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du Brésil en ait été prévenu officiellement par les autorités locales et sans l'intervention de sa police, qui devra agir de concert avec la police chinoise (Art. X)1.

En échange des changements apportés au Traité à la demande du Gouvernement du Brésil, celui-ci à l'exemple des États-Unis, quelques mois auparavant, consentit à la prohibition absolue du transport et du commerce de l'opium par les sujets de l'un des deux pays sur tout le territoire de l'autre; les Anglais se montrèrent ennuyés de cette clause. des traités qui paraissait un blâme à leur adresse :

ART. XIV. Les Hautes Parties contractantes sont convenues d'interdire aux sujets de chacune d'elles l'importation de l'opium dans les ports de l'autre ouverts au commerce, et le transport de l'opium d'un port à l'autre de l'autre pays, soit pour leur propre compte, soit pour le compte de sujets ou citoyens de toute autre nation, aussi bien dans les navires appartenant aux sujets des deux Hautes Parties Contractantes, que dans des navires appartenant à sujets ou citoyens d'une tierce nation.

Il ne sera pas permis non plus aux sujets de l'une des Hautes Parties Contractantes de se livrer au commerce de l'opium, dans les ports de l'autre ouverts au commerce.

La clause de la nation la plus favorisée ne pourra être invoquée contre les dispositions de cet article.

L'ancien article XIV devient l'article XV; et l'article XV ancien devient l'article XVI.

ART. XVI. Si, par la suite, les Hautes Parties Contractantes désirent apporter quelques modifications aux stipulations de ce Traité, elles auront, après un laps de temps de dix années, à dater du jour de l'échange des ratifications, à ouvrir des négociations dans ce but..

La notification officielle des modifications qu'on désirera proposer sera toujours faite six mois à l'avance.

Si pareille notification n'est point faite, le Traité restera en vigueur.

1. Lettre de M. Bourée au Département, Pé-King, 25 juin 1882.

Enfin le dernier article (XVII) est relatif aux ratifications qui devront être échangées dans le plus bref délai possible soit à Chang-Haï, soit à Tien-tsin.

Les ratifications furent échangées à Chang-Haï le 3 juin 1882 (18° jour, 4o lune, 8o année Kouang-Siu) par M. Eduardo Callado et Tang, Commissaire et Trésorier du Kiang-Sou et un procès-verbal fut dressé en six exemplaires, dont deux en Portugais, deux en Chinois et deux en Français.

Le traité brésilien est malgré tout, même avec ses atténuations, le plus mauvais qu'on cût signé jusqu'alors avec la Chine; l'expérience de ses prédécesseurs n'avait nullement servi à M. Callado, personnage infatué de son mérite, qui devait tristement terminer à Rome sa carrière diplomatique.

DISGRACE DE TSO

En novembre 1881, Tso Tsoung-t'ang, qui avait fatigué tout le monde à la Cour par ses violences, fut disgracié, mais au lieu de le faire rentrer dans la vie privée, on l'envoya à Nan-King remplacer Lieou Kouen-i dont Li Houng-tchang, plus puissant que jamais, avait deux mois auparavant réclamé la destitution pour le punir d'avoir manqué aux engagements pris envers lui, quand il s'était agi de recommander à la Cour la construction de chemins de fer en Chine. En effet, le général Lieou Ming-tchouan ayant adressé au Trône un mémoire pour demander l'installation des chemins de fer, un décret impérial avait, le 3 décembre 1880, chargé Li de faire un rapport à ce sujet. Li s'était réconcilié avec Tso et c'est lui qui avait fait nommer ce dernier à Nan-King. Le nouveau vice-roi des deux Kiang quitta Pé-king, le 9 décembre 1881, pour se rendre par terre au Hou-Nan puis à Nan-King où il arriva le 22° jour de la 12° lune. On avait d'abord offert la vice-royauté des Liang-Kiang à Ts'êng

Kouo-ts'iuaen, successeur de Tso dans le gouvernement du Chen-Kan, qui avait donné sa démission à cause de sa mauvaise santé et avait été remplacé dans ce dernier poste par T'an Tchoung-lin (15 octobre), fou-taï de Tché-Kiang. La mauvaise santé de Ts'èng persistant, celui-ci obtint sa retraite (décret, 16 octobre 1881) et l'on fit appel aux services de Tso. Le conquérant de la Kachgarie qui, depuis quelque temps demandait des congés, qui lui étaient d'ailleurs accordés, pour rétablir ses forces, se trouva guéri instantanément lorsqu'on l'eût nommé à Nan-King.

