Images de page
PDF
ePub

NOTES.

Acte premier, Scène première.

Vers 13 et suivants.

Il te souvient du jour où ce pontife-roi,
Entouré du sénat, dont il trompait la foi,
Osa s'associer jusqu'à l'Etre suprême.

Peu de personnes connaissent ce qui donna lieu à la fête de l'Etre suprême; voici, à cet égard, quelques détails puisés à la source.

La journée du 31 mai, loin d'avoir complété le triomphe des montagnards sur les girondins, et assuré le pouvoir suprême entre les mains des vainqueurs, avait fait passer la convention nationale sous le joug de la commune de Paris; la commune elle-même était gouvernée par un très-petit nombre de démagogues forcenés. L'un des moyens les plus efficaces qu'avaient employé ces derniers pour démoraliser le peuple et le maîtriser à leur gré, était la propagation de l'athéisme. Parvenus à ôter la crainte de Dieu,

celle des hommes et des lois n'était plus qu'une chimère.

La proscription, le massacre des prêtres insermentés, l'apostasie des nouveaux Judas, l'avilissement, ou plutôt la destruction d'un culte de quatorze siècles, l'établissement des temples de la Raison, la promesse d'unparadis terrestre, dont la fraternité ou la mort étaient le gage, avaient cimenté la domination de ces fougueux anarchistes, d'une manière si effrayante, que les chefs mêmes des montagnards conventionnels tremblèrent pour leur propre existence.

Pour arrêter ce torrent, il fallut avoir recours à des mesures extraordinaires; on sentit le besoin d'un Dieu. Le comité de salut public avait jusqu'alors particulièrement attaché ses soins à la partie militaire; ses membres, en regardant autour d'eux, ne virent que leurs propres agents devenus leurs maîtres ; ceux d'entre eux qui avaient le plus favorisé le 31 mai, en craignirent le retour pour eux-mêmes. De la vint le gouvernement révolutionnaire, la mort de Chaumet, d'Hébert, de Danton et

autres.

Ces mesures pouvaient rassurer le comité, mais elles ne donnaient au peuple aucun motif de consolation et d'espérance. Robespierre,

le premier, proposa de réintégrer Dieu, non sous le titre adopté par les catholiques, mais sous le nom d'Etre suprême, qui appartenait à toutes les religions. Cette idée fut accueillie par quelques membres des deux comités de salut public et de sureté générale, vers le milieu de l'hiver; mais pour ne point s'exposer à célébrer une fête de boue, on remit celle de l'Etre suprême au commencement du printemps, époque à laquelle on ressent plus efficacement les bontés et la puissance régénératrice du Créateur de toutes choses.

Robespierre présida cette fête; ce jour là même, ses amis et ses ennemis prévirent également sa chute.

Ibid. vers 85 et 86.

Quoi !, lui-même, déja, seul et dans le silence
Traíne, loin du sénat, sa coupable existence.

[ocr errors]

Un mois et demi environ avant le 9 thermidor, Robespierre se retira du comité de salut public, et dans cet espace de temps il parut rarement à la convention; je vais rapporter ici les motifs de sa retraite, comme étant des matériaux précieux pour l'histoire.

On a généralement donné pour motif de cette

retraite, le refus qu'avaient fait les membres du comité de salut public d'obéir aveuglément à ses volontés; on n'a pu rien préciser là-dessus. La véritable cause de cette absence tient à une particularité qu'on ignore, et dont nous assurons l'authenticité. Depuis quelque temps, BillaudVarennes et Robespierre se trouvaient en opposition dans leurs opinions et leur conduite politique. Il s'agissait de rappeler Carrier de Nantes; Billaud qui avait fait nommer ce proconsul féroce, s'opposait à cette mesure. Robespierre, pour la faire adopter, s'appuyait sur la lettre de Julien fils, dans laquelle ce jeune homme invitait fortement le comité à rappeler ce représentant.<< Toi seul soutiens ce monstre, dit Robespierre à Billaud-Varennes. Il est moins coupable que toi, répond Billaud; il n'a point « fait porter par la violence la loi du 22 prairial. -Tucrains pour tes complices, répond Robespierre, écumant de rage; et en s'adressant à ses collégués, il leur dit d'une voix entrecoupée : « Vous n'osez prendre aucun parti; vous crai<«gnez l'inventeur du gouvernement révolution<< naire! vous ne voulez que du sang!... Vous «faites détester la liberté; je ne veux plus res-, « ter avec vous. » Il dit, et se retira du comité, Ce moment fut le premier signal de la scission

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

entre les membres des comitès de salut public et de surete générale.

Ibid. Scene V.

Vers 250 et 251.

Va! ce même échafaud dont tu parles sans cesse,
Barbare! pour toi-même, en ce moment se dresse.

Collot pouvait parler ainsi mieux que tout autre; c'est lui qui vendait Robespierre; les parties étaient en présence. Pour triompher à coup sûr de Robespierre, on crut qu'il était plus avantageux de lui fermer les yeux sur le danger, que de l'attaquer d'abord ouvertement, et qu'il valait mieux l'engager à prendre l'initiative. Mais il fallait un homme qui eût assez d'ascendant sur son esprit, pour le précipiter, sans qu'il s'en doutât, dans l'abîme. Collot fut choisi. Les preuves d'attachement qu'il avait données à Robespierre, le mettaient à l'abri de tout soupçon de la part de ce dernier. Soit que Collot eût déja sagement prévu sur qui devait tomber la foudre, et qu'il voulût en garantir sa tête, soit qu'il ne fût point fâché de se débarrasser d'un ami trop ombrageux, il accepta, de la part des conjurés, la mission de tromper Robespierre, et de le forcer à une démarche qui allait lui coûter la

« PrécédentContinuer »