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CCCXXXVI. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Duc de Saint-Aignan,

A Paris, ce 14. Avril 1682.

J'AI pris pa

'Ar pris patience dix-fept ans durant Monfieur, parce que j'étois réfigné aux volontez de Dieu, & à celles de nôtre Maître. Mais depuis que j'ai vû le retour de Sa Majesté à la mifericorde fur mon fujet, & que j'ai oui avec quelle bonté il me dit qu'il étoit content de ma conduite je ne puis me tenir fur l'envie que j'ai de lui aller rendre mes tres humbles refpects, & lui montrer fur mon vifage les fentimens de reconnoiffance, & fi je l'ofe dire, de tendreffe, dont mon cœur eft tout plein pour lui Mandez-moi, Monfieur, s'il vous plaît, quand vous jugerez à propos que j'aille faire ma cour au lever du Roi, & je m'en reviendrai à Paris au fortir de fa chambre; car comme je ne veux être vû de lui, je n'ai que lui à voir au mon

que

de.

CCCXXXVII. LETTRE Réponse du Duc de Saint-Aignan au Comte de Buffy.

V

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ENEZ demain, Monfieur, & venez pour toujours jouir autant qu'il vous plaira de la vûe du plus grand, du meilleur, & du plus aimable Roi du monde. CCCXXXVIII. LETTRE.

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Du Comte de Buffy au Duc de...

Ce 16. Avril 1682.

E vous rends mille graces, Monfieur,de la joye que vous avez toujours de mon rappel à la Cour. Vêtre lettre ne me raffure point fur l'honneur de votre amitié car je n'en ai pas été en doute; mais elle me donne le plaifir de vous entendre dire combien vous m'aimez.

Je ne fçai pourquoi on a été furpris de mon retour. Pour moi, je ne l'ai point été. Quand je regardois les chofes en détail, le peu d'amis qui restent à un homme en difgrace & depuis dix-fept ans,

la mode

même d'aujourd'hui de ne rien faire que pour foi,& de croire se faire valoir auprès du Roi par ne lui demander aucune grace que pour fa famille; quand je regardois tout cela, je ne voyois point d'apparence d'être rappellé mais en gros j'ai toujours bien cru qu'un homme de condition & de service, ne mourroit pas en exil pour des bagatelles, fous le regne du plus grand Roi du monde. Cela me fait encore croire que fi je puis faire connoître à Sa Majesté le fond de mon cœur, elle me fera affurément du bien ; & il y a bien plus loin de Buffy à Saint-Germain, que de Saint-Germain à quelque grace. Adieu, Monfieur. Je n'ai que faire de vous fupplier de m'aimer toujours. Je n'en fuis point en peine : ma difgrace a duré affez pour avoir mis vôtre générosité à la derniere épreuve.

CCCXXXIX. LETTRE. REMERCIMENT DU COMTE de Buffy à Meffieurs de l'Academie Françoife, qui lui avoient député Meffieurs Charpentier & Quinault, pour lui faire compliment fur fon retour.

MESSIEURS,

Quoique je fçache bien que le compli

ment dont vous m'avez honoré, foit une fuite de la grace que j'ai reçue du Roi, je ne laiffe pas de vous en être extrémement obligé, , parce que je fçai auffi que vous ne feriez pas cet honneur à tous ceux de votre Corps qui fortiroient de difgrace. Soyez donc perfuadez, s'il vous plaît, Meffieurs, que je fens cette diftinction comme je dois, & qu'il n'y a dans mon cœur au deffus de l'obligation que je vous ai, que la reconnoiffance du retour à la mifericorde de Sa Majefté fur mon fujet. Ce feroit ici un bel endroit, Meffieurs, pour vous parler de ce grand Roi, dont les ennemis mêmes parlent avec éloge; mais dix-fept ans d'ab fence de l'Academie m'ont fait perdre les difpofitions que je pouvois avoir à ces beaux tours & à ces nobles expreffions qu'on apprend fi bien avec vous, & qui font fi neceffaires pour traiter un auffi grand fujet que celui-là. Je n'ai pas oublié d'admirer, & fi je l'ofe dire, d'aimer le plus grand Roi du monde; mais j'ai oublié la maniere de le dire comme il le mérite. Vous me l'apprendrez, Meffieurs, & cependant je vous affurerai qu'on ne peut être avec plus de vérité que je le fuis, &c.

CCCXL. LETTRE.

Du Comte de Buffy à la Comteffe de Rabutin de Holstein.

J

A Paris, ce 26. Avril 1682.

A1 appris avec beaucoup de joye, Madame, l'honneur que vous avez fait à mon coufin le Comte de Rabutin. Toute ma maison y prend la part que vous pouvez penser qu'elle y doit prendre. Je vous affure, Madame, que vous ne pouviez jamais entrer dans une famille où l'on eût plus d'eftime, plus de respect, &, fi je l'ose dire, plus d'amitié que toute la nôtre en a pour vous, & moi particulierement, qui fuis plus que pas un, votre trés-humble & trés obéiffant ferviteur.

CCCXLI. LETTRE.

Réponse de la Comteffe de Rabutin de Holftein au Comte de Buffy.

A Vienne, ce 14. May 1682.

ONSIEUR, j'ai appris avec beaucoup de joye par la vôtre, l'interêr

MC

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