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repectifs, se réservent et promettent de s'entendre et des s'arranger, le plutôt que faire se pourra, sur leurs intérêts commerciaux dans l'intention d'encourager et d'augmenter la prospérité de leurs Etats respectifs.

Les présents articles additionnels auront la même force et valeur que s'ils étaient insérés mot à mot au Traité de ce jour. Ils seront ratifiés, et les ratifications en seront échangées en même temps. En foi de quoi les plenipotentiaires respectifs les ont signé et y out apposé le cachet de leurs armes.

Fait à Paris, le 30 Mai de l'an de grâce 1814.
(L. S.) Signé, le prince DE Bénévent
(L. S) Signé, CASTLEREAGH,
(L. S.) Signé, ABERDEEN.

L. S.) Signe, CATHCART.
Signé, CHARLES-STEWART,

(L. S.)

lieutenant-général.

Article Additionel au Traité avec la Prusse.

Quoique le traité de paix conclu à Bâle, le 5 Avril 1795, celui de Tilsitt du 9 Juillet 1807, la convention de Paris du 20 Septembre 1808, ainsi que toutes les conventions et actes quelconques conclus depuis la paix de Bâle entre la Prusse et la France soient déjà annulés de fait par le présent traité, les hautes parties contractantes ont jugé néanmoins à propos de déclarer encore expressément que lesdits traités cessent d'être obligatoires pour tous leurs articles tant patents que secrets, et qu'elles renoncent mutuellement à tout droit et se dégagent, de toute obligation qui pourraient en découler.

S. M. très-chrétienne promet que les décrets portés contre des sujets français ou réputés français, étant ou ayant été au service de S. M. Prusienne, demeureront sans effet, ainsi que les jugements qui ont pu être rendus en exécution de ces décrets.

Le présent article additionel aura la même force et valeur que s'il était inséré mot à mot au traité patent de ce jour. Il sera ratifié, et les ratifications en seront échangées ep même temps. En foi de quoi les plénipotentiaires respectifs l'ont signé et y ont apposé le cachet de leurs armes.

Fait à Paris, le 30 Mai de l'an de grâce, 1814.

(L. S.) Signé, le prince DE BÉNÉVENT.
Signé, CHARLES-AUGUSTE, baron
DE HARDENBERG.

(L. S.)

(L. S.)

Signé, CHARLES-GUILLAUM

baron DE HUMBOLDT.

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Extrait du Journal des Débats du 3 Juin.

Au milieu des flots de la révolution, lorsque le gouverne ment consulaire se montra, toute la France s'y précipita. On croyait tenir un cable on tenait un roseau. On a souvent demaudé ce que c'était que ce gouvernement: monarchie, ré publique, aristocratie, démocratie, olygarchie; rien de tout cela. Qu'était-ce done? UN PHÉNOMENE. Cependant, quand on a nne maison, une famille, une patrie, il faut frémir à ce seul mot; car, comme le sort des phénomenes est de ne pouvoir se conserver que par des phénomenes, comme le propre des prodiges est de ne pouvoir durer que par des prodiges, la France entiere se trouvait lancée ainsi avec l'étoile de cet homme dans les espaces qui appartiennent, non aux astres fixes, mais aux météores. La gloire des armes étant commandée sans cesse à un gouvernement tout fondé sur la gloire des armes, les résultats les plus heureux ne lui auraient point convenu, si leurs moyens avaient été simples. L'éclat appelait continuellement l'éclat. Le gigantesque commandait le gigantesque Depuis quelque temps l'extraordinaire ne suffisait plus; il fallait de l'extravagant. On se jetait ainsi par principe dans tous les excès, dans tous les extrêmes, dans tous les périls. Encore quelque temps, et avec un peu de fortune nous eussions obtenu la ruine du Monde. Mais la ruine du Monde ne nous eût pas même préservés de la nôtre.

