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tion au Tong-King; la prise de So'n-tay avait porté un coup terrible, sinon mortel, à la puissance des Pavillons Noirs, mais pour achever la conquête, nos forces étaient insuffisantes: aussi envoya-t-on une brigade de renfort avec deux batteries d'artillerie, un détachement pour le service du parc, une compagnie du génie, un détachement du train, des aérostiers et des télégraphistes qui s'embarquèrent du 11 au 20 janvier 1884 sur l'Annamite, le Saint-Germain, le Poitou, la

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Sarthe et le Shamrock. Le ministre de la guerre jugea que cette petite armée ne pouvait être commandée par un marin, même victorieux comme Courbet, et le général de division Millot', avec les généraux de brigade Brière de l'Isle et de

1. Millot, Charles-Théodore, né le 28 juin 1829; général de brigade, 1880; de division, 1882.

2. Né 4 juin 1827, à la Pointe-à-Pitre, Martinique.

Négrier', fut placé à sa tête. Le 12 février, l'amiral Courbet, arrêté en plein succès, remettait le commandement au général Millot et reprenait la direction de son escadre.

Notre but n'étant pas de faire une fois de plus l'histoire militaire de notre occupation du Tong-King, nous dirons seulement que la seconde, comme force, des villes du Delta, Bac-ninh, point stratégique de premier ordre, qui commande la route d'An-nam en Chine par Lang-s'on, tombait entre nos mains le 12 mars 1884; le général Millot pourchassait l'ennemi sur la route de Lang-s'on, tandis que le général Brière de l'Isle s'emparait de Thaï-nguyen, le 19 mars. Leur habile mouvement tournant amenait l'évacuation de Houng-hoa que nos troupes occupaient après avoir franchi la rivière Noire (12 avril). Tuyen-Quan (1o juin) tomba également en notre possession.

Nous avons vu l'accueil que fit le gouvernement chinois à ces nouvelles2; deux officiers Tch'ên Té-Kouei et Tang Minh'iuen responsables de la perte de Bac-ninh furent exécutés le 26 mai, en présence des troupes impériales. Plus tard, un décret impérial du 28 janvier 1885 condamna T'angKiong, gouverneur du Yun-Nan, et Siu Yen-sin, gouverneur du Kouang-Si, à être décapités, le premier pour être <«< rentré dans sa province, de sa propre initiative et sans attendre des ordres, ce qui a semé l'indiscipline et la négligence dans l'esprit des soldats », le second « parce que la plus grande indiscipline régnait parmi ses troupes. Il employa en outre des hommes dénués de toute valeur, qui ne surent que fuir les uns après les autres et laisser échapper, par leur faute, tous les avantages que possédaient nos armées ». L'œuvre de Courbet était complétée et l'ère des grandes

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3. Voir la Gazette manuscrite de Pé-King du 23 septembre 1884. — Voir aussi p. 427.

opérations militaires semblait être passée. On pensa qu'il était peut-être politique d'user d'indulgence à l'égard des Annamites. C'était une grande erreur; l'événement l'a prouvé.

INSTRUCTIONS DE M. PATENÔTRE, 23 AVRIL 1884

A la fin du mois d'avril, M. Patenôtre qui avait été nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Pé-King, le 12 septembre 1883 à la place de M. Bourée, fut chargé d'une mission à Hué pour y assurer l'exercice de notre protectorat; il devait se rendre ensuite au Tong-King et attendre des instructions au sujet de la Chine.

que

Lorsque vous avez été appelé par la confiance du Gouvernement de la République aux fonctions de Ministre de France en Chine, l'intention du Département des Affaires Étrangères était de vous envoyer sans retard prendre possession de votre poste. Les événements qui se sont déroulés au Tong-King et l'attitude le Gouvernement du Céleste Empire a cru devoir adopter dans les derniers mois de l'année dernière, n'ont pas permis de donner suite à ce projet, et j'ai dù vous inviter à surseoir à votre départ. Aujourd'hui, malgré certains symptômes de dispositions plus conciliantes de sa part, la Chine n'a pas encore manifesté ses dispositions pacifiques d'une manière assez claire, pour qu'il soit possible d'apprécier si votre présence à Pé-King pourrait avoir un résultat utile. En Annam, au contraire, les choses viennent de prendre une nouvelle face. Depuis la prise de Bac-ninh et de Houng-hoa, le Delta du Fleuve Rouge se trouve en notre possession, la dispersion des Pavillons Noirs et des contingents chinois a clos la période des opérations militaires proprement dites, et notre action sur le Tong-King tout entier ne rencontrera plus d'obstacles sérieux. Dans cet état de choses, il me paraît utile que nous réglions définitivement entre la France et l'Annam les nouveaux rapports créés par ces derniers événements. sans nous préoccuper, quant à présent, de l'Empire chinois.

