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Bulletin de la Société Anatomique; rédigé par M. FORGET, Secrétaire.

Extrait des procès-verbaux des séances de la Société anatomique.

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Dothinentérie.

Anatomie du système nerveux de la main, de la langue, ganglion ophthalmique.-Anévrysme du cœur.- Cancer du foie. · Conduit auditif. Destruction de l'épiglotte.-Phthisie laryngée. morrhagie intestinale par ulcération artérielle.— Ramollissement général des os.-Polype utérin.-Vessie à colonnes. - Abcès sous-muqueux du larynx.

Présidence de M. Cruveillier.

Séance du 1er aqut 1833.-M. Camus fait un rapport sur un travail de M. Lacroix, relatif aux nerfs de la main.

Au sujet de ce rapport, M. Giraldès fait observer que le nom de ganglions donné par M. Camus aux petits corpuscules annexés aux filets de terminaison des nerfs de la face palmaire de la main, n'est pas justifié, en ce qu'il est douteux que ces corpuscules soient de structure nerveuse. M. Camus répond n'avoir employé ce mot que comme terme de convention et sans préjuger absolument la nature de ces corps.

M. Robert prétend que c'est à tort que le rapporteur a dit que le nerf glosso-pharyngien se distribuait également aux muscles du pharynx et à la langue, vu qu'il se distribue en presque totalité à la muqueuse linguale; du reste, il n'est pas un nerf de la langue auquel on puisse assigner une distribution exclusive à tel élément déterminé.

M. Michon relève une assertion de M. Giraldès, que les nerfs de la vie animale sont dépourvus de ganglions. Il oppose les ganglions intervertébraux, ganglion de Gasser ou du trijumeau, ganglion otique, etc. Il soutient contre M. Robert, que le glosso-pharyngien fournit autant de rameaux aux muscles du pharynx qu'à la langue.

M. Giraldès demande si les prétendus ganglions des nerfs sensitifs ne sont pas plutôt des plexus plus ou moins serrés.

M. Cruveilhier rapporte avoir rencontré dernièrement une branche du facial, longeant le glosso-pharyngien et communiquant avec lui. Cette branche aussi volumineuse que le trone principal, descendait le long de l'apophyse styloïde, s'anastomosait avec le nerf glosso-pharyngien, et se distribuait comme lui ; cette disposition n'existait que d'un côté. M. le président propose de nommer une commission dans le but d'éclairer les importantes questions soulevées dans cette discussion. Cette commission se composera de MM. Chassaignac, Camus, Lacroix, Maisonneuve, Giraldès et Després. Elle s'occupera : 1o de déterminer la disposition et la structure nerveuse ou non des prétendus ganglions des filets des nerfs de la main; 2° d'établir la distribution précise du nerf glosso-pharyngien; 3o de rechercher quelle est la fréquence de cette anastomose du même nerf observé par M. Cruveilhier.

M. Montault rapporte qu'ayant disséqué l'appareil oculaire d'un lion, il a vainement cherché à découvrir le gauglion ophthalmique; il se demande si ce ganglion ne manquerait pas dans le genre felis ou du moins dans l'espèce leo, comme on a prétendu qu'il manquait dans le genre equus, où pourtant M. Retzius l'a rencontré et montré à la Société anatomique.

Séance du 8 août. A propos du procès-verbal, MM. Giraldès, Defrance et Denonvilliers, disent avoir trouvé le ganglion ophthalmique chez de jeunes chats, et témoignent leur étonnement de ce que M. Monfault ne l'ait pas trouvé chez le lion.

M. Nelaton dit que chez le genre felis, ce ganglion est parfois difficile à trouver, à cause de la disposition de la branche inférieure de la troisième paire, qui est très longue, s'avance jusqu'au globe de l'œil et se réfléchit ensuite le long du nerf optique avant de se rendre au ganglion ophthalmique. Ce ganglion est multiple chez certains animaux : chez le cheval il y en a jusqu'à trois. Cette variété de nombre s'observe aussi pour le ganglion sphéno-palatin. Parmi les oiseaux, le ganglion ophthalmique, selon M. Nélaton, n'existerait que dans le genre falco, cependant on le rencontre chez la pie.

M. Lenoir rappelle que Munch, dans une dissertation intéressante, fait observer que le volume du ganglion ophthalmique est généralement

en rapport avec la contractilité de l'iris; ce qui a pu conduire à penser qu'il n'existe pas chez le cheval.

M. Viger présente, 1o un cœur anévrysmatique en gibecière, provenant d'un homme chez lequel existaient tous les signes de l'anévrysme passif. Les battemens de cœur, vers les derniers temps, n'offraient plusqu'un bruit de claquement et se succédaient par séries de quatre à cinq suivis d'une intermittence. Le bruit de soufflet, sensible dans le principe, avait disparu; 2° un morceau de foie parsemé de matière encéphaloïde qui lui donnent un aspect granitique, disposition plus rare que le cancer maronné ou en masses.

M. Lenoir lit une note sur la disposition du conduit auditif externe aux divers âges, conduit dont la direction chez l'enfant est plus oblique en avant. Le redressement est attribué au développement consécutif de l'apophyse mastoïde.

M. Ribes présente un larynx provenant d'un phthisique. L'épiglotte est détruite, et cependant la déglutition s'opérait d'une manière normale. Quelques membres pensent qus les caroncules qui naissent de la racine de l'épiglotte pouvaient suffire pour recouvrir la glotte. Il y avait aphonie. Dans les ventricules existe une ulcération tuberculeuse. Le cartilage cricoïde est ossifié (le sujet avait 60 ans), mais le tissu réticulaire est dilaté d'une manière anormale. M. Ribes a toujours vu les tubercules pulmonaires accompagner la phthisie laryngée; une fois il a trouvé pour toute lésion dans le larynx une carie du cartilage cricoide.

