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Toutes ces églises eurent des revenus annuels, qui montaient à dix-sept mille sept cent soixante-dix sous d'or, ce qui faisait alors une somme considérable. Elles avaient, outre cela, d'autres fonds qui provenaient des aromates d'Egypte et d'Orient. L'église de Saint-Pierre avait des maisons à Antioche, et des terres aux environs de cette ville, ainsi qu'à Tarse, en Cilicie, à Tyr, en Egypte, près d'Alexandrie, dans la province de l'Euphrate, etc. Une partie de ces terres fournissait annuellement de quoi entretenir les lampes, avec de l'encens et d'autres aromates, pour brûler dans les encensoirs. Anastase parle au long des vases d'or et d'argent que donna Constantin pour le service des mêmes églises : peut-être cependant confond-il les présens de cet Empereur avec ceux qui furent faits depuis (7).

Les églises bâties par Constantin étaient de la plus grande magnificence et ne le cédaient point à ce que l'architecture avait produit de plus parfait dans l'empire. On en peut juger par la description que donne Eusèbe de l'église de Tyr, puisque ce fut sur ce modèle, qui était conséquemment d'une grande antiquité, qu'on construisit toutes les autres (8). L'église de Saint-Pierre du Vatican menaçant

(7) Anast. Bibliot. in Sylvestro, ap. Muratori Script. Ital., t. III, part. 3, p. 105.

(8) Dans les pays où l'on n'étudiait point l'architecture, les églises ressemblaient aux autres bâtimens. Sulpice-Sévère rapporte, «< qu'étant » dans les déserts de la Lybie, près de Cyrène, il alla avec le prêtre » chez lequel il logeait, dans une église faite de branches entrelacées » ensemble, et qui pour sa pauvreté ne différait point de la maison du » prêtre, où un homme pouvait à peine se tenir debout; mais les hom» mes qui fréquentaient ces églises, étaient des hommes de l'âge d'or, >> et avaient les mœurs les plus pures. » Sulp. Sévère, Dial. 1, c. 2, p. 391. Nous apprenons de Bède, Hist. 1. 3, c. 4, qu'anciennement il n'y avait point d'églises de pierre dans toute l'Angleterre; que la coutume était de les bâtir toutes en bois, et que l'évêque Ninyas en ayant fait faire une de pierre, cela parut si extraordinaire, qu'on l'appela CanT. XVII. 26

ruine, on commença à la rebâtir sous Jules II, en 1506; et Urbain VIII la dédia en 1626, le 18 de Novembre, jour auquel se célébrait la dédicace de l'ancienne église (9).

dida Casa, Withern, ou l'Eglise blanche. Suivant le même auteur, l. 3, c. 25, Finan, second évêque de Lindisfarne, bâtit une église destinée à servir de cathédrale, non de pierre, mais de bois, et la fit couvrir de roseaux; ce ne fut que sous Eadbert, septième évêque de ce siége, qu'on en couvrit le toit et les côtés de lames de plomb. On a un exemple de cette manière grossière de bâtir anciennement en Angleterre, dans une partie d'une église qui est à un demi-mille d'Ongard en Essex. Les murs ne sont faits que de troncs d'arbres, de la hauteur d'un homme, et qui sont unis ensemble par du mortier en dedans; la couverture est de chaume. Voilà quelles étaient les églises que fréquentaient les Saints les plus illustres; mais leurs maisons n'étaient pas mieux bâties.

(9) L'église de Saint-Pierre du Vatican, ce chef-d'œuvre d'architecture, fut commencée par Bramante Lazari, qui mourut en 1514. Elle fut continuée par Raphaël d'Urbain, très-connu par son rare talent pour la peinture et pour l'architecture. A Raphaël succéda Michel-Ange Buonarotti, dont le nom sera à jamais célèbre parmis les peintres, les sculpteurs et les architectes. Ce fut lui qui fournit le dessin de la grande coupole, ainsi que des principales parties de l'église; en sorte que l'édifice, tel qu'il existe, a été présqu'entièrement construit d'après son plan. Il fut remplacé par Barozzi, auquel succédèrent Jacques de la Porta et Maderno. Ce fut Bernini ou le Bernin qui acheva l'église de Saint-Pierre sous Paul V. On peut voir, sur l'ancienne et la nouvelle église du Vatican, Fontana, de Basilica Vaticaná, Romæ, 1694, 3 vol. in-fol. Ciampini, de Templo Vaticano; le Roma subterranea, et Foggini, de Romano S. Petri et Itin. Episcopatu, Romæ, 1741, in-4°. Nous ne devons pas oublier de citer l'excellent ouvrage de M. l'abbé Mai, intitulé : Les Temples anciens et modernes, et qui a été imprimé à Paris, en 1774, in-8°. L'article de Saint-Pierre de Rome y est traité avec autant d'exactitude que d'élégance et de goût. On lira aussi avec beaucoup de plaisir, sur le même sujet, le Voyage d'Italie de M. l'abbé Richard, et le détail des plus intéressantes parties de la basilique de Saint-Pierre de Rome, par M. Dumont.

L'église de Saint-Pierre de Rome, à compter du portail, a sept cents pieds anglais de long, sur cinq cent neuf pieds de large; celle de SaintPaul de Londres en a cinq cent quatre-vingt-dix de longueur, sur deux

On garde, soit sous les autels, soit dans l'église souterraine qui est fort vaste, les reliques d'un grand nombre de Papes, de martyrs et d'autres Saints. Mais le plus précieux trésor qu'on y conserve, ce sont les reliques de saint Pierre et de saint Paul. Elles sont placées sous un magnifique autel, où le Pape seul peut dire la messe. Tout autre prêtre ou prélat n'y célèbre qu'avec une commission spéciale du Souverain-Pontife. Le souterrain qui renferme les reliques des deux apôtres, est connu sous le nom de Confession de saint Pierre, de Limina apostolorum. On y va en pélerinage avec dévotion, dès les premiers siècles du christianisme.

