Images de page
PDF
ePub

sous le 17 Novembre, dans tous les martyrologes d'Orient et d'Occident (12).

Les plus beaux génies qui aient existé, les hommes les plus recommandables par leur pénétration, leur jugement, l'étendue de leurs connaissances, qui étaient en même temps vrais, sincères, nullement dominés par l'intérêt des passions, dont l'éminente sainteté était regardée comme un prodige, déposent en faveur de la divinité du christianisme, en faveur de la certitude des miracles, qui, en le confirmant, en procurèrent l'établissement. Leur témoignace a d'autant plus de force, qu'il était plus désintéressé, et rendu par des hommes dont toute la conduite portait l'empreinte de l'humilité, de la douceur et de la charité. Comment donc de prétendus philosophes viennentils nous dire aujourd'hui que le bon sens est exclusivement leur partage, et que plus un homme a de lumières et de génie, moins il croit à la religion chrétienne? Mais les efforts qu'ils font pour couvrir de ridicule cette religion sainte, sont aussi insensés que sacriléges; les ténèbres qui les aveuglent sont formées par les nuages impurs qu'exhale la corruption de leur cœur. Qu'ils examinent avec impartialité les causes de leur incrédulité, ils verront qu'ils n'attaquent la révélation, que parce qu'elle les condamne, et que l'intérêt seul de leurs passions éteint en eux le flambeau de la foi. S'ils renonçaient à leurs vices, et qu'ils pesassent avec droiture les motifs qui déterminent le chrétien et l'incrédule, leurs difficultés ne tarderaient pas à s'é

Grégoire pour la pauvreté, est imparfait et tronqué dans les imprimés. Montfaucon l'a donné tout entier, Bibl. Coïsliana, p. 180.

(12) La ville de Néocésarée, dont saint Grégoire Thaumaturge a été évêque, fut depuis érigée en archevêché. Les Grecs l'appellent présentement Nixar, qui est une corruption du nom primitif. Les Turcs la nomment Tocate. C'est le siége d'un beglierbey, ou gouverneur de province. ·

[ocr errors]

vanouir, et ils sentiraient toute l'évidence des preuves qui démontrent la divinité du christianisme. Les absurdités les contradictions, les inconséquences, la mauvaise foi qu'on découvre dans leurs livres les plus vantés, feront tou* jours dire au chrétien que la raison n'est point pour eux, puisqu'ils en heurtent si visiblement les premiers principes. Quel est donc celui qui fait de la raison l'usage le plus légitime et le plus glorieux? C'est le fidèle qui se soumet à la révélation, dont la divinité ne peut être révoquée en doute par quiconque examinera de bonne foi les motifs de crédibilité qui lui servent de fondement.

mmmwww

S. DENYS, ÉVÊQUE D'ALEXANDRIE.

L'AN 265.

SAINT BASILE et les autres Grecs donnent ordinairement à saint Denys le titre de Grand, et saint Athanase l'appelle le docteur de l'Eglise catholique. Ses parens étaient riches et distingués dans le monde. Il paraît qu'il naquit à Alexandrie, qui était alors le centre des sciences; il parcourut avec succès les différentes branches de la littérature profane, et le désir qu'il avait d'apprendre, le conduisit insensiblement à connaître le ridicule et l'impiété du paganisme dans lequel il était né. Les épîtres de saint Paul, qu'il voulut lire, lui offrirent des charmes qu'il n'avait point trouvés dans les écrits des philosophes son cœur fut touché, en même temps que son esprit était éclairé; enfin il quitta l'idolâtrie, et se fit chrétien. Il nous apprend luimême qu'il dut sa conversion à une voix qui se fit entendre à lui dans une vision, ainsi qu'à son amour pour des lectures réfléchies, et à l'impartialité avec laquelle il examinait les diverses opinions.

Son changement fut si parfait, qu'il ne voulut plus vivre que pour Dieu : il foula aux pieds toute la gloire du monde; il méprisa les avantages qu'il devait se promettre de sa naissance, de son mérite et des premières dignités. Il se mit au nombre des disciples d'Origène, qui tenait l'école des catéchèses à Alexandrie; ses progrès dans la science de la religion et de la piété le firent élever au sacerdoce. Il fut chargé de la même école en 231, l'année qu'Héraclas, qui avait aussi exercé cet emploi, fut élu évêque d'Alexandrie. L'an 248, le cinquième de l'Empereur Philippe, on le donna pour successeur à Héraclas, sur le siége de cette ville.

