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concile de Milève, que toute l'Eglise a rangée dans ses canons; et elle est encore du pape saint Gélase (1), dans sa lettre aux évêques de la province, qu'on appeloit Picène en Italie. Elle est donc si clairement du saint Siége, que saint Augustin ne eraint point de dire, dans son épître à saint Paulin (2), que ceux qui la rejettent malgré la décision du pape saint Innocent, s'élèvent contre l'autorité du Siége apostolique ; et il montre ailleurs (3) que le décret de ce Siége, par où cette preuve est établie, est si inviolable, que Célestius même, un autre Pélage, a été obligé de s'y soumettre. On ne peut donc pas nier que cette preuve ne soit celle du saint Siége et de toute l'Eglise catholique. Elle est encore celle des autres Pères, contemporains de saint Augustin; entr'autres de Mercator (4), ce grand adversaire de l'hérésie pélagienne, et d'Eusèbe, évêque de l'Eglise gallicane (5), dont on a publié les homélies, sous le nom d'Eusèbe, évêque d'Emèse. Pour joindre les Grecs aux Latins, elle est encore de saint Isidore de Damiette (6), qui prouve ensemble la nécessité du baptême et de l'eucharistie, par ces deux passages: Si vous ne mangez, etc., et si vous ne renaissez, etc. Et afin qu'on ne pense pas que cette doctrine soit nouvelle, on la trouve dans saint Cyprien, aussi clairement que dans les Pères qui l'ont suivi.

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Je rapporterois ces autorités, si le fait n'étoit

(1) Ad Episc. per Pic.

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R. 28.

(2) Ep. 186. aliàs 106. ad Paulin. c. vii. (3) Lib. 11. ad Bonif. c. 1v.- (4) Vide Mar. Merc. Edit. Garn. sub. not. inscr. Jul. c. 8. n. 4. p. 53. (5) Euseb. Ep. Gall. Hom. 5. t. 5. Bibl. SS. PP. (6) Lib. 11. Epist. 52.

avoué par notre auteur (1), qui reconnoît que si saint Augustin a établi la nécessité de l'eucharistie, égale à celle du baptême, c'étoit en suivant la créance de son temps (2). Afin qu'on n'en doute pas, il répète encore, que toute l'antiquité a inféré de ce passage (de saint Jean, vi.) la nécessité de donner actuellement l'eucharistie, aussi bien que le baptême (3). Mais ce n'est pas le langage d'un homme qui veut défendre la tradition de l'Eglise : c'est au contraire le langage d'un homme qui a entrepris de la détruire; et qui veut faire conclure aux protestans, que si l'Eglise s'est trompée dans la créance qu'elle avoit de la nécessité de l'eucharistie, et est aujourd'hui obligée de se dédire, elle › peut aussi bien s'être trompée, non - seulement sur la nécessité du baptême, mais encore sur toutes les autres parties de sa doctrine, n'y ayant aucune raison de la rendre plus infaillible dans une partie de la doctrine révélée de Dieu, que dans l'autre.

CHAPITRE XIII,

M. Simon, en soutenant que l'Eglise ancienne a cru la nécessité absolue de l'eucharistie, favorise des hérétiques manifestes, condamnés par deux conciles œcuméniques, premièrement par celui de Bâle, et ensuite par celui de Trente.

VOILA donc l'erreur manifeste de M. Simon, d'admettre, comme certain, un fait qui renverse le fondement et l'infaillibilité de l'Eglise; mais są (1) Lib. 111. testim. 25. — (2) P. 287. — (3) P.610.

faute n'est pas moins grande, en ce que, dans un article particulier, il donne gain de cause à des hérétiques, qui ont été réprouvés par le concile de Bâle.

On sait avec quelle obstination les Bohémiens soutenoient la nécessité de communier les petits enfans. Ils se fondoient sur ce passage de saint Jean VI: et ils soutenoient que saint Augustin et toute l'Eglise ancienne l'avoient entendu comme eux (1). C'est ce que le concile de Bâle ne put souffrir; et, dans l'accord qui fut fait avec eux par les légats de ce concile, on les obligea expressément à se départir de la communion des enfans. Ils y revenoient pourtant toujours, et ce concile, en ce point, approuvé de toute l'Eglise et du pape même, ne cessoit de s'y opposer, parce que l'Eglise n'entendoit point que la communion des enfans fût autorisée comme nécessaire, Mais aujourd'hui M. Simon vient soutenir ces hérétiques et condamner le concile; puisqu'il assure que les hérétiques suivoient l'ancienne doctrine, et que le concile et toute l'Eglise s'y opposoit.

