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laient au jardin, d'autres avaient soin des arbres fruitiers; ceux-ci étaient pécheurs, et le saint abbé faisait des filets. Pendant qu'il s'occupait de cet établissement, la guerre s'alluma entre les Rois Thierri et Théodebert. Le second de ces princes fut défait. Ayant été livré à son frère par ses propres sujets, il fut envoyé à Brunehault, sa grand'mère qui l'obligea de prendre les ordres. On le mit à mort peu de jours après.

Colomban, voyant Thierri maître du pays où il s'était

Ravensberg, et fut fondé, en 1145, par Gébizon, de l'illustre maison de Habspurg; 2o Veissenaw ou Augia alba Suevorum, fondé dans le même temps, et sur la même rivière, à trois lieues du lac de Constance.

Ces monastères, excepté le dernier, qui appartient à l'ordre de Cîteaux, sont de la congrégation des Bénédictins de Souabe. Les constitutions qui s'y observent avec la règle de saint Benoît, furent rédigées par Christophe Butler, abbé de Sweilfeld, en 1671.

Le premier des monastères de Souabe est Kempten, en latin Campoduna, lequel fut fondé au milieu du huitième siècle. Il est à dix-huit lieues sud-ouest d'Augsbourg. Hildegarde, femme de Charlemagne, l'enrichit considérablement. L'abbé de ce monastère a le titre d'archimaréchal de l'Empire, et a voix à la diète impériale, après celui de Fulde. La célèbre abbaye d'Elwang en Souabe, fondée dans le huitième siècle, fut sécularisée en 1460, et convertie en une église collégiale, dont le prévôt a voix dans la diète de Souabe, comme l'abbé l'avait anciennement.

Les autres principales abbayes de Bénédictins, situées en Souabe, ou qui appartiennent à la congrégation de Souabe, sont Weingarten, à une petite lieue de Ravensberg; S.-Ulric et Ste.-Afre à Augsbourg; Fultenback, Fuessen, Degginghen, Nérheisheim, au même diocèse; et dans celui de Constance, Petershausen, Sweifeld en latin ad duplices aquas, à une lieue et demie du Danube, et à dix lieues au-dessus de Ulm; Blanbeuren, Ochsenhausen, Isnsi, etc.

On compte encore les monastères de Saint-George de Willingen, de Saint-Trutpert, ainsi appelé de son premier abbé, qui était frère de saint Rupert de Saltzbourg, lequel est honoré à Fribourg; de Saint-Pierre dans la Forêt-Noire en Brisgaw, près de Fribourg; Gegenbach, dans le diocèse de Strasbourg; Elchingen, près du Danube, à une lieue audessous de Ulm.

retiré, et persuadé que sa vie n'y serait point en sûreté, passa en Italie avec plusieurs de ses disciples. Saint Gal, retenu par la fièvre, ne put l'accompagner : il bâtit depuis le monastère qui porta son nom, à quelque distance de celui qu'avait fondé son bienheureux maître.

Ce fut en 613 que notre saint abbé arriva en Italie où Aigulfe, Roi des Lombards, le reçut avec joie. Aidé de la protection de ce prince, il fonda le célèbre monastère de Bobio, dans un désert, au milieu des montagnes de l'Appennin, près de la rivière de Trébia. Il fit bâtir aussi, sous l'invocation de la Sainte-Vierge, un oratoire, dans le voisinage duquel était une caverne, où il se retirait pendant le carême et en d'autres temps de l'année; il ne paraissait alors au monastère que les jours de fêtes et les Dimanches.

L'affaire des trois chapitres ou écrits, que le cinquième concile de Constantinople et le Pape Vigile avaient condamnés, comme favorisant le nestorianisme, faisait alors beaucoup de bruit en Italie. Les évêques d'Istrie et quelques-uns d'Afrique prirent la défense de ces écrits avec tant de chaleur, qu'ils firent un schisme, en se séparant de la communion du Pape et de l'Eglise catholique. Les Lombards prenaient leur parti, sous prétexte que la condamnation des trois chapitres entraînait celle du concile de Calcédoine. Ils agissaient ainsi parce qu'ils n'étaient pas bien instruits de ce qui s'était passé, et qu'ils jugeaient d'après des relations vagues ou infidèles. Au reste, cette ignorance du véritable état des choses ne doit pas surprendre. L'Occident n'avait presque point de commerce avec l'Orient; on y entendait peu la langue grecque, et ce qui se faisait chez les Orientaux, n'était connu que très-imparfaitement par la plupart de ceux qui habitaient l'Occident. Le Pape Grégoire-le-Grand toléra la conduite de ces derniers, et sur-tout des Lombards, dont l'erreur venait

d'ignorance; il continua de communiquer avec eux, espérant que les faits étant éclaircis, ils ne refuseraient plus de rendre hommage à la vérité. Il leur écrivait, il leur envoyait même des présens; il entretenait une grande correspondance avec le Roi Aigulfe et la reine Théodelinde, recommandables par leur zèle et leur piété, qui avaient retiré les Lombards de l'arianisme, et fondé des églises et des monastères.

Saint Colomban, qui ne connaissait l'affaire des trois chapitres que d'après ce que lui en avaient dit les Lombards, se déclara en faveur de ces écrits. Cédant aux sollicitations d'Aigulfe et de Théodelinde, ses protecteurs, il écrivit au Pape Boniface IV une lettre où il prenait fortement la défense des trois chapitres, et s'élevait contre le Pape Vigile, prétendant que ce Souverain-Pontife avait condamné le concile de Calcédoine, et était tombé dans la même faute que Libère, qui avait souscrit une formule de foi favorable aux Ariens. Sa lettre même, dit un célèbre protestant (14), prouve qu'il n'était pas bien instruit de l'affaire qu'il traitait. Elle fournit encore une preuve du zèle de Colomban pour l'honneur du Siége apostolique, et de la résolution où il était d'y rester inviolablement attaché (15).

