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d'hui de tuer ces oiseaux; ils voient en eux l'animal chargé par la Nature de purifier ce pays 1. L'ibis y est connue sous le nom de belsory.

Le scarabée fut, comme l'ibis, consacré au soleil et à la lune, toujours par une suite des habitudes et des formes qui établissaient entre cet insecte et ces astres des rapports de ressemblance. On observera qu'il déposait les germes de sa reproduction dans une boule de matière fétide 2, qu'il roulait pendant vingt-huit jours, c'est-à-dire durant le même temps que la lune met à achever sa révolution chaque mois. Il la roule à reculons, c'est-àdire qu'il suit dans son mouvement la marche du soleil et des astres, qui se meuvent en sens contraire du mouvement de tout le ciel ". Porphyre, qui nous donne cette explication, ajoute que le culte du bélier et du crocodile, de l'accipiter, de l'ibis, et en général de tous les animaux, était fondé sur de semblables observations. D'autres auteurs, tels qu'Horus-Apollon, ont cherché dans le nombre des pates du scarabée, qu'il fait monter à trente, la raison qui le fit consacrer au soleil, lequel séjourne trente jours dans chaque signe *. Il parle d'une autre espèce de scarabée qui porte deux cornes, et qui, par cette raison, fut consacré à la lune, laquelle a son exaltation dans le signe céleste du taureau. Enfin il en com pte une troisième espèce, qui

1 De Paw, Recher. sur les Egypt. et les Chin,, t. 2, p. 120. Ælian, de Animal., 1. 10, c. 15.—3 Plut. de Isid., p. 381; Porph. apud Euseb., 1. 3, c. 4, p. 94. — Hor-Apoll., I. 1,

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n'a qu'une corne, et qui, comme l'ibis, est consacré à Mercure.

Diogène Laërce, à l'occasion des animaux sacrés de l'Egypte, nous dit qu'Osiris et Isis, les plus grandes divinités des Egyptiens, étaient représentés par le scarabée, l'épervier, le serpent et par d'autres animaux. Mais Osiris et Isis étaient le soleil et la lune, comme on l'a vu dans les chapitres de cet ouvrage où nous avons traité de ces divinités 2. Donc les animaux sacrés représentaient les Dieux naturels, le soleil et la lune, et par une suite du même principe; les autres astres.

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On étendra aux autres animaux sacrés la double explication que nous venons de donner de l'origine de ce culte symbolique, qui porte en partie sur les propriétés vraies ou convenues des animaux, et en partie sur leur ressemblance avec les animaux des constellations. Encore ceux-ci n'ont-ils été placés aux cieux que par une suite des observations faites sur leur nature, et d'après lesquelles on les jugeait propres à telle ou telle opération, soit de la Nature, soit de l'homme, tant du navigateur que de l'agriculteur. En conséquence, nous n'insisterons pas sur les détails qui ont pour objet le porc, l'âne, le coq, le hibou ou la chouette, la musaraigne, la grenouille du Nil, etc. Différens auteurs anciens ont donné des explications de ces divers symboles vivans et animés, que le culte allégorique avait consacrés. Quoiqu'ils ne soient pas tous également

Diogen, in Prom. 2 Ibid., 1. 3, c. 2 el 3.

satisfaisans, on y reconnaîtra au moins une vérité importante, c'est que ces animaux n'étaient point honorés pour eux-mêmes, mais pour les Dieux ou pour les êtres divins qu'ils étaient supposés représenter. Ce qui suffit ici pour notre but.

CHAPITRE II.

DU CULTE DES PLANTES, DES PIERRES, ETC.

