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LE

CENSEUR DRAMATIQUE,

O U

JOURNAL

DES PRINCIPAUX THEATRES

DE PARIS ET DES DÉPARTEMENS,

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS-DE-LETTRES,

RÉDIGÉ

Par A. B. L. GRIMOD DE LA REYNIERE.

Monere non ledere.

TOME TROISIÈM E.

A PARIS,

Au Bureau du CENSEUR DRAMATIQUE, Tue

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Christine, n°. 12 ;

DESENNE, Lib., au ci-dev. Palais-Royal, no. 1;
ET CHEZ PETIT, Lib., idem, Galerie vitrée, n°. 250;
(HUET, Libraire, rue Vivienne, no. 8.

M. DCC. XCVII.

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JOURNAL

DES PRINCIPAUX THÉÂTRES

DE PARIS ET DES DÉPARTEMENS.

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LE REDACTEUR AUX ABONNÉS.

PARVENUS au milieu de la carrière que nous
nous étions proposé de parcourir, arrêtons-nous
un instant; jetons les yeux sur le chemin que nous
avons fait, et sur celui qui nous reste encore à
faire ;
dussions-nous encourir de nouveau le re-
proche qui nous a été fait par un de nos plus
aimables Abonnés, de n'avoir jusqu'ici donné
que des Préfaces.

En jetant les fondemens d'un Journal des
Théâtres, nous ne nous sommes point dissimulé
les difficultés sans cesse renaissantes d'une pareille
Tom. III. No.19. (10 Vent. 6.) A2

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entreprise. Nous savions, par expérience, combien elles étoient multipliées, et lorsqu'à peine âgés de vingt ans nous partagions les travaux et les soins de notre malheureux ami Charnois, nous avions été à même de voir combien il est difficile de parler sans danger, même à des Artistes, le langage de la critique et de la vérité.

Mais dans ces tems heureux, une extrême jeunesse, un cœur franc, une tête inflammable, une ame ardente, nous avoient fait illusion sur ces obstacles et ces dangers. Le Gouvernement d'alors, charmé de voir un peu morigéner les Comédiens, qu'il ne vouloit pas rendre trop invulnérables, avoit donné à notre plume une assez grande latitude de liberté pour que nos observations fussent assez piquantes pour stimuler l'amour - propre, sans cependant blesser la délicatesse. Un Censeur, homme d'esprit et qui avoit exigé que son nom ne fût point connu, quoique lié avec les Comédiens, n'en étoit pas moins indulgent pour leurs Juges; et ceux qui se souviennent encore avec quelle liberté l'ancien Journal des Théâtres étoit écrit, s'étonnoient souvent de la publicité de certains articles que l'amour propre ombrageux regardoit comme des personnalités offensantes; mais que l'impartialité ne considéroit que comme des critiques utiles.

On convient maintenant, et les Comédiens eux-mêmes sont aujourd'hui de cet avis, que le Journal des Théâtres servit utilement l'Art dramatique. Les fruits qu'il opéra furent tardifs sans doute, parce que les Comédiens mettent de l'amour- propre à ne point paroître céder aux observations les plus sages; et qu'avant de les adopter, ils veulent que le Public ait eu le tems de les oublier, sans doute afin de s'en ménager tout l'honneur. Mais qu'importe, pourvu que le bien s'opère. Tant que le Journal des Théâtres a subsisté, on ne cessoit de réclamer contre sa critique; à peine a-t-il cessé de paroître, que l'on a eu le bon esprit d'en profiter. On lui doit une foule de réformes utiles, qui se sont prolongées jusqu'à nous; et plusieurs Comédiens, qui tiennent aujourd'hui le premier rang, ne rougissent point d'avouer les obligations qu'ils croyent lui devoir.

Cette perspective, nous en convenons, a été pour nous un puissant motif d'encouragement, et même l'une des principales causes qui nous a fait reprendre la plume. Etre utiles à un Art que nous idolâtrons, et que nous regardons comme le premier de tous; comme celui par lequel la Gloire littéraire de notre Nation étendra à jamais son empire, est devenu l'objet de notre unique ambition. Ce desir nous a fait

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