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émigrés, et particulièrement pour qu'il leur soit accordé une amnistie.

-Le peintre Bazin, à Paris, vient de recevoir de Varsovie la commande d'un tableau, qui représenterait le roi Sobieski, montant à cheval et allant délivrer Vienne.

-On apprend de Londres, que lord Brougham serait sur le point de devenir membre de l'association littéraire, formée dans cette ville en faveur des Polonais.

Une députation des électeurs de Westminster vint trouver, le 3 mars, sir Francis Burdett, pour lui demander des explications sur son vote, relativement au choix du speaker, et à l'amendement de l'adresse. Pendant la conversation, un des interlocuteurs interpella sir Francis sur la politique extérieure du présent ministère, et reçut la réponse suivante: « Et quel a été à cet égard le système politique du ministère whig? N'a-t-il pas donné son consentement à la violation de la foi des traités? N'est-ce pas sa faute, si la Russie a pu inhumainement écraser la Pologne? La conduite de ce ministère, dans cette occasion, a été si répréhensible, que je suis presque d'avis qu'il a mérité d'être mis à cause de cela, en état d'accusation. •

Le colonel Evans vient d'annoncer qu'il fera une motion, afin de voir déposer sur le bureau de la Chambre toute la correspondance avec la Turquie relative à la Russie.

-Le jour du 25 mars si mémorable dans l'histoire de Pologne, comme anniversaire de la dernière révolution polonaise en Lithuanie et les autres provinces, a été commémoré à Paris par les réfugiés, en l'église Saint-Germain-des-Prés, où, auprès du tombeau de Jean Casimir, roi de Pologne, un ecclésiastique polonais a célébré l'office divin.

Une nouvelle notice biographique, sur Émilie Plater, à paru chez Gayet, libraire à Bordeaux.

-La Revue du Nord, et après elle les autres journaux ont parlé du fils du prince Michel Oginski, qui après avoir fait le sacrifice d'une grande fortune à son pays, partage le sort des autres réfugiés, et donne l'exemple du travail dans son atelier de reliure. Ce relieur illustre n'est pas le fils, mais le neveu du prince Michel, dont l'atelier est rue Saint-Honoré, no 347.

Deux Polonais, d'une commune de l'arrondissement de Bourg, furent arrêtés par une inconcevable erreur de la gendarmerie, et firent six lieues à pied, jusqu'à Macon. Nous signalons ce fait, dans l'espoir qu'une méprise aussi coupable ne se renouvellera plus.

-La Gazette d' Augsbourg, d'après un de ses correspondans, présente ainsi la politique des cabinets whigs et torys à l'égard de la Pologne :་ Sous les whigs, on craignait tant de se com

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& promettee devant le cabinet de Saint-Pétersbourg, que le prince Czartoryski n'a jamais pu décider les ministres à s'intéresser directement en faveur d'une amnistie pour les Polonais émigrés!.. Lord Durham paraît n'avoir fait aucune dé<< marche sous ce rapport, pendant sa mission à Pétersbourg. « Le libéral lord Brougham a refusé même de recevoir la visite • du prince Czartoryski qui s'adressait à lui dans son caractère privé; tandis que les ministres torys, ainsi qu'ou assure, ontnon seulement fait des représentations relatives à l'amnistic, mais << encore ils accueillent avec beaucoup d'égard ceux des réfua giés qui demandent leur appui.» Nous croyons dans l'intérêt de la vérité, pouvoir dire qu'il est absurde de supposer à un Polonais de faire des démarches relatives à une amnistie quelconque; les Polonais ont donné trop de preuves de leur persévérance et de leur résignation, pour aller s'humilier de la sorte. L'occupation d'une église catholique à Varsovie pour en faire un temple grec, a occasioné des troubles dans cette ville; nous attendons de plus amples détails pour en rendre compte à nos lecteurs.

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Les journaux allemands, en parlant des travaux exécutés par le fameux Thorwaldson, ajoutent que la statue de Poniatowski reste encore dans l'atelier; a sans doute, disent-ils, parce qu'elle ne serait pas maintenant à sa place à Varsovie.

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La jurisprudence suivie par les tribunaux à l'égard des réfugiés polonais commence à consolider leurs relations sociales. En voici la preuve donnée par le journal des Débats :

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Deux Polonais, réfugiés dans l'arrondissement d'Issoudun (Indre), étaient sur le point de se marier avec des françaises; mais ils ne pouvaient représenter leurs actes de naissance. Pour y suppléer, ils firent faire des actes de notoriété, • conformément aux articles 70 et 71 du Code civil, qui cons• tataient leur nom, leur âge, les noms de père et mère, et l'impossibilité où se trouvait le futur de correspondre avec ses concitoyens restés en Pologne. Le tribunal d'Issoudun, ⚫ appréciant ces actes de notoriété, ainsi que l'article 72 lui en • donnait le droit, refusa l'homologation par le motif que la France était en paix avec la Pologne, et qu'on pouvait se procurer les actes nécessaires pour le mariage par l'intermédiaire de l'ambassade russe.

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« Les deux réfugiés ont interjeté appel de ce jugement, et la Cour royale de Bourges, par deux arrêts rendus sur les conclusions du ministère public, a infirmé la décision des premiers juges, attendu que les Polonais réfugiés étaient proscrits, que les bons offices de l'ambassade ne sont obligatoires dans aucun cas, mais qu'ils seraient évidemment re

fusés à des proscrits; qu'il est de notoriété publique que ⚫ toute correspondance avec leur pays leur est interdite. En conséquence, la cour a homologué les actes de notoriété.. -Le 4 avril, à 8 heures du soir, aura lieu au Théâtre-Italien un grand concert vocal et instrumental, donné sous les auspices de la société polonaise de bienfaisance, présidée par la princesse Czartoryska, auquel prendront part les premiers artistes de la capitale.

