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pompe et sans éclat, afin de triompher plus efficacement de l'orgueil et de l'enfer, le démon s'empressant lui-même de concourir au mystère de la croix.

Saint Augustin prouve (13) par le mariage de la SainteVierge et de saint Joseph, que le consentement mutuel des parties suffit seul, pour qu'il y ait un véritable mariage, lorsqu'il a été contracté sans empêchement, et pour que la société des époux soit indissoluble.

L'exemple de Marie et de Joseph est une preuve de la sainteté de l'état du mariage. Les époux doivent se mettre sous leur protection, pour attirer sur eux les grâces du Ciel. On fait dans quelques églises particulières l'office des Epousailles de la Sainte-Vierge et de S. Joseph, le 23 Janvier.

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LE Pape Félix II, ou Félix III, étant mort le 21 Février 492, Gélase, originaire d'Afrique, mais né à Rome, lui succéda, et gouverna l'Eglise quatre ans huit mois et dix-huit jours. Il joignit au savoir et à une connaissance parfaite des coutumes et des usages ecclésiastiques, une grande pureté de mœurs, une humilité profonde, une vie austère, et une libéralité peu commune pour les pauvres, vivant toujours pauvre lui-même, afin de pouvoir faire des aumônes plus abondantes (1). Facundus d'Hermiane, qui

(13) L. de Nuptiis et Concup. c. 11, n. 13, p. 287, et 1. de Bono Conjug. c. 18, n. 21, p. 322.

(1) Voyez Denys le Petit, qui mourut avant l'année 556, ep. nuncup. ad Julian.

écrivait peu de temps après la mort de ce saint Pape, dit que sa science et ses éminentes vertus le rendirent célèbre dans tout le monde chrétien (2). Gélase fit encore paraître autant de prudence que de fermeté pour le maintien ou le rétablissement de l'ordre et de la discipline.

Lorsqu'il eut été élevé sur la chaire pontificale, il ne voulut point envoyer de lettres de communion à Euphémius, patriarche de Constantinople, parce que celui-ci refusait d'effacer des dyptiques le nom d'Acace, un de ses prédécesseurs. On appelait dyptiques le registre qui contenait les noms des évêques morts dans la foi de l'Eglise, et dont on faisait mention à l'autel. Acace, à la vérité, n'avait jamais rejeté le concile de Calcédoine, mais il avait montré trop de complaisance pour les Eutychiens, et il avait communiqué avec Pierre, patriarche intrus d'Alexandrie, qui professait l'eutychianisme, et avec les autres chefs de cette secte. Quant à Euphémius, il se montra zélé catholique; il fut depuis banni pour la foi par l'Empereur Anastase, et il mourut à Ancyre, en 515. Les Grecs ont inséré son nom dans leur calendrier.

Le P. Alexandre montre que ni Euphémius, ni Macédonius, son successeur, ne furent schismatiques. Car le refus que les Papes leur firent des témoignages publics de communion qu'ils accordaient ordinairement, n'était point une excommunication, et il ne regardait point leurs diocésains. C'est ce que prouvent les Bollandistes par des exemples tout semblables, et ils citent ceux de Flavien d'Antioche, et d'Elie de Jérusalem, qui sont nommés dans le martyrologe romain. Ainsi le refus des Papes n'annonçait qu'un mécontentement. Ces disputes avec les évêques des principaux sièges d'Orient, cessèrent en 518, que le nom d'Acace fut rayé des dyptiques, sous le Pape Hormisdas.

(2) Facund. Herm. contra Mocian., p. 566.

Gélase défendit avec force la primauté de son siége dans plusieurs de ses lettres (3), et dans le concile qu'il tint à Rome Il fit voir que depuis l'établissement du christianisme, ce siége avait pris soin de toutes les églises du monde, et qu'on n'appelait point de ses jugemens à une autre Eglise. Sans cesse il rappelait les règles anciennes, celles sur-tout qui regardaient les ministres de la religion. Il veut qu'on fasse quatre parts des revenus de chaque église, une pour l'évêque, une pour le clergé, la troisième pour les pauvres, la quatrième pour la fabrique (4).

Plusieurs Romains, à là tête desquels était le sénateur Andromaque, voulurent rétablir la fête des Lupercales que Gélase avait abolie. Cette fête, célébrée en l'honneur de Pan, était accompagnée de débauches et d'extravagances grossières. Le saint Pape en empêcha le rétablissement, et publia un ouvrage solide sur ce sujet, qu'il intitula : Traité contre Andromaque. Il ne montra pas moins de zèle contre l'hérésie des pélagiens, et contre divers abus qui s'étaient introduits dans la Marche d'Ancône; il y extirpa la simonie, et défendit tout trafic aux ccclésiastiques, sous les peines les plus sévères.

