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On vous vir ramener la foudre
Et la victoire à votre Roi.
Lorfque prodiguant votre vie,
Vous eûtes fait pâlir d'effroi,

Les Anglais, l'Autriche, & l'Envie,
Vous revintes vîte à Paris,
Mêler les myrthes de Cypris
A tant de palmes immortelles.
Pour vous feul, à ce que je vois,
Le tems & l'amour n'ont point d'aîles;
Et vous fervez encor les Belles,
Comme la France & les Génois.

MADRIGAL.

MADRIGA L.

LES DEUX AMOURS.

CERTAIN Enfant, qu'avec crainte on caresse,

Et qu'on connaît à son malin souris, Court en tous lieux, précédé par les Ris; Mais trop fouvent fuivi de la Tristeffe, Dans les cœurs des Humains il entre avec souplesse, Habite avec fierté, s'envole avec mépris. Il est un autre Amour, fils craintif de l'Eftime, Soumis dans fes chagrins, constant dans ses désirs, Que la Vertu foutient, que la Candeur anime, Qui réfifte aux rigueurs, & croît par les plaifirs. De cet Amour le flambeau peut paraître

Moins éclatant; mais fes feux font plus doux; C'est là le Dieu que mon cœur veut pour maître; Et je ne veux le fervir que pour vous.

DE

AUTRE.

E votre efprit la force eft fi puiffante,
Que vous pourriez vous paffer de beauté;
De vos attraits la grace eft fi piquante,
Que fans efprit vous m'auriez enchanté.
Si votre cœur ne fçait pas comme on aime,
Ces dons charmans vous feront fuperflus;
Un fentiment eft cent fois au- deffus
Et de l'Efprit, & de la Beauté même.
Tome III.

X

AUTRE.

A MADAME DE ***.

Τουτ
TOUT eft égal; & la nature fage

Veut au niveau ranger tout les humains.

Efprit, raifon, beaux yeux, charmant visage,
Fleur de fanté, doux loifir, jours ferains,
Vous avez tout, c'est là votre partage.
Moi, je parais être un infortuné,
De la nature enfant abandonné,

Et n'avoir rien, semble mon appanage;

Mais vous m'aimez; les Dieux m'ont tout donné

AUTRE.

En envoyant les Oeuvres myftiques de Fénelon

Q

UAND de la Guion le charmant Directeur, Difoit au Monde : Aimez Dieu pour lui-même, Oubliez-vous dans votre heureuse ardeur; On ne crut point à cet Amour extrême ; On le traita de chimére & d'erreur; On fe trompoit: Je connais bien mon cœur, Et c'est ainsi, belle Aglé, qu'il vous aime.

É PITRE

AU ROI,

Présentée à SA MAJESTÉ au Camp devant Fribourg.

Vous, dont l'Europe entiérè aime ou craint lá

Justice,

Brave & doux à la fois, prudent sans artifice,
Roi nécessaire au monde, où portez-vous vos pas?
De la fiévre échappé, vous courez aux combats!
Vous volez à Fribourg! En vain la Peironie *

Vous difoit :,, Arrêtez, ménagez votre vie;

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Il vous faut du régime, & non des foins guerriers, ,, Un Héros peut dormir couronné de lauriers. Le zéle a beau parler, vous n'avez pû le croire. Rebele aux Médecins, & fidéle à la gloire, Vous bravez l'ennemi, les affauts, les faifons, Le poids de la fatigue, & le feu des canons. Tout l'Etat en frémit, & craint votre courage. Vos ennemis, grand Roi, le craignent davantage.

* Premiet Chirurgien du Roi.

Ah, n'effrayez que Vienne, & rassurez Paris ! Rendez, rendez la joie à vos Peuples chéris; Rendez-nous ce Héros qu'on admire & qu'on aime.

Un Sage nous a dit, que le feul bien suprême, Le feul bien, qui du moins reffemble au vrai bonheur, Le feul digne de l'homme, eft de toucher un cœur. Si ce Sage eut raison, fi la Philosophie

Plaça dans l'amitié le charme de la vie,

Quel eft donc, juftes Dieux ! le Destin d'un bon Roi,
Qui dit, fans fe flâter: Tous les cœurs font à moi.
A cet empire heureux, qu'il eft beau de prétendre!
Vous, qui le poffédez, venez, daignez entendre,
Des bornes de l'Alface aux remparts de Paris,
Ce cri que l'amour feul forme de tant de cris.
Accourez, contemplez ce Peuple dans la joie,
Béniffant le Héros que le Ciel lui renvoie.
Ne le voyez-vous pas, tout ce Peuple à genoux,
Tous ces avides yeux qui ne cherchent que vous,
Tous nos cœurs enflâmés volant fur notre bouche?
C'eft là le vrai triomphe, & le feul qui vous touche.
Cent Rois au Capitole en efclaves traînés,
Leurs Villes, leurs Tréfors, & leurs Dieux enchaînés,
Ces chars étincelans, ces Prêtres, cette armée,
Ce Sénat infultant à la terre opprimée,

Ces Vaincus envoyés du spectacle au cercueil,
Ces triomphes de Rome étoient ceux de l'orgueil.
Le vôtre eft de l'amour, & la gloire en est pure.
Un jour les effaçoit, le vôtre à jamais dure.
Ils effrayoient le monde, & vous le raffurez;
Vous, l'image des Dieux fur la terre adorez;

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