par là il donne lieu de craindre qu'il ne soit prêt à retomber dans le crime, il SERA sur le champ (at once) appréhendé, incarcéré et replacé sous le coup de son jugement (1). »

(1) Rep, of the Royal commiss., p. 20.

On voit le soin extrême avec lequel on s'est efforcé, en Irlande, de fortifier (to enforce), en les précisant, les conditions impérieuses et absolues de la révocation des licences. Le pouvoir reste l'appréciateur souverain de la conduite du libéré, et, dès que cette conduite cesse d'être exemplaire, dès qu'elle n'atteste plus qu'il est digne de la clémence de Sa Majesté, la licence est immédiatement révoquée. Cessante causa, cessat effectus.

Aussi l'administration irlandaise a-t-elle pris toutes les précautions nécessaires pour garantir, le cas échéant, l'inévitable certitude de cette révocation.

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2. Photographie signalétique. - Avertissement, résidence obligée et patronage.

Lorsqu'un condamné amendé, porteur de sa licence, sort de la prison intermédiaire, il est nonseulement enregistré sur le livre de sortie, mais photographie. Chacun comprend tout l'intérêt de cette précaution, au point de vue de la réintégration possible ou de la récidive (1), surtout dans un pays qui ne jouit pas encore des casiers judiciaires.

Il est positivement averti que sa peine, n'étant qu'en partie subie, la licence qu'on lui concède n'est qu'un bienfait révocable de Sa gracieuse Majesté; que les autorités et la police auront constamment les yeux sur lui, et qu'à la moindre inconduite il sera, par la

(1) De l'Amélioration de la loi criminelle, tome 1er, appendice, P. 712,

révocation de sa licence, immédiatement réintégré dans les prisons ordinaires.

Chaque convict, aussitôt arrivé dans le district agréé ou indiqué pour sa résidence, doit se rendre au bureau de police de la localité et s'y représenter le premier de chaque mois.

S'il n'a pas de patron, l'autorité locale et les constables s'efforcent de l'aider à trouver du travail, et ce travail ne leur manque jamais. Voici pourquoi:

« Ceux qui emploient des ouvriers, dit la Revue écossaise, savent qu'un ticket of leave de Lusk ou de Smithfield est en réalité un certificat de moralité. Les directeurs prennent beaucoup de soin pour procurer aux libérés de bons maîtres, et il est rarement arrivé que ceux-ci aient eu à se plaindre d'actes de violence ou d'improbité... Beaucoup de maîtres ont déclaré aux directeurs que les condamnés licenciés se conduisent mieux et méritent plus de confiance que la plupart des ouvriers ordinaires (1). »

Les revues d'Edimbourg, de Westminster et de Dublin constatent également qu'il est maintenant très-facile de trouver, en Irlande, du travail pour les condamnés licenciés, et cette dernière revue affirme que le public les accueille chaque jour avec plus de faveur.

§ 3.

Surveillance des libérés et révocation des licences.

L'administration s'ingénie à supprimer, autant

(1) North British Review, p. 16.

qu'il est possible, les inconvénients d'une surveillance tracassière ou injurieuse. Tout d'abord, au lieu de cacher, comme en Angleterre, les antécédents des libérés, elle est la première à les déclarer aux maîtres. Ceux-ci donc, n'emploient le libéré qu'en connaissance de cause, parce qu'ils ont, dans sa licence, une garantie de son retour au bien; mais, par cela même qu'ils sont avertis, leur surveillance spéciale vient en aide à celle de l'administration; et puis, elle sait à l'occasion relever la mission ou varier les formes de cette surveillance. Ainsi, à Dublin et dans les environs, les convicts licenciés, qui sont au nombre de cent cinquante, ne sont pas placés sous la surveillance de la police. Ils sont, tous les quinze jours, visités isolément par l'instituteur de la prison, M. Organ, qui fait, après chaque visite, un rapport détaillé sur leur travail et leur conduite.

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Enfin, si l'administration s'efforce de patroner les libérés par les généreux procédés d'une sollicitude toute paternelle, elle n'en sait pas moins se montrer ferme et énergique au besoin. Sir WALTER CROFTON a souvent défié de citer un seul libéré conditionnel, dont la licence n'ait pas été immédiatement révoquée en cas d'inconduite (1)!

SECTION IV.

RÉSULTATS DES TICKETS OF LEAVE EN IRLANDE.

Mais j'ai hâte d'arriver aux résultats produits par

(1) Quarterly Review, p. 174.

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