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O DE

A LA REINE DE HONGRIE.
Faite le 30. Juin de 1742.
FILLE de ces Héros que l'Empire eut pour Maîtres,

Digne du Trône augufte où l'on vit tes Ancêtres,
Toujours près de leur chûte, & toujours affermis;
Princeffe magnanime,

Qui jouis de l'estime

De tous tes ennemis.

Le Français généreux, fi fier & fi traitable, Dont le goût pour la gloire eft le seul goût durable, Et qui vole en aveugle où l'honneur le conduit,

Inonde ton Empire,

Te combat & t'admire,
T'adore & te pourfuit.

Far des nœuds étonnans, l'altiére Germanie
A l'Empire Français malgré foi réunie,
Fait de l'Europe entiére un objet de pitié,
Et leur longue querelle

Fut cent fois moins cruelle
Que leur trifte amitié.

Ainfi de l'Equateur & des antres de l'Ourse,
Les vents impétueux emportent dans leur course
Deux nuages épais, l'un à l'autre oppofés;
Et tandis qu'ils s'uniflent,

Les foudres retentiflent

De leurs flancs embrafés.

Quoi! des Rois bienfaifans ordonnent ces ravages! Ils: annoncent le calme, ils forment les orages! Ils prétendent conduire à la félicité

Les nations tremblantes

Par les routes fanglantes
De la calamité!

O Vieillard vénérable, * à qui les destinées Ont de l'heureux Neftor accordé les années, Sage, que rien n'allarme & que rien n'éblouït, .: Veux-tu priver le monde

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Ah! s'il pouvoit encore au gré de fa prudence, Tenant également le glaive & la balance, Fermer par des refforts aux mortels inconnus, De fa main respectée,

La porte enfanglantée
Du Temple de Janus.

Le Cardinal de Fleury.

Si de l'or des Français les fources égarées, Ne fertilifoient plus de lointaines contrées, Rapportoient l'abondance au sein de nos remparts, Embelliffoient nos Villes,

Arrofoient les afyles

Où languiffoient les Arts.

Beaux Arts, enfans du Ciel, de la paix & des gracesį Que Louis en triomphe amena fur fes traces, Ranimez vos travaux si brillans autrefois, Vos mains découragées,

Vos lyres négligées,

Et vos tremblantes voix.

De l'iinmortalité vos fuccès font le gage.

Tous ces Traités rompus,

& fuivis du carnage

Ces triomphes d'un jour, fi vains, fi célébrés,
Tout paffe, & tout retombe

Dans la nuit de la tombe,
Et vous feuls demeurez..

STANCES

SUR

LES POËTES ÉPIQUES:

PLEIN

LEIN de beautés & de défauts,

Le vieil Homére a mon eftime;
Il eft, comme tous fes Héros,
Babillard' outré, mais fublime.

Virgile orne mieux la raison,
A plus d'art, autant d'harmonie ;;
Mais il s'épuife avec Didon,
Et.rate à la fin Lavinie.

De faux brillans, trop de magie,
Mettent le Taffe un cran plus bas.
Mais que ne tolere-t-on pas
Pour Armide & pour Herminie?

Milton, plus fublime qu'eux tous
A des beautés moins agréables;
11 femble chanter pour les Fous,
Pour les Anges & pour les Diables.

Après Milton, après le Tasse,
Parler de moi feroit trop fort,
Et j'attendrai que je fois mort
Pour apprendre quelle eft ma place.

Vous, en qui tant d'esprit abonde, Tant de grace & tant de douceur, Si ma place eft dans votre cœur, Elle eft la premiére du monde.

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