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ils se levaient la nuit pour vaquer à la prière et à la méditation de la loi de Dieu. En 1127, Léopold fonda le monastère de Sainte-Croix de l'ordre de Citeaux, à douze milles d'Italie, de Vienne, près du château de Kalnperg, où il faisait sa résidence. Il aurait désiré, ainsi que la pieuse marquise, pouvoir chanter continuellement les louanges du Seigneur au pied des autels; mais comme les obligations de leur état les retenaient dans le monde, ils fondèrent un monastère de chanoines réguliers, qui pussent à leur place remplir nuit et jour cette fonction angélique. C'est celui de Notre-Dame de Neubourg, à deux grandes lieues de Vienne (4). La marquise, par humilité, ne voulut point en poser la première pierre. Elle céda cet honneur à un prêtre. L'Eglise fut consacrée par l'archevêque de Salzbourg, assisté des évêques de Passau et de Gurk. La fondation du monastère fut confirmée par le Pape et par une charte de Léopold (5), que signèrent plusieurs seigneurs de grande qualité, en présence des évêques. Ceuxci lancèrent de terribles anathêmes contre tous ceux qui oseraient usurper les droits et les terres du monastère, ou molester les serviteurs de Jésus-Christ qui y vivaient sous la règle de saint Augustin.

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Etienne II, Roi de Hongrie, ayant fait une irruption. dans l'Autriche, saint Léopold marcha contre ses troupes et les défit en bataille rangée. Les Hongrois revinrent quelques années après; mais leur armée fut si maltraitée par

(4) On trouvera une description détaillée de ce monastère dans l'ouvrage Neueste Geschichten und Beschreibungen der merkwürdigsten Gotteshäuser Stifte, etc. in der Osterreichischen Monarchie, II, 169, Brünn 1822: (Note de l'édit. allem.)

(5) Il y prend le titre de Marchio Orientalis, pour celui de marquis d'Autriche.

T. XVII.

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le marquis d'Autriche, qu'ils ne purent en conserver les restes que par une fuite précipitée.

A la mort de l'Empereur Henri V, arrivée en 1125, plusieurs électeurs voulurent élever Léopold à la dignité impériale; mais ils ne réussirent point, et Lothaire II, duc de Saxe, fut élu. Il y avait aussi parmi les prétendans à l'empire, Conrad et Frédéric, qu'Agnès avait eus de son premier mariage. Leur ambition causa bien des troubles, auxquels Léopold ne prit aucune part. Il resta fidèlement attaché à Lothaire, qu'il accompagna dans son voyage

d'Italie.

Enfin, après un règne glorieux, le marquis d'Autriche tomba dans la maladie qui le conduisit au tombeau. Il confessa ses péchés avec beaucoup de componction, et reçut les derniers sacremens avec les plus vifs sentimens de piété. Il mourut le 15 Novembre 1136, et fut enterré dans le monastère de Neubourg. Tous les ans, au jour de son anniversaire et de celui de sa femme, la communauté faisait des aumônes extraordinaires à tous les pauvres qui se présentaient; mais ces distributions sont supprimées depuis long-temps (6). Dieu, ayant glorifié son serviteur par divers miracles, le Pape Innocent VIII le canonisa en 1485 (7).

(6) On distribuait autrefois à la fête de S. Léopold, à laquelle toute la cour assistait, de la viande, du vin et des médailles d'argent à l'effigie du Saint et de son épouse, ainsi que le pain appelé Prügelbrod, dont on ôtait la croute après la première cuisson, et que l'on remettait ensuite au four. Voyez les ouvrages cités dans les notes 3 et 4.

(Note de l'édit. allem. )

(7) Le jour de l'anniversaire du Saint, on expose à la vénération du peuple ses reliques dans une châsse d'argent, la tête parée du chapeau ducal et couchée sur un coussin de velours rouge. L'église est alors toujours remplie de fidèles tant de la villé que des environs.

(Note de l'édit. allem.)

Voyez la vie de saint Léopold, par Vite Erempercht, que Raderus a publiée dans sa Bavaria sancta, t. III, p. 143; l'Histoire de la fondation de Medlic, dont Lambécius a donné des fragmens, Bibl. Vindob. t. II; le discours prononcé par François de Passau, devant Innocent VIII, lorsqu'on sollicitait la canonisation du Saint, et dans lequel sont rapportés plusieurs miracles opérés par son intercession, ap. Surium. Voyez aussi d'autres monumens manuscrits cités par Radérus, et sur-tout l'Historia sancti Leopoldi Austria Marchionis, per Hier. Pezium, Ord. sanct. Bened. Vienna 1747, in-fol.

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+ LE B. ALBERT LE GRAND, DE L'ORDRE DE SAINT DOMINIQUE, ÉVÊQUE DE RATisbonne.

