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s'obstiner, ils seront réprimés par la puissance séculière. Il ne faut user d'aucune violence pour convertir ceux qui demeurent dans l'idolâtrie. Contentez-vous de les exhorter, de les instruire, de n'avoir aucune communication avec eux, et de leur causer par là une confusion qui leur devienne salutaire. Le baptême ne dépendant point de la vertu du ministre, si celui qui l'a donné l'a fait au nom de la Sainte-Trinité, quand même il ne serait pas prêtre, ceux qui l'ont reçu sont baptisés validement. Les jours solennels du baptême sont ceux de Pâques et de la Pentecôte ; mais quand il s'agit de grandes conversions, il n'y a point de temps à observer, non plus que pour les personnes qui sont en péril de mort. Les Grecs ayant fait un crime aux Bulgares, de ne pas joindre les mains en priant à l'église, le Pape leur déclara, que l'observation ou la non-observation de pareils usages n'était pas un péché, à moins que quelqu'un refusât obstinément de faire ce qui est observé par tous les autres.

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Quant aux prières et aux jeûnes que l'on peut faire pour obtenir la pluie en temps de sécheresse, on ne défend rien à personne; mais il vaut mieux que ce soit l'évêque qui les prescrive. Que les laïcs aient chaque jour des heures fixes pour prier. Outre le Dimanche, vous devez vous abstenir du travail les fêtes de la Sainte-Vierge, des Apôtres, des Evangélistes, de S. Jean-Baptiste, de S. Etienne, premier martyr, et des Saints dont la mémoire est célèbre chez vous. Ni ces jours là, ni pendant le carême on ne doit rendre la justice publiquement. Il faut s'abstenir de viande tous les jours de jeûne, c'est-à-dire le carême qui précède Pâques, ceux d'avant la Pentecôte, d'avant l'Assomption de la Mère de Dieu et d'avant Noël. C'est aussi la loi, reprend le Pape, de jeûner tous les Vendredis et toutes les veilles de grandes fêtes. Pour le Mercredi, vous pouvez user de viande comme aux jours ordinaires.

» Pendant le carême, comme aux autres époques de l'année, il vous est permis d'approcher tous les jours de la Sainte-Table; mais on ne doit pas, en ce saint temps, aller à la chasse, au jeu, ou se livrer à d'autres amusemens, pas même donner de banquets ou faire de nôces, et les personnes mariées doivent vivre en continence. Les guerres défensives sont autorisées en carême, ainsi que l'usage de toutes sortes d'alimens, sans égard aux statuts de l'ancienne loi. En l'absence d'un ecclésiastique, les laïcs peuvent, avant de se mettre à table, bénir le repas avec le signe de la croix.

» Touchant les mariages, l'usage de l'Eglise romaine est qu'après les fiançailles et le réglement des conventions, les parties fassent leur offrande par les mains du prêtre, puis reçoivent la bénédiction nuptiale et le voile, qui ne se donne point aux secondes nôces. Au sortir du lieu saint, elles portent sur la tête des couronnes, que l'on garde dans l'église. Mais il n'y a d'essentiel dans ces cérémonies que le consentement donné selon les lois. »

Les Bulgares avaient aussi consulté le Pape sur des choses purement temporelles. Le Pontife leur envoya à cet égard les lois romaines, sans cependant les leur laisser, de peur qu'ils n'en abusassent. Ils demandèrent ensuite son avis sur plusieurs usages qui existaient parmi eux, et même sur des pratiques superstitieuses, ce qui marque bien la simplicité de ce peuple. Le Pape les satisfit sur toutes ces choses, selon la sainteté de l'Evangile. Quant à la manière de faire la guerre, il leur recommanda d'invoquer le secours du Ciel par des œuvres de piété chrétienne plutôt que par l'observance superstitieuse de certains jours, de certaines heures et d'autres formalités; de se confesser de leurs péchés à des prêtres, de recevoir la sainte Communion, et de ne pas suspendre les prières, même dans les camps. Au lieu de la queue de cheval qu'ils portaient pour ensei

gne militaire, il les engagea à prendre la croix ; et dans les traités, qu'il leur recommande de garder fidèlement, il veut qu'ils jurent sur l'Evangile, au lieu de jurer sur l'épée, comme ils avaient fait jusque-là. Il les détourne aussi de traiter avec les infidèles, à moins que ce ne soit pour le bien de l'Eglise.