(14) Cave, Hist. Litt. t. I, p. 543.

(15) Bower conclut de la lettre de saint Colomban, que les moines irlandais ne furent point désabusés par rapport aux trois chapitres, par la lettre que saint Grégoire-le-Grand écrivit sur ce sujet en 592. Mais la lettre du saint abbé fut écrite en 613, un an avant la mort de Boniface IV, et il avait quitté l'Irlande vers l'an 585. (Voyez Mabil. Annal. Ben. t. II.) D. Rivet montre par la même lettre, et par le silence de toutes les parties, que saint Colomban se conformait alors au décret du concile de Nicée sur la célébration de la Pâque, et que les moines de Luxeul faisaient la même chose. Ceci se prouve encore par le silence des moines rebelles d'Italie, qui firent diverses objections contre la règle du Saint dans le concile de Mâcon, et qui n'auraient pas manqué

Il persista dans les mêmes sentimens jusqu'à la mort, et ne se joignit jamais aux schismatiques d'Istrie.

En France, Thierri mourut quelques mois après l'assassinat de Théodebert, son frère, et eut pour successeur son fils Sigebert, encore enfant, sous le nom duquel régna Brunehault, son aïeule. Clotaire lui ayant déclaré la guerre, le fit prisonnier avec ses deux frères, et condamna Brunehault à souffrir une mort cruelle. Il devint par-là maître de toute la monarchie. Se rappelant la prédiction de Colomban, il lui fit proposer par Eustase, abbé de Luxeul, de revenir en France. Le Saint répondit qu'il ne pouvait quitter l'Italie, et il écrivit en même temps au Roi pour l'exhorter à mener une vie plus chrétienne. Clotaire, pour lui donner une marque de son estime, accorda sa protection au monastère de Luxeul, dont il augmenta considérablement les revenus.

Le saint abbé, au rapport de Jonas, son historien, combattit avec autant de force que de succès les ariens qui étaient parmi les Lombards, et il composa contre leur hérésie un savant ouvrage qui est perdu depuis long-temps. Il mourut à Bobio, le 21 Novembre 615. Il dit dans son poème sur Fédolius, qu'il paraît avoir écrit peu de temps avant sa mort, qu'il était dans sa dix-huitième olympiade; conséquemment il avait alors au moins soixante-douze ans. Les Bénédictins français l'appellent dans leur bréviaire, un des principaux patriarches de la vie monastique, sur-tout en France, où la plupart des monastères suivirent sa rẻgle jusqu'au règne de Charlemagne. On reçut alors partout celle de saint Benoît, pour garder l'uniformité. On honore saint Colomban dans plusieurs églises de France,

de relever ce point, si Colomban n'eût pas célébré la Pâque de la manière prescrite par le premier concile général. Voyez Hélyot, t. V, p. 70.

d'Italie, etc. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe
romain (16).

Voyez sa vie par Jonas, abbé de Luxeul en 650; D. Rivet, Hist. Lit.
de la Fr. t. III, p. 505; Hélyot, t. V, p. 65; Ceillier, t. XVII, p. 462.

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S. ALBERT, ÉVÊQUE DE LIÉGE ET MARTYR.

Sa vie écrite par un membre de sa maison, a été insérée en entier dans
l'histoire que Gilles, moine d'Orval, a faite des évêques de Liége.
Chapeauville, dans ses Gesta pontif. Leod. t. II, p. 134 sqq., l'a
publiée avec des notes. Voyez aussi Molani Nat. SS. Belgii, p. 250;
Ciacconius, De vitis roman. pontif. et card., t. I, col. 1164-1165;
Haræi Annales Belg. tom. I, 230, 232, 235; Butkens, Trophées de
Brabant, tom. I, 136; Fleury, Hist. ecclés. XV, § 38, p. 542, édit.
in-12; le Propre de Liége, édit. 1805; Baillet, sous le 21 Novembre et
Foullon, Hist. Leod., tom. I, 287-294.

L'AN 1192.

Le saint martyr Albert naquit en 1159 à Louvain, à
l'ancien château connu sous le nom de Castrum Cæsaris.
Il était fils de Godefroi III, comte de Louvain, et de Mar-
guerite de Limbourg (1). Le jeune Albert se consacra de

(16) Les comtes de Douglas barons de Castella, originaires d'Ecosse,
et établis en Italie depuis le huitième siècle, ont marqué une grande
dévotion, pour saint Colomban. Voyez sur cette dévotion, ainsi que sur
le monastère de Robio, et l'église de Sainte-Brigide à Placentia ou Plai-
sance, Sansovino, della origine de fatti delle familie illustri d'Italia.
In Venetia, 1581.

(1) Ce Godefroi III porte chez les auteurs contemporains le titre de
duc de Louvain, parce qu'il était duc de la Basse-Lorraine. Le titre de
duc de Brabant, qu'on ne donnait aux comtes de Louvain qu'en vertu
d'un ancien usage, qui datait de Godefroi Ier, fut employé pour la pre-
mière fois dans un acte public vers l'an 1190, par Conrad, évêque de
Mayence, qui nomme Godefroi III, et son successeur Henri Ier, ducs

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