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derniers 100 millions, ils seraient réservés pour réduire la portion de la dette flottante provenant des versements des caisses d'épargne, conformément à la loi qui serait proposée aux Chambres à la prochaine session (voy. page 193).

L'adjudication eut lieu le 9 décembre. L'emprunt fut soumissionné à 84 fr. 75 c. par MM. de Rotschild frères et les receveurs généraux leurs associés. Le dernier cours étant de 83 fr. 70 c., l'adjudication s'était faite à 1 fr. 05 c. au-dessus du dernier cours, à 7 fr. 75 c. au-dessus de l'adjudication de 1841. Ce taux élevé qui dépassait les prévisions générales, ainsi que le minimum fixé par M. le ministre des Finances était unep reuve nouvelle des bienfaits de la paix et de la puissance du crédit public. Dans un intervalle de trois années, les capitaux avaient reparu en abondance, et la confiance était revenue. Les spéculations hasardeuses dont les chemins de fer encore en projet étaient devenus le prétexte montraient assez que trois années de tranquillité générale avaient pu changer la défiance en une audace imprudente.

Le tableau du commerce de la France, pendant l'année 1843, présentait des résultats assez satisfaisants. Pour juger des progrès de notre commerce, on pouvait en comparer les résultats par grandes périodes. Si, par exemple, on divisait les quinze dernières années en trois périodes égales, on trouvait que les valeurs réunies des cinq premières années 1829 à 1833) donnaient un total de 6 milliards 374 millions; celles des cinq suivantes, 8 milliards 356 millions; et enfin celles des cinq dernières, 10 milliards 461 millions. Le progrès avait donc été constant, et s'était réparti presque également entre chacune de ces périodes.

Pour ce qui concernait spécialement 1843, le commerce extérieur avait présenté sur 1842 un excédant de 97 millions, et sur la moyenne, formée par les cinq dernières années, un excédant de 143 millions.

Si l'on retranchait du chiffre total de notre commerce ce qui appartient au transit et à la réexportation, on trouvait que le commerce spécial représentait une valeur de 1 milliard 533 millions. Ce chiffre total n'avait été, en 1842, que de 1 milliard 490 millions.

Comparativement à 1842, notre importation spéciale, c'est-à-dire, nos achats à l'étranger, pour notre propre consommation, ne s'était point accrue; notre exportation, au contraire, s'était accrue de 48 millions.

Nos exportations avaient fléchi, surtout avec la GrandeBretagne et le Zollverein. Il fallait voir là une suite inévitable des systèmes prohibitifs et du développement de l'industrie dans l'association allemande. Quant à la marine marchande, l'un des plus sûrs éléments de la puissance maritime d'un peuple, bien que le pavillon français eût pris, en 1842, une part un peu plus grande que par le passé dans le mouvement général des échanges, cette amélioration était peu importante, et les résultats généraux n'offraient rien de satisfaisant.

Le total des échanges opérés par mer avait été, importations et exportations réunies, de 1 milliard 568 millions, dans lesquels la part du pavillon français avait été de 720 millions. Ce chiffre ne représentait que 46 010 du mouvement total, et la part du pavillon étranger avait été de 848 millions ou 54 070. Si même on retranchait de ce chiffre la navigation réservée, élément exceptionnel et pour lequel la législation n'admet pas de rivalité, la part du pavillon français n'était plus que de 499 millions, ce qui établissait, au profit du pavillon étranger, une différence de 348 millions. En résumé, la marine française n'arrivait à transporter sur ses propres navires que le tiers seulement des produits échangés.

En somme, bien que la France pût déplorer encore, dans certaines branches du commerce et de l'industrie, une infériorité qui tient surtout à des circonstances spéciales et à

des causes passagères, les résultats de son activité intelligente ne pouvaient que lui inspirer un juste orgueil. L'exposition quinquennale des produits de l'industrie dans la capitale du royaume prouva au monde entier que, tout en sachant suivre les progrès des autres peuples, là où elle a été devancée par eux, la France reste encore à la tête des nations pour tout ce qui réclame de l'artiste le goût et l'intelligence.

CHAPITRE X.

1

COLONIES. ALGÉRIE.

Expédition du général Marey dans le petitdésert. — Expédition de Biskara commandée par M. le duc d'Aumale, Prise de Biskara. Soumission du Ziban et des monts Aurès. Expéditions contre les Ouled-Sultan et les Kabyles. Soumission des Kabyles. Soumission des Flittas. Investiture de Ben-Zamoun. Révolte et défaite des Flisset-el-Bahar.

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--

Soumission du scheick de Tug,

gurt. Ordonnance réglant la propriété en Algérie. - État général de la Développement de le colonisation militaire et agricole.

colonie.
Travaux publics.

COLONIES TRANSATLANTIQUES.

Pétitions abolitionistes.

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Projet de loi su l'établissement du régime intermédiaire. ➡ Sensation produite par ce projet. -- Adresse du conseil colonial de la Guadeloupe. — Situation de cette colonie....

SÉNÉGAL.

Guerre contre le pays de Fouta.

Déposition de l'almami.

Convention de navigation.

ÉTABLISSEMENTS DE L'OCÉAN PACIFIQUE, Développement de la colonisation à

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Le retour du printemps fut signalé par deux expéditions: l'une fut dirigé par le général Marey dans le petit désert, au sud de Tittery, afin d'y consolider notre domination sur les Oulid-Nayl et sur quelques autres tribus de cette vaste contrée ; l'autre, sous le commandement de S. A. R. M. le duc d'Aumale, devait, par une pointe lointaine au sud de Constantine, renverser, à Biskara, le drapeau d'Abd-el-Kader, soutenu par un reste de réguliers de l'émir, et un khali faht nommé par lui en xin

nouvelles ou de dangereuses espérances, le scheick de Tuggurt, Ben-Djellab, reconnaissait, de son propre mouvement et sans y être contraint par aucune démonstration hostile, la souveraineté de la France, en faisant verser entre les mains du commandant de Biskara le montant de la contribution qu'il était dans l'habitude de payer au bey de Constantine.

Dans l'ordre des faits administratifs il faut citer une ordonnance qui réglait la propriété en Algérie. Cette ordonnance fut accueillie avec faveur, et, en effet, elle répondait à un besoin véritable. Jusqu'alors rien n'était moins sûr que la propriété dans notre colonie, soit à cause des risquès que faisait courir aux acheteurs le principe controversé de la loi musulmane, d'après lequel le droit de propriété n'existait pas en pays d'islamisme, soit à cause de la nature même des propriétés, qui étaient généralement frappées de substitution, sous la dénomination de habous, soit enfin à cause de la mauvaise foi des vendeurs arabes qui, trop souvent, avaient fait des ventes frauduleuses. Un tel état de choses appelait l'attention du gouvernement et menaçait de rendre à jamais provisoire et précaire la domination française en Algérie.

L'ordonnance tranchait toutes ces difficultés en prenant pour point de départ l'existence d'un droit de propriété en Algérie, en s'efforçant de le dégager de ses entrayes, de ses perplexités, en prenant des moyens décisifs que n'admettrait pas un pays constitué, mais que des circonstances toutes spéciales légitimaient dans nos possessions.

Parmi les matières traitées par l'ordonnance, la plus considérable était celle de l'expropriation pour cause d'utilité publique. Jusqu'alors, d'après l'arrêté du 9 décembre 1841, l'administration prononçait arbitrairement l'expropriation et déterminait elle-même le taux de l'indemnité. Le règlement de l'indemnité était, par la nouvelle ordonnance,

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