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bre (art. 40); de M. Garnier-Pagès, sur le remboursement des rentes..

La Chambre des députés s'est occupée 14 fois des rapports de pétitions.

La discussion de l'Adresse a duré 12 jours.

Les discussions les plus importantes ont eu lieu pour les projets de loi suivants : Sur la chasse, 9 séances; les patentes, 12; le recrutement, 16; les falsifications de boissons, 4; les brevets d'invention, 6; les crédits supplémentaires de 1843 et de 1844, 7; les prisons, 12; toutes les questions relatives aux chemins de fer, 29; enfin le budget de 1845, 8 séances.

La Chambre a été saisie de deux demandes en autorisation de poursuivre deux de ses membres; toutes deux ont été refusées. Neuf députés ont donné leur démission, ce sont: MM, Charles Teste, Chaigneau, marquis de Larochejaquelein, Berryer, Larcy, de Valmy, Blin de Bourdon, Gallis, Jollan.

L'élection de M. Charles Laffitte, nommé par le collége de Louviers, a été annulée quatre fois. Celle de M. de Castellane, à Murat, a été également annulée deux fois, faute par l'élu d'avoir l'âge prescrit.

Deux députés, MM. Teste et Passy, ont eté nommés pairs de France, et remplacés par MM. Labaume et Charles Laffitte.

Dix députés sont morts durant la session: MM. Boblaye, Teillard-Nozerolles, Saubat, Bricqueville, de Labourdonnaye, vice-amiral Lalande, Laffitte, Maurice, Cuny et Mermilliod.

La durée de la session a été de 223 jours.

11 . R

CHAPITRE VII.

RELATIONS EXTÉRIEURES.-Affaires de Tahiti et du Maroc.-Connexité de ces deux questions. — Historique du protectorat de Tahiti.— Intrigues du missionnaire Pritchard. Son arrestation et son expulsion.- Impression produite en Angleterre.— Déclaration du ministère.—Intrigues d'Abd-el-Kader dans le Maroc.-Attaques des troupes françaises par les Marocains.Trahison de l'Oued-Mouilah.- Prise d'Ouchda.-Bombardement de Tanger.-Bombardement de Mogador.-Bataille d'Isly.-Impression produite en Angleterre par nos victoires.-Imminence d'une rupture.-Désaveu de M. d'Aubigny.—Indemnité accordée au missionnaire Pritchard.-Convention de Tanger.-Voyage du roi en Angleterre.-Question du droit de visite.-Prise de possession de Nosse-bay et de Mayotte.-Offre du *protectorat de Honduras et de Nicaragua. Propositions faites par les Haïtiens. Situation de la France à Montevideo. Politique dans l'Orient. Traité avec la Chine.

Au milieu de la paix du monde et du développement de la prospérité matérielle des peuples, l'histoire des relations extérieures de la France est tout entière dans l'histoire de ses rapports avec l'Angleterre. C'est en effet sur l'accord de ces deux puissances que repose cette paix si féconde en heureux résultats. Le ministère du 29 octobre est le premier quiait compris et systématisé la connexité profonde qui existe entre l'harmonie des deux peuples et la paix générale : ce point essentiel de sa politique est devenu pour lui, on le sait déjà, la source de difficultés d'une nature toute spéciale et a imprimé à chacun de ses actes un caractère singulier d'impopularité au dedans, d'irrésolution au dehors. Il est surtout deux questions différentes par leurs commencements

et par leurs résultats matériels, mais identiques par leur développement, par leur importance générale, par la date et par les causes de leur solution provisoire, à propos desquelles éclata cette année tout le péril des intimités systématiques et des alliances exclusives. Les affaires de Tahiti et du Maroc donnèrent un exemple de ce que coûtent à la dignité d'un pays les théories trop absolues et l'exagération des intentions les plus honorables.

Un fait qui caractérise la situation de la France vis-à-vis de l'Angleterre mieux que toute autre chose, c'est la différence radicale qui, à quelques mois de distance, devait se produire entre les solennelles déclarations du discours royal et l'attitude des deux peuples. A l'ouverture de la session législative, le roi avait pu proclamer hautement que jamais la paix du monde n'avait été mieux assurée : et cependant, quelques mois plus tard, à propos des intérêts les plus futiles, des complications les moins dangereuses en apparence, cette paix allait être gravement compromise.

