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Name Maria; 1895; in-8, x-160 pages, par M. Bardenhewer; l'autre sur la chronologie biblique de l'Ancien Testament (Das Alter des Menschengeschlechts; 1896; in-8, vn-100 pages, par le Prof. SCHANZ, de Tubingue. La première dissertation, très érudite, n'aboutit pas à une conclusion certaine, mais ce n'est point la faute de l'auteur. M. Bardenhewer démontre en passant que l'étymologie si connue : Stella maris, n'est même pas à discuter; c'est une fausse lecture de Stilla maris, étymologie proposée par saint Jérôme. Le sujet de la seconde dissertation est plus important. Après avoir interrogé la Bible, l'histoire profane, l'anthropologie, la géologie, M. Schanz est disposé à croire que la chronologie des Septante, bien que plus large que celle de l'hébreu, est encore insuffisante. Il dit mème que la chronologie biblique n'existe pas, mais il entend par là qu'elle est incertaine et incomplète. Un examen attentif des premiers chapitres de la Genèse ne démontrerait-il pas que la chronologie patriarcale n'est pas une chronologie réelle, mais un cadre que les hagiographes anciens et les interprètes croyaient pouvoir allonger ou raccourcir à volonté ? Comme c'est dans la chronologie patriarcale que se rencontrent les principales difficultés, l'exégèse pourrait les résoudre par elle-même sans appeler toutes les sciences à son secours. M. Schanz n'aura sans doute pas voulu s'écarter de la méthode communément suivie par les apologistes catholiques.

VI. Parmi les publications récentes qui ont rapport à l'exégèse du Nouveau Testament, il faut signaler comme une des plus importantes, sinon comme la plus remarquable par ses résultats, le travail de comparaison auquel M. A. RESCH a soumis les diverses formes du texte et des citations anciennes des Evangiles synoptiques (Aussercanonische Paral lelte.xte zu den Evangelien. Heft 2, Parallelte.rte zu Matthæus und Marcus, 1895; in-8, vi-456 pages. Heft 3, Paralleltexte zu Lucas, 1895; in-8, XII-847 pages. Texte und Untersuchungen X, 2, 3; Leipzig, Hinrichs). On connaît la thèse de l'auteur, exposée par lui dans ses Agrapha (Leip zig, 1879) et dans le premier volume de recherches sur les textes évangéliques (Aussercanonische Paralleltexte zu den Evangelien, Heft 1, 1893. Voir l'Enseignement biblique, no 8, chron., p. 33-38). Les rapprochements de textes faits par M. Resch sont très instructifs, au moins pour la plupart, et certaines de ses conclusions paraissent vraisemblables, pour ne pas dire certaines ainsi la dépendance du second Évangile à l'égard d'une source antérieure, qui doit être l'Évangile hébreu. D'autres conclusions méritent d'être discutées, lors même qu'on ne croirait pas devoir les accepter: ainsi l'idée, autorisée par le témoignage exprès d'Origène, que le disciple anonyme, compagnon de Cléophas, qui vit à Emmaüs le Christ ressuscité, s'appelait Simon et n'était pas autre que Simon-Pierre, en sorte que ce serait Cléophas qui dirait aux disciples de Jérusalem : « Le Christ est vraiment ressuscité, il est apparu à Simon », et qu'il n'y aurait plus de contradiction avec les versets suivants de saint Luc (XXIV, 36-43), où les disciples ne croient pas encore à la résurrection, même quand Jésus est devant

eux. D'autres hypothèses auraient gagné sans doute à ne pas voir le jour par exemple, celle qui identifie la Galilée, où Jésus doit apparaître à ses disciples, avec la banlieue de Jérusalem; et la correspondance rigoureuse des apparitions énumérées par saint Paul (I Cor., xv, 5, 7) avec celles qui sont racontées par saint Luc dans l'Évangile et les Actes. Il faut aussi une certaine audace critique pour insérer au beau milieu du discours sur la fin du monde (après Luc XXI, 24, complété par Matth. XXIV, 11) la petite phrase: « Et il y aura des schismes et des hérésies », considérée comme parole du Seigneur, sur la foi de saint Justin. Mais quantité de matériaux précieux pour la critique des Évangiles se trouvent groupés dans les volumes de M. Resch; quoique beaucoup de ses opinions semblent fort contestables, il aura plus fait peutêtre qu'aucun autre exégète contemporain pour expliquer l'origine des Évangiles synoptiques.

