337 me Livr. 29me année. 1er Mai 1862. HISTOIRE ET LITTÉRATURE. JOURNAL HISTORIQUE DU MOIS DE MARS 1862. 5. Le Sénat français vote par 125 voix contre 6 l'adresse à l'empereur approuvant la politique intérieure et extérieure du gouver nement. La grande assemblée des comités de Provedimento, ayant pour but la fédération des sociétés patriotiques, italiennes, s'ouvre à Gênes sous la présidence de Garibaldi. Lecture est donnée, dans cette assemblée d'une lettre de Mazzini. (V. la livraison précédente, p. 616). L'assemblée vote le rappel de celui-ci et adopte le principe du suffrage universel. Le grand conseil de Zurich décrète la suppression de l'antique abbaye de Rheinau, malgré les réclamations de Mgr Bovieri, chargé d'affaires du Saint-Siége, au haut conseil fédéral suisse à Berne. 4. Dans la soirée du 28 février, le barón Ricasoli dépose sa démission et celle de ses collègues entre les mains du roi Victor Emmanuel; S. M. les invite à suspendre leur résolution; mais, sur leurs instances réitérées, le roi accepte leur démission, et le 1er mars, charge M. Ratazzi de la formation d'un nouveau ministère. M. Rattazzi compose la nouvelle administration comme suit: Présidence, M. Urban Rattazzi; Justice et cultes, M. Filippo Cordova; Guerre, M. le comte Agostino Petitti Baglioni di Roreto; Travaux publics. M. Agostino Depretis; Agriculture, industrie et commerce, M. le marquis Gioa- Instruction publique, M. Stanislas, Pasquane Mancini ; 5. L'Empereur d'Autriche donne en ces termes la sanction à la loi communale: «Avec l'assentiment des deux Chambres de mon conseil de l'Empire, pour réglementer l'institution des communes, j'ai » trouvé à propos de signer les dispositions fondamentales sui >> vantes. >> 5. Le gouvernement turc adresse une circulaire aux légations ottomanes, pour se plaindre de la protection que le Monténégro accorde aux insurgés de l'Herzégowine. Le Président du Corps législatif de France donne lecture de la lettre suivante qui lui est adressée par l'Empereur : » Mon cher président, » Je déplore sincèrement le malentendu qui semble régner entre le Corps législatif et moi. L'esprit de nos institutions et mes sentiments bien connus pour la Chambre auroient dû nous en préserver. En effet, aujourd'hui, les conflits sont presque impossibles; les fois sont discutées pour elles-mêmes et non en vue du maintien ou du renversement d'un ministère. }) Lorsque le gouvernement a exprimé sans détour ses intentions, les résolutions du Corps législatif sont d'autant plus libres, que, dans les cas ordinaires, le désaccord ne doit troubler en rien la marche des affaires. » D'après ce système incontestable, le refus de la Chambre d'accueillir le projet de dotation m'eût été pénible sans doute, mais il n'auroit en rien influé sur mes sentiments et sur ma conduite. Je comprends néanmoins, d'après vos explications, qu'un incident, léger d'abord, soit devenu, par les circonstances qui s'y sont rattachées, assez grave pour placer la majorité dans une fàcheuse alternative. » Ce qui a fait qu'un grand nombre de députés, comme vous me l'avez dit, préféreroient une loi comprenant dans son ensemble les services militaires exceptionnels. Adoptant cette idée, j'ai résolu de présenter un nouveau projet qui, soumettant à la Chambre l'appréciation d'un principe général, permette d'assurer dans de justes limites, à toutes les actions d'éclat, depuis le maréchal jusqu'au soldat, des récompenses dignes de la grandeur du pays. » Le Corps législatif, qui m'a toujours donné un concours si loyal, qui m'a aidé à fonder l'empire et les institutions qui doivent nous survivre, verra avec plaisir, j'aime à le penser, que je m'empresse d'adopter le moyen de rétablir la confiance mutuelle, et d'effacer les traces d'un désaccord toujours regrettable entre des pouvoirs issus de la même origine et travaillant consciencieusement pour le même but. >> Recevez, mon cher président, l'assurance de ma sincère amitié. NAPOLÉON. >> 