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fête de saint Jean de Matha au 8 Février, et celle de saint Félix de Valois au 20 Novembre.

Voyez Robert Gaguin, général des Trinitaires, mort en 1501, Hist. Franc. in Philip. August. et les chroniques du même ordre; Ciaconus in Innocent. III: François de Saint-Laurent, Compendium vitæ SS. Joannis et Felicis Jofredus, Nicea illustrata, p. 123; D. Toussaints du Plessis, Hist. de l'Egl. de Meaux, l. 2, c. 116, 135, p. 172, etc.

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21 Novembre.

LA PRÉSENTATION DE LA SAINTE-VIERGE.

LES parens religieux ne manquent jamais de consacrer leurs enfans au Seigneur, avant et après leur naissance. Parmi les Juifs, on ne se contentait pas toujours de cette consécration générale. Quelques-uns offraient leurs enfans à Dieu, lorsqu'ils étaient nés; ces enfans logeaient dans les bâtimens dépendans du temple, et servaient les prêtres et les lévites dans les fonctions saintes de leur ministère. Nous avons un exemple de cette consécration spéciale, dans la personne de Samuël et de quelques autres Juifs. Il y II avait aussi des appartemens pour les femmes qui se dévouaient au service divin dans les temples. Du nombre de ces femmes, furent Josabeth, femme de Joïada (1), et Anne, fille de Phanuël (2).

C'est une ancienne tradition que la Sainte-Vierge, dans son enfance, fut solennellement offerte à Dieu dans le temple (3); c'est ce qui a donné naissance à la fête qu'on célèbre aujourd'hni. On l'appelle Présentation, et les Grecs lui donnent souvent le nom d'Entrée de la Sainte-Vierge

(1) 4 vel 2 Reg. XI, 2 et II Paralip. vel Chron. XXII, 11. (2) Luc, II, 3.

(3) Voyez S. Grég. de Nysse, Serm. in Nat. Christi, p. 779.

dans le temple. Il en est fait mention dans les plus anciens martyrologes, ainsi que dans une constitution de l'Empereur Emmanuël, rapportée par Balsamon (4). Nous avons plusieurs discours sur cette fête, lesquels ont pour auteurs, Germain, patriarche de Constantinople, dans le treizième siècle (5); saint Turibe, patriarche de la même église; l'Empereur Léon le philosophe (6); George, qui était, non archevêque de Nicomédie, comme l'avance Surius, mais chancelier (7) de l'église de Constantinople, etc. Elle passa des Grecs en Occident, et on la célébrait à Avignon en 1372 (8). Trois ans après, elle est nommée dans une lettre de Charles V, Roi de France (9). Sixte-Quint ordonna, en 1585 (10), qu'on en récitât l'office dans toute l'Eglise. Suivant Molanus, Pie II et Paul III l'avaient publié, et y avaient attaché des indulgences.

La consécration que la Sainte-Vierge fit d'elle-même à Dieu, lorsqu'elle fut capable de se servir de sa raison, nous rappelle une de nos obligations les plus étroites et les plus importantes. Tous les théologiens conviennent que le premier usage que tout homme doit faire de sa raison, est de tourner son cœur vers Dieu par un mouvement d'amour;

(4) In nomocan Photii, tit. 7, c. I.

(5) T. V Auctuar. Nov., per Combefis, p. 1411.

(6) Ibid. t. I, p. 1619.

(7) Chartopkylax.

(8) V. Papebroch, in mensem Nov. Muscovit.

(9) Molanus, addit. ad Usuard. V. Canisius, l. I de B. Mariá V. c. 12. (10) Baronius, Annot. in Martyrol. hác die, observe que dans l'Église latine, les rituels exprimaient par le mot présentation l'oblation de l'enfant Jésus dans le temple, laquelle fut faite par sa mère dans le mystère de la purification. Mais on ne peut confondre la présentation de l'enfant Jésus avec celle de la Sainte-Vierge. Il y avait long-temps que les Grecs célébraient la fête de celle-ci, lorsque les Latins l'adoptèrent et ils s'y propossaient d'honorer la première consécration que la SainteVierge avait faite d'elle-même au Seigneur.

en sorte que si la foi divine lui est alors dûment proposée, comme il arrive aux enfans nés dans le christianisme, il est tenu d'y acquiescer surnaturellement, et de produire des actes de foi, d'espérance et de charité. Qui peut être assuré de n'avoir point omis un devoir aussi essentiel? Nous n'en pouvons juger que par les soins qu'on prit alors de notre éducation chrétienne.