L'AME du monde ou la divinité, que l'on croyait s'être peinte dans les différens animaux qui retraçaient quelques-uns de ses caractères et quelquesunes de ses propriétés, pénétrant tous les corps organisés, propageait également ses images dans les végétaux qui ont une sorte de vie, et dans les pierres et les minéraux, dont la composition est le fruit du travail de la Nature et de l'action du feu artiste qui circule dans toutes les parties de la matière. On étudia donc les productions de la Nature dans l'immense laboratoire où elle travaille en silence, aidée de la main du temps; on y épia sa marche; et on chercha, dans ses moules organisateurs, l'empreinte de ses traits éternels.

Les Egyptiens, par exemple, crurent voir dans la végétation de l'ognon des rapports avec les phases de la lune, comme ils en avaient observé dans les dilatations progressives de l'œil du chat, et dans

le régime de vie de l'ibis. Ils y remarquèrent des périodes d'accroissement et d'altération qui suivaient la marche inverse de celles de la lumière lunaire. C'est pour cela, dit Aulugelle 2, que ceux de Peluse s'abstiennent d'en manger, parce qu'il est le seul légume, qui, dans sa végétation, semble contraster avec la marche de la lune et avec la progression de sa lumière. La même observation, faite sur la reproduction du porc, donna également lieu à l'aversion qu'on avait pour cet animal 3. Ils voyaient en lui l'ennemi du soleil et de la lune 4.

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Ils crurent également voir dans la plante appelée lotus, espèce de nymphea qui naît dans les lieux humides, un emblème du soleil levant, lorsqu'il naît du sein des eaux3. C'est ainsi qu'Homère représente le soleil sortant du sein de la mer On suppose que, comme le lotus, cet astre naissait et s'alimentait dans l'élément humide, et par les exhalaisons qui s'en élevaient. Ainsi les Japonais et les Tartares font reposer l'image de leur principale divinité sur la fleur du tamarin, plante palustre, dont la tige sort de l'eau. C'est sur sa fleur que le Bagawadam dit que fut créé Brouma. Le lotus fut encore considéré sous d'autres rapports qui semblaient devoir le lier à la marche du soleil plus particulièrement que les autres plantes palus

1 Plut. de Iside, p. 353.2 Aulugell., 1. 20, c. 7. — 3 Plut. de Iside, p. 353.-4 Elian, de Animal., 1. 10, c. 16.5 Plut. de Iside, p. 355. — 6 Ibid. de Pyth. Orac., p. 4oo. 7 Diod. Sic., l. 1, c. 34, p. 40.

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tres. Son fruit était sphérique comme le globe solaire, ou arrondi comme la tête du pavot. Le matin, au lever du soleil, il se développait et se dégageait de ses feuilles ; le soir, au coucher de cet astre, il se renfermait dans son enveloppe et semblait se coucher. Cette correspondance vraie ou supposée, entre le développement et le resserrement des feuilles du lotus et l'apparition et la disparition du soleil, fut un motif plus que suffisant pour faire consacrer cette plante à l'astre qu'il blait imiter dans son cours. Théophraste parle d'une semblable plante qui croît dans l'Euphrate, et lui attribue les mêmes propriétés. Nous avons déjà parlé ailleurs de cette plante symbolique unie au culte d'Harpocrate par les Egyptiens *.

Plutarque parle de la résine et de la myrrhe, et des rapports qu'elles avaient avec le soleil et avec la lune 5.

On donnait à certains arbres le nom d'arbres du soleil et de la lune; ils rendaient des oracles au lever de ces deux astres".

Le palmier fut consacré par les astrologues aux mouvemens célestes, et surtout à la révolution annuelle du soleil; on lui. attribuait autant de propriétés que l'année a de jours. C'est ce préjugé religieux qui, sans doute, le fit consacrer dans les fêtes olympiques, comme récompense affectée au

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1 Pline, Hist. Nat., 1. 13, c. 17.-2 Prosper. Alpin. de Plant. Ægypt., c. 34.5 Theop. Hist. Plant., 1. 4, c. 10.4 Tom. 4, 1. 3, c. 15.5 Plut. de Iside, p. 384.-6 Poly. Hist. Symb., 1. 10, C. 17.

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