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ces, ce qui lui a fait donner le nom de Père ; il habite une lumière inaccessible. En second lieu, le Fils inférieur au Père; il habite une lumière visible. En troisième lieu, le Saint-Esprit inférieur au Fils.

Au 3me siècle, on commença à combattre avec violence, et à flétrir du nom d'hérésies les opinions différentes sur ce sujet, qui avaient été jusque-là soutenues avec calme ou reçues avec applaudisse

ment.

On employa dès-lors des expressions qui ne se trouvent point dans l'Écriture et auxquelles on met encore, de nos jours, une grande importance, comme Trinité, mot que Tertullien et Théophile paraissent avoir employé les premiers; Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit; les mots substance, personne, hypostases, etc.; mais il ne faut pas croire que l'on ait ajouté toujours à ces expressions les mêmes idées : le docteur Cudworth reconnaît «< que les anciens Pères orthodoxes étaient bien loin d'admettre les trois hypostases de la Trinité, comme ayant entre elles une essence unique; ils entendaient, par cette unité d'essence et ce seul Dieu, ce qu'on voudrait signifier, en disant de trois hommes qui ont en commun l'essence de l'humanité, et qui sont tous un homme. Mais comme cette doctrine fut accusée de Trithéisme, on en vint à dire que les trois personnes ou hypostases de la Trinité avaient une seule et même essence.» (P. 604.)

Pendant le 3me siècle on avait décidé contre Sabellius et Paul de Samosate, que le Père différait réel

lement du Fils, et le Saint-Esprit de tous les deux; mais on ne s'était point occupé de la relation mutuelle des personnes, de la différence qui existe entre elles, et de leur nature. L'Église n'avait rien prescrit. On voulut définir ce que Dieu avait tenu caché, on multiplia les formules, et avant même que le sens qu'on y attachait fût bien défini, il y eut des dissentions, des subtilités, des anathèmes.

Au 4me siècle, on soutint trois personnes ou hypostases, le Fils fut déclaré parfaitement égal au Père, sans aucune différence. Athanase, évêque d'Alexandrie et vaillant champion de la Trinité, fit déclarer le Fils engendré de toute éternité, et coéternel avec son père et avec le Saint-Esprit. On réunit ainsi l'hypothèse de Sabellius, qui avait proclamé l'unité de substance des trois, et celle des Antisabelliens, qui avaient voulu trois personnes.

Arius d'Alexandrie apprit qu'Alexandre, son évêque, discutait beaucoup sur l'unité dans la Trinité; craignant qu'Alexandre ne tournât au Sabellianisme, il l'avertit de se tenir sur ses gardes, et mit au jour sa doctrine, dans laquelle il reconnaît trois substances: le Père, seul éternel et incomparable; le Fils, absolument distinct du Père, engendré, antérieur à toutes choses et éternel, dans ce sens qu'il existait auparavant dans son Père. Il ne dit rien de positif sur le Saint-Esprit; il est vraisemblable qu'il voyait en lui une créature du Fils.

Les disciples d'Arius se divisèrent; les uns, les Anoméens ou les Eunomiens, déclarèrent le Fils

différent de tout point de la substance et de l'individualité du Père. Les autres, les Homoiousiens ou les semi-Ariens, dirent le Fils semblable au Père, mais non de la même substance; ils rejetèrent l'identité. Marcellus, si l'on en croit Basile et Théodoret, s'éleva contre Arius et se rapprocha des Sabelliens. Il enseigna qu'une extension de la divinité du Père était venue sur le Christ, et qu'un jour, à la fin de cette économie, ce Dieu logos retournerait en Dieu. Le Saint-Esprit est, selon lui, une extension de l'ex

tension.

Il distingua le logos du Fils; le logos est une puissance éternelle en Dieu, l'intelligence et la sagesse, qui ne sont point séparées de l'hypostase divine; le Fils est le Sauveur avec lequel le logos s'est uni, c'est à lui que s'applique la génération, comme le nom d'unique et de premier né. Il accorda l'éternité à l'Esprit, la procession du Père et du Fils, mais il nia en lui l'hypostase que soutiennent les Ariens.

Photin prétendit qu'on pouvait donner à Christ le nom de Dieu, non pas à cause de sa nature, mais à cause de l'union du Verbe divin, ou de l'intelligence divine avec lui; il nia qu'il eût existé avant le monde. Macédonius envisagea le Saint-Esprit comme une puissance presque divine.

En 325, le concile de Nicée expliqua, comme suit, sa foi au dogme de la Trinité :

« Nous croyons en un seul Dieu le Père tout-puissant, créateur des choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu,

engendré du Père, c'est-à-dire de la substance du Père, vrai Dieu de vrai Dieu, lumière de lumière, engendré et non point fait, coessentiel et consubstantiel avec le Père, par lequel toutes choses ont été faites, tant dans le ciel que sur la terre, qui est descendu pour le bien des hommes et à cause de notre salut, qui a revêtu la chair et s'est fait homme, qui a souffert et au troisième jour est ressuscité, qui est monté dans les cieux et qui en reviendra pour juger les vivants et les morts; et au Saint-Esprit. Quant à ceux qui disent qu'il y a eu un temps auquel le Fils n'était pas, et qu'il n'était pas avant que d'être engendré, et qu'il a été engendré de rien, ou de choses qui n'étaient pas, ou de quelque autre substance ou essence, et qui enseignent que le Fils de Dieu peut tourner ou changer, la sainte Église apostolique

les anathématise. »

On sait à quelles intrigues on eut recours pour condamner l'Arianisme et pour faire glisser dans le Symbole le mot de consubstantiel, qui jusqu'ici n'avait pas été admis encore, et il n'est point sûr que la majorité des Pères de Nicée ait été Trinitaire, comme on l'est devenu depuis [1].

Il importe de remarquer que ce concile ne s'explique point sur le Saint-Esprit. L'édifice ne fut pas élevé jusqu'au faîte. Ce fut cinquante-six ans plus. tard, en 381, que le concile de Constantinople ensei

[1] Hosius, président du concile, Eusèbe, Denys de Rome, pensaient différemment et favorisèrent plus tard le parti d'Arius. (Hist. Litt. Cave, p. 95.)

gna la même doctrine sur Jésus-Christ; il ajouta sur le Saint-Esprit ces paroles : « Nous croyons au SaintEsprit, Seigneur qui vivifie, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les Prophètes. >>

Le système avait été incomplet, le concile de Constantinople y mit la dernière main.

On sait que ce ne fut qu'en 440 qu'on imagina la Doxologie : gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit; les Chrétiens s'étaient contentés de donner gloire au Père. On lança des anathèmes contre ceux qui niaient que le Saint-Esprit fût Dieu; et Basile dit, dans sa 27me Homélie, qu'une telle dénégation était blasphématoire.

On sait encore que dès-lors il s'éleva des querelles et des guerres, parce qu'on se bornait à enseigner que le Saint-Esprit procédait du Père seul. Ce fut en 660 qu'on décréta qu'il procédait du Père et du Fils, et qu'on ajouta dans la formule le fameux Filioque (et du Fils), ce qui donna lieu au schisme entre les Grecs et les Latins. Mais j'oublie que je ne dois pas dépasser les limites que j'ai posées, et qu'il serait hors de place d'insister ici sur ce qui est postérieur au concile de Constantinople.

§ V. Histoire abrégée du Système, depuis l'an 381.

J'ai prouvé, par des faits et des témoignages irrécusables, que les Pères de l'Église, antérieurs au concile de Nicée, avaient reconnu et enseigné l'infériorité du Fils au Père. Une fois la victoire remportée

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