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LÉONCE, qu'on a surnommé le Jeune pour le distinguer d'un autre Léonce qui l'avait précédé sur le siége de Bordeaux, naquit à Saintes, vers l'an 410. Il sortait d'une des plus brillantes maisons de l'Aquitaine. Dans sa jeunesse, il servit dans la guerre contre les Visigoths en Espagne, et dans la Gaule Narbonnaise. On lui fit épouser Placidine, qui comptait parmi ses aïeux saint Sidoine et l'Empereur Avit. L'intégrité de sa conduite, la pureté de ses mœurs, son amour pour la justice, sa piété, ses aumônes, le firent juger digne de l'épiscopat. Le peuple et le clergé de Bordeaux l'élurent pour pasteur, après la mort de saint Léonce I, ou l'ancien, vers l'an 541 (1). Il ne regarda plus dès-lors Placidine que comme sa sœur. C'était une femme d'une rare piété, qui ne connut plus son mari que pour participer aux bonnes œuvres qu'il entreprenait. Léonce employa ses biens, qui étaient considérables, à construire et à doter un grand nombre d'églises, parmi lesquelles on doit distinguer celles de Saint-Martin de Tours et de Saint-Vincent d'Agen, dans ses terres, cel

vrage des six jours, ou de la création, que le P. Sirmond publia en 1619. Saint Ildefonse, son successeur immédiat, parle de lui avec éloge.

Florès, Spana Sagrada, t. V, tr. 5, c. 3, p. 224, défend, avec les écrivains du pays, la tradition de l'église de Tolède, qui porte que saint Eugène dont nous parlons, doit être appelé Eugène II, et que saint Eugène, disciple de saint Denys de Paris, prêcha la foi en Espagne; qu'il fut premier évêque de Tolède, et qu'il termina sa vie par le martyre dans cette ville.

(1) Il est honoré le 21 Août.

les de Saint-Nazaire, de Saint-Denys et de la Sainte-Vierge, à Bordeaux, celle de Saint-Eutrope de Saintes, dans la ville de ce nom.

On trouve un Léonce de Bordeaux parmi les évêques qui assistèrent au quatrième concile d'Orléans. Il est probable que ce fut Léonce l'ancien. Quoi qu'il en soit, notre Saint n'ayant pu assister au cinquième concile de la même ville, y envoya le prêtre Vincent. Il assista en personne au second et au troisième de Paris, qui se tinrent en 551 et 557. Il en assembla un de sa province à Saintes, en 565. On y déposa Emérius, évêque de cette ville, dont l'ordination n'était pas légitime, ayant été faite sans la participation du métropolitain, ce qui était contraire aux canons du dernier concile de Paris. On élut en sa place Héraclius, prêtre de Bordeaux. Lorsqu'on présenta l'acte de cette élection au Roi Charibert, il entra dans une grande colère, chassa l'envoyé de sa présence, et l'exila. Il voulut qu'Emérius, qui n'avait d'autre titre qu'un décret du Roi Clotaire, fût maintenu en possession du siége de Saintes, et les évêques qui avaient contribué à sa déposition, furent condamnés à une amende. Cette affaire s'arrangea depuis; et saint Léonce lui-même reconnut Emérius pour évêque de Saintes. Il mourut vers l'an 565. On l'honore en ce jour à Bordeaux; mais on ne trouve point son nom dans les martyrologes. Quoique Placidius, sa femme, ait mené une vie très-sainte, il ne paraît pas qu'on lui ait jamais décerné un culte public dans l'Eglise.

Voyez Baillet, sous le 15 Novembre; le P. Longueval, Hist. de l'Egl. Gallic. t. II, p. 464, t. III, p. 11; le Gallia Christ. nova, t. II, p. 793.

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SAINT PAVIN (1), né dans le Maine, quitta le monde dès sa jeunesse, pour se consacrer à Dieu dans la retraite. On ne connaît point le nom du monastère dans lequel il se renferma. On l'en tira depuis pour le faire prieur de celui de Saint-Vincent, près du Mans, que saint Domnole, évêque diocésain, avait fait bâtir depuis peu. Il joignait à une sainteté éminente, un talent rare pour la parole, avec le don de persuasion, en sorte que ses discours produisaient les plus grands fruits.

Saint Domnole ayant fait bâtir un monastère, avec un hôpital sous l'invocation de la Sainte-Vierge, entre la rivière de Sarthe et la terre de Beaugé, y envoya des religieux, dont il voulut que saint Pavin fût supérieur avec le titre d'abbé. Notre Saint y donna les plus grandes preuves de son humilité, de sa vigilance, de son zèle, de sa patience et de sa charité.

