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gile, comme avocat, comme chef, comme guide et comme consolateur.

Les Apôtres en parlent tantôt comme d'une puissance, tantôt comme d'une personne, et les Trinitaires citent ces derniers passages comme preuve convaincante de la justesse de leur système.

La première fois qu'on a fait mention d'opinions différentes relativement à l'Esprit saint, ce fut après le commencement de la controverse d'Arius relative au Fils; or, comme le nombre des anti-Trinitaires était fort grand chez les Païens peu instruits; comme les Judéo-Chrétiens ne reconnaissaient d'autre divinité que celle du Père; comme il n'y a aucun reproche dirigé contre eux relativement au Saint-Esprit, par les adversaires qui les blâment de ne pas adorer le Fils comme Dieu, il en résulte que ceux qu'on appelait orthodoxes ne croyaient pas à la divinité du Saint-Esprit; d'où nous concluons que la divinité du Fils a préparé les voies à la personnalité et à la divinité de l'Esprit saint.

Peut-être l'idée de transformer le Saint-Esprit en une personne n'aurait jamais existé sans la formule du baptême, quoique de très-bonne heure de nombreux écrivains l'aient entendue comme indiquant que celui qu'on baptise est admis dans la religion que le Père a donnée par l'entremise du Fils, et qui a été confirmée par un pouvoir surnaturel. On sait que les Apôtres eux-mêmes n'employèrent point habituellement la formule du baptême. Nous lisons dans le livre des Actes qu'ils baptisaient le plus souvent au

nom de Jésus, sans faire aucune mention du SaintEsprit.

Les Pères apostoliques ne nous enseignent rien à ce sujet. Clément ne dit pas un mot du Saint-Esprit; il dit seulement, dans le livre que l'on attribue à Hermas: « Gardez-vous d'offenser l'Esprit saint qui habite en vous, de peur qu'il ne prie le Seigneur, et qu'il ne s'éloigne de vous.»>

Ignace, dans son Epitre aux Ephésiens, paraît considérer l'Esprit comme une puissance; car il dit : « Nous sommes élevés en haut par la machine de Christ, savoir, par sa croix, et nous nous servons du Saint-Esprit comme d'une corde. »>

Justin martyr, auquel on doit les premiers éléments de la doctrine qui considère Jésus-Christ comme Dieu, dit peu de choses: «Nous accordons la seconde place au Fils, la troisième à l'Esprit. »>

Irénée est plus exprès. Il dit, dans son troisième livre « Sous le nom de Christ on sous-entend celui qui a oint, celui qui a reçu l'onction, et l'onction : c'est le Père qui a oint; le Fils a été oint dans l'Esprit, qui est l'onction. » Il dit encore au livre troisième : « L'Esprit qui est descendu sur le Seigneur, l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'Esprit de conseil et de vertu, l'Esprit de science et de piété, l'Esprit de crainte de Dieu, qu'il a donné de nouveau à l'Église par toute la terre, en envoyant le Paraclet depuis les cieux. »

Tertullien à Praxeas dit (ch. vIII) : « L'Esprit est le troisième après Dieu et le Fils, comme le fruit

qui procede de l'arbre est le troisième depuis la racine. >>

que

dans ce

Origène met en doute si l'Esprit saint n'a point été créé par le Fils, puisqu'il est dit que toutes choses ont été créées par lui. Nous concluons temps la doctrine de l'Église n'était pas arrêtée, et que les écrivains et les simples Chrétiens pouvaient écrire et parler sans être taxés d'hérétiques.

Novatien a écrit (ch. xvi): «Christ est plus grand que le Paraclet. »

On compte entre les torts de Lactance « de n'avoir pas même nommé le Saint-Esprit; de plus, d'avoir, dans ses Épitres à Démétrius, nié la substance du Saint-Esprit, et d'avoir dit, par une erreur judaïque, qu'il fallait le rapporter au Père ou au Fils.»