« Vous nous demandez, ajoute-t-il, si l'on peut ordonner chez vous un patriarche. Sur quoi nous ne pouvons rien décider, jusqu'à ce que nos légats nous rapportent quelle est dans vos états la quantité des fidèles. Nous allons vous donner un évêque, à qui nous conférerons les priviléges d'archevêque, lorsque le peuple chrétien sera augmenté, alors il établira des évêques, qui auront recours à lui dans les grandes affaires, qui choisiront et sacreront son successeur après sa mort, sans qu'il soit nécessaire, vu le grand éloignement, de s'adresser pour cela à Rome. Mais avant de consacrer le corps de Jésus-Christ, il faudra qu'il reçoive le pallium du Saint-Siége, comme font tous les archevêques des Gaules, de la Germanie et des autres régions. Les églises vraiment patriarcales, sont celles qui ont été fondées avec cette prééminence par les apôtres, c'est-à-dire les églises de Rome, d'Alexandrie et d'Antioche. Jérusalem et Constantinople portent bien ce nom, mais elles n'ont pas cette autorité. L'église de Constantinople n'a pas même été instituée par aucun des apôtres, et le concile de Nicée n'en fait pas mention. Mais parce que Constantinople a été nommée la nouvelle Rome, son évêque a été nommé patriarche par la faveur des princes plutôt que pour aucune bonne raison. L'évêque de Jérusalem, plus honoré par le concile de Nicée, suivant une ancienne coutume n'est cependant qu'appelé évêque-patriarche par cet auguste concile. Du reste le patriarche d'Alexandrie est le premier après le Pape.

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Le Pape transmit aux nouveaux convertis les règles de

la pénitence et le sacramentaire par les évêques qu'il leur envoya, parce que les laïcs, disait-il, ne devaient pas les avoir entre les mains. Il ne veut pas non plus que des prêtres ou des ecclésiastiques soient jugés par des laïcs; il réserve ce droit aux évêques. « Les églises, ajoute-t-il, sont des asiles pour les coupables qui s'y sont réfugiés. Quant à la pureté de la doctrine que vous désirez recevoir, afin de n'être pas induits en erreur par les différens chrétiens qui viennent dans votre pays, sachez que la foi de l'Eglise romaine a toujours été irréprochable et sans tache. Nous vous envoyons nos légats et nos instructions, où vous puiserez la saine doctrine, et jamais nous ne cesserons de prendre soin de vous, avec tout l'intérêt qu'on marque à cultiver les plantes les plus précieuses. Du reste, pourvu qu'on vous enseigne la vérité, il ne nous importe pas de qui elle vienne. »

Tout ce rescrit est un digne monument de la sagesse, de la charité, de la sollicitude pastorale et de la sainteté du grand Pontife, sous lequel la nation bulgare se convertit au christianisme.

Cependant Photius, qui prétendait au titre d'évêque de Constantinople, soutint que les Bulgares étaient de la dépendance de son patriarcat, question qui s'échauffa encore beaucoup plus après la mort du Pape Nicolas. Ce schisme, formé à Constantinople par Photius, continuait toujours, par l'entêtement avec lequel ce dernier retenait une dignité injustement usurpée. Il était outré de ce que le Pape l'avait fait rentrer, par un châtiment sévère, dans les bornes du devoir. Voulant user de moyens de violence contre le Chef de l'Eglise, il persuada à l'Empereur Michel d'assembler un synode où l'on pût excommunier le Pape luimême. Pour assurer l'effet de sa sentence, il employa les promesses pour déterminer l'Empereur Louis en Occident à chasser l'évêque de Rome de son siége. Dans cette vue

il envoya les actes de son concile en Italie; mais la mort de l'Empereur Michel rompit toutes ses mesures. Le Pape ne survécut pas beaucoup à ce prince, car il mourut le 12 Novembre 867, après neuf années, sept mois et dixneuf jours de pontificat. Il fut enterré dans le vestibule de l'église de Saint-Pierre au Vatican. Sa mémoire sera toujours révérée dans l'Eglise, par sa profonde connaissance des saints canons, par sa vigilance à les faire observer et par la dignité et la sainteté avec laquelle il sut faire respecter, dans des temps difficiles, les principes de foi, la morale et la discipline de l'Eglise. Le nom de ce digne Vicaire de Jésus-Christ est marqué au 13 Novembre dans le martyrologe romain. Quoiqu'il n'ait point été mis au nombre des Saints de l'Eglise de Rome avant le seizième siècle, et que son nom ne se trouve dans le martyrologe romain que depuis le pontificat d'Urbain VIII, il a joui dans tous les temps d'une grande vénération.

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14 Novembre.

S. LAURENT, ARCHEVÊQUE DE Dublin.

Tiré de sa vie, écrite peu d'années après sa mort et publiée par Surius, et de la bulle de sa canonisation par Honorius III. Bullar. Rom. vol. I, p. 96. Voyez encore Chron. Rotomag. Wilkins, Conc. Britan. t. I, p. 619, et le père Fontenai, Cont. de l'Hist. de l'église Gallic. 1. 31, p. 45.

L'AN 1181.

LAURENT était le plus jeune des fils de Maurice O-Thuataile, prince riche et puissant de la province de Leinster en Irlande. Maurice profita de la naissance de son fils, pour terminer ses querelles avec Donald, comte de Kildare. Il le pria de tenir cet enfant sur les fonts sacrés, et le fit por

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