A la fin cet enchaînement bizarre a eu un terme. Les nations du Nord, pressées et refoulées vers le pôle, se sont mises en mouvement. Il a fallu qu'elles vinssent nous rendre notre liberté, pour recouvrer la leur. Que dire de cette guerre d'une espece toute particuliere, où toutes les attitudes se sont trouvées déconcertées, toutes les situations dénaturées ? Comment combattre avec tout son courage des ennemis qui ne voulaient pas être nos ennemis? Comment se résoudre à remporter des victories dont la tyrannie seule devait recueillir le fruit? Engagés, je ne sais comment, dans cette lutte, nous n'aimions point à accepter des défaites auxquelles nous n'étions pas accoutumés. Les revers nous étaient déplaisants, nos victoires nous étaient tristes; on ne savait comment terminer cette guerre, on ne savait comment la continuer !.... Nos princes ont paru, et aussitôt nous avons eu la paix.

Comme nous ne sommes plus sous cet ancien gouvernement, où l'on ne pouvait jamais envisager les objets que du côté qui était imposé, nous ne faisons aucune difficulté de convenir que la paix elle-même nous laissera des douleurs à effacer, des pertes à réparer. Seulement il nous paraîtrait injuste de compter les maux qui nous restent, si on ne comptait en même temps les maux dont nous sommes délivrés. Lorsque dans les tempêtes de neige, au sommet des Alpes, le voyageur égaré, tombant

d'abîme en abime, est près de succomber d'épuisement et de froid, au moment où la glace va s'emparer de ses veines, si une voix amie se fait entendre, si une main secourable peut s'emparer de sa faiblesse et le ramener sous un toit hospitalier, l'infortuné oubliera aussitôt ses peines, ses souffrances, ses bles sures, et l'asile qui lui sera offert lui paraîtra assez magnifique. Nous qui, après nos tempêtes politiques, après être tombés mille fois d'abîme en abîme, avous retrouvé enfin la maison paternelle, les dieux de nos foyers, tout le champ de la patrie, nous saurons benir de même la maiu bien faisante qui nous a sauvés, et qui nous a relevés.

Extrait du même Journal du 4 Juin.

Depuis qu'on a connaissance des conditions de la paix, on convient que, si elle est honnorable en elle-même, elle l'est encore plus dans les circonstances où la France s'est trouvée placée. Avec huit cent mille hommes anéantis, tout son territoire ravagé, sa capitale envahie, sa marine détruite, il est beau d'échapper aux conditions de la paix de 1765, à celles que les Hollaudais oserent proposer à Louis XIV, et à celles qui en dernier lieu avaient été acceptées par Buonaparté. C'est une grande nation que celle qui, dans des circonstances aussi extrêmes, a eu la puissance, non-seulement de reprendre tout son territoire, mais encore de dépasser ses anciennes limites, d'aligner et de consolider ses frontieres, de compléter son système défensif, et de renforcer de sept à huit cent mille âmes son ancienne et vigoureuse population. Au Sud-Est, on aura vu que nous occupons la meilleure partie de la Savoie à P'Est et au Nord, que nous renforçons d'un grand territoire l'ancienne triple ligne de nos forteresses. Dans la mer Atlantique, si nous recouvrons la Guyanne, la Martinique et la Guadeloupe, si nous recouvrons sur St. Domingue des droits que des circonstances particulieres environnent des plus heureuses espérances, c'est dans cette partie un résultat assez avantageux d'une guerre maritime où nous n'avons compté que des désastres. Du côté de l'Inde (nous le disous franchement), nous regrettons l'Ile-de-France; mais au moins l'Ile-de-Bourbou nous reste, et c'est quelque chose encore que nos commerçants puissent retrouver sur le continent même de l'Inde un sol protecteur et indépendant.

Les stipulations relatives à la Suisse, à la Hollande, à certaines parties de l'Allemagne et de l'Italie, nous offrent encore des avantages, en ce qu'elles assurent à des Etats la liberté de leurs auciennes connexions fédératives.

Sous d'autres rapports, il faut comprendre l'esprit de ce

traité.

Le mouvement de la civilisation européenne est tel, que le commerce a acquis une grande importance parmi les nations. C'est aujourd'hui un lien et un besoin universel. Si la France demeurait quelque temps sans activité commerciale, elle serait portée à tourmenter de son courage les nations qu'elle ne pourrait vivifier de son industrie

De son côté, si l'Angleterre restait privée pendant

long-temps de ses anciennes connexions continentales, elle serait infailliblement entraînée à s'en dédommager par l'envahissement des mers et de tout le mouvement commercial.

