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LETTRE

DE MONSIEUR

LE CARDINAL

DE FLEURY,

A MONSIEUR

DE VOLTAIRE.

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J

LETTRE I. *

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E reçois dans le moment Monfieur, une feconde Lettre de vous, & je n'en perds pas un auffi pour y répondre, dans

la crainte que Mr le Marquis de Beauveau ne foit parti de Berlin. Je ne puis qu'approuver le voyage que vous y allez faire, & vous êtes attaché par des titres trop juftes & trop puiffans au Roi de Pruffe, pour ne pas lui donner cette marque de votre respect & de votre reconnaiffance. Le feul motif de la Reine de Saba vous eût suffi pour ne pas vous y refuser. * A li ce 14. Novembre 1740.

Je ne fçavois pas que le précieux préfent que m'a fait Madame la Marquife du Châtelet de l'Anti-Machiavel, vint de vous; il ne m'en eft que plus cher, & je vous remercie de tout mon cœur. Comme j'ai peu de momens à donner à mon plaisir, je n'ai pû en lire jufqu'ici qu'une quarantaine de pages, & je tâcherai de l'achever dans ce que j'appelle fort improprement ma retraite ; car elle est par malheur trop troublée pour mon repos.

Quel que foit l'Auteur de cet Ouvrage, s'il n'eft pas Prince, il mérite de l'être, & le peu que j'en ai lû, est si sage, si raisonnable, & renferme des principes fi admirables, que celui qui l'a fait seroit digne de commander aux autres hommes, pourvû qu'il cût le courage de les mettre en pratique. S'il est né Prince, il contra&te un engagement bien folemnel avec le Public, & l'Empereur Antonin ne fe feroit pas acquis la gloire immortelle, qu'il confervera dans tous les fiécles, s'il n'avoit foutenu par la juftice · de fon Gouvernement, la belle morale dont il avoit donné les leçons si instructives à tous les Souverains.

Vous me dites des chofes fi flatteufes pour moi, que je n'ai garde de les prendre à la lettre; mais elles ne laiffent pas de me faire un sensible plaifir, parce qu'elles font du moins une preuve de votre amitié. Je ferois infiniment touché, que Sa Majefté Prussienne pût trouver dans ma conduite quelque conformité avec les principes; mais du moins puis-je vous affurer que je sens & regarde les fiens comine le me

déle du plus parfait & du plus glorieux Gouverne

ment.....

Je tombe fans y penfer dans des réflexions politiques, & je finis en vous affurant que je tâcherai de me pas me rendre indigne de la bonne opinion que Sa Majefté Pruffienne daigne avoir de moi. Il a la qualité de Prince de trop, & s'il n'étoit qu'un fimple particulier on fe feroit un honneur de vivre avec lui en fociété. Je vous porte envie, Monfieur, d'en joüir, & vous félicite d'autant plus, que vous ne le devez qu'à vos talens & à vos fentimens, &c.

RÉPONSE

DE MONSIEUR

DE VOLTAIRE

A MONSEIGNEUR

LE CARDINAL DE FLEURY.

LETTRE II. *

reçu, MoNSEIGNEUR, votre Lettre du

J14. que Mr le Marquis de Beauveau m'a remife.

J'ai obéi aux ordres que Votre Eminence ne m'a point

*A Berlin ce 26. Novembre 1740.

donnés. J'ai montré votre Lettre au Roi de Pruffe ; il est d'autant plus fenfible à vos éloges, qu'il les mérite; & il me paraît qu'il fe difpofe à mériter ceux de toutes les Nations de l'Europe. Il eft à fouhaiter , pour leur bonheur, ou du moins pour celuid'une grande partie, que le Roi de France & le Roi de Pruffe foient amis. C'eft votre affaire. La mienne eft de faire des vœux & de vous être toujours dévoué avec le plus profond respect.

LETTRE

DE MONSIEUR

LE CARDINAL ALBÉRONI

A Mr DE VOLTAIRE.

LETTRE III. *

'L m'eft arrivé affez tard, Monfieur, la connaif

I fance de la vie que vous avez écrite du feu Roi de

Suéde, pour vous rendre bien des graces, pour ce qui me regarde. Votre prévention & votre penchant pour ma perfonne vous ont porté affez loin, puifqu'avec votre style fublime vous avez dit plus en * A Rome le 10. Février 1735.

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