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insiste encore dans son épître canonique, sur l'extrême pureté de l'âme et du corps, requise dans tous ceux qui approchent de la Table sainte et qui reçoivent le corps et le sang du Seigneur (6).

Quelque temps avant sa mort, il défendit la divinité de Jésus-Christ, contre Paul de Samosate, évêque d'Antioche, qui joignait à l'hérésie un orgueil insupportable, et beaucoup d'autres vices. Il fut invité au concile qui se tint à Antioche, en 264, contre cet hérésiarque. Son grand âge et ses infirmités ne lui ayant point permis d'y assister, il réfuta les nouvelles erreurs dans plusieurs lettres qu'il écrivit à l'église de cette ville, et dans lesquelles il ne salua point celui qui en était évêque (7). Paul, par son hypocrisie, évita pour lors la condamnation qu'il méritait, et resta encore quelque temps sur son siége. Saint Denys mourut à Alexandrie, vers la fin de l'année 265, après avoir gouverné son église, avec autant de sagesse que de sainteté, environ dix-sept ans. Sa mémoire, dit S. Epiphane, se conserva à Alexandrie par une église qui fut dédiée sous son nom, et encore plus par ses incomparables vertus et ses excellens écrits.

Voyez Eusèbe, Hist. 1. 6 et 7; saint Jerôme, in Catal., etc. Tillemont, t. IV; Cave, t. I, Ceillier, t. III, p. 241.

(6) V. Ep. Canon. S. Dion. Alex. inter Canones Ecclesiæ Græcæ, per Berevegium.

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ON croit que saint Agnan était originaire de Vienne dans la Gaule, et qu'il vécut quelque temps reclus dans une cellule près de cette ville. Il se rendit depuis à Orléans, où il fut attiré par la réputation du saint évêque Euverte. Ayant été ordonné prêtre, il eut la conduite du monastère de Saint-Laurent des Orgerils, situé dans le faubourg d'Orléans, et qui n'est plus qu'un prieuré de Cluni. S. Euverte, qui sentait sa fin approcher, le demanda pour successeur, ce qui lui fut accordé ; il quitta l'administration de son diocèse, et mourut peu de temps après, c'est-à-dire, le 7 Septembre 391.

Saint Agnan justifia par sa conduite le choix qu'on avait fait de lui. Il fit rebâtir avec plus de magnificence l'église de Sainte-Croix, fondée par son prédécesseur. On lui attribue l'obtention du privilége qu'ont les évêques d'Orléans, de délivrer tous les prisonniers à leur entrée dans la ville (1).

Il y avait près de soixante ans qu'il était évêque, lorsque les Huns, conduits par Attila, vinrent mettre le siége devant Orléans. Il avait prévu l'orage, et avait fait le voyage d'Arles, pour demander du secours au général Aëtius. Cependant les barbares pressaient le siége. Saint Agnan encourageait son peuple, et l'exhortait à mettre en Dieu sa confiance. Tous s'adressèrent au Ciel par de ferventes prièdans l'attente du secours qui leur avait été promis.

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(1) Ce privilége est du moins fort ancien. Yves de Chartres, Ep. ad Sanctium Aurelian. en parle comme d'un usage qui de son temps avait déjà passé en coutume.

Enfin, lorsque tout semblait désespéré, les Romains, auxquels s'étaient joints les Visigoths, parurent, vainquirent et dispersèrent les barbares. On attribua cette victoire encore plus aux prières et à la prudence du saint évêque, qu'à la bravoure d'Aëtius, qui presque seul soutenait l'empire romain sur le penchant de sa ruine.

On met la mort de saint Agnan, le 17 Novembre 453. On l'enterra dans l'église de Saint-Laurent des Orgerils, d'où son corps fut depuis transféré dans celle de SaintPierre, qui a pris le nom du Saint. Il est nommé en ce jour dans les anciens martyrologes. Les huguenots pillèrent sa châsse en 1562, et brûlèrent ses reliques avec celles de plusieurs autres Saints qui reposaient dans le même lieu.

Voyez Baillet; le Gallia Christ. nova " t. VIII, p. 1411; le P. Longueval, Hist. de l'Eglise Galicane, t. I, p. 404 et 405; t. II, p. 67.

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S. GRÉGOIRE, ÉVÊQUE DE TOURS.

L'AN 595.