Que les parens apprennent de là avec quelle attention ils doivent profiter des premières lueurs de raison qu'ils aperçoivent dans leurs enfans, pour les instruire des principaux mystères de la foi, ainsi que de l'obligation de prier, et pour leur donner l'intelligence des choses spirituelles, autant que la faiblesse de leur âge peut le permettre. Ces premiers fruits du cœur sont un sacrifice dont Dieu est infiniment jaloux, et qui a été figuré par l'oblation des premiers fruits, ordonnée par l'ancienne loi ils sont un hommage par lequel nous reconnaissons que Dieu est notre Créateur et notre dernière fin. Avec quelle complaisance ne reçoit-il pas les dons d'un cœur orné des grâces de l'innocence baptismale, d'une âme où son image encore entière n'est défigurée par aucune tache? La grâce recouvrée par la pénitence, est bien précieuse; mais elle n'a point le prix de l'innocence que le péché n'a jamais souillée. Une âme qui revient à Dieu, après avoir été l'esclave du vice, est bien moins heureuse que celle qui lui consacre ses premières affections, et qui lui fait hommage de ses premières facultés, avant que le monde les ait corrompus. Cette dernière lui offre un présent plus digne de son infinie sainteté, un holocauste qui ne peut manquer d'être très-agréable à ses yeux. Aussi de quelles faveurs ne la comblera-t-il pas, aucun obstacle ne pouvant arrêter les saintes profusions de son amour ?

L'âme de Marie était ornée des grâces les plus précieuses, et en même temps qu'elle était l'objet de l'étonnement

et des louanges de la cour céleste, elle était aussi l'objet le plus distingué des complaisances de l'adorable Trinité; le Père la regardant comme sa fille bien-aimée, le Fils comme une mère digne de lui, et le Saint-Esprit comme son épouse chérie. Comment donc le Seigneur n'aurait-il pas reçu, comme le plus agréable des sacrifices, la première présentation de la Sainte-Vierge, faite par les mains de ses parens, et ratifiée par elle-même ?

Consacrons-nous à Dieu sous sa puissante protection, et en union de ses mérites. Nous avons peut-être raison de craindre que nous n'ayons négligé le devoir qui nous était imposé, lorsque nous avons été capables de faire usage de notre raison; ou si nous l'avons rempli, nous avons peut-être violé les engagemens sacrés que nous contractâmes au baptême; mais ne perdons point confiance; la miséricorde de Dieu est si grande, qu'il ne rejettera point notre oblation, quoique tardive. Si nous voulons cependant qu'il l'accepte, il faut préparer nos cœurs et les rendre dignes de lui, en les purifiant de leurs souillures par la componction et la pénitence, en les détachant de toute affection désordonnée aux créatures, en les mettant dans la disposition de tout faire et de tout souffrir pour Dieu, afin que nous soyons entièrement à lui, et qu'il ne reste plus rien en nous qui appartienne au monde; veillons ensuite sur nous-mêmes pour conserver et augmenter la ferveur de notre consécration, renouvelons-la chaque jour, et tâchons de la rendre de plus en plus parfaite : en un mot, imitons Marie.

Elle fut la première qui leva l'étendard de la virginité : de là tant de vierges qui, à son exemple, se sont spécialement consacrées au Seigneur. Mais inutilement voudrait-on embrasser cet état, si on n'agissait point par les mêmes motifs que Marie. Il faut encore la prendre pour patronne, et comme elle, aimer la prière, l'humilité, la

modestie, le silence et la retraite. « Marie, dit saint Am» broise, ne désirait point converser, même avec les autres vierges; elle avait pour compagnie les saintes pen»sées; elle n'était jamais moins seule que quand elle paraissait l'être. Pourrait-on, en effet, regarder comme

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» seule, celle qui avait avec elle tant de livres pieux, tant d'archanges, tant de prophètes? Elle fut troublée, voyant entrer l'ange Gabriël, non pour n'être pas accou» tumée à converser avec les anges, mais parce qu'il se >> faisait voir à elle sous la forme d'un homme..... Nous » pouvons juger de là combien ses oreilles et ses yeux étaient >> chastes. »

Marie vécut dans la retraite jusqu'au temps où elle épousa saint Joseph. Quelques-uns ont pensé qu'elle n'avait été que fiancée; mais on doit conclure des raisons alléguées par les Pères, qu'il y eut un véritable mariage. Voici, d'après saint Jérôme (11), les principales de ses raisons : 1o il était démontré, par la généalogie de Joseph, que Marie descendait de la tribu de Juda; 2° Marie étant mariée, n'était plus exposée à étre lapidée par les Juifs, comme adultère, lorsqu'elle deviendrait mère; 3° destinée à fuir en Egypte, elle trouvait dans un époux, un consolateur et un appui. Le martyr saint Ignace, dit saint Jérôme, ajoute une quatrième raison, c'est que Dieu voulait que la naissance de son Fils fût cachée au démon. Voici comment s'exprime ce Père apostolique (12) : « Trois mystères que » Dieu a opérés dans le silence, ont été cachés au prince » du monde; la virginité de Marie, l'enfantement de son » fils, la mort du Seigneur. Ce n'était pas que Dieu craignît des obstacles à l'exécution de ses desseins; mais il voulut que ces mystères s'opérassent en silence, sans

(11) In cap. 1, Mat. P. 7 ed Ben.

(12) Ep. ad Ephes.

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