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comme un astre par la perfection de sa vertu, et il fut depuis, par l'exemple de sa vie, un modèle pour l'état monastique. On le tira malgré lui de sa retraite, pour le placer sur le siége de Lyon, vers l'an 434. On vit en lui un pasteur fidèle, soupirant sans cesse après la céleste patrie, humble d'esprit, riche en bonnes œuvres, puissant en paroles, accompli en tout genre de sciences, et de beaucoup supérieur aux plus grands évêques de son temps. C'est le témoignage que rend de lui Claudien Mamert. Il assista au premier concile d'Orange, en 441. On lui attribue à Lyon la fondation de plusieurs églises, et d'autres pieux établissemens. L'opinion la plus probable est qu'il mourut en 450 (6).

Saint Paulin de Nole, saint Honorat, saint Hilaire d'Arles, Claudien Mamert, saint Sidoine Apollinaire, et tous les grands hommes du même siècle, recherchèrent l'amitié de saint Eucher. Ils s'accordent tous à faire de magnifiques éloges de sa vertu. Le saint évêque de Lyon se montra zélé défenseur de la doctrine de saint Augustin contre les semi-pélagiens (7).

Voyez Gennade, la chronique de Marcellin, Adon, Usuard, Théophile Raynaud, Indiculus SS. Lugdunensium; Tillemont, t. XV; Ceillier, t. XIII; Fabricius, Bibl. Eccl. ad Gennad. c. 63; D. Rivet, Histoire Littéraire de la France, t. II, p. 275-293; le Gallia Christ. nova, t. IV, p. 24.

(6) Voyez Tillemont et D. Rivet.

(7) Antelmi, chanoine de Fréjus, a soutenu que saint Eucher, qui souscrivit le concile d'Arles en 524, celui de Carpentras en 527, et le second d'Orange en 529, n'était point évêque de Lyon, mais de quelque siége de la province de Vienne. Il est cependant appelé évêque de Lyon par l'auteur contemporain de la vie de sainte Consorce, vierge, qui florissait en Provence dans le sixième siècle, et qui est nommée dans le martyrologe romain, sous le 22 Juin. Ce saint Eucher, second du nom, est fort différent de celui dont nous venons de donner la vie :

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† Ste AGNÈS D'ASSISE, VIERGE, DE L'ORDRE DE

SAINTE-CLAIKE.

Tiré des Leçons de son office, de la Vie de saint François d'Assise par le P. Chalippe, et de l'Abrégé de la Vie des Saints des trois ordres, par le P. Férot, tom. Ier, p. 418.

L'AN 1253.

L'EXEMPLE est un des moyens les plus puissans pour porter les âmes à la pratique de la vertu. C'est peut-être à la générosité avec laquelle sainte Claire se consacra au Seigneur entre les mains de saint François, qu'Agnès, sa sœur, dut le courage de la suivre et le bonheur de parvenir au degré éminent de perfection auquel elle est arrivée.

Agnès naquit à Assise vers l'an 1196, elle appartenait à une bonne famille, et fut élevée dans la crainte de Dieu par Hortulane sa mère. Elle n'avait que seize ans, lorsque sa sœur Claire, qui était son aînée, quitta la maison de leurs parens pour embrasser la vie pénitente sous la conduite de saint François. Cette démarche et les motifs qui l'avaient causée, touchèrent si sensiblement Agnès, qu'au bout de seize jours elle se décida à aller rejoindre sa sœur et à partager avec elle les austérités de sa nouvelle profession. Claire, qui s'était retirée chez les Bénédictines de Saint-Ange près d'Assise, en attendant qu'elle eût une demeure particulière, apprit avec une grande joie la résolution d'Agnès, pour qui elle avait prié, et elle lui dit :

il occupa le siége de Lyon depuis 523 jusqu'en 53o. Voyez le Gallia Chr. nova, t. IV, p. 31, et Antelmi, Assertio pro unico S. Eucherio Lugdunensi, Paris, 1726, in-4°.

« Je rends grâces à Dieu de ce qu'il m'a tirée de l'inquié.»tude où j'étais à votre sujet. >>

La satisfaction qu'éprouvaient les deux sœurs de se trouver réunies, fut bientôt troublée par l'indignation que fit éclater leur famille, en apprenant la fuite d'Agnès. Douze entre les principaux de leurs parens accoururent dès le lendemain tout furieux au monastère de Saint-Ange. Ils feignirent d'abord de venir avec un esprit de paix : mais étant entrés et se tournant vers Agnès, car ils n'attendaient plus rien de Claire : Qu'êtes-vous venue faire ici ? lui

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» dirent-ils; revenez promptement au logis avec nous. Elle répondit qu'elle ne voulait point quitter sa sœur. Alors un chevalier oubliant toute mesure, se jette sur elle avec furie, la frappe à coups de poing et à coups de pied, et la tire par les cheveux, tandis que les autres l'enlevaient entre leurs bras. Tout ce que put faire cette innocente brebis ravie par les loups, fut de s'écrier «Ma chère sœur,

