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>> Dieu les peuples que nous confions à leurs soins. C'est pourquoi, suivant la demande des citoyens, et notre >> propre volonté qui s'accorde avec la leur, nous voulons et ordonnons que Didier soit sacré évêque de Cahors, » afin qu'il prie pour nous et pour tous les ordres de l'Eglise; et nous espérons que, par le mérite des prières » d'un si saint Pontife, Dieu nous prolongera la vie. » Cet acte est du mois d'Avril 629 (2).

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Didier, devenu évêque, se livra tout entier à l'exercice des fonctions augustes dont il était chargé; il travaillait à détruire le vice et à établir le règne de la piété ; il assistait les malheureux, et ne se servait du crédit qu'il avait, que pour la gloire de Dieu et l'avantage des pauvres. Il décora les églises, et en fit bâtir de nouvelles. Avant lui, il n'y avait point de monastère à Cahors, il en fit construire deux. Il choisit pour le lieu de sa sépulture le premier, qui était peu éloigné de la maison épiscopale et dédié en l'honneur de saint Amand de Rodez. Plusieurs fidèles, à son exemple, fondèrent aussi des monastères, qui furent mis sous la règle de saint Colomban et de saint Benoît, qu'on tâchait alors de réunir, autant qu'il était possible. It paraît que c'est par erreur qu'on a compté le monastère de Moissac parmi ceux qui furent alors établis; on en rapporte communément la fondation au temps de Clovis. Notre Saint étendit son zèle jusque dans l'Albigeois, et il y fit aussi de pieux établissemens.

Son grand âge et ses infirmités l'avertissant qu'il approchait de sa fin, il fit son testament. Il légua tous ses biens à son église; mais il lui recommanda en même temps de pourvoir à la subsistance des pauvres qu'il avait nourris. Il mourut dans le territoire d'Albi, le 15 Novembre 654. Son

(2) Nous avons adopté la version du P. Longueval.

corps fut rapporté à Cahors, et enterré dans l'église de Saint-Amant. Il s'est opéré plusieurs miracles à son tombeau. Il y a une église paroissiale de son nom à Cahors; mais son corps n'y est plus (3).

Voyez sa vie anonyme, écrite peu de temps après sa mort, dans le t. II du Gallia Christ. vetus, et ap. Labbe, Bibl. t. I et II; la dissertation de Mabillon sur l'année et le jour de l'ordination et de la mort du Saint, Analect. t. III; de la Croix, Series et Acta Episcop. Cadurcensium, p. 28; le Gallia Christ. nova, 't. I, p. 121; Baillet, sous le 15 Novembre; le P. Longueval, Hist. de l'Egl. Gallic. t. III, p. 478 et suiv.

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S. LEOPOLD, MARQUIS D'AUTRICHE.

L'AN 1136.

LEOPOLD, quatrième du nom, et surnommé le pieux dès son enfance, était fils de Léopold III, et d'Itte, fille de l'Empereur Henri IV. Par sa fidélité à écouter les instructions des ministres de Jésus-Christ, et à méditer les saintes maximes de l'Evangile, il apprit que la religion était la même pour les princes et pour les particuliers, et qu'il n'y avait qu'une voie pour parvenir au salut. Aussi travailla-t-il de bonne heure à conformer sa vie à cette règle commune à tous les hommes. S'il eut soin, dans sa jeunesse, de cultiver son esprit par l'étude des sciences, il en

(3) L'évêché de Cahors était autrefois suffragant de Bourges; il l'est présentement d'Albi, qui a été érigé en métropole sous le règne de Louis XIV.

Il nous reste des lettres écrites par saint Didier, ou qui lui ont été écrites par les personnes les plus célèbres de son temps. Elles prouvent que le saint évêque était habile pour son siècle, mais elles prouvent en même temps qu'on avait alors perdu le goût de la bonne latinité. Voyez Duchesne, t. I. p. 875.

eut plus encore de se préparer une éternité bienheureuse, en mortifiant ses passions et ses sens, en renonçant aux plaisirs du monde, en nourrissant son âme par la prière, en pratiquant toutes sortes de bonnes œuvres, en répandant sur-tout des aumônes abondantes dans le sein des pauvres.

Son père étant mort en 1096, il se crut encore plus spécialement obligé de procurer le bonheur d'un peuple nombreux, dont la Providence lui confiait le gouvernement. Les Autrichiens étaient alors aussi grossiers que superstitieux. Il fallut commencer par adoucir leurs mœurs et par les rendre raisonnables, afin de disposer à devenir de fervens chrétiens (1). Léopold sentit combien cette entreprise

(1) L'Autriche, anciennement comprise dans la Norique, faisait partie de la Pannonie, lorsqu'elle devint la proie des Huns et des Abares. Charlemagne chassa ces peuples, et envoya des colonies dans le pays, ce qui le fit appeler Ostericcha et Osterlandia. De là Austria, Autriche, qui signifie pays du midi. Austrasie, en France, avait la même signification. Charlemagne et ses successeurs y établirent des gouverneurs sur les frontières, pour empêcher les incursions des Huns, etc. La HauteAutriche fut fréquemment soumise à la Bavière. L'Empereur Othon I créa Léopold I, marquis d'Autriche en 940. Saint Léopold fut le sixième marquis. Léopold V, son fils, fut aussi duc de Bavière. Il est la tige des ducs actuels de ce pays. Henri II, marquis d'Autriche, en fut créé premier duc par l'Empereur Frédéric Barberousse.