Le règne de Philippe avait été favorable aux chrétiens : mais la paix dont ils jouissaient fut troublée après l'exaltation de saint Denys. Une persécution, excitée par la populace d'Alexandrie, fit répandre dans cette ville le sang de plusieurs fidèles (1). Peu de temps après, Dèce massacra Philippe, et prit la pourpre. La persécution devint alors générale et plus violente. On fit souffrir des tortures horribles aux chrétiens, sans distinction d'âge, de sexe et de rang. Plusieurs se sauvèrent sur les montagnes et dans les bois, où ils périrent de faim et de misère. Quelquesuns tombèrent entre les mains des Sarrasins, et furent condamnés à une servitude pire que la mort même. Mais de tous ces maux, il n'y en eut point qui toucha plus vivement le saint évêque, que l'apostasie de ceux qui s'étaient laissé vaincre par les tourmens. Ce scandale fut cependant en quelque sorte réparé par la constance invincible du plus grand nombre, et par la conversion miraculeuse de plusieurs païens. Il y en eut en effet parmi ceux-ci, qui, ayant d'abord insulté les martyrs, furent tellement frappés de leur

(1) Voyez la vie de sainte Apollonie, sous le 9

Février.

douceur et de leur courage, qu'ils déclarèrent tout à coup qu'ils étaient chrétiens, et prêts à souffrir les plus cruels supplices pour la religion qu'ils embrassaient. Deux firent cette déclaration en présence même du juge; et leur résolution courageuse le surprit et l'effraya tout à la fois. Ayant été condamnés, ils allèrent au lieu du supplice, en remerciant Dieu, et en se réjouissant du glorieux témoignage qu'ils rendaient à Jésus-Christ (2).

Ce fut au commencement de l'année 250, que les édits sanglans de Dèce furent publiés à Alexandrie. Le saint évêque ne négligea rien pour préparer au combat les soldats de Jésus-Christ. Sabin, préfet ou gouverneur d'Egypte, envoya un garde pour se saisir de sa personne; mais il échappa, en restant quatre jours caché dans sa maison, où le garde n'alla point, persuadé sans doute qu'il ne devait plus y être. Denys en sortit alors, comme nous l'apprenons de lui-même, dans la vue de trouver une retraite assurée. Dieu permit que les choses tournassent autrement; il tomba dans les mains des persécuteurs, avec ceux qui l'accompagnaient; et tous furent conduits à la petite ville appelée Taposiris. Une troupe considérable de paysans, informés de ce qui venait de se passer, prennent les armes et volent au secours de leur évêque. Ils se présentent aux gardes que la crainte fait fuir, et se rendent maîtres des prisonniers. Ils enlèvent de force l'évêque qui attendait la mort à chaque instant, et l'obligent de pourvoir à sa sûreté. Denys se retira dans un désert de la province de Marmorique en Lybie, et y resta caché avec les prêtres Pierre et Caïus qui l'avaient accompagné, jusqu'à la fin de la persécution, qui arriva au milieu de l'année 251. Durant cet

(2) Voyez S. Dionysius, Ep. ad Fab. Antioch. ap. Euseb. Hist. 1. 6, c. 41, 42.

intervalle, il ne cessa de veiller au soin de son troupeau, de ceux sur-tout qui souffraient pour la foi. Il leur envoyait des prêtres pour les consoler, et il leur donnait par lettres les instructions relatives à la situation où ils se trouvaient.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Saint Denys était de retour à Alexandrie, lorsqu'il fut instruit du schisme formé contre le Pape Corneille, et qui avait Novatien pour auteur. Cet antipape lui représenta son élection, comme ayant été faite selon les règles. Denys lui fit une réponse dont il n'eut pas lieu d'être satisfait. « Vous » deviez, lui disait-il, tout souffrir plutôt que d'exciter un >> schisme dans l'Eglise. Mourir pour la défense de l'unité de l'Eglise, est aussi glorieux, et même selon moi plus glorieux, que de refuser aux dépens de sa vie, de sacrifier aux idoles, parce qu'il s'agit alors du bien général de l'épouse de Jésus-Christ..... Si vous ramenez vos frères à l'unité, vous réparerez votre faute, vous la » ferez oublier, et vous mériterez de justes éloges. Si vous ne pouvez gagner les autres, vous sauverez du moins votre âme. » Le Saint évêque écrivit plusieurs fois au clergé de Rome et aux confesseurs, qui, trompés par les appas'étaient déclarés en faveur du schisme. Ses exhortations eurent le succès qu'il en espérait. Les confesseurs renoncèrent au schisme avant la fin de l'année : et comme Novatien enseignait que l'Eglise n'avait point le pouvoir de remettre certains péchés, il ordonna, pour témoigner l'horreur qu'il avait de cette hérésie, d'accorder la communion à tous ceux qui la demanderaient à la mort.

[ocr errors]
[ocr errors]

rences,

Fabien, évêque d'Antioche, paraissait incliner pour le rigorisme outré de Novatien envers ceux qui étaient tombés dans la persécution. Saint Denys lui écrivit plusieurs lettres à ce sujet. Il lui raconte dans une de ces lettres ce qui était arrivé à Sérapion. C'était un vieillard qui avait eu le malheur de succomber aux tourmens et de sacrifier. On l'avait exclus de la communion, et il était en pénitence

« PrécédentContinuer »