LE P. GRIMAUD

Il se passa une histoire singulière dans le Kouang-Toung: une rixe éclata dans un village de cette province entre païens et chrétiens et l'on s'empressa d'accuser à Canton le missionnaire du pays, le P. Grimaud', d'avoir pris part à la lutte et même d'avoir fourni un canon à ses ouailles! Malgré les poursuites dont le P. Grimaud fut l'objet, le vice-roi des Deux Kouang fut obligé de reconnaître la fausseté des accusations dirigées contre lui.

1. Grimaud, Avit-Adolphe-Aimé, du diocèse de Gap; Missions étr. de Paris; part le 15 février 1870.

CHAPITRE XVII

L'AFFAIRE DU TONG-KING

(Suite.)

M. Gambetta avait été nommé le 14 novembre 1881, ministre des Affaires étrangères, en remplacement de M. Barthélemy Saint-Hilaire; pendant son court passage aux affaires', il eut à reprendre les négociations avec le marquis Trêng :

2

Paris, 1er janvier 1882.

Je me suis fait représenter dernièrement une lettre que Vous avez adressée, sous la date du 24 septembre 1881, à M. Barthé– lemy Saint-Hilaire, mon prédécesseur au Département des Affaires étrangères, en réponse à sa communication du 27 Décembre 1880, concernant les affaires de la Colonie française de Cochinchine. Vous développiez dans cette lettre différentes considérations relatives à la situation internationale de l'Empire d'Annam, et j'ai regretté de constater une certaine différence entre vos appréciations à cet égard et celles que M. Barthélemy Saint-Hilaire vous avait exposées au nom du Gouvernement de la République. Je croirais inopportun d'engager ici une discussion de principe; je préfère me borner à mentionner que la communication qui vous a été transmise à la date du 27 dé

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1. Il fut remplacé le 30 janvier 1882, par M. de Freycinet. 2. Ministère des affaires étrangères. Documents diplomatiques. AFFAIRES DU TONKIN. Première partie, 1874-décembre 1882. Paris, 1883, in-fol.

Deuxième partie, décembre 1882-1883. Paris, 1883, in-fol.

cembre 1880, contient l'indication exacte des faits auxquels le Gouvernement français a le devoir de se tenir.

Il est toutefois un point dans votre lettre que je ne saurais laisser passer sans une observation particulière. Le Gouvernenement Impérial chinois, écriviez-vous, ne peut pas reconnaître le traité de 1874 conclu entre la France et l'Annam. Or, ce traité qui règle précisément nos rapports avec l'Annam, a été officiellement communiqué au Gouvernement Chinois, le 25 Mai 1875, par le Comte de Rochechouart, Chargé d'affaires de France à Pé-King, et dans la réponse en date du 15 juin suivant, que le Prince Koung a envoyée à M. de Rochechouart, il n'a été élevé aucune objection contre la conclusion du traité, ni contre aucune de ses clauses; l'Annam est mentionné simplement comme ayant été autrefois un pays tributaire de la Chine, ce qui ne présente, à vrai dire, qu'un intérêt historique.

Vous comprendrez sans peine que, dans ces conditions, il nous soit malaisé d'admettre que le Gouvernement chinois vienne contester aujourd'hui un traité existant et déjà entré dans la période d'application depuis près de huit années; nous ne saurions nous arrêter en tout cas à une réclamation aussi tardive, et le Gouvernement de la République hésite d'autant moins à revendiquer l'entière liberté de ses actes en ce qui concerne l'exécution de ses conventions avec l'Annam, qu'il ne nourrit, ainsi que M. de Freycinet et M. Barthélemy SaintHilaire vous en ont successivement donné l'assurance, aucun dessein qui puisse porter ombrage à la Chine ou qui soit préjudiciable à ses intérêts 2.

Copie de cette lettre fut envoyée à Pé-King à M. Bourée (4 janvier 1882).

LA CHINE ET L'ANNAM

En réalité, quels étaient les droits de la Chine sur l'Annam?

La légende annamite fait remonter l'origine de ses rois à un parent de l'empereur de la Chine. Placés l'un à côté de

I. Voir p. 281, l'erreur d'un traducteur.

2. Livre jaune, p. 195-6.

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