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GEORGE FLORENTIUS GRÉGOIRE fut le plus bel ornement de l'église de Tours, après saint Martin. Il sortait d'une des plus riches et des plus illustres familles d'Auvergne où la piété semblait héréditaire. Léocadie, son aïeule, descendait de Vettius Epagatus, martyr de Lyon. Saint Gal, évêque de Clermont, était son oncle paternel. Armentaria, sa mère, était petite-fille de saint Grégoire, qui mérita par ses vertus d'être élevé sur le siége de Langres. Il vint au monde le 30 Novembre 539. Il n'eut d'abord d'autre nom que George Florentius. On croit qu'il n'y ajouta celui de Grégoire, que par respect pour la mémoire de saint Grégoire de Langres, son bisaïeul.

Il fut élevé sous la conduite de saint Gal, son oncle. Il ne donna qu'une application médiocre aux belles-lettres; mais il acquit une grande connaissance de toutes les sciences ecclésiastiques. Son oncle lui conféra la tonsure. Saint Avit, successeur de saint Gal, l'ordonna diacre.

Ayant été guéri d'une maladie dangereuse, il voulut, pour témoigner à Dieu sa reconnaissance, visiter le tombeau de saint Martin à Tours. Peu de temps après son départ de cette ville, le clergé et le peuple, qui venait d'admirer sa piété, son savoir, son humilité, l'élurent pour remplacer le saint évêque Euphrone, que la mort leur enlevait. Les députés chargés de lui annoncer son élection, le trouvèrent à la cour de Sigebert, Roi d'Austrasie. Forcé de se rendre au vœu du diocèse de Tours, il fut sacré par Gilles, évêque de Reims, le 22 Août 573. Il avait alors trente-quatre ans (1). Par son zèle, il fit fleurir la religion et la piété. Il rebâtit sa cathédrale, fondée par saint Martin, et plusieurs autres églises. Il défendit les franchises de celle de Saint-Martin, en refusant de livrer à Chilpéric le duc de Gontran, qui s'était retiré dans cet asyle, qu'on regardait alors comme inviolable. Chilpéric s'était emparé de la ville de Tours après l'assassinat de Sigebert, et Gontran avait mis Childebert II, fils de ce prince, sur le trône de son père. Le duc, qui craignait le ressentiment de Chilpéric, s'était renfermé dans l'église de SaintMartin.

Le saint évêque de Tours assista au concile qui se tint à Paris en 577, contre Prétextat, évêque de Rouen, que Frédégonde, femme de Chilpéric, voulait perdre absolu

(1) D. Rivet dit que saint Grégoire avait alors environ 30 ans ; mais il est certain, par le témoignage même du Saint, 1. 3 de mirac. S. Martini, c. 10, p. 1087, qu'il en avait 34. V. Ruinart, not. ibid.

ment. Il prit la défense de ce prélat, faussement accusé de divers crimes, reprocha à quelques évêques leur indigne complaisance pour la Reine, et empêcha du moins que l'affaire ne fût portée aux dernières extrémités (2).

Frédégonde, dont la vengeance n'avait point été entièrement satisfaite, ne le pardonna point à l'évêque de Tours. Elle trouva un digne ministre de sa fureur dans Leudaste, comte de Tours. C'était un homme de néant qui, à force d'intrigues et de crimes, s'était élevé aux premières places. Il chargea Grégoire de diverses accusations qu'il rendit vraisemblables, et dont il se vanta de fournir la preuve. Chilpéric convoqua une assemblée d'évêques à Berni, près de Compiègne (3), pour juger cette affaire. Grégoire y fut mandé comme les autres. On découvrit la calomnie, et on reconnut l'innocence de l'évêque de Tours. Ses accusateurs furent traités comme ils le méritaient, et Leudaste périt depuis misérablement.

Grégoire eut ensuite une dispute assez vive avec Félix, évêque de Nantes. Il s'agissait d'une terre de l'église de Tours que Félix voulait avoir. Celui-ci tomba malade peu de temps après, et résigna son évêché à Burgundio, son neveu, qui n'avait que vingt ans, et qui n'était pas encore tonsuré. Grégoire refusa d'ordonner le résignataire, 'pour ne pas violer les canons qui défendaient de nommer à l'épiscopat quelqu'un qui n'était point engagé dans les saints ordres.

Nous croyons devoir rapporter ici un fait qui arriva à Berni. Un gentilhomme, nommé Daccon, fut condamné

(2) Voyez l'Hist. de ce concile dans la vie de saint Prétextat, sous le 24 Février.

(3) Les historiens avaient traduit jusqu'à présent Brennacum par Braine sur Vesle, à trois lieues de Soissons: mais l'abbé Leboeuf a donné des raisons convaincantes pour Berni, près de Compiègne. Voyez la vie de saint Grégoire de Tours, par M. Levesque de la Ravallière.

T. XVII.

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