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n'y ait pas avec elle tout le bien qu'on pourroit prétendre.

CLEANT E.

Ah! mon père, le bien n'eft pas confidérable •, lorf qu'il est question d'épouser une honnête perfonne. HARPAGON..

Pardonnez-moi, pardonnez-moi. Mais ce qu'il y a à dire, c'est que, fi l'on n'y trouve pas tout le bien qu'on fouhaite, on peut tâcher de regagner cela fur autre chose.

Cela s'entend.

CLEANT E.

HARPAGO N.

Enfin, je fuis bien aife de vous voir dans mes fentimens car fon maintien honnête & fa douceur m'ont gagné l'ame, & je fuis réfolu de l'époufer, pourvu que j'y trouve quelque bien.

CLEANT E.

Hé!

HARPAGON.

Comment ?

CLÉ ANTE.

Vous êtes réfolu, dites-vous....

HARPAGON.

D'époufer Mariane.

CLEANT E.

Qui? Vous, vous ?

HARPAGON.

Oui, moi, moi, moi. Que veut dire cela?

CLEANT E.

Il m'a pris tout-à-coup un éblouiffement, & je me retire d'ici.

HARPAGON.

Cela ne fera rien. Allez vîte boire dans la cuifine un grand verre d'eau claire.

SCÈNE VI 3.

HARPAGON, ELISE.

HARPAGON.

VOILA de mes Damoiseaux fluets, qui n'ont non plus de vigueur que des poules. C'eft-là, ma fille, ce que j'ai réfolu pour moi. Quant à ton frère, je lui deftine une certaine veuve dont ce matin on m'est venu parler ; & pour toi, je te donne au Seigneur Anfelme.

ELIS E.

Au Seigneur Anfelme?

HARPAGON.

Oui, un homme mûr, prudent & fage, qui n'a pas

ELISE.

Et moi, je gage qu'il ne fauroit être approuvé d'aucune perfonne raisonnable.

HARPAGON apercevant Valère de loin. Voilà Valère. Veux-tu qu'entre nous deux nous le fallions juge de cette affaire ?

J'y confens.

ELISE.

HARPAGON.

Te rendras-tu à son jugement?

ELISE.

Oui ; j'en pafferai par ce qu'il dira.

HARPAGON.

Voilà qui eft fait.

SCÈNE V I I. 4

VALERE, HARPAGON, ELISE.

HARPAGON.

Ici, Valère. Nous t'avons élu pour nous dire qui a raifon, de ma fille ou de moi.

VALERE.

C'est vous, Monfieur, fans contredit.

HARPAGON.

Sais-tu bien de quoi nous parlons?

VALER E.

Non. Mais vous ne fauriez avoir tort, & vous êtes toute raifon.

HARPAGON.

Je veux ce soir lui donner pour époux un homme auffi riche que fage; & la coquine me dit au nez qu'elle fe moque de le prendre. Que dis tu de cela?

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Je dis que, dans le fond, je fuis de votre sentiment, & vous ne pouvez pas que vous n'ayez raifon. Mais auffi n'a-t-elle pas tort tout à fait ; &....

HARPAGON.

Comment ? Le Seigneur Anfelme est un parti confidérable; c'est un Gentilhomme qui eft noble doux, pofé, fage & fort accommodé, & auquel il ne reste aucun enfant de fon premier mariage. Sauroit-elle mieux rencontrer ?

VALERE.

Cela eft vrai. Mais elle pourroit vous dire que c'eft un peu précipiter les chofes, & qu'il faudroit au moins quelque temps pour voir fi fon inclination pourroit s'accorder avec....

HARPAGON.

C'eft une occafion qu'il faut prendre vîte aux cheveux. Je trouve ici un avantage qu'ailleurs je ne trouverois pas ; & il s'engage à la prendre fans dot.

Sans dot?

Qui.

VALERE.

HARPAGON.

VALERE.

Ah! je ne dis plus rien. Voyez-vous? Voilà une raifon tout-à-fait convaincante; il fe faut rendre à cela.

HARPAGON.

C'eft pour moi une épargne confidérable.

VALERE.

Affurément ; cela ne reçoit point de contradiction. Il est vrai que votre fille vous peut représenter que le mariage cft une plus grande affaire qu'on ne peut croire; qu'il y va d'être heureux ou malheureux toute la vie ; & qu'un engagement qui doit durer

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