6. Le Moniteur français annonce que le Conseil d'Etat est saisi du projet de loi annoncé dans la lettre de l'Empereur: «Aux termes de ce projet, une rente annuelle dont le chiffre n'est point déterminé seroit inscrite au Grand-livre de la dette publique et affectée à récompenser, par des pensions ou dotations, les actions d'éclat des généraux, officiers et soldats des armées de terre et de mer, et les services excep tionnels qu'ils auront rendus en temps de guerre., >> Des décrets de l'Empereur constitueroient ces pensions ou dotations et en détermineroient les conditions de jouissance, et, s'il y a lieu, de réversibilité. Ces décrets seroient individuels et insérés au Moniteur et au Bulletin des Lois.» 6. Le président Lincoln transmet un message au congrès de Washington, pour lui recommander d'adopter la résolution suivante: « Résolu que les Etats-Unis doivent coopérer avec tout Etat qui adoptera l'abolition graduelle de l'esclavage, en lui donnant une aide pécuniaire, dont cet Etat usera à son gré pour compenser les dommages publics ou privés produits par un tel changement de système. Peu de jours auparavant le président Davis avoit transmis, au con. grès de Richmond, un message dans lequel il annonce la ferme résoJution des Etats du Sud de continuer la guerre. « Bien que la lutte ne soit pas terminée, dit-il, et que le courant du moment nous semble contraire, le résultat final en notre faveur n'est pas donteux. » 6. La Chambre des députés de Prusse adopte par 171 voix contre 143, la proposition de M. Hagen ainsi conçue: 1° Que le budget de l'Etat sera spécialisé davantage dans ses chapi tres par l'énumération des principaux articles de recettes et de dépenses, tels qu'ils sont détaillés dans le tableau dressé par l'administration; 2o que cette spécialisation aura lieu déjà dans la fixation du budget de 1862, d'après les divisions adoptées dans les comptes spéciaux pour 1859. Le ministère avoit consenti à la spécialisation mais pour 1863 seulement. 8. Le président de la Diète germanique prend la parole au nom de l'Autriche et de la Prusse, et il fait la proposition suivante : « Considérant que les constitutions publiées dans l'électorat de Hesse, en 1852 et en 1860, ne sont point parvenues à terminer l'agitation qui y règne depuis si longtemps; » Considérant qu'en 1852, il ne s'agissoit au fond que de réviser la Constitution que possédoit alors le pays; » Considérant que toute l'Allemagne attache un grand prix à faire régner dans l'électorat de Hesse l'ordre et la légalité constitutionnelle, >> Considérant enfin qu'en 1852, la Diète s'est spécialement réservé le droit de se prononcer finalement sur l'arrangement des questions qui avoient été élevées à cette époque; >> Les cours d'Autriche et de Prusse proposent à la Diète d'arrêter : >> Que le gouvernement électoral hessois sera invité à rétablir, d'un commun accord avec ses Etats, la Constitution de 1852, sous la réserve, toutefois, des droits de la haute noblesse médiatisée, et de la concordance de cette Constitution avec la législation fédérale qui est en vigueur.»> Un combat naval s'engage à Newport-News entre la flotte fédérale et celle des confédérés; le navire cuirassé le Merrimac cause les plus grands ravages dans la flotte fédérale, qui eût été entièrement détruite sans l'arrivée de la batterie Ericsson, nommée le Monitor. Les deux bâtiments cuirassés combattent pendant trois heures sans qu'il résulte de dommage sensible pour aucun d'eux. Cet évènement cause la plus grande sensation en Europe et particulièrement en Angleterre. 9. Les confédérés abandonnent Manassas et toute la ligne du Poto mac. 10. M. Ganesco, rédacteur en chef du Courrier du dimanche, est arrèté dans les bureaux du journal, à Paris. 11. Par suite de l'adoption de la proposition de M. Hagen par la Chambre des Députés de Prusse, le ministère donne sa démission le roi la refuse et porte un décret qui dissout la Chambre des députés et |