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de citoyens.

à la Chine.

tif peut y ajouter en accessoires d'agrément. Divers ordres De là vient que, dans cet empire, les arts qui Etat des forne tiennent qu'au goût et à l'imagination sont tunes privées rarement accueillis et caressés par la fortune. Quant aux marchands, il faut les partager en quatre classes: ceux qui s'adonnent au commerce étranger, ceux qui se chargent de l'importation et de l'exportation des marchandises d'un bout de l'empire à l'autre, ceux qui tiennent des magasins où ils vendent en gros, et les marchands en détail. Toutes compensations faites, les trois premières classes de marchands comptent plus de grandes fortunes que n'en réunissent les six autres ordres de citoyens. Mais ces fortunes n'ont pas plus de durée et ne sont pas plus stables dans leurs familles. Les fils ressemblent rarement aux pères; bientôt la vanité les séduit et les aveugle. Ils quittent les routes sûres du commerce pour se jeter dans la carrière des honneurs et des emplois, et consomment souvent leur ruine pour réaliser de folles et chimériques prétentions.

C'est dans les maisons des riches commerçants qu'il faut chercher ordinairement le peu de luxe qu'on observe à la Chine. Cependant, quoiqu'ils aient l'opulence en partage, ils n'en

Divers ordres

Etat des for

à la Chine.

tiennent moins le dernier rang dans l'em

pas

de citoyens. pire. L'empereur Kiene-lon, en passant en retunes privées vue, dans son poëme sur Moukden, les différentes conditions utiles, dit : « A l'égard des >> artisans et de ceux qui trafiquent ou font » le commerce, on ne daigne pas même pen» ser à eux; ils n'ont point de rang, ils com» posent le dernier ordre de la nation (1). »

Professions infâmes a la Chine.

Il résulte de nos observations que la possession des grandes richesses et des biens-fonds ne se concentre point à la Chine dans les mê mes mains, et se perpétue rarement dans les mêmes familles. La mobilité des fortunes y est l'ouvrage du gouvernement, qui regarde comme essentiel au bonheur des peuples et à la tranquillité de l'Etat, que l'aisance et les richesses circulent, et que les générations se ramènent l'une par l'autre à un égal partage des biens.

Puisque nous avons parlé de divers ordres de citoyens, nous dirons un mot de certaines professions, regardées comme infâmes à la Chine. Ceux qui les embrassent ne peuvent être admis au grade de mandarin, ni exercer aucun emploi public: le peuple même ne contracte aucune alliance avec eux. Tels sont les

(1) Eloge de la ville de Moulden, page 97.

Etat des fortunes privées.

de citoyens.

à la Chine.

comédiens qui jouent publiquement sur les Divers ordres théâtres, les ministres de débauche, les corrupteurs de la jeunesse, les geoliers et ceux qui dans les tribunaux donnent la bastonnade aux coupables (1). C'est ordinairement la misère, et non leur naissance qui les engage dans ces professions flétries: leurs descendants peuvent les abandonner, lorsqu'ils ont de quoi vivre honorablement.

de

Il existe encore à la Chine une autre espèce

gens infâmes, qu'on appelle to-mine. On ne les trouve que dans la province de Tché-kian, sur-tout dans la ville de Chao-hin, où on les oblige d'habiter dans une rue séparée. Ce sont eux qui sonnent de la trompette à la tête des convois funèbres. Il ne leur est permis d'exercer que le plus vil et le plus chétif commerce, tel que celui de vendre des grenouilles et de petits pains sucrés pour les enfants. Ils ne peu vent se présenter aux examens pour obtenir des grades, et c'est sur eux seuls que retombent toutes les corvées qu'on impose aux habitants de Chao-hin. Ils ne s'allient qu'entre eux, et leurs femmes, distinguées par une

(1) Il est singulier que ceux qui administrent la bastonnade soient déclarés infâmes, et que la profession de bourreau, comme nous l'avons vu, ne soit pas déshonorante.

à la Chine..

Divers ordres marque qu'elles portent sur leurs tabliers, de citoyens. sont les entremetteuses ordinaires des maEtat des fortunes privées riages. Les to-mine sont tellement méprisés, que les chrétiens de cette ville ne vouloient point qu'on les admît au baptême, et ce ne fut pas sans beaucoup de peine que les missionnaires parvinrent à leur faire entendre raison sur cet article. La misère seule a produit cet avilissement, et quoique l'origine bien connue de cette classe d'hommes ne présente rien que de très-honorable, le préjugé a prévalu. Tous les habitants de Chao-hin conviennent que les to-mine sont les descendants de très-grands seigneurs qui prirent les armes et combattirent pour la défense de la dynastie des Son, détruite par les YUENE ou Tartares Moungous. Ces illustres Chinois, par leur opiniâtre résistance, furent ceux qui donnèrent le plus de peine aux conquérants, leur disputant le terrain avec une bravoure inouie, et se retranchant partout. Ceux d'entre eux qui échappèrent au carnage, furent condamnés à vivre dans Chao-hin, séparés du reste du peuple, et forcés de se livrer aux plus humiliantes professions. L'empereur Yon-tchin, fils et successeur de Kan-hi, a fait cesser ces distinctions odieuses, en donnant une déclaration par

laquelle il rendit aux to-mine l'exercice de tous les droits de citoyen. Les plus pauvres d'entre eux n'en restèrent pas moins à Chaohin, où ils continuèrent le même genre de vie; d'autres sortirent de la ville pour s'établir ailleurs, furent admis aux grades, et rentrèrent dans la carrière des charges et des honneurs publics.

Divers ordres Etat des fortunes privées

de citoyens.

à la Chine.

CHAPITRE XIV.

Commerce extérieur de la Chine.

Commerce

la Chine.

Manière de pendes Chinois

ser

étranger.

LES Chinois ont des maximes politiques, sur le commerce, très - opposées à celles extérieur de de l'Europe: il ne leur paroît utile qu'autant qu'il se borne à les débarrasser de choses su- sur le commerce perflues, pour leur en procurer de nécessaires. D'après ce principe, ils regardent comme nuisible celui qu'ils ont permis qu'on ouvrît à Canton. Ce commerce, disent-ils, nous enlève nos soies, nos thés, notre porcelaine; ces objets augmentent de prix dans toutes nos provinces dès lors il ne peut être avantageux à l'empire. L'argent que nous apportent les Européens, les précieuses bagatelles qui l'accompagnent, sont de pure surabon

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