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Elle fut choisie au bout de quelques années pour fonder un double monastère à Streaneshalch (2). Les Danois détruisirent les monastères de sainte Hilde, environ deux cent cinquante ans après sa mort. Celui de Streaneshalch fut rebâti en 1067, et donné aux Bénédictins, qui l'ont gardé jusqu'à la suppression des maisons religieuses en Angleterre.

Hilde, devenue célèbre par sa sainteté et par sa prudence dans la conduite des âmes, avait une sainte liaison avec

première religieuse de Northumberland, et qui se retira depuis à Calcester, aujourd'hui Tadcaster (Bède, 1. 4 c. 23). Léland et Cressy confondent Heiu avec sainte Bège ou Bees mais cette dernière servait Dieu dans un autre endroit, et ne fonda aucun monastère. On en bâtit un en son honneur à Copeland, sous le règne de Henri I. Heiu fonda d'abord son monastère sur la rive septentrionale de la Wère. C'est par méprise que quelques auteurs l'ont confondue avec sainte Hilde.

(2) Depuis appelé Prestby à cause du grand nombre de prêtres qui y vivaient; c'est aujourd'hui Whitby dans le Yorkshire.

Anciennement le peuple s'imaginait que sainte Hilde avait changé en ce lieu les serpens en pierres, parce qu'on y voit un grand nombre de pierres, qui ont la forme de serpens entrelacés, mais sans tête. Ces prétendus serpens sont des pierres naturelles qu'on appelle ammonites. Il y a aussi dans le même endroit des pétrifications de serpens, de poissons, etc. Woodward les regarde comme une preuve évidente d'un déluge universel. On peut voir les Transactions philosophiques, vol. 50, an 1757, p. 228, sur les impressions de plantes qui se trouvent dans les mines de charbon en Angleterre, en France, en Saxe, en Bohême, etc. Plusieurs de ces plantes, qui paraissent avoir été fort belles, ne sont point connues des botanistes. Quelques-unes de ces impressions sont telles qu'on reconnaît aisément les plantes qu'elles représentent. On en trouve de semblables dans les mines de fer du Shrosphire, du Yorkshire, etc, Il y a dans les fossilles (ibid. p. 396) des pétrifications de bois, d'ossemens d'animaux, de dents et d'arêtes de poissons, de graines et de fruits de toute espèce. On a trouvé dans la terre, à une très-grande profondeur, des pétrifications de poissons et de bois inconnus dans les pays. où elles sont. On peut consulter l'essai sur la théorie de la terre par Woodward, et les auteurs qui ont écrit sur l'histoire naturelle, et en particulier l'ouvrage de M. J. Antoine de Luc, intitulé: Lettres physiques et morales sur l'histoire de la terre et de l'homme. Paris, 1779.

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plusieurs évêques, et sur-tout avec saint Aïdan. Les princes mêmes allaient souvent la consulter sur les affaires les plus difficiles et les plus importantes. Elle avait un rare talent pour rapprocher les esprits divisés, et pour terminer les querelles.

Nous avons observé qu'elle fonda deux monastères à Streaneshalch, l'un pour des hommes, et l'autre pour des femmes. Le premier produisit un grand nombre de prélats aussi distingués par leurs vertus que par leurs lumières. C'est de là que sortirent saint Bosa, saint Hedda, saint Jean de Béverley, saint Wilfrid. Ce dernier était encore dans sa solitude, lorsqu'il réfuta Colman et les moines d'Ecosse, qui erraient sur le jour où l'on doit célébrer la Pâque. Le monastère des religieuses n'était pas moins célèbre. Oswi, Roi des Northumbres, le mit sous sa protection spéciale, et le combla de biens.

Ce prince, qui régnait depuis douze ans, avait vu plusieurs fois ses états dévastés par le cruel Penda, Roi de Mercie. Les démarches qu'il fit pour gagner l'amitié de son ennemi furent inutiles. Enfin Penda, qui haïssait la religion chrétienne, et qui avait massacré cinq Rois qui la professaient (3), forma, quoiqu'à l'âge de soixante-dix-huit ans, le projet de s'emparer de tout le Northumberland. Oswi, qui était beaucoup plus faible, implora le secours du Ciel, et fit vœu de consacrer au Seigneur sa fille nouvellement née, et de doter quelques monastères. Ses prières furent exaucées; il remporta la victoire sur les Merciens et leurs alliés; Penda lui-même fut tué sur les bords de l'Aire, près du village de Seacroft, environ à trois milles de Leeds, dans la province d'Yorck (4). Cette bataille se

(3) Ces Rois sont Annas, Sigebert, Egric, Oswal, Edwin. (4) Bède, 1. 3, c. 24, 25; Guillaume de Malmesbury, 1. 1 Toresby Duc. Leod, p. 143, 144, Monast. Angl. vol. I, p. 71.

