le grand nombre des autres qui ne prétendent pas à la beauté. Leur tendreffe, leur inconftance, En Allemagne comme en France. Enfin j'appris que la caufe de fa douleur, vient de ce que le Comte de ..... eft pour fix mois les bras croifés, par l'ordre de Votre Majefté, dans le Château de Vezel. Elle me demanda ce qu'il falloit qu'elle fit pour le tirer de-là. Je lui dis qu'il y avoit deux maniéres; la premiére, d'avoir une armée de cent mille hommes, & d'affiéger Vezel. La feconde, de fe faire préfenter à Votre Majefté, & que cette façonlà étoit incomparablement la plus fûre. Alors j'apperçus dans les airs Ce premier Roi de l'Univers, L'Amour, qui de Valftein vous portoit la demande, " Alors qu'une belle commande, Les autres Souverains doivent tous obéir. AU ROI DE PRUSS E. LETTRE XIII. * SIRE, J'AI 'AI reçu votre Lettre aimable, Et vos Vers fins & délicats Pour prix de l'énorme fatras Dont, moi Pédant, je vous accable. De quelque efprit fupérieur, Et le difcoureur n'eft qu'un fot. Votre humanité eft plus adorable que jamais : il n'y a plus moyen de vous dire toujours Votre Majefté. Cela eft bon pour des Princes de l'Empire, qui ne voient en vous que le Roi: mais moi qui vois l'homme, & qui ai quelquefois de l'entoufiafme, j'oublie dans mon yvreffe le Monarque, pour ne fonger qu'à cet homme enchanteur. * Paris ce 2. Oftobre 1743. Dites-moi, par quel Are fublime Tant de progrès dans l'Art des Róis, Moi qui compile leur Histoire. Si la Reine de Hongrie, & le Roi mon Seigneur & Maître, voyoient la Lettre de Votre Majefté, ils ne pourroient s'empêcher de rire, malgré le mal que vous avez fait à l'une, & le bien que vous n'avez pas fait à l'autre. Votre comparaifon d'une Coquette, & même de quelque chofe de mieux, qui a donné des faveurs un peu cuifantes, & qui fe moque de fes Galants dans les remédes, eft une chose auffi plaifante qu'en aient dit les Céfars & les Antoi nes, & les Octaves vos devanciers, gens à grandes actions & à bons mots. Faites comme vous l'entendrez avec les Rois: battez les, quittez-lez, querel lez-vous, racommodez-vous; mais ne foyez jamais inconftant pour les particuliers qui vous ado rent. Vos faveurs étoient dangereufes Des careffes & du plaifir Que fait votre Mufe infidelle. Il pleut ici de mauvais Livres & de mauvais Vers. Mais comme Votre Majelté ne juge pas de tous nos Guerriers par l'aventure de Lints, elle ne juge pas non plus de l'efprit des Français par les Etrennes de la Saint Jean, ni par les groffiéretés de l'Abbé des Fontaines. Il n'y a rien de nouveau parmi nos Sibarites de Paris. Voici le feul trait digne, je croi, d'être conté à Votre Majefté. Le Cardinal de Fleury, après avoir été affez malade, s'avifa il y a deux jours, ne fçachant que faire, de dire la Mefle à un petit Autel, au milieu d'un jardin, où il geloit. Mr Amelot & Mr de Breteuil arriverent & lui dirent, qu'il fe jouoit à fe tuer. Bon, bon, Meffieurs, dit-il, vous êtes des douillets. A quatre-vingt-dix ans, quel homme! SIRE, vivez autant, duffiez-vous dire la Meffe cet âge, & moi la fervir. Je fuis avec le plus profond refpect, &c. AU A U ROI DE PRUSSE. J LETTRE XIV. * SIRE,, E reçois une Lettre de Berlin du 25. Décembre': elle contient deux grands articles; un plein de bonté, de tendreffe & d'attention à me combler des bienfaits les plus flatteurs. Le fecond article eft un Ouvrage bien fort de Métaphysique. On croiroit que cette Lettre eft de Mr de Leibnitz ou de Mr Volfius, 8 cependant elle eft d'un Roi. Vous m'ordonnez de me jetter dans la nuit de la Métaphyfique, pour ofer difputer contre les Leibnitzs, les Voifs & les Frédéderics. Me voilà comme Ajax, combattant dans Pobfcurité, & difant aux Dieux, Réndez - nous' le jour. 1. J'avoue d'abord que l'opinion de la Raifon fuffifante de Mrs Wolf & de Leibnitz eft une idée très. belle; c'eft-à-dire, très-vraie: car enfin il n'y a rien qui n'ait une raifon de fon existence. Mais cette idée exclut-elle la liberté de l'homme? 2. Qu'entens-je par liberté ? Le pouvoir de penfér * On n'a pas trouvé la date dans la copie, Tome III. D |