Il mourut le 15 Novembre, sur la fin du sixième siècle. Il est nommé sous ce jour dans le martyrologe de France, et dans celui des Bénédictins.

Voyez sa vie anonyme, que Mabillon a publiée avec des remarques, sec. 1, Ben. Bulteau, Hist. de l'ordre de Saint-Benoit, I, p. 273, et Baillet, sous le 15 Novembre.

(1) En latin Præduinus.

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S. DIDIER, VULGAIREMENT S. GÉRY, évêque de cahors.

L'AN 654.

SAINT DIDIER naquit dans le territoire d'Albi, d'une famille noble de Gaulois, vers l'an 580. Il fut élevé avec ses deux frères, Rustique et Siagrius, à la cour de Clotaire II. Rustique ayant embrassé l'état ecclésiastique, fut fait diacre de l'église de Rodez, puis abbé ou maître de la chapelle du Roi, et enfin évêque de Cahors. Siagrius fut comte d'Albi, et premier magistrat de Marseille.

Didier fit de grands progrès dans les lettres, et s'acquit beaucoup de célébrité par son éloquence. Il fut fait trésorier de l'épargne, ou garde du trésor du Roi, et il remplit cette charge avec un désintéressement admirable. Il vivait à la cour comme le religieux le plus exemplaire; les momens qu'il pouvait dérober à l'exercice de sa charge, étaient consacrés à la prière, à la lecture des livres saints et à la méditation de la loi du Seigneur. Il s'interdisait tous les plaisirs profanes, dont le propre est de porter la corruption dans le cœur. Il s'animait de plus en plus à la vertu, par les conseils et les exemples de plusieurs saints personnages, qui étaient alors à la cour, comme saint Arnoux, saint Ouen, saint Eloi. Il se sentait encore fortifié par les instructions contenues dans les lettres que lui écrivait la pieuse Erchénéfrède, sa mère. Elle lui recommandait sur-tout de ne point perdre de vue la présence de Dieu, de l'aimer, de le craindre, d'éviter tout ce qui pouvait l'offenser; d'être fidèle au Roi, d'aimer ceux avec lesquels il était obligé de vivre, et de les porter, par sa conduite, à glorifier le Seigneur.

Le Roi Dagobert eut, comme Clotaire, son père, une grande confiance en Didier. Il le combla même de nou

veaux honneurs. Il le donna pour successeur à son frère Siagrius, que la mort avait enlevé, à condition toutefois qu'il continuerait de rester à la cour. Peu de temps après, Rustique, autre frère de Didier, fut assassiné par quelques scélérats de Cahors. Un tel attentat fut puni comme il méritait de l'être. Lorsqu'on sut à Cahors que le Roi verrait avec plaisir Didier succéder à Rustique, le clergé et le peuple s'empressèrent de le lui demander pour pasteur. Le brevet que le Roi donna en cette occasion est trop remarquable pour que nous ne le rapportions pas.

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Dagobert, Roi des Français, aux évêques, aux ducs et à tout le peuple des Gaules. Nous devons apporter nos soins à ce que notre choix soit agréable à Dieu et aux hommes ; et puisque le Seigneur nous a confié le >> gouvernement des royaumes, nous ne devons donner

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les dignités qu'à ceux qui sont recommandables par la sa» gesse de leur conduite, par la probité de leurs mœurs, et >> par la noblesse de leur extraction. C'est pourquoi ayant reconnu que Didier, notre trésorier, s'est distingué par sa piété depuis sa jeunesse, comme un véritable soldat de >> Jésus-Christ, sous la livrée du monde, et que la bonne odeur de ses mœurs angéliques, et de la conduite vraiment sacerdotale qu'il a tenue, s'est répandue jusque dans les provinces éloignées, nous accordons aux suffrages des citoyens et des abbés (1) de Cahors, qu'il soit leur évêque. Nous croyons que c'est le choix et la volonté de Dieu que nous suivons, puisque nous nous faisons violence à nousmêmes, en nous privant d'un officier si nécessaire. Mais quelque chose qui puisse nous en coûter, nous devons » procurer aux églises des pasteurs qui conduisent selon

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(1) On doit entendre par abbés, les supérieurs de communautés de clercs. Il n'y avait point encore de monastères à Cahors, suivant l'auteur de la vie du Saint.

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