On voit donc déjà un concile œcuménique qui condamne M. Simon : c'est le concile de Bâle dans les actes qu'il a passés avec une pleine autorité, du consentement du pape; car l'accord dont il a été parlé, est de l'an 1432, durant les premières sessions qui ont été, comme on sait, autorisées par Eugène IV; et depuis même les contestations, ce pape a toujours maintenu l'accord, qui n'a jamais souffert aucune atteinte.

(1) En. Sylv. Hist. Bohem.

Mais si M. Simon a ignoré la décision du concile de Bâle, il n'a pas dû ignorer celle du concile de Trente, qui, en parlant de la coutume ancienne de donner la communion aux petits enfans, décide en termes formels, que comme les Pères ont eu de bonnes raisons de faire ce qu'ils ont fait, aussi faut-il croire sans aucun doute qu'ils ne l'ont fait par aucune nécessité de salut (1) : ce qui se trouvera faux, si la nécessité de salut, égale dans l'eucharistie et dans le baptême, a été le fondement de leur pratique, ainsi que le soutient M. Simon. Sa critique est donc opposée à celle de deux conciles œcuméniques, et expressément condamnée par celui de Trente, à quoi il n'y a autre réponse à faire pour lui, sinon que ce n'est pas ici le seul endroit où il méprise l'autorité des plus grands conciles.

CHAPITRE XIV.

Mauvaise foi de M. Simon, qui, en accusant saint Augustin et toute l'antiquité d'avoir erré sur la nécessité de l'eucharistie, dissimule le sentiment de saint Fulgence, auteur du méme siècle que saint Augustin, et qui faisoit profession d'étre son disciple, même dans cette question, où il fonde sa résolution sur la doctrine de ce Père.

IL suppose contre ces conciles, comme un fait constant, que saint Augustin et toute l'Eglise enseignoient la nécessité de l'eucharistie égale à celle du baptême; mais il n'y a nulle bonne foi dans son

(1) Sess. 21. c. IV.

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procédé, puisqu'il dissimule toutes les raisons dont le sentiment contraire est appuyé.

Il est vrai qu'il rapporte la réponse du cardinal Tolet (1), que les enfans étoient censés recevoir l'eucharistie dans le baptême, parce qu'ils devenoient alors membres du corps mystique de Jésus-Christ, et qu'ainsi ils participoient en quelque manière au sacrement de l'eucharistie; mais il méprise cette réponse qui est la seule qu'on puisse opposer à l'hérésie des Bohémiens, et il croit la détruire par cette seule parole (2): Il y a bien de la subtilité; c'est-à-dire, dans son style, bien de la chicane et du raffinement, dans cette interprétation, et toute l'antiquité reconnoit la nécessité de donner actuellement l'eucharistie aux enfans.

Il dissimule que cette réponse du cardinal Tolet est celle non-seulement des cardinaux Bellarmin et du Péron, de tous ceux qui ont entrepris de soutenir la tradition contre les protestans, et de toute l'Ecole, mais encore celle de saint Fulgence, qui, consulté sur la question dont il s'agit, a expliqué saint Augustin comme a fait Tolet, et comme fait encore aujourd'hui toute la théologie (3). Cette autorité de saint Fulgence n'est ignorée de personne. On le consultoit sur le salut d'un éthiopien, qui après avoir long.- temps demandé le baptême en bonne santé, le reçut enfin fort malade et sans connoissance dans l'église même, et mourut dans l'intervalle qu'il y avoit entre la cérémonie du baptême et le temps de la communion. Ainsi il ne fut pas P. 609. (3) Epist. Ferrandi diac. ad Fulgent. et Fulg. resp. c. 11. t. 1x. Bibl. Pat. p. 172, et seq.

- (3) P. 610.

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