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ses soins à la décence du culte extérieur; il acheva sa ca

thédrale (2).

Henri II mourut en 1198, après un règne de trentequatre ans, et Richard I lui succéda. Hugues l'exhorta, comme son prédécesseur, à réprimer ses passions, et à ne point opprimer ses sujets. Il défendit aussi avec une généreuse liberté les immunités de l'Eglise. Il tint la même conduite sous le Roi Jean, qui monta sur le trône en 1199. Ce dernier prince l'envoya, en qualité d'ambassadeur, à la cour de Philippe-Auguste, Roi de France, pour conclure la paix entre les deux couronnes; et la réputation de sainteté dont jouissait l'évêque de Lincoln, ne contri. bua pas peu au succès de la négociation (3). Hugues, avant de quitter la France, voulut visiter la grande Chartreuse. Ayant logé durant la route dans une Chartreuse appelée Arneria, quelques moines lui demandèrent des nouvelles. Etonné de cette question, il leur répondit qu'un évêque, obligé par état de vivre dans le monde, pouvait quelquefois savoir des nouvelles et en parler, mais que cela était défendu à des religieux qui étaient morts au monde, et qui devaient ignorer ce qui s'y passait.

(2) La cathédrale de Lincoln fut bâtie en 1085 par Remi, qui transféra dans cette ville en 1092 le siége de Dorchester. Elle fut brûlée trente-huit ans après. L'évêque Alexandre commença à la rebâtir, et la fit voûter en pierre. Saint Hugues y fit faire des augmentations et des embellissemens considérables; il bâtit aussi le chapitre. La longueur de cette église est de 483 pieds de l'orient à l'occident, et de 223 pieds du midi au nord. C'est un des plus beaux édifices gothiques qu'il y ait en Angleterre, après la cathédrale d'Yorck, qui a cinq cent vingtquatre pieds et demi de longueur, sur deux cent vingt-deux pieds de largeur dans la croix. Il y avait autrefois beaucoup de maisons religieuses à Lincoln. On en voit encore les ruines dans des granges, des étables, etc. (3) Voyez les articles de ce traité de paix dans les Fœdera de Rymer, t. I, p. 118.

Il arriva à Londres lorsqu'on était sur le point de faire à Lincoln l'ouverture d'un concile. Il se proposait d'y assister, mais il en fut empêché par une fièvre qui le saisit, et qui, suivant l'auteur de sa vie, était la suite de son excessive abstinence. Il prédit sa mort, et s'y prépara par les exercices de la plus fervente piété. On lui administra le saint Viatique et l'Extrême-Onction le jour de saint Matthieu, mais il vécut encore jusqu'au dix-sept du mois de Novembre suivant. Ce jour il fit réciter l'office divin dans sa chambre par ses chapelains, auxquels s'étaient joints plusieurs moines et plusieurs prêtres. Voyant qu'ils pleuraient, il les consola, et les pria chacun en particulier de le recommander à la bonté divine. Enfin, il se fit étendre sur une croix de cendres bénites, qu'on avait formée sur le plancher de sa chambre; et il expira en récitant le cantique, Nunc dimittis, l'an 1200 de Jésus-Christ, le soixantième de son âge, et le quinzième de son épiscopat. On embauma son corps, et on le porta solennellement de Londres à Lincoln. Un grand nombre d'évêques, d'abbés et de personnes qualifiées, assistèrent à ses funérailles. Jean, Roi d'Angleterre, et Guillaume, Roi d'Ecosse, mirent le cercueil sur leurs épaules, lorsqu'on le portait à l'église. Le second de ces princes, qui avait aimé le Saint tendrement, fondait en larmes (4). Trois paralytiques et quelques autres malades furent guéris à son tombeau. Il fut canonisé par Honorius troisième et quatrième du nom. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

(4) Guillaume, Roi d'Ecosse, succéda à Malcolm IV en 1165, et hérita de son amour pour la religion. En 1174, Henri II, Roi d'Angleterre, le fit prisonnier, et le tint long-temps renfermé dans la tour de Falaise en Normandie. Ce prince, ayant recouvré sa liberté, rétablit son royaume dans l'indépendance, et régna avec autant de bonheur que de gloire. Sa grandeur d'âme dans l'adversité ne fut pas moins ad

Voyez la vie de saint Hugues, par Adam, Chartreux de Londres (5), en 1340, et l'abrégé de cette vie par un autre Chartreux du même siècle; elle a été publiée avec des notes par D. Bernard Pez : Bibl. Ascetica, t. X, p. 3. Il y a aussi une vie Mss. du Saint dans la bibliothèque du Roi à Paris, V. M. DLXXV, 15.

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18 Novembre.

LA DÉDICACE DES ÉGLISES DE S. PIERRE ET DE S. PAUL,

A ROME.

L'ÉGLISE du Vatican, dédiée sous l'invocation de saint Pierre, est la seconde église patriarcale de Rome. On y conserve la moitié des reliques de saint Pierre et de saint Paul.

