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spectacle. La même cérémonie avait lieu en Cappadoce au temple de Diane Pérosia ', ou de Diane Tauropole, ou de la lune, qui a son exaltation au signe céleste du taureau, dont Moloch, suivant les rabbins, portait les attributs, lesquels étaient ceux d'Isis, d'Astarté, d'Apis, de Mithra, ou du soleil et de la lune de printemps autrefois.

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Quoi qu'il en soit des rapprochemens qu'on peut établir entre les cérémonies qui se pratiquaient en différens pays, et les purifications qui s'y faisaient par le feu, on ne peut s'empêcher de reconnaître que ce culte était relatif aux corps célestes, soit au soleil, soit à la lune de l'équinoxe de printemps, soit à la planète de Mars, qui présida au bélier signe de cet équinoxe, et qui remplaça le taureau, ancien signe équinoxial. Aussi l'auteur du livre des Rois place-t-il l'idole de Moloch dans le même rang que celle de Baal et d'Astarté, qu'il associe aux objets du culte du sabisme, savoir au culte des planètes, des signes du zodiaque et de toute la milice céleste 2, dont les monumens furent détruits par Josias. Jérémie confond même ensemble, sous les noms de Baal et de Moloch, la divinité adorée dans la vallée d'Ennom ", c'est-à-dire, qu'il donne ces deux noms à l'idole qui faisait partie du culte de la milice céleste.

Nous avons déjà observé que le mot Melech était entré dans la composition du nom d'autres divini

1 Ibid., 1. 12, p, 537. — 2 Reg., 1. 4, c. 23, v. 4, 5, 10, 13. 5 Jérém,, c. 23, v. 35; c. 19, v. 5.

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tés, telles qu'Adra-Melech et Ana-Melech, Dieux adorés par les Sépharaïtes', qui brûlaient souvent leurs enfans en honneur de ces cruelles divi

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nités. Si nous croyons les rabbins, ces idoles avaient les attributs du mulet et du cheval. Le cheval pourrait être Pégase, placé sur le verseau, et qui, par son lever du soir, annonçait le solstice d'été, et montant avec Céphée, lui prêtait ses attributs, car, si nous en croyons Hyde, la constellation de Céphée était adorée par les Sépharaïtes sous le nom d'Ana-Melech. C'est à cette occasion

que le savant ajoute que le titre de Melech ou de roi et de chef était donné aux principales étoiles et aux plus brillantes constellations. La liaison de Céphée avec le solstice, et surtout avec le lion, domicile du soleil, le fit appeler le roi du soleil 5. On le peignait en conséquence sous l'emblème d'un homme enflammé, et on l'appelait l'enflammé ". Horace, dans une de ses odes, le prend pour l'indication des grandes chaleurs et l'unit au lion " dont il allume les feux. Columelle fixe son lever du soir au septième jour qui précède les calendes de juillet, ou à l'époque à laquelle nous célébrons les fêtes du feu, sous le nom de feu de saint Jean". On plaçait aussi à côté de lui une brebis, comme à côté du précurseur du Dieu-soleil ou du Christ, et on

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1 Reg., 1. 4, c. 17, v. 31.—2 Seld. synt. 2, c. 9. 5 Kirk. OEdip., t. 1, p. 371.-4 Hyde Vet. pers., Relig., c. 6, p. 131. 5 Riccioli, p. 126. 6 Leopold. Dux Austr. 7 Alphons. Tab., p. 215.—8 Horace. Ode 23, v. 27.---? Columelle, l. i c, 2, p. 428.

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l'appelait le berger avec sa brebis'. Tel était le Dieu des Sépharaïtes, Anamelech, auquel on joignait aussi Adramelech, dont on faisait, comme de Céphée, un Ethiopien, suivant Théophile". Le mot d'Adra signifie grand et magnifiqne. Quelques rabbins ont donné à celui-ci les attributs du mulet ou de l'animal que les astrologues mahométans peignaient près du cocher céleste *.