Rodolphe, comte de Hapsbourg, qui possédait le comté de Brégentz, près de Constance, et l'Alsace, étant devenu Empereur, entra en possession du duché d'Autriche en 1136, et en donna l'investiture à son fils Albert. Ce duché est toujours resté depuis en la possession de ses descendans. Voyez Bertius, Rer. German. Aventin, Annal. Boïor. et Raderus, not. in S. Leopold.

Les fiefs et les principautés féodales doivent leur établissement aux Lombards d'Italie, et les Allemands l'adoptèrent après l'extinction de la puissance de ces peuples.

L'Empereur Othon I rendit héréditaires les titres purement honorifiques. Le nom de Hertzog, que les Allemands donnent à leurs ducs, signifie un général d'armée. Primitivement les landgraves étaient des

était difficile; mais il ne se rebuta point. Il demanda à Dieu la sagesse dont il avait besoin, et il eut le bonheur de réussir au-delà de ses espérances. Il était affable; il tâchait de faire du bien à tout le monde, et il diminuait, autant qu'il lui était possible, les charges publiques. Son palais paraissait être devenu le siége de la vertu, de la justice et de la bienfaisance. Lorsqu'il était obligé de punir, il s'efforçait de persuader aux coupables que la sévérité dont il usait était juste et nécessaire, et il les exhortait à accepter en esprit de pénitence, la peine à laquelle ils avaient été condamnés. Il pardonnait toutes les fois que la prudence ou le bien public le lui permettait.

Une guerre civile s'étant allumée entre l'Empereur Henri IV, excommunié par le Pape, et Henri V, son fils, Léopold se déclara en faveur du second, dont la cause parut alors moins odieuse à ceux qui l'avaient d'abord condamné. En prenant ce parti, il croyait agir par des motifs de justice et de religion : il y avait encore été déterminé par des autorités puissantes. Il paraît cependant par le témoignage de Cuspinien (2), qu'il se repentit depuis de cette démarche, et qu'il fit une sévère penitence pour l'expier. En 1106, il épousa une princesse digne de lui par ses vertus. C'était Agnès, fille de l'Empereur Henri, et veuve de Frédéric, duc de Suabe. De son premier mariage était sorti Conrad, qui fut depuis Empereur, et Frédéric, père de Frédéric

gouverneurs de provinces; les margraves des gouverneurs de frontières ou de pays conquis; les burgraves, des gouverneurs de places particulières, mais d'importance. On donnait le titre de rhingrave au gouverneur du pays d'autour du Rhin, et celui de wildgrave au gouverneur de la forêt des Ardennes : ce dernier titre signifiant comte sauvage. Ceux qui désirent une notion plus étendue sur ces titres d'honneur, peuvent consulter Selden, du Cange, etc.

(2) In Austr. March. p. 3.

Barberousse. Agnès donna dix-huit enfans à Léopold; sept moururent en bas âge les autres rendirent leurs noms célèbres par leurs vertus ou leurs grandes actions (3). Albert, l'aîné de tous, mourut en Pannonie, peu de jours avant son père; il avait donné des preuves signalées de sa valeur et de son habileté dans le métier de la guerre. Léopold V succéda à son père, et régna aussi dans la Bavière. Othon, cinquième fils de notre Saint, fit de grands progrès dans les sciences à Paris, entra dans l'ordre de Citeaux, devint abbé de Morimond, puis évêque de Frisingen, et accompagna l'Empereur Conrad dans la TerreSainte. Il mourut à Morimond, dans de grands sentimens de piété. Sa chronique, qui commence à la création, et ses autres ouvrages, sont des monumens de son amour pour l'étude.

Agnès voulait avoir part à toutes les bonnes œuvres du marquis d'Autriche. Ils lisaient ensemble l'Ecriture-sainte;

(3) Les onze enfans qui survécurent, étaient cinq filles et six garçons. Les premières épousèrent divers princes, et les autres se distinguèrent soit dans le monde, soit dans la religion. Albert, l'aîné de tous, et vaillant guerrier, mourut six jours avant son père. Le second, Henri, surnommé Jasomirgott, succéda à Léopold III, qui, outre le margraviat d'Autriche, avait obtenu le duché de Bavière. Henri ayant réuni à ces possessions le pays ob der Ens, releva la ville de Vienne, détruite depuis long-temps, et y transféra sa cour. Ernest, quatrième fils de notre Saint, mourut à l'âge de 18 ans. Othon le cinquième, devenu abbé de Morimond, puis évêque de Freysingen, accompagna l'Empereur Conrad III dans la Terre-Sainte, composa une chronique qui commence à la création et finit à l'an de grâce 1146, écrivit deux livres sur les faits et gestes de l'Empereur Fréderic I, et plusieurs autres ouvrages, et mourut en 1188. Conrad, sixième fils de Léopold, fut d'abord abbé du couvent de la Sainte-Croix, de l'ordre de Citeaux, en Autriche, puis évêque de Passau, et enfin archevêque de Salzbourg. Il mourut en 1168, à Admont, en Styrie. Voyez Legenden Heiliger Gottes und verehrter Landespatrone in Osterreich etc., p. 280, Salzbourg 1822. (Note de l'édit. allem.)

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