Ayant appris qu'il y avait des manichéens cachés à Rome, il ordonna la communion sous les deux espèces. C'était un moyen sûr de découvrir ces hérétiques, qui s'abstenaient de l'usage du vin, le regardant comme impur. On fut longtemps sans s'apercevoir de leur affectation à ne point prendre la coupe, et ils recevaient indistinctement l'Eucharistie avec les catholiques, comme nous l'apprenons de saint Léon (5). Mais il ne leur fut plus possible de dissimuler après la loi portée, en 496, par Gélase, qui traite avec

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raison de sacrilege, la division qu'ils faisaient dans l'Eglise par un motif superstitieux (6). Cette loi, qui tomba en désuétude quand le manichéisme fut aboli, montre que les fidèles avaient la liberté de communier sous l'une ou l'autre espèce ; et la même pratique pourrait encore se prouver par d'autres exemples de ce siècle et des siècles précédens. Suivant Gennade, le saint Pape Gélase composa, entre autres ouvrages, des hymnes sacrées, à l'imitation de saint Ambroise ; mais ces monumens de sa piété ne sont point parvenus jusqu'à nous.

On voit par les lettres de saint Innocent Ier, de saint Célestin et de saint Léon, que l'Eglise de Rome avait un recueil de messes écrites avant Gélase. Le saint Pape en fit sans doute la base de son Sacramentaire (7). On y trouve l'adoration solennelle de la croix, le Vendredi-Saint, et la conservation d'une partie de l'Eucharistie consacrée la veille pour la communion de ce jour; la bénédiction des saintes huiles; l'onction et les autres cérémonies usitées dans le baptême; la bénédiction de l'eau ; les prières pour ceux qui entrent dans des maisons nouvelles ; plusieurs messes pour les fêtes des Saints, qui expriment l'invocation de ces amis de Dieu, et la vénération due à leurs reliques; des messes votives pour les voyageurs, pour obtenir diverses vertus, pour le mariage, pour le jour de la naissance, pour les malades, pour les morts, etc.

Ce fut en 494 que Gélase tint à Rome un concile composé de soixante-dix évêques, et dans lequel il publia le célèbre décret qui contient le catalogue des livres canoniques de l'Ecriture, avec un autre catalogue des Pères orthodoxes, et un troisième des livres apocryphes, qui sont

(6) De Consec. Dist. 2, c. 12.

(7) Il a été imprimé à Rome en 1680, d'après un manuscrit de 900 ans d'antiquité, par les soins du P. Tomasi, Théatin, et depuis cardinal.

de deux sortes les uns, comme les actes de S. George sont entièrement forgés; les autres contiennent des faits vrais, et sont utiles en plusieurs choses; mais il y a des faussetés et des erreurs. Il faut conséquemment les lire avec précaution, ou du moins les exclure du canon des saintes Ecritures.

On a toujours estimé dans l'Eglise les écrits qui nous restent de saint Gélase; le style en est élégant et plein de noblesse : mais on désirerait quelquefois qu'il fût moins obscur et moins embarrassé (8).

Le saint Pape mourut en 496, le 21 de Novembre, jour auquel il est nommé dans le martyrologe romain, ainsi que dans ceux de Bède, d'Usuard, etc.

Voyez les ouvrages de saint Gélase et les conciles; Anastase, in pontificali, ap. Muratori, t. III, p. 123; Ceillier, t. XV, p. 288.

(8) Les écrits qui nous restent de saint Gélase, sont, 1o plusieurs lettres, avec des fragmens de quelques autres lettres que nous n'avons plus. 2o Le traité du Lien de l'Anathême, dont l'objet est de montrer qu'Acace ne pouvait, après sa mort, être absous de l'excommunication.

3o Le traité contre Adromaque. Nous en avons parlé dans la vie du Saint. 4o Le traité contre les pélagiens.

5o Le livre des deux natures en Jésus-Christ, contre les nestoriens et les eutychiens. Il paraît être de saint Gélase, Pape, et non d'un Gélase de Cyzique ou de Césarée, comme quelques-uns l'ont prétendu. Voyez Labbe, de Script. t. I, p. 342, et Ceillier, t. XV, p. 315.

6o Le Sacramentaire, dont nous donnons une idée dans la vie du Saint. Philippe Buonamici, dans son beau dialogue, de claris Pontificiarum Litterarum Scrip., dédié à Benoît XIV, et imprimé à Rome en 1753, fait l'éloge des lettres de Léon I, de Félix III, de Gélase I, de Symmaque, et les met au-dessus des productions du même temps pour la force, la noblesse, l'élégance. Selon lui, la dignité du Saint-Siége est dégradée par le mauvais latin qu'on trouve dans une lettre importante à quelque prince. Il montre à cet égard autant d'indignation, que s'il voyait la magnifique Nuit du Corrège couverte de boue et foulée aux pieds. Cette Nuit est le fameux tableau de la Nativité, où tout est obscur, excepté

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