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O DE

POUR MESSIEURS

DE

L'ACADÉMIE DES SCIENCES,

& fous

Qui ont été au Cercle Polaire l'Equateur, déterminer la figure de la Terre.

Vérité fublime! O céleste Uranie! Efprit né de l'Efprit qui forma l'Univers, Qui mesure des Cieux la carrière infinie, Et qui pefe les airs.

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Tandis que tu conduis fur les gouffres de l'onde,
Ces Sages, ces Héros, Miniftres de tes Loix;
De l'ardent Equateur, ou du Pole du Monde
Entends, ma faible voix.

Que font tes vrais enfans, vainqueurs de la nature ? Ils arrachent fon voile ; & ces rares efprits

Fixent la pefanteur, la maffe & la figure
De l'Univers furpris.

Les Enfers font émus au bruit de leur voyage,
Je vois paraître au jour les ombres des Héros,
De ces Grecs renommés, qu'admira le rivage
De l'antique Colcos.

Argonautes fameux, demi-Dieux de la Gréce,
Caftor, Pollux, Orphée, & vous heureux Jason ;
Vous, de qui la valeur & l'amour & l'adreffe
Ont conquis la Toifon.

En voyant les travaux & l'art de nos grands-hommes, Que vous êtes honteux de vos travaux paflés ! Votre fiécle eft vaincu par le fiécle où nous fommes: Venez, & rougiffez.

Quand la gréce parloit, l'Univers en filence
Respectoit le menfonge annobli par fa voix ;
Et l'admiration, fille de l'ignorance,
Chanta de vains exploits.

Heureux qui les premiers marchent dans la carrière ; N'y faffent-ils qu'un pas, leurs noms font publiés. Ceux qui, trop tard venus, la franchiffent entiére, Demeurent oubliés.

Le menfonge réfide au Temple de Mémoire ;
Il y grava des mains de la crédulité

Tous ces faftes des tems destinés pour l'Histoire
Et pour la vérité.

† Utanie, abaiffez ces triomphes des Fables;
Effacez tous ces noms qui nous ont abusés ;
Montrez aux Nations les Héros véritables
Que vous feule inftruisez...

Le Génois, qui chercha, qui trouva l'Amérique, Cortez, qui la vainquit par de plus grands travaux, En voyant des Français l'entreprise héroïque, Ont prononcé ces mots ::

L'ouvrage de nos mains n'avoit point eu d'exemple, Et par nos defcendans ne peut être imité:

Ceux à qui l'Univers a fait bâtir des Temples
L'avoient moins mérité.

Nous avons fait beaucoup, vous faites davantage Notre nom doit céder à l'éclat qui vous fuit: Plutus guida nos pas dans ce monde fauvage;

La vertu yous conduit.

Comme ils parloient ainfi, Newton dans l'Empirée ; Newton les regardoit, & du Ciel entr'ouvert, Confirmez, difoit-il, à la terre éclairée, Ce que j'ai découvert.

Tandis que des humains le troupeau méprisable,
Sous l'empire des fens indignement vaincu,
De fes jours indolens traînant le fil coupable,
Meurt fans avoir vécu.

Donnez un digne effor à votre ame immortelle ;
Eclairez des esprits nés pour la vérité :
Dieu vous a confié la plus vive étincelle
De la Divinité,

De la raison qu'il donne, il aime à voir l'usage ; ̈ Et le plus digne objet des regards éternels, Le plus brillant fpectacle eft l'ame d'un vrai Sage Inftruifant les mortels.

Mais fur-tout écartez ces ferpens détestables, Ces enfans de l'envie, & leur fouffle odieux; Qu'ils n'empoifonnent pas ces ames refpectables Qui s'élévent aux Cieux.

Laiffez un vil Zoïle aux fanges du Parnasse,
De fes croaffemens importuner le Ciel,
Agir avec bafsesse, écrire avec audace,
Et s'abreuver de fiel.

Imitez ces efprits, ces fils de la lumière,
Confidens du Très-haut, qui vivent dans fon fein,
Qui jettent comme lui, fur la nature entiére,
Un œil pur & ferein.

O DE

SUR

LA PAIX DE M. DCC. XXXVI.

L'ETNA renferme le tonnerre

Dans fes épouvantables flancs

Il vomit le feu fur la terre,

11 dévore fes habitans.

Fuyez, Driades gémissantes,

Ces campagnes toujours brûlantes,
Ces abyfmes toujours ouverts,
Ces torrens de flâmes & de fouphre,
Echappés du fein de ce gouffre,
Qui touche aux voûtes des Enfers.

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