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c. 4;

livra en 655. La puissance d'Oswy devint alors redoutable à tous ses ennemis. En trois ans, il subjugua toute la Mercie, et la plus grande partie du pays des Pictes septentrionaux. Conformément à son vœu, il consacra au Seigneur sa fille Elflède, et l'envoya à sainte Hilde, qui, du monastère d'Heortea, la fit passer dans celui de Streaneshalch. Il donna des biens considérables à ce dernier monastère. Ce prince, étant mort en 670, après un règne de vingthuit ans, Ealflède, sa femme, qui était fille du saint Roi Edwin, se retira à Streaneshalch, où elle finit ses jours dans les exercices de la vie religieuse.

Sainte Hilde mourut en 680, à l'âge de 63 ans. Elle en avait passé trente-trois dans l'état monastique. Elle fut remplacée dans le gouvernement de son monastère par Elflède, qui, après avoir servi Dieu avec ferveur pendant soixante ans, alla dans le ciel recevoir la récompense de ses vertus. Le corps de sainte Hilde fut porté à Glastenbury, lorsqu'on eut détruit le monastère.

Voyez Bède, Hist. 1. 3, c. 24, 25; l. 4, c. 23; et le Registrum de Witby, cité par Burton dans le Monasticon Eboracense, t. I, p. 69.

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Nous n'avons plus sa vie, qu'avait écrite Césaire, moine d'Heisterbach. Thierri de Thuringe, Dominicain, qu'on croit être Thierri d'Apoldo, auteur de la vie de saint Dominique, a donné celle de sainte Elizabeth, qui est divisée en huit livres, et qu'on trouve dans les Lectiones Antiquæ de Canisius, t. V. Il y manquait un fragment que Lambécius, t. II, Bibl. Vind. a donné, avec plusieurs pièces relatives à la canonisation de la Sainte. Sa vie, par Jacques Montanus de Spire, que Sédulius a publiée dans son Historia Seraphica, et que d'Andilly a abrégée, est tirée de l'ouvrage de Thierri: on a le détail de ses éminentes vertus, dans la lettre que Conrad de Marpurg, son confesseur, écrivit peu de temps après sa mort, au Pape Grégoire IX. Voyez encore saint Bonaventure, Serm. de S. Elizabetha, t. V, et le t. II des Annales de Wadding, que le P. Fonseca a fait réimprimer à Rome avec des additions, en 1732, 18 vol. in-folio.

L'AN 1231.

ÉLIZABETH, née en 1207, eut pour père André II, Roi de Hongrie, et pour mère Gertrude, fille du duc de Carinthie. Vers le même temps, il naquit un fils à Herman, landgrave de Thuringe et de Hesse, qui fut nommé Louis. Le mariage du jeune prince et de la jeune princesse fut dès lors arrêté. Le landgrave, pour donner à cet engagement plus de solidité, demanda qu'Elizabeth, qui n'avait encore que quatre ans, fût envoyée à sa cour. On confia le soin de son éducation à une dame recommandable par ses vertus. Cinq ans après, Herman mourut, et Louis, son fils, lui succéda.

Elizabeth, dès son enfance, parut singulièrement prévenue des bénédictions du Ciel; l'amour des créatures ne s'insinua point dans son cœur; et, quoiqu'au milieu des plaisirs, elle resta insensible à leurs flatteuses amorces.

Son recueillement dans la prière tenait du prodige. Les fonds destinés à l'entretien de sa maison, étaient presqu'entièrement employés au soulagement des pauvres. Elle montrait jusque dans ses récréations, qu'elle ne désirait rien tant que de pratiquer l'humilité et le renoncement évangélique. Souvent elle se renfermait dans sa chapelle, où elle priait dans la posture la plus respectueuse; et lorsqu'elle ne la trouvait point ouverte, elle se mettait à genoux à la porte, pour rendre au Seigneur l'hommage ordinaire de ses adorations. Elle se livrait à sa ferveur avec plus de liberté dans son oratoire, où personne ne la voyait. Elle avait une grande dévotion à son ange gardien, et entre tous les Saints, à saint Jean l'évangéliste.

Elle fut élevée avec Agnès, sœur du jeune landgrave. Elles allaient ensemble à l'église; elles étaient parées de la même manière, et portaient chacune une couronne de diamans. Sophie, mère du landgrave, s'aperçut que quand les deux princesses entraient dans la maison du Seigneur, Elizabeth ôtait sa couronne; et comme elle lui demandait pourquoi elle agissait de la sorte, Elizabeth lui répondit avec simplicité, qu'elle ne pouvait paraître avec des diamans sur la tête, dans un lieu où elle voyait Jésus-Christ couronné d'épines. Agnès et sa mère, qui étaient bien éloignées d'avoir de pareils sentimens, conçurent du mépris et de l'aversion pour notre Sainte; elles lui dirent que, puisqu'elle avait si peu de goût pour vivre d'une manière conforme à son rang, elle n'avait d'autre parti à prendre que de se retirer dans un couvent. Les courtisans portèrent encore plus loin leurs discours et leurs réflexions; ils mirent tout en œuvre pour rendre la personne d'Elizabeth méprisable; elle n'est pas digne, disaient-ils, de l'alliance du landgrave; le prince, d'ailleurs, ne l'aime pas ; elle n'a d'autre parti à prendre que de retourner en Hongrie, pour y épouser quelque gentilhomme. Cette épreuve fut

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