Voyez Rodolphe Noviomangensis, De vita Alberti Magni; Trithême, De scriptorib. eccles., c. 464; Henricus Gandavensis, De scrip. eccl., cap. 23, p. 125; Matth. Rader, Bavaria sancta, t. II, p. 311; Cave, Hist. litt. script. eccles., voce Albertus M.; Petrus de Prussia; Altamura, Bibliotheca Dominican., p. 49; Antoine Flaminius, De Dominican. illustribus, lib. 3; Jacques Quetif, Biblioth. script. dominic., t. I, p. 162 et 275; Seraphin Razzi, Vite dei sancti del sacro ordine dè predicatori, cosi nomini come donne (1), Florence 1577, in-4o, nouvelle edition augmentée ibid. 1588 (Le récollet Jean Blancon de Toulouse a traduit cet ouvrage en français, sous le titre de Vies des Saints et Saintes, Bienheureux et Hommes illustres de l'Ordre sacré de S. Dominique, Paris 1616, in-4°. ); Hartzheim, Biblioth. Colon., hac J. A. Fabricius; Biblioth. latina medii et inf. ævi, h. v. Magna bibliotheca ecclesiastica; J. F. Reinmann, Liter. Gesch. der Deutschen, II, 207; Jacques Brucker, Histor. critica philosophiæ, III, 788 sqq. Natalis Alexander, Hist. eccles. t. XV, p. 256, edit. Bingensis, etc.

voce ;

L'AN 1280.

LE B. ALBERT naquit en 1193, ou en 1205, à Lauingen, sur le Danube, de l'illustre famille des seigneurs de

(1) Séraphin Razzi, célèbre Dominicain, naquit à Florence le 16 Décembre 1531. Il fit de grands progrès dans la théologie, l'histoire et dans

Bollstædt, et reçut, à cause de ses éminentes qualités, le surnom de Grand (2). Adonné de bonne heure à l'étude

d'autres branches qui s'y rattachent. A tant de connaissances il joignait la modestie, la piété et l'humilité. Nous avons de lui les ouvrages suivans:

1° De locis theologicis prælectiones, Pérouse 1603, in-4°. Cet ouvrage est un extrait de Melchior Cano;

2o La corona anglica, overo cinque libṛi ne' quali si tratta in lingua volgare della sostanzia degli angeli, della loro intellizione, della loro volonta, della loro erudizione et della loro administrazione, seguitando l'orme di Tomaso d'Aquino ;

3o De incarnatione, collationes habitæ in generali studio perusino, anno 1573;

40 Cento casi di conscienza, Florence 1578 et 1585, réimprimés plusieurs fois à Vénise;

50 Summa confessorum etc.;

6o Quattro libri sopra la sfera del mondo etc., imprimés à Lucques; 7o Lezzioni sopra Tobia, Foligno 1569;

80 Des sermons en très-grand nombre;

9° Un libro di laudi (sensa poesie) con la propria musica, Venise 1563; 10o Il rosario della madonna etc. Florence 1583;

11o L'innario dominicano, con le annotazioni in prosa, Pérouse 1587, in-4o; 120 Vite Dei santi etc.;

Ce dernier ouvrage contribua le plus à la réputation de l'auteur; il demandait des recherches infinies. L'auteur raconte que dans le cours seul de l'année 1572 il fit à pied plus de 900 milles d'Italie et parcourut la marche d'Ancone, la Romagne, la Lombardie, le Piémont, pour visiter les archives des églises et des monastères, les bibliothèques, les dépôts publics, et recueillir les matériaux nécessaires pour composer ces vies.

Il publia encore beaucoup d'autres ouvrages, dont la nomenclature se trouve dans la Litteratura faventina de Mitarelli.

Razzi écrivait avec facilité et assez d'élégance, soit en latin, soit en italien. Il atteignit un âge très-avancé et ne mourut qu'après 1613.

(2) Heumann présume qu'Albert fut surnommé le Grand, parce que son nom de famille était non-seulement Bollstædt, mais aussi Geart. ( Act., phil. vol. III, p. 756, note a, et en d'autres endroits ). Quoi qu'il en soit, on le regarde universellement comme digne du surnom de Grand.

des sciences, il s'acquit, par l'application et la prière, des connaissances étendues et variées (3). Il en puisa les premiers principes dans sa patrie, et se perfectionna à Paris et à Padoue. Dans la dernière de ces villes il entra en contact avec le B. Jordan, général des Dominicains, aux sollicitations duquel il se fit recevoir en 1-222 ou 1223 dans l'ordre de S. Dominique.

Dès-lors on vit briller les connaissances d'Albert dans plusieurs chaires. Hildesheim, Ratisbonne, Cologne et Paris en jouirent successivement. Son regard pénétrait les mystères de la nature, et découvrait les facultés de l'esprit humain jusque dans leurs dernières profondeurs. Les recherches et les doctrines d'Aristote étaient la base de ses leçons, et la divine révélation était le flambeau qui portait de la lumière dans les nombreuses questions que la raison humaine était impuissante à résoudre (4).

Des connaissances aussi variées et la grande réputation de science dont il jouissait ne portèrent aucune atteinte à l'humilité du pieux religieux. L'oraison était chez lui la source de toute consolation et de tous ses progrès dans les sciences. Souvent il renvoyait ses auditeurs à cette source divine, la seule où l'on puisse puiser la véritable sagesse. Lorsqu'il faisait ses leçons publiques à Cologne, il comptait parmi ses disciples S. Thomas d'Aquin, dont il révéla déjà

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(3) Plusieurs auteurs racontent que, dénué de moyens, il ne fit dans le principe que peu de progrès dans la carrière de la science; mais qu'un jour, après une fervente prière, il se vit tout-à-coup doué comme par miracle des plus brillantes qualités de l'esprit.

(4) Ce qu'on raconte de sa connaissance dans les secrets de la nature provient peut-être de ce que dans ses recherches il fit des découvertes inconnues à ses contemporains. Il n'était pas rare à cette époque de voir un esprit profond obtenir, par ses connaissances, la réputation d'être initié à des sciences secrètes et même accusé de sorcellerie.

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