Les tombeaux des conquérans et des maîtres du monde sont depuis long-temps détruits et ignorés; il n'en est pas

mirable que sa modération dans la prospérité. Ces dispositions étaient une suite de sa haute piété. Il faisait ses délices de la méditation des choses célestes. Il fonda l'abbaye de Lendorik, sous l'invocation de la Sainte-Vierge, et celle d'Aberbrock ou Arbroth, de l'ordre de Cîteaux, en l'honneur de saint Thomas de Cantorbéry, qu'il avait connu dans sa jeunesse. Il fit rebâtir la ville de Perth, qui avait été presqu'entièrement détruite par une inondation. Sa pieuse mère, de concert avec lui, fonda un monastère de Cisterciennes à Haddington. Ce bon prince mourut à Sterling, en 1214, et fut enterré dans l'abbaye d'Arbroth, la plus richement dotée de toute l'Ecosse, Hector Boétius, Lesley, etc. qui attribuent quelques cures miraculeuses. Quelques écrivains écossais l'ont nommé parmi les Saints de leur pays, sous le 4 Avril, quoiqu'il soit mort le 4 Décembre.

(5) Ce savant et pieux théologien conversait peu' avec les hommes. Il se livra aux exercices de la contemplation jusqu'à l'âge le plus avancé. Il a laissé deux traités spirituels sur les avantages de la tribulation, qui ont été imprimés à Londres, en 1530; 2o les livres intitulés : Scala Coeli attingendi, de Sumptione Eucharistiæ, Speculum spiritualium, Mss. Voyez Tanner, p. 7. V. Adam, et les manuscrits de la bibliothèque de Westminster.

de même de ceux des martyrs. La vénération des fidèles, en les consacrant, en éternise la mémoire. Parmi les lieux que ces généreux soldats de Jésus-Christ ont rendu célèbres, on distinguera toujours cette partie du Mont-Vatican qui a été arrosée du sang du Prince des apôtres, et qui est enrichie de ses précieuses dépouilles.

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<< Les tombeaux de ceux qui ont servi Jésus crucifié, » dit saint Chrysostôme (1), l'emportent sur les palais des Rois, non pas toujours par la grandeur et la magnificence des bâtimens, quoique sous ce rapport ils les >> surpassent quelquefois, mais en des choses infiniment plus importantes, et nommément par la multitude de ceux » que la piété y attire. L'Empereur, quoique revêtu de la » pourpre vient les visiter, et les honore par un respectueux baiser. Humblement prosterné, il invoque les martyrs et les conjure de prier Dieu pour lui. Enfin, celui >> qui porte le diadême, regarde comme une grande faveur du Ciel, d'avoir pour protecteur un pêcheur et un » faiseur de tentes, et il sollicite cet avantage avec la » plus vive instance. » Saint Augustin, ou l'ancien auteur d'un sermon qui lui a été attribué, s'exprime à peu près de la même manière. « On voit maintenant l'Em» pereur se prosterner devant l'autel d'un pêcheur, et les pierres précieuses de la couronne brillent sur-tout là où l'on ressent avec plus de profusion les bienfaits du pêcheur (2). »

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On dit que saint Pierre fut enterré, immédiatement après sa mort, à l'endroit où il avait été martyrisé sur le MontVatican (3), qui dans ce temps-là était hors des murs de

(1) In 2 Cor. Hom. 26, t. X, p. 625, édit. Ben.

(2) S. Aug. ol. Serm. 28, de Sanctis, nunc append. Serm. 205, t. V, p. 341, édit. Ben.

(3) Onuphrius, de Septem Urbis Basilicis ; della Sacrosancta Basilica,

la ville, et près du faubourg qu'habitaient les juifs. On porta ses reliques dans le cimetière de Calixte, d'où elles furent depuis rapportées au Vatican. Celles de saint Paul furent déposées sur le chemin d'Ostie, à l'endroit où est présentement l'église du nom de cet apôtre.

Dès les premiers temps, les chrétiens visitaient les tombeaux de saint Pierre et de saint Paul avec une dévotion extraordinaire, et avec plus d'empressement encore que ceux des autres martyrs. Caïus, prêtre de Rome, célèbre par son savoir et son éloquence, qui florissait en 210, en parle ainsi dans son dialogue avec Proclus, Montaniste (4): « Je puis vous montrer les trophées des apôtres. Soit que vous alliez au Vatican, ou sur le chemin d'Ostie, vous verrez les tombeaux de ceux qui, par leurs prédications et leurs miracles, fondèrent cette église.» Dans le temps même des persécutions, les chrétiens alloient souvent prier aux tombeaux des martyrs, ou dans les oratoires bâtis sur ces tombeaux, et ils avaient grand soin de les orner.

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Constantin-le-Grand, après avoir fondé l'église de Latran, en fit bâtir sept autres à Rome, et un nombre plus considérable dans les autres parties de l'Italie. La première des sept de Rome, située sur le Mont-Vatican, fut dédiée sous l'invocation de saint Pierre. Il y avait eu précédemment au même endroit deux temples païens, l'un d'Apollon, et l'autre de Cybèle, appelée la mère des dieux (5). L'Empereur choisit ce lieu, parce que, comme nous l'avons observé, le Prince des apôtres y avait souffert le martyre, et y avait été enterré (6). L'église de Saint-Paul fut aussi bâtie sur son tombeau, qui était sur le chemin d'Ostie.

di S. Pietro in Vaticano, Roma, 1750; et le Bullarium Basilica Vaticanæ, t. I.

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(5) V. Bianchini, Præf. in Pontific. p. 72.

(6) Foggini, de Romano S. Petri Itiner. exercit. 17, p. 403.'

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