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chard de Cornouailles et d'Alphonse de Castille, après la mort du roi Guillaume, comte de Hollande, rendaient sa présence nécessaire en Souabe.

Après la mort d'Alexandre iv, deux Français occupèrent successivement le siége de Rome: Jacques Pantaleon, patriarche de Jérusalem, qui régna jusqu'en 1264, sous le nom d'Urbain iv, et Gui Fulcadin, dont le nom pontifical fut Clément IV. L'un et l'autre, de l'état le plus abject, étaient parvenus au faîte des. grandeurs humaines. Quelques auteurs italiens assurent qu'Urbain Iv avait été savetier dans sa jeunesse, sans songer que cette imputation même annonçait son mérite et ses grands talens. Au surplus, parvenus sur la chaire de Rome, ils en prirent sur-le-champ l'esprit de domination et d'astuce. Urbain, convaincu que les rivalités entre les deux princes qui se disputaient le trône de Germanie, les éloigneraient pour long-temps de l'Italie, portait tous ses regards vers Manfredo, dont la puissance était la seule alors dans la péninsule qui fit ombrage aux pontifes romains.

Alexandre avait négocié la vente de l'investiture des Deux-Siciles à la cour de France et à celle d'Angleterre. Les troubles qui s'éle

vaient dans ce dernier royaume, s'opposaient au succès des insinuations pontificales. Urbain 1259-66. tourna ses vues du côté, de la France. Clément acheva cette négociation, Charles, comte d'Anjou, accepta le royaume des Deux-Siciles. Ce prince venait d'hériter de la Provence, du chef de sa femme; il avait augmenté son domaine en soumettant Marseille, Arles et Avignon, qui se gouvernaient en républiques, à l'exemple des grandes villes d'Italie; il s'était encore emparé du comté de Nice et des sommités des Alpes, ce qui mettait dans ses mains les clefs de l'Italie.

Le duc d'Anjou trouvait dans ses états les guerriers qui lui étaient nécessaires pour tenter les plus brillantes expéditions, et son ascendant sur l'esprit de Louis Ix, son frère, lui fournissait l'argent qu'il fallait pour les payer. Le bruit de ses exploits lui avait procuré une dignité moins considérable en elle-même, que pår les avantages qu'un homme habile et puissant pouvait en tirer pour dominer en Italie : cette dignité était celle de premier magistrat de Rome.

Lorsque les villes de Lombardie s'étaient érigées en républiques, sous la protection des rois d'Italie, leurs premiers magistrats avaient

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été des consuls annuels, sur le modèle de ceux qui gouvernaient la ville et le duché de Rome. La choquante partialité, montrée par ces magistrats, toutes les fois qu'il s'agissait de leurs interêts particuliers ou de ceux de leurs parens, avait déterminé, à différentes époques, ces petites républiques à confier le gouvernement annuel de la cité à un étranger qui n'y était domicilié que pendant le temps de sa magistrature passagère. Venise fut presque la seule république d'Italie qui fût perpétuellement gouvernée par des magistrats tirés de son sein.

On donnait le nom de podesta, dans la plupart des villes, au magistrat suprême, et sous ce titre, il exerçait presque toutes les fonctions attribuées aux dictateurs dans l'ancienne Rome. Les nouveaux Romains avaient adopté cette forme d'administration depuis la mort de Frédéric II; mais, au lieu d'appeler podesta le chef du sénat et du peuple, on lui donna le nom de préfet, et ensuite de premier sénateur de Rome.

On sentit bientôt, dans presque toutes les villes, le vice de cette magistrature hétérogène. Les nobles, dont sur-tout on s'était proposé d'arrêter les entreprises, loin d'être con

tenus par un homme qui n'avait aucun entour, l'insultaient journellement, et presque toujours avec impunité. La rivalité des factions entravait la marche des affaires publiques. Le podesta était contraint d'exercer sa charge au gré de ceux qui la lui avaient procurée. On lui eût fait un crime de l'impartialité. Au lieu de travailler à la félicité de tous, on le forçait de s'occuper uniquement des moyens de servir le parti qui l'avait appelé au gouvernement, et d'écraser la faction contraire.

La plupart des républiques se déterminèrent à confier le pouvoir exécutif à quelque prince voisin, qui, réunissant ses propres forces à celles de la cité, fût en état de réprimer les ennemis étrangers et domestiques. Presque tous abuserent à la longue du pouvoir dont ils étoient dépositaires, pour anéantir. la liberté publique mais pendant plusieurs années, ils affectaient une grande popularité, dont ils avaient besoin pour s'accréditer : cette forme d'administration obtenait par tout la préfé

rence.

Durant plusieurs années, les premiers sénateurs romains s'étaient distingués par leur fermeté. On se souvint long-temps à Rome de Brancaleon Dandolo, bolonais, créé premier

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sénateur en 1256; il mourut deux ans après. 1259-66- Les Romains Les Romains, en mémoire de l'inflexible sévérité avec laquelle il avait rendu la justice, enfermèrent sa tête dans un vase précieux qui fut placé sur une colonne. Son successeur, Manuel Maggi, de Brescia, montrait une partialité marquée en faveur des nobles; il fut déposé; on élut à sa place Castellano d'Andolo, parent de Brancaléon. La sévérité de ce magistrat souleva toute la noblesse romaine; il fut assiégé dans le Capitole, et n'échappa que par une heureuse fuite, à la fureur de ses ennemis.

Les Romains qui avaient à combattre en même temps l'ambition des nobles et celle des papes, s'apercevant que la désunion qu'il est si aisé d'introduire dans les assemblées populaires, nuisait presque toujours aux choix qu'ils faisaient d'un simple citoyen pour les gouverner annuellement, sous le nom de premier sénateur, avaient résolu, en 1264, de conférer cette dignité à un prince étranger, à l'exemple des villes de Lombardie. Quelques-uns proposaient Manfredo, roi de Sicile; d'autres, Pedro d'Aragon, gendre de ce prince; le pape, en semant adroitement ses satellites parmi la multitude, parvint à réunir la majorité des voix en faveur de Charles, duc d'Anjou et comte

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