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DÉFENSE UR

DES OPPRIME S.

Comme, pour l'ordre du service, il m'est impossible de continuer l'envoi de ce journal, à ceux de MM. les souscripteurs qui n'auroient pas renouvellé à l'expiration de leur abonnement, je prie les personnes, dont la souscription finit le 31 Mai, et qui seroient dans l'intention de la renouveller, de hâter leur renouvellement, si elles ne veulent pas éprouver d'interruption.

Du 24 Mai 1791.

Observations adressées à M. de la Harpe, par M. l'abbé Arthur Dillon, député à l'assemblée nationale.

DEPUIS long-tems, monsieur, je ne lis plus la partie politico-littéraire du Mercure, parce que je n'aime pas les genres bâtards, mais toutes les semaines, les articles de franche politique. que donne M. Mallet du Pan, servent à mon instruction; et tout homme qui aime la vérité et le courage saisira toujours avec empressement l'occasion de rendre un hommage public aux principes et à la conduite de cet estimable auteur.

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On m'a cependant conseillé de lire les articles que vous venez de faire insérer dans les derniers numéros, et dans lesquels vous entretenez le public du bonheur dont jouit la nation Françoise. Je les ai lus, monsieur ; j'ai vu que vous y fesiez le panégirique des bourreaux, et que vous defiez quelqu'un d'être assez hardi, ou assez confiant, pour 'oser se charger de l'apologie des victimes.

Me voici, monsieur. Il ne faut être ni hardi, ai confiant pour aser répondre à des inculpations aussi barbares qu'injustes; il suffit d'être délicat, et de pouvoir consacrer quelques momens à repousser la calomnie.

Vous sentez, monsieur, que je ne prends pas la plume pour répondre à tout ce que vous avez écrit sur vous-même. C'est sur-tout dans un pays libre, que les détails de la position. d'un simple individu se perdent au milieu des grands intérêts que chacun se plaît à discuter. Un homme ne peut attirer sur lui l'attention publique, que lorsque sa cause se lie à l'intérêt commun, et appelle à sa défense la surveillance générale. J'adopte donc, sans aucune restriction, tout ce que vous nous avez dit de vous; je suis très-persuadé que vous méritez l'estime de vos amis; je ne viens me plaindre ici que de votre défaut de générosité à l'égard de ce que vous appellez vos méprisables ennemis.

Comme je reviendrai encore sur cette expression, je crois devoir expliquer ici le sens qu'elle a offert à mon esprit, en lisant votre ouvrage. If me semble que vous qualifiez ainsi

tous ceux qui ne pensent pas comme vous sur la révolution et la constitution française. Je ne puis me dissimuler que vous accablez de votre mépris le clergé, la noblesse et cette précieuse partie de la nation française, qui a préféré de rester fidelle à sa religion, à son roi, à sa patrie, plutôt que de s'enrôler sous les drapeaux des philosophes. Je trouve que ma cause s'embellit en prononçant seulement le nom de mes cliens. et j'espère vous prouver que s'ils se trompent dans leurs opinions politiques, leurs sentimens et leur conduite sont toujours dignes d'estime.

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Ce sentiment, que je voudrois faire passer dans votre ame, comme dans celle de tous les hommes que l'esprit de parti égare, est le but principal, vers lequel tendent les observations que j'ai l'honneur de vous adresser. Ainsi, monsieur, je traiterai légérement, et même je négligerai entièrement plusieurs parties interportantes de votre ouvrage, soit parce que je n'ai rien à objecter contre vos propositions, et alors je vous prie d'agréer mon silence comme un hommage rendu à vos principes ; soit parce que ce sont des objets trop souvent rebattus pour ne pas fatiguer nos lecteurs. Vous avez d'avance justifié mon silence, lorsqu'en parlant de l'homme que vous réfutez dites: ce n'est pas qu'il y ait rien de neuf dans son ouvrage, vous le retrouverez épars dans tous les journaux et tous les pamphlets aristocratiques Vous ne pouviez donner une meilleure raison pour vous excuser de n'avoir rien dit de nouveau dans le vôtre.

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Vous

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J'avoue que les diatribes que vous prodiguez contre vos méprisables ennemis, n'offrent aussi rien de neuf; mais elles doivent être considérées sous un autre point de vue. Si vos discussions politiques ne portent aucune lumiere nouvelle dans les esprits, il n'en est pas de même de vos déclamations haineuses; elles donnent une plus grande activité aux désordres, elles raniment les vengeances, et le gentilhomme qu'on attache à une potence, trouve toujours cette opération nouvelle.

La marche des révolutionnaires est aujour d'hui bien connue sur cet article. Ils abandonnent aux folliculaires gagés le soin de mettre en fermentation la boue des rues; ils les chargent spécialement de l'instruction des philosophes des carrefours. Mais il est une classe d'hommes que les désordres fatiguent, pour qui la haine est un sentiment pénible, qui souffrent d'avoir toujours des victimes sous leurs yeux, et que les écrits populaires dégoûtent bientôt. Alors on sent la nécessité de ranimer ces adeptes timides, par un coup de fouet philosophique, et cette fonction importante est confiée à un des principaux oracles de la secte. C'est ainsi que l'année derniere, M. de Cerutti offrit le clergé à la haine populaire. Ses fonctions d'ad-. ministrateur ne lui permettent plus de sonner la charge, et vous, monsieur, qui ne vous êtes point tourne vers l'ambition municipale, vous avez reçu la commission subalterne d'emboucher la trompette funebre.

Avant de repousser votre dangereuse atque, permettez-moi quelques réflexions ra

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