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On voyait aussi chez les Syriens des divinités à tête d'âne. Tel était Tartac. C'est peut-être cette idole qui a donné lieu de dire que les Juifs adoraient un âne ou des Dieux à tête d'âne. Cet âne est l'âne de Bacchus que montait Silène, et qui fut placé dans le signe du cancer. Plutarque et Tacite parlent de ce prétendu animal sacré révéré chez les Juifs, et ils supposent qu'il avait découvert aux Juifs l'eau qui étancha leur soif: allusion manifeste au signe céleste où est l'âne, et que l'astrologie avait consacré à l'élément de l'eau, comme nous le verrons encore dans la cosmogonie des Perses. Appien, dans Josèphe, reproche aux Juifs d'adorer la tête d'âne. Origène, dans son Traité contre Celse, parle de sept archanges ou grands génies dont les têtes sont empruntées des animaux célestes, et caractérisent les intelligences des sept planètes. Celui qui répond à la septième place

1 Hyde Com. ad Ulug. Beigh., p. 16 et 17, et de Vet. pers. Rel., p. 131.— 2 Theop. ad Autolyc., l. 2, p. 103.— 3 OEdip., t, 1, p. 371. 4 Riccioli, p. 127. 5 Selden, synt. 2, c. 9, p. 328. 6 Hygin, 1. 2; Lact., 1. 1, c. 21. 7 Tacite, 1. 5, c. 1; Plut. Symp., 1. 4, c. 5.8 Ci-après, t. 7, c. I.

s'appelle Onoël ou Thaphabaoth, et il a une tête d'âne. La secte des Gnostiques admettait aussi sept intelligences qui présidaient aux sept cieux. Sabaoth était l'ange du septième ciel 2; il avait une tête d'âne, et, suivant d'autres, de porc ou des deux animaux que Plutarque dit avoir été consacrés par des sectes juives.

La sphère des Perses de Scaliger place sous les premiers décans du lion, et sur les deux derniers du cancer, les oreilles des ânes et une tête d'âne avec celle du cheval. Ce sont ces divers paranatellóns qui formèrent les figures bizarres du soleil, de la lune et des autres planètes représentées par les astrologues, dans leur union aux différens signes et aux décans de ces mêmes signes. De cette nature était sans doute l'idole des Hévéens, que nous ne connaissons que par les rabbins 5. Ils ado raient aussi Nibaz que je crois être le Mercure Anubis, et Nebo, divinité à la tête de chien . Celse dans Origène, place le génie à tête de chien à la sixième place, et l'appelle Erathaoth'. On trouve le chien parmi les paranatellons du cancer et du lion, ainsi que la tête d'âne et celle du cheval dans la sphère de Scaliger. On trouve aussi un homme à tête de chien dans le planisphère de Kirker. Ce chien, ou cet homme à tête de chien, ne peut être autre chose que le type de l'idole des Avaïtes, et un

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1 Origen. Contr. Cels., 1. 6, p. 304.-2 Epiph. Adver. hæres., c. 26. Plut. Sympr, 1. 4, c. 5.-4 Scalig. Not. ad Manil., p. 339.-5 Kirk. OEdip., t. 1, p. 371.6 Ibid., p. 370, 7 Origen. Ibid., 1. 6, p. 301.

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Mercure de l'espèce du Mercure Egyptien, Anubis, qui avait ces formes. Kirker a bien aperçu cette vérité, lorsqu'il en fait un Mercure Egyptien, tel que celui que nous voyons dans la procession d'Isis, décrite par Apulée. Les rabbins font venir ce nom Nibas de latrare ou d'aboyer 2. Les Syriens et les Arabes écrivent Nibhou ou Nibhan. Quoique j'attache plus d'importance aux formes et aux fonctions des divinités qu'aux noms, j'incline pour faire venir ce nom de la même source que le nom de Nebo ou Nabo les Chaldéens donnaient à la planète de Mercure*, divinité peinte chez les Egyptiens avec une tête de chien, et qui tenait en main le caducée entortillé du serpent 3. C'est dans Isaïe qu'il est parlé de l'idole de Nebo, idole des Chaldéens, qui fut brisée avec celle de Baal ou du génie dont le nom est donné à la planète de Jupiter, chez ce même peuple astrologue.

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Saint Jérôme en fait une idole qui avait le talent de la divination et qui rendait des oracles". Les rabbins, prétendent que, comme Mercure et Esculape, il avait les attributs du serpent ®. On pourrait y voir aussi Esculape et Sérapis, qui avaient le double attribut du serpent et du chien. Mais la dénomination de Nebo, donnée par les Chaldéens à la planète Mercure, et qui entre dans la composition des noms Nabuchodonaser, Nabuzardan chez ces

1 Apul Metam., l. 1. -2 R. Rassi. apud Kirk. Ibid., p. 370. 3 Selden, synt. 2, c. 12, 4 Hyde de Vet. pers. Rel., p. 67; Riccioli, p. 127. 5 Apul ibid. 6 Isaïe, c, 46, v. 1. 7 Hierony. in Isaïe, c. 46.8 Kirk. OEdipe, t. 1, p. 381.

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