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Couvrons du moins de fleurs ces tombes glorieufes. Arrachons à l'oubli ces ombres vertueules.

*

Vous qui lanciez la foudre,& qu'ont frappé les coups, Revivez dans nos Chants, quand vous mourez pour

nous.

Eh quel feroit, grand Dieu ! le Citoyen barbare, Prodigue de cenfure & de louange avare, Qui, peu touché des morts, & jaloux des vivans, Leur pourroit envier mes pleurs & mon encens? AK! s'il eft parmi nous des cœurs dont l'indolence, Infenfible aux grandeurs, aux pertes de la France, Dédaigne de m'entendre & de m'encourager, Réveillez-vous, ingrats, Louis eft en danger.

Le feu qui se déploye, & qui dans fon patsage, S'anime en dévorant l'aliment de fa rage, Les torrens débordés dans l'horreur des hyvers, Lc flux impétueux des menaçantes mers, Ont un cours moins rapide, ont moins de violence Que l'épais bataillon qui contre nous s'avance, Qui triomphe en marchant, qui le fer à la mains A travers les mourans s'ouvre un large chemin, Rien n'a pû l'arrêter; Mars pour lui fe déclare. Le Roi voit le malheur, le brave & le répare.. Son Fils, fon feul cfpoir.., Ah! cher Prince, arrêtez, Où portez-vous ainfi vos pas précipités ?

Confervez cette vie au monde néceffaire.

Louis craint pour fon Fils, † le Fils craint pour fem

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* M. du Brocard, Maréchal de Camp', commandant: FArtillerie.

Un boulet de canon couvrit de terre un homme entre

Nos Guerriers tout fanglans frémiffent pour tous

deux,

Seul mouvement d'effroi dans ces cœurs généreux.

Vous, qui gardez mon Roi, vous qui vengez la

France;

Vous, peuple de Héros, dont la foule s'avance,
Accourez, c'eft à vous de fixer les deftins;
Louis, fon Fils, l'Etat, l'Europe eft en vos mains.
Maison du Roi marchez, affûrez la victoire;
Soubife & Péquigny †† vous ménent à la gloire.
Paraiffez vieux Soldats, ¶ dont les bras éprouvez
Lancent de loin la mort que de près vous bravez.
Venez, vaillante élite, honneur de nos armées,
Partez, fléches de feu, grenades ¶¶ enflammées,
Phalanges de Louis, écrafez fous vos coups.
Ces Combattans fi fiers & fi dignes de vous.
Richelieu, qu'en tous lieux emporte fon courage,
Ardent, mais éclairé, vif à la fois & sage,

le Roi & Monfeigneur le Dauphin ; & un Domestique de M. le Comte d'Argenson fur atteint d'une balle de fuffl derriéte eux.

+ Les Gardes, les Gendarmes, les Chevaux-Légers, les Moufquetaires, fous M. de Monteffon, Lieutenant Général, Deux bataillons des Gardes Françaifes & Suiffes &c.

,

++ M. le Prince de Soubife prie far lui de feconder M. Je Comte de la Marck, dans la défense obstinée du pofte d'Antoin; il alla enfuite fe mettre à la tête des Gendarmes, comme M. de Péquigny à la tête des Chevaux-Lé gers, ce qui contribua beaucoup au gain de la Bataille. Carabiniers, Corps inftitué pár Louis XIV. il tire avec des Carabines rayées. On fait avec quel éloge le Roi les a nommés dans fa Lettre.

Grenadiers à cheval, commandés par M: le Chevalier de Grille; ils marchent à la tête de la Maifon de Roi

Favori de l'amour, de Minerve & de Mars';
Richelieu.* vous appelle, il n'est plus de hazards ;
Il vous appelle; il voit d'un œil prudent & ferme,
Des fuccès ennemis & la caufe & le terme ;
Il vole, & fa vertu fecondant vos grands cœurs,
Il vous marque la place où vous ferez vainqueurs.
D'un rempart de gazon, faible & prompte barriére,
Que l'art oppofe à peine à la fureur guerriére,

La Marck, † la Vauguion, ¶ Choiseuil, d'un même effort,

Arrêtent une armée & repouffent la mort..
D'Argenson qu'enflammoient les regards de fon Pere,
La gloire de l'Etat à tous les fiens fi chére,
Le danger de fon Roi, le fang de fes Aïeux,.
Affaillit par trois fois ce Corps audacieux,
Cette maffe de feu qui femble impénétrable;
On l'arrête, il revient, ardent, infatiguable;
Ainfi qu'aux premiers.tems, par leurs coups
Les béliers enfonçoient les remparts ébranlés.

redoublés,

Ce brillant efcadron, ¶¶ fameux par cent batailles, Lui, par qui Catinat fut vainqueur à Marsailles, Arrive, voit, combat, & foûtient fon grand nom. Tu fuis du Chastellet, jeune Castelmoron,

**

Un Miniftre d'Etat, qui n'a point quitté le Roi pen dant la Bataille, a écrit ces propres mots : C'eft M. de Ri chelieu qui a donné ce confeil & qui l'a exécuté.