VII. Le commentaire de saint Marc publié par M. GOULD dans l'International critical Commentary (A critical and exeg. commentary on the Gospel according to S. Marc. Édimbourg, Clark, 1896; in-8, LV-317 pages) est une œuvre peut-être un peu aride et qui manque d'ampleur, mais qui est conçue dans un bon esprit religieux et scientifique. L'introduction contient un exposé correct du problème synoptique; toutefois on ne voit pas que l'auteur ait essayé, dans le commentaire, d'analyser la composition du second Évangile en beaucoup d'endroits où l'on peut au moins soupçonner une combinaison de sources ou bien une superposition de données traditionnelles. La critique du texte a été particulièrement soignée; le commentaire, très sobre, très exact en ce qui regarde l'interprétation littérale, laisse quelque peu à désirer en ce qui regarde l'interprétation historique des faits. On voudrait dans l'analyse un peu plus de souplesse et de pénétration. Les autres volumes de la même collection nous ont appris à être exigeants.

VIII. Le commentaire de l'Épître aux Romains par MM. SANDAY et HEADLAM est une œuvre magistrale, le vrai type du commentaire savant, documenté, bien ordonné, intelligible (A crit. and exeg. commentary on the Epistle to the Romans; même collection; Édimbourg, 1895 ; in-8, CXII-450 pages). L'introduction est aussi complète que possible. Il suffit de citer les titres de paragraphes pour en donner une idée : Rome en l'an 58; les Juifs à Rome; l'Église romaine (avec discussion concluant à la venue et à la mort de saint Pierre à Rome); temps, lieu, occasion, but de l'Épitre; sujet; style; texte; histoire littéraire; intégrité; commentaires. L'hypothèse d'après laquelle l'Épître aux Romains serait une œuvre composite où l'on aurait recueilli les diverses formes d'une même lettre encyclique adressée à plusieurs églises est combattue par de bons arguments. Le commentaire est critique et historique, non dogmatique. Il s'adapte aux divisions naturelles du texte. Chaque paragraphe est pourvu d'un titre que suivent une analyse sommaire et une paraphrase où la pensée de saint Paul est clairement et succinctement interprétée. Puis viennent les notes exégétiques, rattachées à tous les

mots importants du texte. Les notes d'un caractère plus général sont renvoyées après ces explications particulières et forment de petites dissertations. Il y a telles de ces dissertations qui présentent un intérêt capital et qui pourraient donner lieu à de longues discussions : ainsi « l'histoire de l'interprétation de la doctrine paulinienne sur la justification », et surtout « la conception du péché et de la chute dans saint Paul ». A la fin de cette dernière note, on explique, au point de vue de la philosophie du dogme, comment la doctrine de saint Paul sur le péché originel et la rédemption n'est pas atteinte en ce qu'elle a d'essentiel si l'on considère comme non historique le récit contenu dans le troisième chapitre de la Genèse. Le récit de la chute résume symboliquement toute une série d'expériences morales qui ne peuvent être historiquement vérifiées. « Il serait absurde de vouloir trouver le langage de la science moderne chez le prophète qui a le premier incorporé les traditions de sa race dans les livres sacrés des Hébreux. Il a employé la seule forme de langage qui fût proportionnée à son intelligence et à celle de ses contemporains. Mais si le langage qu'il emploie se trouve ainsi parfaitement justifié, l'application qu'en fait saint Paul est justifiée pareillement. Lui aussi exprime la vérité au moyen de symboles, et le jour où les hommes pourront se passer de symboles, son enseignement aura vieilli, mais pas avant » (p. 147).

a

Neuilly-sur-Seine.