Eusèbe dit : « L'Esprit saint n'est ni Dieu, ni le Fils, parce qu'il n'a pas tiré sa naissance du Père comme le Fils, mais c'est une des choses que le Fils a faites, puisque tout a été fait par lui, et que rien n'a été fait sans lui. »

Hilaire, qui a écrit si longuement pour Dieu le Fils, représente l'ordre du Sauveur donné aux Apôtres, dans la formule du baptême, comme signifiant : «< En confessant l'auteur, l'unique et le don.»

Les Pères du concile de Nicée ne dirent absolument rien de la divinité du Saint-Esprit; ils se bornèrent à ces mots : « Je crois au Saint-Esprit. » Les choses en seraient vraisemblablement demeurées là

fort long-temps, si Macédonius, chassé de l'Église de

Constantinople, n'eût nié en termes formels la divinité de l'Esprit saint, affirmant qu'il était la puissance de Dieu, ou, selon d'autres, un être créé supérieur aux Anges. Alors Athanase, qui se trouvait dans les déserts de l'Égypte, convoqua un synode; et là, par son autorité, le Saint-Esprit fut dit pour la première fois consubstantiel avec le Père et le Fils. Enfin, au second concile écuménique de Constantinople, l'an 381, sous Théodose-le-Grand, on ajouta cette formule au Symbole de Nicée : « Nous croyons au Saint-Esprit, Seigneur, donnant la vie ; il procède du Père ; il doit être adoré et glorifié avec le Père et le Fils; il a parlé par les Prophètes. »

Il est donc établi solidement que le système de la Trinité a été imaginé graduellement, continué, achevé et enfin consacré.

Plusieurs théologiens Trinitaires reconnaissent l'exactitude de cette assertion et la soutiennent dans leurs ouvrages.

Jurieu affirme « que l'Eglise a eu des opinions différentes sur le mystère de la Trinité; que les Pères des trois premiers siècles ont enseigné que le Verbe n'était pas éternel en tant que Fils, qu'il avait été caché dans le sein de Dieu comme sa sagesse, et qu'il n'avait été une personne distincte que peu avant la création : il cite Athénagore, Tatien, Théophile, Tertullien; il prouve par des passages d'Origène, de Clément d'Alexandrie et d'Irénée que les anciens établissaient une inégalité entre le Père et le Fils; il soutient que la foi à la Trinité fut incomplète jus

qu'au concile de Nicée, et même jusqu'à celui de Constantinople, qui, le premier, décréta la divinité du Saint-Esprit. »

Voici ce qu'on lit dans Mosheim : « Au commencement du 4me siècle, dès l'an 317, il s'éleva en Égypte une nouvelle dispute sur une question beaucoup plus importante, et dont les suites furent encore plus fàcheuses; elle roula sur la doctrine des trois personnes en un seul Dieu; doctrine qui, dans les siècles précédents, avait heureusement échappé à la curiosité des hommes; ils n'avaient pas cherché à l'approfondir. A la vérité, l'Église avait souvent décidé, contre les Sabelliens et d'autres hérétiques, qu'il y a une diffė– rence réelle entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ou comme nous parlons communément, qu'il y a trois personnes distinctes dans la Divinité. Mais en quoi consiste cette doctrine, et quelle est la nature des relations que soutiennent entre elles ces trois personnes ? C'est ce qu'on n'avait point encore entrepris d'expliquer, et sur quoi, par conséquent, l'Église avait gardé un profond silence. A cet égard, la foi des Chrétiens n'avait point été gênée, et on n'avait prescrit aucune formule ou façon de s'énoncer, dont on dût absolument se servir en parlant de ce mystère. Aussi, les docteurs Chrétiens étaient-ils là-dessus dans des sentiments différents, et les exprimaient-ils dans leurs discours avec une entière liberté, et sans que qui que ce soit en fût offensé. En Égypte, la plupart des Chrétiens embrassèrent l'opinion d'Origène, qui croyait que le Fils est en Dieu,

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