On peut se procurer des billets au bureau de location et chez les dames patronesses.

-Nous apprenons avec plaisir la nouvelle que la société philantropique de Monthyon et de Franklin, à Paris, vient de décerner une médaille en or à Mile Emilie Sczaniecka, qui, pendant la dernière révolution en Pologne, prodiguait des soins aux malades dans les hôpitaux de Varsovie, sans distinction de nationalité. On se rappellera que ce noble dévoûment lui a attiré les persécutions de la part du gouvernement prussien, qui a eu la cruauté de la faire mettre en prison.

Le Corsaire, dans un de ses derniers numéros, contient un article intitulé: Histoire d'une fistule, où il est question d'un Russe qui, tombé malade à Paris, et ayant demandé la permission d'y prolonger son séjour, obtint en réponse un ordre de son gouvernement d'achever sa guérison en huit jours.

La gazette d'Au gsbourg du 25 février dernier, en parlant des fusils inventés par le général Wroniecki, dont le mécanisme lui paraît préférable à tous les autres, ajoute : « C'est une preuve que «les Polonais émigrés, en tant qu'il est dans leur pouvoir, ne paient « pas d'ingratitude l'hospitalité française, et que les roproches qu'on «<leur adresse viennent, pour la plupart, de ceux qui, comme le « comte Gurowski, renoncent à leur patrie.

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-D'après les journaux de Pétersbourg, une commission spéciale établie nouvellement en cette ville, vient d'être chargée d'examiner toutes les pétitions présentées à l'empereur. Son pouvoir s'étend jusqu'aux arrêts des tribunaux rendus en dernière instance.

On trouve dans les journaux de Varsovic et de Pétersbourg, une poésie polonaise, dans laquelle l'auteur anonyme adresse ses hommages à Paszkiewicz, à l'occasion du nouvel an. Cette poésie n'a rien de remarquable, que les fautes de style et la bassesse des sentimens de l'auteur.

A l'occasion du banquet donné à Londres à lord John Russel, le 28 mars, lord Dudley Stuart a porté un toast à la Pologne, qui a été reçu avec un grand enthousiasme.

Quoique nous donnions à nos abonnés une demi-feuiile de plus, nous n'avons pas néanmoins trouvé place pour le Bulletin bibliographique.

UN MOT

AU SUJET DES ARTICLES PUBLIÉS DANS LE POLONAIS,

SUR

L'AVENIR DE LA RUSSIE ET de l'Europe.

Lorsque la république romaine était le plus en proie aux divisions intérieures, le sénat, sans cesser de pourvoir à la sûreté du dedans, s'occupait d'étendre au dehors une domination qui devait embrasser le monde. Sa politique ferme, calme, sévère, immuable, traditionnelle, suffisait au présent et à l'avenir. Il n'en a point été ainsi parmi nous, dans ces derniers temps. Lorsque le tocsin de 89 a sonné, il a fait taire le bruit de tous les événemens qui se passaient à la circonférence de la sphère d'activité européenne. Nous avons laissé le reste du monde aller à sa guise. Alors des colonies ont été abandonnées à elles-mêmes. Alors les derniers partages de la Pologne se sont accomplis, en quelque sorte, à notre insu. Nous avons été également assourdis par la révolution de 1830. La Pologne s'est levée comme un seul homme, et a été terrassée comme un seul homme abandonné de tous les siens. Néanmoins cette grande catastrophe de la Pologne livrée à toutes les calamités qui peuvent peser sur un peuple, cette fois, ne s'est point opérée à notre insu; et même, il faut le dire, les sympathies n'ont pas manqué à ce peuple qui périssait sous nos yeux. Maintenant, à quoi servirait de retracer ici les causes funestes et variées qui paralysèrent et rendirent inutiles tant de généreuses, tant de poignantes sympathies ?

TOME IV. — ΜΑΙ 1835.

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Ces causes n'existent plus, et malheureusement les effets subsistent toujours. Mais voyons si le présent, devenu plus calme, ne nous permet pas de dégager avec plus de liberté la loi de l'avenir. Les voies progressives d'émancipation se sont largement ouvertes, sans être encombrées de ces méfiances ombrageuses des gouvernemens et des peuples à l'égard les uns des autres. Nous pouvons donc avec plus de sécurité jeter les regards autour de nous et au loin.

Une parole sinistre avait été prononcée par la Convention en 1793. Elle avait dit Lyon n'est plus. Et Lyon s'est relevée de ses ruines; elle s'est relevée pour subir de nouveaux malheurs. La Pologne, à son tour, ressuscitera de son glorieux tombeau.

Au moment donc où l'Angleterre veut accomplir régulièrement son émancipation religieuse et civile; au moment où la France, dans l'apaisement de ses passions politiques, veut se placer sous le gouvernement des idées, au lieu de se laisser dominer par la fatalité des faits; au mo ment où un homme qui s'est effacé si long-temps pour étu dier à loisir les astuces traditionnelles de la politique de sa maison, afin de se tenir prêt à les dominer un jour; a moment où cet homme, devenu empereur, annouce déji l'intention de substituer à la bonté paternelle de l'individ la bonté libre et éclairéé du souverain; au moment enfi où la révolution sociale s'opère partout avec l'assentimen de la liberté religieuse et civile, il est évident que l'ancien gardien des frontières de la chretienté. que le peupl polonais ne peut échapper à la loi générale de l'affranchis

sement.

La Pologne nous défendit contre la barbarie; la nationalité polonaise est redevenue un besoin de l'Europe voulant accomplir enfin, sans inquiétude extérieure, sa transformation définitive.

Tous les états ont une situation absolue et relative, commandée, les uns diraient par la fatalité, les autres par cette

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