ALFRED LOISY,

Le Gérant: M.-A. DESBOIS.

MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.

LES

PREMIERS TEMPS DE L'ÉTAT PONTIFICAL

III

L'EMPIRE ITALIEN

Le rétablissement de l'empire ne semble pas avoir modifié beaucoup la situation du pape à l'égard du prince franc et de ses propres sujets. A ceux-ci la personne imposante de Charlemagne inspirait une terreur salutaire. Le pape en profita, non cependant jusqu'à se concilier l'opinion, car, peu après la mort de Charles († 28 janvier 814), l'opposition des nobles commença de se reformer. Cette fois encore on procéda par voie de complot; on voulut se débarrasser du pape en l'assassinant. Nul ne pensait évidemment à changer une institution aussi solide que l'était alors le pontificat temporel; c'est la personne de Léon qui déplaisait ; c'est à son administration que l'on en voulait.

La conspiration échoua; la police du pape réussit à l'éventer; les conjurés furent arrêtés, jugés, condamnés à mort et exécutés. Ils étaient nombreux. On leur avait appliqué la loi romaine sur le crime de lèse-majesté. L'évènement, bientôt connu à la cour de Louis le Pieux, causa une émotion extraordinaire. La loi franque, disaiton, n'était pas si rigoureuse; en faisant une application si étendue de la peine de mort et cela contre des nobles, le pape n'avait-il pas excédé son pouvoir? Il aurait bien pu, à tout le moins, prendre d'abord l'avis de l'empereur. Quel pouvoir un empereur avait-il à Rome, si de pareilles

Revue d'Histoire et de Litterature religieuses. No 4.

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choses pouvaient s'y passer sans qu'il fût seulement consulté?

Louis vit peut-être dans l'attitude du pape une sorte de protestation contre la manière dont s'était opéré son avènement à l'empire. On n'avait pas demandé l'intervention du pape; le pape négligeait un empereur qu'il n'avait pas consacré.

Quoi qu'il en soit, le jeune roi d'Italie, Bernard, et Gérold, comte de la Marche orientale (Autriche), furent envoyés à Rome pour faire une enquête. Gérold se rendit ensuite à la cour impériale et fit son rapport. Le pape, pour se justifier, députa en France trois ambassadeurs, dont les explications ou les excuses donnèrent satisfaction à Louis. L'agitation, toutefois, continuait à Rome. Une insurrection éclata dans la campagne; les domus cultae furent attaquées et pillées. Il est à croire que leurs milices avaient coopéré à la répression des conjurés et que maintenant elles étaient l'objet de représailles. D'autre part le développement incessant de ces latifundia entraînait une quantité d'expropriations dont beaucoup prenaient, aux yeux de ceux qui les subissaient, l'aspect d'usurpations iniques. Quand les colonies agricoles eurent été brûlées, les insurgés marchèrent sur Rome, déclarant qu'ils voulaient rentrer dans leurs biens. Le pape était gravement menacé; mais le roi Bernard envoya à son secours le duc de Spolète Winigis, qui fit rentrer les rebelles dans le devoir. Les plus compromis furent expédiés en France.

Tel était l'état des choses quand Léon III mourut, le 12 juin 816. Le clergé, toujours maître de l'élection, comprit qu'il fallait choisir un homme plus populaire et plus accommodant que le pape défunt. Il porta ses suffrages sur

1. Ann. Einh. 815: praedia quae idem pontifex in singularum civitatum territoriis noviter exstruxit; - Vita Lud., c. 25 : praedia omnia quae illi domocultas appellant et noviter ab eodem apostolico instituta erant.

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