Les églises ne sont dédiées qu'à Dieu, mais souvent sous l'invocation de quelque Saint : c'est pour exciter les fidèles à réunir leurs prières, afin d'implorer la miséricorde divine par l'intercession de tel Saint, et pour que les églises soient distinguées par différens titres. « Ce n'est point aux » martyrs, dit saint Augustin (10), que nous érigeons des églises ou des autels, et que nous offrons le sacrifice, » parce que ce ne sont pas les martyrs, mais le Dieu des

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cent cinquante de largeur, selon les dimensions prises par le père Christophe Maire, célèbre mathématicien.

L'église de Saint-Paul, sur le chemin d'Ostie, à cinq milles du Forum de Rome, est soutenue sur cent quarante piliers de marbre blanc qu'on a tirées des bains d'Antonin. On garde la moitié des reliques de saint Pierre et de saint Paul dans un caveau souterrain sous le grand autel. Cette église appartient à une riche abbaye de Bénédictins de la congrégation du Mont-Cassin.

Ayant été réduite en cendres par un violent incendie, peu de temps après la mort de Pie VII, le Pape Léon XII adressa, sous la date du 25 Janvier 1825, une encyclique à tous les évêques, dans laquelle il invite la Chrétienté à concourir par des dons volontaires à la construction d'une nouvelle église dédiée à saint Paul.

(Note augm. d'après l'éd. allem.) (10) Voyez le catéchisme de Montpellier, t. II.

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» martyrs que nous adorons.... Entendit-on jamais le prê» tre, à l'autel élevé sur le corps d'un martyr, lui adresser » les mêmes prières qu'à Dieu ? Dit-il, Pierre, Paul, Cyprien, nous vous offrons le sacrifice, lorsqu'il prie à » l'autel de ces Saints? Ne l'offre-t-on pas au Dieu qui a >> fait ces Saints, hommes et martyrs, et qui a bien voulu >> les associer dans le ciel au bonheur de ses anges (11)? nous ne bâtissons point d'églises aux martyrs, comme à des » dieux : nous leur érigeons de saints monumens, comme » à des hommes qui sont sortis de ce monde, et dont les âmes vivent avec Dieu. Nous n'élevons point d'autels » pour y sacrifier aux martyrs; nos sacrifices sont offerts au Dieu des martyrs, à notre Dieu (12).

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Constantin donna des preuves de sa religion et de sa piété, en fondant ce grand nombre d'églises dont nous venons de parler, et dans lesquelles il désirait que le nom du Seigneur pût être glorifié jusqu'à la fin des temps. Annonçons-nous les mêmes sentimens par notre recueillement et notre modestie dans nos saints temples, et par notre assiduité à les fréquenter? Dieu est par-tout, et par-tout nous devons l'honorer par l'hommage de notre cœur mais dans les lieux qui lui sont consacrés, où ses ministres exercent les plus augustes fonctions, où ses fidèles serviteurs unissent leurs prières, nous le glorifions d'une manière plus éclatante, nous le disposons plus favorablement à nous exaucer, et cette union de prières que nous lui adressons, lui fait une sainte violence.

(11) S. Aug, 1. 8, de Civ. Dei, c. 27, p. 217.

(12) S. Aug. loc. cit. 1. 22, c. 10, p. 673. Voyez ce point traité au long par Thomassin dans sa discipline de l'Église, et parmi les protestans, par Hooker, 1. 3 de la police ecclésiastique.

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S. ALPHÉE, S. ZACHÉE, S. ROMAIN ET

S. BARULAS, MARTYRS.

La première année de la persécution générale de Dioclétien, la dix-neuvième du règne de ce prince, le gouverneur de Palestine, qui faisait sa résidence à Césarée, obtint de l'Empereur la grâce de tous les criminels. C'était la coutume de délivrer ainsi les prisonniers, lorsqu'on célébrait les jeux des quinquennales, des décennales, des vicennales du prince, c'est-à-dire, des cinquième, dixième, vingtième années du règne de l'Empereur. Les chrétiens furent exceptés de la grâce, et réputés plus indignes de vivre que les meurtriers et les autres scélérats.

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Dans le même temps on arrêta Zachée, diacre de Cadare, au-delà du Jourdain, et on le conduisit chargé de fers devant le préfet. Il fut cruellement battu par ordre du juge, et eut tout le corps déchiré avec des peignes de fer. Les bourreaux le traînèrent ensuite en prison, où ils lui mirent les pieds dans les entraves jusqu'au quatrième trou, en sorte que son corps fut presqu'entièrement écartelé. Malgré cette horrible situation, il ne perdit rien de sa tranquillité, et il ne cessait nuit et jour de louer le Seigneur. Alphée, son parent, vint bientôt le joindre. C'était un homme de désir, c'est-à-dire, un homme qui avait l'esprit de prière dans un degré éminent. Il sortait d'une des meilleures familles d'Eleutheropolis, et il exerçait dans l'église de Césarée les fonctions de lecteur et d'exorciste. Le zèle avec lequel il exhortait les fidèles à confesser généreusement Jésus-Christ, le fit arrêter. Ayant confondu le préfet dans son premier interrogatoire, il fut mis en prison. Dans un second interrogatoire, on le battit de verges et on le déchira avec

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