On a vu, l'année dernière, comment avait commencé la question de Tahiti (Voy. l'Annuaire de 1843, p. 151 et 214). Le 5 novembre de l'année précédente, l'amiral DupetitThouars avait remplacé par l'occupation pure et simple le protectorat exercé, au nom de la France et en vertu de traités, sur les îles de la Société. Quelles causes avaient amené cette modification profonde à l'état de choses antérieur? Il peut être bon de remonter, pour s'en rendre compte, aux causes mêmes qui avaient amené l'établissement du protectorat français à Tahiti.

Déjà, sous le ministère de M. Canning, le nombre des blancs et des missionnaires anglais s'étant considérablement accru dans les îles de la Société, et l'influence de ces missionnaires sur les populations indigènes y régnant sans rivale, le protectorat de ces iles avait été offert à la GrandeBretagne. L'accession de cet archipel à la couronne d'An

gleterre fut alors considérée comme une charge plus onéreuse qu'avantageuse pour l'État, et la proposition fut repoussée par M. Canning, ministre des Affaires étrangères.

En 1836, les mauvais traitements infligés à plusieurs colons français établis à Tahiti, et en particulier à MM. Laval et Carret, missionnaires apostoliques, nécessitèrent l'envoi d'une force navale pour appuyer la demande d'une réparation immédiate faite par le gouvernement français. Une indemnité de 3,000 dollars et le salut du pavillon français, telles furent les conditions imposées par M. Dupetit-Thouars, capitaine de la frégate la Vénus. A la suite de cette réclamation fut conclue entre M. Dupetit-Thouars et la reine Pomaré une convention par suite de laquelle les résidents français à Tahiti devaient être traités comme les étrangers les plus favorisés (1).

Ceci se passait en septembre 1838. Quatre ans après, la gravité des plaintes portées par les résidents français contre la reine et les chefs principaux força le contre-amiral Dupetit-Thouars à employer vis-à-vis de ces sauvages des moyens de répression plus efficaces et à exiger des garanties plus sérieuses. Les domiciles de plusieurs français avaient été violés et leurs propriétés brutalement saisies ou pillées. Plusieurs avaient été jetés en prison sans jugement: un même avait été massacré. Le contre-amiral DupetitThouars déclara à la reine et aux chefs ne pouvoir plus se fier à leur parole si ouvertement violée, et exigea, comme garantie des indemnités dues à nos nationaux, et comme caution de la conduite du gouvernement tahitien à l'avenir, le versement immédiat d'une somme de 10,000 piastres fortes. A défaut de la remise de cette somme, le contreamiral annonça son intention d'occuper provisoirement l'ile

(1) Voy. cette pièce aux Documents historiques. France, part. offic., page 72, ainsi que tous les documents relatifs à l'affaire de Tahiti, à partir de la page 71.

et les établissement de Motoo-Uta comme gage de l'exécution des traités.

La conclusion naturelle de ces négociations fut la proposition du protectorat des îles de la Société faite à la France par la reine et les chefs, et acceptée par M. Dupetit-Thouars le 9 septembre 1842. Le 28 avril 1843, le gouvernement français ratifiait l'acceptation du protectorat et réunissait sous une direction unique le gouvernement des établissements de l'Océanie et le protectorat des îles de la Société. M. le capitaine de vaisseau Bruat fut nommé gouverneur de ces établissements et commissaire du roi près de la reine Pomaré.

En acceptant aussi franchement une situation nouvelle, le gouvernement du roi ne s'était pas dissimulé sans doute la portée de l'acte qu'il venait d'accomplir. Ce n'était pas, il est vrai, une colonie nouvelle qu'il avait eu l'intention de fonder, mais une station militaire importante par sa position, nécessaire aux intérêts de notre commerce, à la dignité et à la sécurité de notre marine. Mais, en même temps, le ministère s'était créé des devotrs nouveaux, des difficultés nouvelles. On sait avec quelle sollicitude le gouvernement anglais suit, jusqu'au fond des mers les plus lointaines, ces missionnaires marchands qui préparent ses conquêtes et aplanissent les voies à son influence. Forcé de compter avec ces hommes qui représentent le sentiment religieux dans ce qu'il a de plus inquiet et de plus dangereux, il patrone souvent leur zèle et leur audace en faveur des avantages qu'il en retire. C'était contre ces influences, en apparence peu sérieuses, qu'allait avoir à lutter le protectorat français à Tahiti. Le ministère avait-il prévu cette lutte? était-il en mesure de la soutenir ? Si l'on en croit ses propres paroles, on pourrait en douter. «Il n'y pas là de lutte à soutenir,» disait en 1843 M. Guizot dans la discussion des crédits de l'Océanie.

En présence du fait accompli de notre protectorat, le gouvernement de la Grande-Bretagne n'eut pas même l'idée

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