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tances d'étiquette. Celle de traverser les cours De la piété fi-
à pied au milieu de l'hiver pouvoit l'incom- liale.
moder, sur-tout quand le vent du nord se fait
vivement sentir, cependant il ne songeoit
point à se dispenser de cet usage. Il fallut que
l'impératrice mère l'en affranchît par une dé-
claration publiée et enregistrée. Elle ordonna
à son fils, pour ménager sa chère santé, de
venir chez elle par la porte latérale de la cour,
et de ne descendre de sa chaise que sous la
galerie qui est devant son appartement.

Un empereur, nouvellement proclamé et dont la mère existe encore, ne peut recevoir l'hommage des grands de sa cour qu'après avoir rendu le sien à sa mère. Il ne se choisit point une femme, ne donne aucune principauté à ses enfants, ne fait aucun réglement pour la famille impériale, n'accorde au peuple aucune grâce, etc., sans consulter sa mère. C'est même elle qui paroît avoir présidé à toutes ces résolutions; c'est en son nom qu'elles sont notifiées à tout l'empire. L'empereur semble ne faire que lui obéir; et c'est ce qu'il a soin d'annoncer par la déclaration qu'il joint à celle de l'impératrice. Celle-ci pourtant n'auroit point force de loi sans cette attache.

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De la piété filiale.

LIV

Enfin, on tient pour maximes à la Chine, que la piété filiale du prince double toutes les vertus de ses sujets;

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Que tout scélérat a commencé par être un mauvais fils;

Que toutes les vertus sont en péril, quand la piété filiale est attaquée;

Que louer son fils, c'est se vanter; que blâmer son père, c'est se flétrir ;

Que tout ce qui porte atteinte à la piété filiale est une calamité publique; et que tout ce qui l'augmente est un grand coup d'état.

Finissons par un axiome qui paroîtra trivial, mais qui est profond. « L'agneau qui >> tette à genoux arrête sa mère. »

Telle est, en abrégé, la doctrine des Chinois sur la piété filiale. Plusieurs passages de ce chapitre étonneront, sans doute, des lecteurs français; ils nous étonnent quelquefois nous-mêmes. Quoiqu'il puisse résulter quelques inconvénients particuliers de cette morale exclusive, il n'est pas moins vrai que le gouvernement chinois gagne plus à l'étendre qu'à la restreindre.

CHAPITRE X.

Police intérieure des villes.

On a déjà pu remarquer bien des traits de ressemblance entre le gouvernement de la Chine et ceux d'Europe: on en trouvera également dans l'administration intérieure de ses villes et des nôtres. Paris est divisé en différents quartiers; chaque ville chinoise l'est aussi. Chaque quartier de celle-ci reconnoît un chef qui veille sur un certain nombre de maisons; il répond de tout ce qui s'y passe contre le bon ordre ; et s'il néglige d'en être instruit, s'il néglige d'en informer le mandarin gouverneur, il est puni comme les autres coupables.

Les pères de famille sont des inspecteurs d'un autre genre. Chacun d'eux répond de ses enfants et de ses domestiques, par la raison qu'il a sur eux toute espèce d'autorité.

Les voisins mêmes répondent de leurs voisins; ils doivent tous s'entre-secourir, s'entreaider, soit dans le cas d'un vol, soit dans le cas d'un incendie, et sur-tout si ces accidents sont nocturnes.

Chaque ville a ses portes; chaque rue a ses

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rieure des villes.

Police inte- barrières : toutes se ferment quand la nuit commence. D'espace en espace sont placées des sentinelles qui arrêtent, interrogent les passants, lorsque la nuit est déjà tant soit peu avancée. Une patrouille à cheval fait communément sa ronde sur les remparts pour veiller à la sûreté de la ville. On arrête indifféremment le citoyen distingué, l'homme du peuple, et le malfaiteur, qui, à la faveur des ténèbres, croit pouvoir se soustraire à toute recherche. Il est rare que les gens d'une classe tant soit peu élevée s'exposent à essuyer cet affront. La nuit, disent les magistrats chinois, est faite pour le repos, et le jour pour le travail.

Pendant le jour, on veille encore aux portes de chaque ville sur ceux qui s'y introduisent. Chaque porte est garnie d'une garde, chargée de tout observer on examine l'air, le maintien, la physionomie du passant; on le questionne, et si son accent décèle qu'il est étranger, on le conduit sur-le-champ au mandarin; souvent aussi on l'arrête, en attendant les ordres du gouverneur.

Cette précaution tient à l'ancienne maxime des Chinois, de ne point admettre d'étrangers parmi eux. Ils présument que, par la suite des temps, il en résulteroit une altération de

mœurs, de coutumes et d'usages, capable Police intéd'enfanter des partis, des querelles, des ré- rieure des vilvoltes, le bouleversement de l'Etat.

les.

du peuple.

On a vu que le meurtre est puni de mort à Querelles des gens la Chine, même lorsqu'il n'est que l'effet d'une rixe; mais il est rare qu'elle conduise jusque là, sur-tout parmi les gens du peuple. Deux champions de cette classe en veulent-ils venir aux mains? ils déposent le bâton ou tout autre instrument qu'ils pourroient avoir à la main. C'est à coups de poing qu'ils décident leurs querelles. Le plus souvent, ils vont trouver le mandarin, pour le prier de les mettre d'accord. Il les écoute avec gravité, et fait donner la bastonnade au plus repréhensible, quelquefois même à tous les

deux.

Il n'est pas permis aux gens de guerre de sortir armés. Ils ne peuvent porter leurs armes que lorsqu'ils doivent passer en revue, ou qu'ils montent la garde, ou qu'ils accompagnent un mandarin. Cet usage fut, dans tous les temps, celui des Orientaux, et subsiste même encore chez les Turcs.

ques.

Nulle femme publique ne peut habiter dans Femmes pubiil'enceinte d'une ville; mais on leur permet de

se loger hors des murs, pourvu que ce ne soit

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