†M. le Comte de la Marck au pofte d'Antoin.

Meffieurs de la Vauguion, Choifeul-Meufe, &c. aur Retranchemens faits à la hâte dans le Village de Fontenoy. M. de Créqui n'étoit point à ce pofte, comme on Pavoit dit d'abord, mais à la tête des Carabiniers.

4 Quatre escadrons de la Gendarmerie arrivoient après fept heures de marche, & attaquérent.

** Un cheval fougueux avoit emporté le Porte-Etendart,

Toi, qui touches encore à l'âge de l'enfance,
Toi, qui d'un faible bras qu'affermit ta vaillance,
Reprens ces étendarts déchirés & fanglans,

Que l'orgueilleux Anglais emportoit dans fes rangs.
C'est dans ces rangs affreux que Chévrier expire;
Monaco perd fon fang & l'amour en foupire.
Anglais, fur du Guefclin deux fois tombent vos coups;
Frémiffez à ce nom fi funefte pour vous.

Mais quel brillant Héros, au milieu du carnage, Renverfé, relevé, s'eft ouvert un paffage? Biron, tels on voyoit dans les Plaines d'Ivry Tes immortels Aïeux fuivre le grand Henry. Tel étoit ce Crillon, chargé d'honneurs fuprêmes, Nommé brave autrefois, par les braves eux-mêmes, Tels étoient ces d'Aumonts, ces grands Montmorencis, Ces Créquis fi vantés, renaiffans dans leurs Fils. ↑ Tel fe forma Turenne.au grand art de la guerre, Près d'un autre Saxon, la terreur de la terre, Quand la Juftice & Mars, fous un autre Louis, Frappoient l'Aigle d'Autriche & relevoient les Lys. dans la colonne Anglaife; M. de Castelmoron, âgé de 15. ans, lui cinquième, alla le reprendre au milieu du camp des Ennemis. M. de Bellet commandoit ces Efcadrons de la Gendarmerie ; il y eut un cheval tué fous lui, auffi-bien que M. de Chiménes, en réformant une Brigade.

*M. le Duc de Biron eut le commandement de l'Infanterie, quand M. de Lutreaux fur hors de combat ; il char gea fucceffivement à la tête de presque toutes les Briga

des.

+M. de Luxembourg, M. de Loigni, & M. de Tingri.

Le Duc de Saxe VVeimar, fous qui le Vicomte de Turenne fit fes premiéres Campagnes, M, de Turenne eft auriére-neveu de ce grand-homme..

Comment ces Courti fans, doux, enjoués, aimables,
Sont-ils dans les combats des Lions indomptables?
Quel assemblage heureux de graces, de valeur!
Boufflers, Meuze, d'Ayen, Duras bouillans d'ardeur,
A la voix de Louis, courez, Troupe intrépide.
Que les Français font grands, quand leur Maître les
guide!

Ils l'aiment, ils vaincront, leur Pere eft avec eux;
Son courage n'eft point cet inftinct furieux,
Ce courroux emporté, cette valeur commune;
Maître de fon efprit, il l'eft de la fortune,
Rien ne trouble fes fens, rien n'éblouit fes yeux.

Il marche, il eft femblable à ce Maître des Dieux, Qui, frappant les Titans, & tonnant fur leurs têtes, D'un front majeftueux dirigeoit les tempêtes;

Il marche, & fous fes coups la terre au loin mugit, L'Efcaut fuit, la Mer gronde, & le Ciel s'obscurcit.

Sur un nuage épais, que des antres de l'Ourfe

Les vents affreux du Nord apportent dans leur course,
Les vainqueurs des Valois defcendent en couroux,
CUMBERLAND, difent-ils, nous n'efpérons qu'en vous;,
Courage, raffemblez vos légions altiéres,
Bataves, revenez, défendez vos barriéres ;
Anglais, vous que la paix sembloit feule allarmer,
Vengez-vous d'un Héros qui daigne encor l'aimer;
Ainfi que fes bienfaits craindrez-vous sa vaillance ?
Mais ils parlent en vain, lorfque Louis s'avance,
Leur génie eft dompté, l'Anglais eft abattu,
Et la férocité le céde à la vertu.

*Ce reproche de férocité ne tombe que fur le foldat,

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