En même temps, M. Jules Ferry télégraphiait (25 avril 1884) à Pé-King, à M. de Semallé :

M. Patenòtre s'embarque demain pour Hué, où il va conclure

les arrangements nécessaires pour organiser définitivement notre protectorat. Sa mission n'a pas d'autre objet. Sans en faire l'objet d'une communication officielle, ni écrite, ni orale, arrangezvous pour faire savoir que notre ministre ne se rendra pas à PéKing avant que le Gouvernement chinois ait manifesté la volonté de terminer le différend relatif à l'Annam par un arrangement comprenant 1° garantie réciproque des frontières des deux pays; 2° une indemnité pour la France. Faites savoir aussi que le Marquis Ts'èng a rendu par son attitude personnelle et ses procédés contraires aux usages diplomatiques tous rapports impossibles entre lui et le gouvernement français.

Le traité imposé par M. Harmand n'avait qu'un caractère considéré, à tort, comme provisoire; le rattachement de la province de Binh-thuan froissait l'amour-propre des Annamites; il fallait adoucir les rigueurs de ce premier traité par un nouvel acte définitif. Après que le traité serait signé, M. Patenôtre aurait à procéder à l'installation officielle de la résidence générale du Gouvernement français, avec M. Rheinart à sa tête, sans attendre l'échange des ratifications; ensuite, il pourrait se rendre au Tong-King pour se rendre compte de la situation, et si les circonstances le permettaient, il irait après à PéKing pour régler définitivement le différend franco-chinois. M. Patenôtre était en route lors de la signature de la convention Fournier qu'il apprit en arrivant au cap Saint-Jacques.

Le nouveau traité qu'apportait M. Patenôtre contenait trop d'adoucissements, pour que le Régent Thu'o'ng, après avoir demandé quelques modifications, n'acceptât pas de le signer.

Le Président de la République française,

Sur la proposition du président du conseil, ministre des affaires étrangères,

Décrète :

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ART. 1er. Le Sénat et la Chambre des députés ayant approuvé le traité conclu à Hué, le 6 juin 1884, entre la République française et le royaume d'Annam, et les ratifications de

cet acte ayant été échangées à Hué, le 23 février 1886, ledit traité, dont la teneur suit, recevra sa pleine et entière exécution.

TRAITÉ DE HUÉ (PATENÔTRE), 6 JUIN 1884

Le gouvernement de la République française et celui de Sa Majesté le roi d'Annam, voulant empêcher à jamais le renouvellement des difficultés qui se sont produites récemment, et désireux de resserrer leurs relations d'amitié et de bon voisinage, ont résolu de conclure une convention à cet effet, et ont nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir:

Le Président de la République française:

M. Jules PATENÒTRE, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la République française à Pé-King, officier de la Légion d'honneur, grand-croix de l'Etoile Polaire, etc., etc., etc.; Et Sa Majesté le roi d'Annam :

NGUYEN VAN-THU'O'NG, premier régent, ministre de l'intérieur; PHAM-THAN-DUAT, ministre des finances; et TON-THAT-PHAN, chargé des relations extérieures, ministre des travaux publics par intérim ;

Lesquels, après s'être communiqué leurs pleins pouvoirs respectifs, trouvés en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants :

ART. 1er.

la France.

L'Annam reconnaît et accepte le protectorat de

La France représentera l'Annam dans toutes ses relations extérieures.

Les Annamites à l'étranger seront placés sous la protection de la France.

ART. 2. Une force militaire française occupera Thuan-An d'une façon permanente. Tous les forts et ouvrages militaires de la rivière de Hué seront rasés.

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ART. 3. Les fonctionnaires annamites, depuis la frontière de la Cochinchine jusqu'à la frontière de la province de NinhBinh, continueront à administrer les provinces comprises dans ces limites, sauf en ce qui concerne les douanes, les travaux publics et en général les services qui exigent une direction unique ou l'emploi d'ingénieurs ou d'agents européens.

ART. 4. Dans les limites ci-dessus indiquées, le gouvernement annamite déclarera ouverts au commerce de toutes les nations, outre le port de Qui-Nhon, ceux de Tourane et de

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