M. Ribes regrette de n'avoir pu apporter un cœur anévrysmatique où l'une des valvules sygmoïdes de l'aorte est ossifiée, l'ossification étant le siége d'une carie.

M. Sédillot présente une portion d'intestin provenant d'un individu affecté de dothinentérie, dont il était convalescent, lorsqu'il fut enlevé par la résorption purulente résultant de la suppuration d'une eschare qui s'était formée au coude. Quelques plaques de Peyer sont à demi-cicatrisées, d'autres le sont entièrement, dans quelques points la cicatrice repose sur la séreuse elle-même, les plaques ayant été détruites.

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Séance du 15 août. M. Monestier, interne des hôpitaux, lit une observation d'hémorrhagie dans la cavité de l'estomac et des intestins. Il présenté une pièce anatomique rendant compte de l'hémorrhagie qui, suivant M. Monestier, n'est pas due à une exhalation, mais bien à la rapture par ulcération, d'une des artères de l'estomac. On remarque, en

effet, en examinant la surface interne de la paroi postérieure de l'estomac une artère dans laquelle ont été introduites en sens opposé deux soies qui s'enfoncent l'une et l'autre à une assez grande distance de l'ouverture par laquelle elles ont pénétré. M. Monestier a été conduit à penser que ce rameau vasculaire était artériel; la dissection de ce rameau permet en effet de remonter jusqu'au tronc de l'artère gastrique supérieure qui paraît plus volumineuse que dans l'état normal.

M. Cruveilhier présente à la société deux pièces dont une a pour sujet un ostéosarcome de plusieurs des os du tronc; les os iliaques sont réduits à un état de ramollissement qui permet de les tordre facilement et d'y faire pénétrer avec une égale facilité la pointe d'un scalpel; la même altération se remarque dans le corps de la plupart des côtes et les os du crâne offrent çà et là des plaques ramollies qui ne comprennent pas toute l'épaisseur des os, mais pénètrent soit par la surface externe soit par la surface interne à une profondeur plus ou moins considérable. La femme à laquelle appartenaient ces os malades était atteinte d'un cancer de mamelle.

M. Cruveilhier avait présenté dernièrement à la Société un exemple d'ostéosarcome des os du crâne tout-à-fait analogue à celui-ci. On y voyait également des plaques d'un tissu ou plutôt d'une bouillie encéphaloïde comme incrustée dans la substance osseuse, à la manière de ces os wormiens qui ne pénétrant pas dans toute l'épaisseur des parois du crâne, s'y trouvent véritablement incrustés. Cette forme particulière de l'ostéosarcome des os du crâne est fort remarquable; il semblerait, à l'aspect de ces plaques irrégulièrement semées à la surface des os, que des gouttes d'un acide capable de ramollir la substance osseuse auraient été projetées sur cette surface et n'auraient attaqué la substance que dans le point de leur contact, laissant tout le reste de l'os dans son état normal. La seconde pièce présentée par M. Cruveilhier consiste en un polype utérin qui avait déja déterminé un renversement de l'utérus. M. Cruveilhier fait remarquer que la surface extérieure du polype présentait un aspect cancéreux, bien que rien d'analogue n'ait été rencontré dans son tissu. M. Craveilhier remarque que cet aspect se rencontre souvent dans les polypes qui font saillie à travers une ouverture qui exerce sur eux une constriction plus ou moins forte. Ce fait ne doit donc pas être perdu de vue pour le pronostic et pour le traitement des polypes.

M. Denonvilliers présente à la société deux pièces. La première a pour

sujet une dilatation considérable de toutes les cavités du cœur, et parti. culièrement des cavités gauches. L'exploration du cœur pendant la vie a fait connaître l'existence d'un choc sans bruit. M. Denonvilliers fait remarquer que les orifices du cœur sont dépourvns de toute espèce d'obstacles à la circulation, aucune ossification n'y existait, et c'est à peine si dans tout le trajet de l'aorte on trouve quelques rudimens de plaques artérielles. L'autre pièce présentée par M. Denonvillers consiste en une vessie à colonnes n'ayant rien qui ne soit ordinaire au genre de vessies qu'on a ainsi désignées, si ce n'est qu'elle a une ampleur assez remarquable, mais elle est accompagnée d'un engorgement de la prostate et surtout de la luette vésicale.

M. Chassaignac ayant disséqué avec beaucoup d'attention cette prostate et la luette vésicale, afin de savoir au juste à quoi s'en tenir sur la véritable nature de la disposition anatomique désignée par E. Home sous le nom de lobe moyen de la prostate, il rendra compte à la Société anatomique des résultats de ses dissections qui sont, du reste, conformes à ceux déjà obtenus et publiés par M. Cruveilhier.

M. Ripault présente à la Société un de ces cas qui se multiplient dans la collection de la Société anatomique. Il s'agit d'une de ces phlegmasies avec suppuration autour des cartilages du larynx. Ici l'arythénoïde, complètement dénudé et terni, se trouvait au sein d'une petite masse phlegmoneuse dont le pus était en partie collecté, en partie concret et encore emprisonné dans les mailles du tissu sous muqueux.

Hypertrophie des os du cráne, présumée consécutive à l'hydrocéphale; par M. ANDRAL, interne des hôpitaux.

Dans le mois de février 1832, il entra à l'hôpital de la Pitié, un homme âgé de 65 ans, d'une petite stature, maigre et chétif. A la première vue, l'aspect de son crâne me frappa, et avant de songer à lui demander la cause qui l'amenait à l'hôpital, je passai à plusieurs reprises la main sur sa tête en voyant ma préoccupation, Ile vieillard se mit à sourire, et il me raconta que

dès sa

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