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à mon secours, ne souffrez pas qu'on m'enlève à Jésus» Christ. » Claire ne put la secourir qu'en priant Dieu avec larmes de la rendre constante et de réprimer la violence de ses ravisseurs. Cette prière fut suivie d'un effet miraculeux; car, comme les parens d'Agnès la traînaient à la descente d'une montagne, déchirant ses habits et couvrant le chemin de ses cheveux, parce qu'elle ne cessait point de leur résister, elle devint tout-à-coup si pesante, qu'il leur fut impossible de la lever de terre, même avec le secours de ceux qui accoururent des champs et des vignes. Ce prodige ne les toucha pas; au contraire, ils en devinrent plus obstinés, et un oncle d'Agnès nommé Monald, leva le bras pour lui donner un coup dont il l'aurait tuée, si la puissance divine ne l'eût arrêté dans le moment par une extrême douleur qu'il sentit à ce bras et qui lui dura long-temps. Alors, malgré leur opiniâtreté, ils la laissèrent libre et se retirèrent.

T. XVII.

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Sortie victorieuse d'un si grand combat, Agnès, demimorte, fut consolée par Claire, qui était venue sur le lieu de la scène, et qui avait prié leurs parens de se retirer. Elles retournèrent toutes deux au monastère, où S. François, qui avait été instruit de l'événement, vint lui donner l'habit de religion. Il choisit un nouvel asyle pour les deux sœurs, et leur indiqua une maison qui touchait à SaintDamien, église qu'il avait autrefois réparée. Cette maison devint le berceau de l'ordre des Clarisses, qui depuis six siècles donne tant d'édification au monde chrétien.

Agnès, animée par les grands exemples de vertu qu'elle recevait de sainte Claire, fit des progrès rapides dans les voies de la perfection, et se rendit surtout recommandable par son amour pour les austérités. Jusqu'à la mort, elle porta un rude cilice. Sa nourriture journalière était le pain et l'eau. Tout le temps que son emploi lui laissait libre, elle le passait à la prière et à la contemplation; souvent elle y tombait dans des extases prolongées. Sainte Claire la vit un jour élevée de terre et ornée de trois couronnes'; c'était à un moment où Agnės priait avec une ferveur trèsgrande dans un coin du chœur. L'on rapporte d'elle d'autres grâces extraordinaires qui prouvent la perfection de

sa vertu.

Un nouveau monastère de Clarisses ayant été établi à Florence, saint François choisit Agnès pour le gouverner. Cette sainte fille y trouva plusieurs jeunes personnes de familles distinguées, que la grâce avait arrachées au monde; elle les forma, autant par ses exemples que par ses leçons, à la vie religieuse et à la pratique de l'institut austère qu'elles avaient choisi. Après avoir passé quelque temps dans ce monastère, elle revint à Assise, où elle termina sa sainte vie par une mort précieuse aux yeux de Dieu. Son bienheureux trépas arriva en 1253, trois mois après le décès de sainte Claire. Elle fut enterrée dans l'église de Saint

Damien, mais depuis son corps a été transporté dans le monastère attenant à l'église de Saint-Georges. Les miracles qui se sont opérés à son tombeau portèrent le Pape Pie VI à permettre qu'on l'honorât d'un culte public. La congrégation des Rits fit connaître cette décision par son décret du 3 Décembre 1777

Heureuse la fille chrétienne que le Seigneur appelle à faire son salut loin du monde ! bien plus heureuse encore celle qui, après s'être assurée des desseins de Dieu sur son âme, a le courage de s'élever au-dessus de la chair et du sang, de franchir les obstacles, et de se rendre docile à la voix de son divin Maître! que de chagrins elle s'épargne! que de consolations elle se ménage pour le temps! mais surtout quelle récompense elle s'assure pour l'éternité !

mmmmmmmmmmmmmmmmmm⌁⌁★★mmmmmmmmmm

17 Novembre.

S. GRÉGOIRE THAUMATURGE; ÉVÊQUE DE
NÉOCÉSARÉE.

Tiré de sa vie, écrite par saint Grégoire .de Nysse, d'Eusèbe, Hist 1. 6, c. 23; de saint Jérôme, in Catal.; du discours prononcé par le Saint en présence d'Origène; de saint Basile, l. de Spir. c. 29 ep. 63, 64, 65. Voyez Tillemont, t. IV; Ceillier, t. III, p. 307, etc

L'AN 270.

THÉODORE, appelé depuis Grégoire, et surnommé Thaumaturge à cause de ses miracles, naquit à Néocésarée dans le Pont. Ses parens, distingués par leur fortune et leur rang, étaient engagés dans les superstitions du paganisme. Il perdit son père à l'âge de quatorze ans. Il commença dès-lors à découvrir le faible de l'idolâtrie; et à mesure que

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