Entre ces deux systèmes également violents, l'Europe, Is France et l'Angleterre seraient restées éternellement froissées. Toutes ont eu un égal intérêt à s'en préserver. L'Europe a dù désirer que la France reprit, avec ses anciennes connexions commerciales, son ancienne importance maritime. C'était pour celleci une grande issue ouverte au retour de son ancienne prospérité; c'était en même-temps pour l'Europe un rempart contre la prépondérance excessive de la grande-Bretagne sur les mers, ainsi qu'un moyen d'affaiblir de quelque chose la prépondédérance excessive de la France, sulle continent. D'un autre côté, l'Europe a eu le même intérêt à ce que l'Angleterre reprît ses anciennes connexions continentales; c'était pour celle-ci un retour à son ancienne importance dans la balance de l'Europe, en même temps qu'un moyen d'affaiblir de quelque chose l'excès dangereux de sa prépondérance maritime.

S. M. l'Empereur Alexandre quitte demain, le 4, la capitale. Le plus noble caractere a été imprimé par ce digne souverain à tous ses actes et à toutes ses démarches parmi nous. Au milieu des soins importants réclamés par sa puissante coopération à la pacification générale, il a examiné avec une attention particuliere tous nos établissements publics, reconnaissant avec plaisir ce qu'ils offrent d'honorable pour la nation, et annonçant la résolution d'améliorer ses propres institutions dans ses Etats, par l'application de ce qu'il a jugé de plus utile dans les nôtres. Nos savants ont reconnu ses lumieres, et nos artistes ont apprécié son goût; toutes les classes d'habitants ont pu le voir, l'approcher, et personne n'est parvenu jusqu'à lui sans recueillir de sa bouche ou des éloges mérités, ou de justes encouragements, ou d'honorables témoignages de bienveillance: en tous lieux, les hommages publics l'ont accompagné, et il a pu les recevoir avec satisfaction, parce qu'ils lui ont été offerts avec toute la franchise et toute la noblesse du caractère français: en quittant Paris, il emporte tous les sentiments d'estime et de respect qu'un peuple épris des hautes vertus de son souverain peut vouer dignement à un prince étranger. Il laisse gravé parmi nous, comme il sera conservé dans l'histoire, le souvenir de ses éminentes qualités et de son auguste nom.

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A trois heures après-midi, le Roi est parti du château des Tuileries, pour se rendre au Corps-Législatif, qui tient encore ses séances au palais Bourbon. Le cortege de S. M. était précédé par la gendarmerie et la garde à cheval; ensuite venaient douze voitures de la cour, attelées de huit chevaux chacune, et destinées pour les princes, pour les ministres, les maréchaux de France, les ducs et pairs, les capitaines des gardes, etc. Dans la voiture du Roi étaient Mgr. le duc d'Angoulême au fond et à gauche de S. M.; et sur le devant, Mgr. le duc de Berri et Mgr. le duc d'Orléans. La marche du cortége était fermée par la garde nationale à pied et par la gendarmerie de l'armée d'Espagne. Malgré la pluie, une foule immense remplissait les Tuileries, les quais et toutes les rues que devait parcourir le cortége jusqu'au Palais-Bourbon. Des acclamations non interrompues de vive le Roi! ont retenti pendant tout le passage de S. M.

Dès le matin un concours immense de peuple s'étant porté vers le Palais-Bourbon, à onze heures, les portes ont été ouvertes, et dans un instant la salle a été remplie.

Au milieu de cette réunion les regards du public se sont portés tour-à-tour sur M. Linch, cet illustre maire de Bordeaux, qui, le premier des fonctionnaires publics, a donné le signal du retour à l'autorité légitime; sur le pere Elisée qui, par son zele et ses talents, vient de seconder si heureusement la science et l'habileté du docteur Hallé pour la conservation d'un prince justement adoré; sur l'avocat M. Déseze, qui a honoré à jamais son nom et sa profession en consacrant ses talents à la défense d'un Roi malheureux, et en s'associant aux efforts et aux dangers du vertueux Malesherbes; sur le général Sacken, sur ce guerrier qui n'est terrible que dans les combats, si doux, si modeste après la victoire, et qui partage la joie de la France délivrée comme s'il était lui-même Français.

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